Une cérémonie placée sous le signe de la géostratégie et de la coopération avec la France Dans la matinée de ce mercredi 30 juillet 2014,...
Une cérémonie placée sous le signe de la géostratégie et de la coopération avec la France
Dans la matinée de ce mercredi 30 juillet 2014, Hamada Madi Boléro, Directeur du Cabinet du Président chargé de la Défense, a convié au Camp militaire de Kandani des personnalités publiques, dont le Président de l’Assemblée de l’Union des Comores et celui de la Cour suprême, des membres du Cabinet du Président (les Conseillers du Président, dont Moustoifa Saïd Cheikh, le Colonel Hassane Harouna, Grand Chancelier, et certains nouveaux Conseillers du chef de l’État), d’anciens ministres de la Défense tels que Houmed Msaïdié, Mohamed Bacar Dossar et Mmadi Ali, ainsi que la chargée d’affaires par intérim de l’Ambassade de France aux Comores, puisque l’Ambassadeur Philippe Lacoste est, pour quelques jours, à Paris, à la demande du Président François Hollande. L’objectif était de décorer trois officiers français qui se sont illustrés aux Comores de 2012 à nos jours et qui viennent d’être affectés à d’autres postes, laissant un souvenir impérissable aux Comores. Les trois officiers français ont reçu la Médaille d’Honneur militaire pour reconnaissance. L’occasion était trop belle pour Hamada Madi Boléro, qui a prononcé un discours de géostratégie très imprégné de réalisme et de pragmatisme, après celui prononcé par la chargée d’affaires par intérim de la mission diplomatique française à Moroni, qui tenait à souhaiter une bonne fête de l’Aïd-Fitr aux Comoriens et qui a surtout exprimé son émotion pour avoir participé à une manifestation militaire au cours de laquelle des officiers français ont reçu des médailles comoriennes. La chargée d’affaires par intérim de l’Ambassade de France à Moroni a loué la coopération notamment en matière de Défense entre les Comores et la France.
Voici le discours intégral de Hamada Madi Boléro.
Au nom du Département de la Défense, du Cabinet militaire du Président de la République, de l’État-major de l’Armée nationale de Développement, je voudrais saisir cette belle opportunité pour souhaiter à vous tous bonne fête, au sortir du Ramadan, une épreuve sans nul doute révélatrice du rôle central que jouent les concepts «Persévérance» et «Endurance» dans les relations humaines, mais surtout pour les soldats de métier, ces hommes et ces femmes qui peuplent ce camp militaire de Kandani où nous nous retrouvons ce matin.
C’est donc tout naturellement que le Chef d’État-major, le Colonel Issouf Idjihadi, l’ensemble des chefs des corps qui forment notre Armée, les Officiers, les Sous-officiers, les Hommes du rang ainsi que le personnel civil et militaire de l’AND, vous ont conviés, Monsieur le Président de l’Assemblée de l’Union, Messieurs les élus nationaux et locaux, Monsieur le Président de la Cour suprême, Mesdames et Messieurs les membres du pouvoir judiciaire, Messieurs les Conseillers du Président de la République, Messieurs les Ambassadeurs, Messieurs les anciens ministres de la Défense, honorables invités, vous ont conviés disais-je, à cette cérémonie qui, en vérité, ne devrait pas revêtir une particularité puisque nous venons de décorer, en signe de reconnaissance et souhaiter bon retour chez eux, des officiers militaires français, qui ont contribué au renforcement des liens entre nos deux Armées, conformément aux objectifs fixés dans l’accord de partenariat en matière de Défense entre les Comores et la France.
