Guerre mondiale entre les «Ukrainiens» Fouad Mohadji et Hamada Madi Boléro Même sans aborder le sujet du moment, le Docteur Fouad M...
Guerre mondiale entre les «Ukrainiens» Fouad Mohadji et Hamada Madi Boléro
Même sans aborder le sujet du moment, le Docteur Fouad Mohadji, Vice-président chargé du ministère de la Santé, de la Solidarité, de la Cohésion sociale et de la Promotion du Genre, évite les palabres, et parle de «stress»: «À partir d'un certain niveau, être autorité aux Comores, c'est s'exposer à un stress permanent et usant, et donc à l'usure». Pour sa part, Hamada Madi Boléro refuse tout simplement d'entrer dans le vif du sujet et de parler de la nouvelle polémique le concernant: «On m'accusera de tout ce qu'on voudra, on pourra même dire que je suis l'Antéchrist dont parlent les Chrétiens que je refuserais de dire comment s'organise le vrai travail à Beït-Salam. Mes fonctions sont connues et se limitent à celles de Directeur du Cabinet du Président chargé de la Défense. En d'autres termes, je dirige le Cabinet du chef de l'État et le système de Défense des Comores. Avec ces deux responsabilités majeures, je ne me vois pas avoir du temps pour m'occuper d'autres choses qui, du reste, ne me concernent pas. Je laisse les gens parler et dire n'importe quoi, et ça ne sera pas la première fois, la dernière non plus». Mais, de quoi s'agit-il? On l'aura deviné, il s'agit de la nouvelle tempête politique et du nouveau tsunami médiatique déclenchés par les propos peu amènes – doux euphémisme – du Vice-président Fouad Mohadji, connu pour ne pas avoir sa langue dans la poche, contre son frère «ukrainien», l'inévitable Hamada Madi Boléro, qu'il accuse de régenter la Présidence de la République. Pour commencer, face à La Gazette des Comores, le Docteur Fouad Mohadji accuse Hamada Madi Boléro de pouvoirs illimités et surtout d'incompétence: «Il est derrière toutes les sorties de décrets présidentiels dont tout le monde pense mais n'ose pas qualifier de "chiffons". Comment expliquer qu'en l'espace d'un mois, un décret ne puisse pas être répertorié dans les archives?». Le Vice-président Fouad Mohadji verse de l'acide sur la plaie dès qu'il aborde les décrets relatifs aux élections législatives, estimant que les électeurs doivent être appelés aux urnes un mois après la date limite du dépôt des candidatures auxdites élections. Pour lui, la date retenue pour les élections législatives, à savoir le 28 décembre 2014, «n'est pas du tout appropriée étant donné que la liste n'est pas encore sortie. Boléro veut mettre le président dans les appâts».
Le Vice-président Fouad Mohadji tape du poing sur la table quand il aborde la sarabande la plus folle du monde musulman dans son ensemble et dans son immense étendue, celle de la date de célébration de la Fête du Sacrifice, le dimanche 5 octobre 2014, cette année aux Comores: «Comment peut-on comprendre que notre pays, qui fête l'Aïd El-Kabir au lendemain de la journée d'Arafat depuis ces cinq dernières années, ait été ramené autant en arrière? C'est inadmissible». Selon le Docteur Fouad Mohadji, en 2009, alors Président de l'Union des Comores, Ahmed Sambi a signé un décret fixant au lendemain de la journée d'Arafat la célébration de la Fête du Sacrifice, et «si certains disent que ce décret n'existe nulle part, c'est parce qu'on l'enlève des archives de Beït-Salam. Mais ce décret existe bel et bien». Dès lors, il ne fait de doute pour lui s'agissant de Hamada Madi Boléro, qu'il accuse d'être derrière tout ça: «Il voulait mettre le pays dans la zizanie religieuse mais, Dieu merci, les Oulémas ont compris le piège».