Et pourtant, Mesdames et Messieurs, comme vous le constatez, le Département de la Défense a souhaité en faire un événement particulier. Les raisons sont multiples. La première n’est que l’expression d’un devoir pour nos militaires; en effet, ils m’ont demandé avec insistance d’ailleurs, de le faire en leur nom. Parce que depuis 2012, c’est grâce à l’engagement de ces officiers français, le Lieutenant-colonel Pierre Parraud, Attaché de Défense près l’Ambassade de France en Union des Comores, le Chef d’Escadron Pedro Ali-Ben Youma, chef du Bureau de coopération et de Relations internationales (BCRI) de l’état-major interarmées (ÉMIA) des Forces Armées françaises en Zone Sud de l’océan Indien (FAZSOI), et le Capitaine Franck Alliot, Adjoint au chef du bureau Opération-Instruction du Détachement de la Légion étrangère, c’est donc grâce à leur engagement disais-je, dans le cadre de l’application de cet accord de partenariat, que la totalité de l’infanterie comorienne a pu être instruite aux opérations de maintien de la paix, que les unités de notre Garde-côtes comorienne ont été formées aux activités commando, et instruites aux activités nautiques pour leur permettre de se familiariser davantage au milieu marin, un monde qu’elles partagent désormais avec les hors-la-loi de tous genres, terroristes, pirates, trafiquants de stupéfiants et toute sorte de produits prohibés par notre législation et qu’elles doivent combattre sans complaisance, mais avec professionnalisme.
Aussi, ces officiers militaires français épaulés par leur représentation diplomatique à Moroni, bien sûr, ont organisé de très nombreux échanges entre les deux Armées. Au cours de ces échanges, par exemple, les détachements de militaires français ont permis de dépolluer ici à Kandani, les dépôts de munitions de l’armée comorienne, d’installer de nombreux ordinateurs, et de former toutes les compagnies à l’usage de l’outil informatique. Nos médecins militaires ont également pu suivre des formations de secours au combat. Nos unités spécialisées de gendarmeries comme le Peloton d’Intervention (PIGN), les Brigades de Recherche et Routière, ont bénéficié de ces formations nécessaires pour la sécurité des personnes et des biens et dans toutes les îles. Ceci a contribué sans nul doute au développement et au renforcement de la coopération de Défense entre militaires français et comoriens, et à instaurer durablement des relations de confiance entre les deux Armées.
Et enfin, honorable assistance, avec de très nombreux et utiles stages dans les écoles africaines et françaises, nos capacités militaires se sont considérablement accrues et renforcées, raison pour laquelle d’ailleurs au sein de l’Eastern Africa Standbye Forces, notre pays tient son rang et au moment où je m’adresse à vous, l’État-major est en train de peaufiner des propositions qui seront soumises bientôt au Chef suprême des Armées pour répondre aux demandes faites par des Organisations Internationales pour que notre pays participe aux opérations de maintien de la paix en Afrique, en conformité avec nos engagements au sein de l’Union africaine.
La seconde, la plus importante raison de cette particularité répond, Mesdames et Messieurs, à notre position et positionnement géostratégiques dans un monde qui semble complètement désorganisé mais dont certaines parties revêtent une singularité. Nous sommes tout simplement condamnés à y réfléchir mais surtout à savoir distinguer les intérêts vitaux nationaux aux petites frustrations idéologiques qui d’ailleurs n’ont plus de logique depuis la fin de la guerre froide. Notre pays, les Comores, «petit pays pauvre insulaire» dans l’océan Indien, ce carrefour stratégique au cœur de la mondialisation, qui ne compte pas moins de vingt-six pays côtiers et des centaines d’îles, qui rassemble un tiers de l’humanité́, doit se comporter en État qui privilégie la négociation, les bons offices, la coopération à la querelle.
Sans même attendre les résultats des travaux d’exploration de notre sous-sol marin que nous espérons à la hauteur de nos prières, rappelons que près de 70% du trafic pétrolier mondial et à peine moins de la moitié du fret commercial de la planète transitent par cet espace.
Avec l’accélération de la mondialisation ainsi que les découvertes qui sont faites dans les États de l’Afrique de l’Est comme au Mozambique, à Madagascar et en Tanzanie, trois grands voisins immédiats, l’océan Indien retrouve ainsi la situation géostratégique qui fut la sienne avant l’affirmation de la domination européenne sur le monde.
Les historiens auront certainement constaté que par l’une de ces ruses dont l’Histoire a le secret, l’océan Indien est de nouveau au cœur des échanges mondiaux comme lors de la première mondialisation du VIIIème-XVème siècles, car ce fut déjà̀ lui qui faisait office de lieu de rencontre entre l’Occident et l’Orient.