L'accusation est lourde et Hamada Madi Boléro refuse d'en dire plus, soupirant: «Mon sens de l'État et de la République m'interdit strictement de dire tout ce que je sais en public. Il faut tout de même faire attention parce que nous ne sommes pas dans une cour de récréation, et les Comoriens ne seront pas contents de voir leurs autorités se déchirer en public comme de vulgaires chiffonniers. Je n'entre pas dans la polémique».
C'est un fidèle lieutenant de Hamada Madi Boléro qui répond donc à la place de son champion: «La dernière sortie médiatique de Fouad Mohadji a plongé le Président Ikililou Dhoinine dans une colère indescriptible car elle suggère que le chef de l'État est un faible qui ne maîtrise pas le processus décisionnel, qu'il est un patron qui se laisse dicter des ordres par les autres. Ce qui n'est pas le cas, et je suis très bien placé pour le savoir. Ici, à Beït-Salam, nous avons bien compris qu'il s'agit d'un coup vicieux préparé dans un dessein de vengeance par l'ancien Président Ahmed Abdallah Mohamed Sambi pour semer le trouble entre le Président de la République et son Directeur de Cabinet chargé de la Défense. C'est très clair. Mais, il y a plus. En effet, une vieille querelle d'étudiants oppose Fouad Mohadji à Hamada Madi Boléro dès l'arrivée de ce dernier en Ukraine, État fédéré de l'URSS de l'époque. Quand Hamada y arrive en 1985, il s'opposa au système d'attribution des bourses aux étudiants comoriens et se fit un ennemi de Fouad Mohadji, qui ne lui a jamais pardonné sa position sur le sujet. Ces bourses étaient gérées par les étudiants les plus influents, dans des conditions très spéciales. Hamada est allé se casser les dents sur un sujet relevant du tabou, de la chasse gardée et du domaine réservé. Pour le reste, on est dans le domaine de la conjecture, des supputations et des suppositions hasardeuses. Comment Boléro, qui a déjà fort à faire avec ses propres attributions, qui sont celles d'un Directeur de Cabinet d'un chef d'État et d'un ministre de la Défense, peut-il tout faire? Voit-on un juriste de la carrure de Boléro commettre des erreurs dans la façon de préparer le travail du Président? Non. Et comment Boléro peut-il se permettre de créer des problèmes à un Président qui, malgré toute la pression qu'il a subie de la part de nos fameux notables, l'a maintenu à ses fonctions avec un courage exemplaire et digne des éloges? Donc, ceci nous incite à ne pas sombrer dans la paranoïa parce que Boléro est quand même quelqu'un qui a un sens de la logique et de la raison. Il n'a aucune intention de renverser le Président Ikililou Dhoinine par coup d'État ou par insurrection populaire. Alors, pourquoi prendrait-il le risque de scier la branche sur laquelle il est lui-même assis? Ceci suppose donc que la déclaration de Fouad Mohadji est essentiellement politicienne et polémique».
Une fois de plus, on constate que des autorités d'origine mohélienne étalent leurs litiges et désaccords sur la place publique, et cela n'est bon pour personne. Quand, le 12 octobre 2012, Hamada Madi Boléro a été nommé Directeur du Cabinet du Président chargé de la Défense, les Mohéliens étaient nombreux à avoir poussé un soupir de soulagement en disant: «Hamada Madi Boléro est l'homme qui va faciliter la réconciliation entre le Président Ikililou Dhoinine et le Vice-président Fouad Mohadji. D'une part, il a été, pendant des années, le camarade de classe d'Ikililou Dhoinine et a un peu fait de politique avec lui par le passé. D'autre part, il a été étudiant en Ukraine en même temps que Fouad Mohadji, même s'ils n'appartenaient pas à la même promotion». La réconciliation tant attendue n'a pas eu lieu. Elle ne pouvait avoir lieu puisque celui à qui on voulait faire jouer le rôle de réconciliateur a lui-même un litige avec l'un des protagonistes de l'affaire. En attendant, et au-delà de la sensibilité des Mohéliens, la République prendra des coups chaque fois que les personnalités étatiques de haut niveau videront leurs querelles sur la place publique.
ARM
© www.lemohelien.com – Mercredi 8 octobre 2014.
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