Il fut donc toujours un espace disputé. Il le fut d’autant que notre océan Indien «présente la particularité́ de ne pas compter de puissance de premier rang parmi ses États riverains. Ce sont même généralement des États pauvres qui ont un accès direct sur ses eaux. Pour les pays d’Asie du Nord-est, l’océan Indien est en passe de devenir un véritable enjeu de puissance, d’abord en raison des liens qui unissent ces États aux différents pays qui composent son littoral, mais également en raison des multiples enjeux commerciaux», analyse Barthélemy Courmont, chercheur à l’IRIS, parce que, «pétrole, matières premières, marchandises… transitent en effet par cette vaste zone».
Dans un océan comme le nôtre où cohabitent des grands pays comme la République Populaire de Chine et la plus grande démocratie du monde, l’Inde, où les grands États comme le Royaume Saoudien mais également au Sud-Ouest avec la France et les États-Unis, il serait impudent pour un Petit État comme les Comores, de ne pas prôner une politique militaire basée sur le respect des conventions internationales qui placent la paix au cœur de la vie des hommes et des femmes qui y aspirent à une vie harmonieuse sans conflits. Alors, honorables invités, dans cette zone, notre partenaire, la France, possède un quart de ses territoires outre-mer. Par leur truchement, elle est de facto l’une des puissances riveraines de la zone et y représente la plus forte présence européenne. Tant en termes d’approvisionnements stratégiques que militaires, l’océan Indien compte ainsi parmi les intérêts français sensibles et nous avons le devoir en tant que dirigeants responsables de prendre cela en compte dans la définition de notre stratégie à nous.
Et nous le savons tous, cette région est loin d’être exempte de risques d’instabilité́ politique pouvant menacer les flux maritimes qui y transitent. Peut-être, il faudra le rappeler, à notre échelle, nous avons connu moult déstabilisations orchestrées par des mercenaires étrangers depuis notre accession à l’indépendance et apparemment l’adage selon lequel «il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué», tient toujours. Si la piraterie est aujourd’hui prise en compte par l’Union européenne, elle ne saurait occulter les tensions interétatiques et leurs conséquences. Voilà pourquoi le chef suprême des Armées, le Docteur Ikililou Dhoinine a donné des instructions à notre Département, il y quelque six mois, pour que nos professionnels en matière dé Défense et sécurité réfléchissent en profondeur sur un recadrage de notre coopération militaire conformément aux intérêts nationaux.
C’est pour cet objectif que nous avons organisé le séminaire sur la Défense et la sécurité en Union des Comores suivi de la mise en place d’un Comité national que mon collègue le ministre de l’Intérieur et moi-même avons proposé et auquel tous nos partenaires, à la fois multilatéraux comme le Système des Nations-Unies aux Comores, et bilatéraux comme justement la France, apportent tout leur soutien. Nous espérons, dans peu de temps, pouvoir remettre aux autorités compétentes les résultats obtenus.
Madame la Première Conseillère,
C’est donc pour réaffirmer la volonté de mon pays, celle du chef de l’État, Son Excellence le Docteur Ikililou Dhoinine, à poursuivre cette coopération bénéfique à nos deux pays que le Département de la Défense a voulu distinguer, en présence de la représentation diplomatique française aux Comores, ces officiers français dont nous saluons les efforts consentis, tout en leur demandant de continuer à nous soutenir partout où qu’ils seront affectés.
Rassurez-vous, Madame, c’est l’intérêt général, celui de tous les Comoriens, y compris ceux de Mayotte, qui guide les autorités actuelles et nous ne doutons pas de la volonté de votre pays, la France, à tout mettre en œuvre pour que cet Archipel retrouve sa dignité et la place qui est la sienne dans ce monde indo-océanique aux enjeux multiples.
Vive la Coopération internationale,
Vive la Coopération Comoro-française,
Vive l’Amitié entre nos deux Armées,
Je vous remercie
© www.lemohelien.com – Mercredi 30 juillet 2014.
Dans la matinée de ce mercredi 30 juillet 2014, Hamada Madi Boléro, Directeur du Cabinet du Président chargé de la Défense, a convié au Camp militaire de Kandani des personnalités publiques, dont le Président de l’Assemblée de l’Union des Comores et celui de la Cour suprême, des membres du Cabinet du Président (les Conseillers du Président, dont Moustoifa Saïd Cheikh, le Colonel Hassane Harouna, Grand Chancelier, et certains nouveaux Conseillers du chef de l’État), d’anciens ministres de la Défense tels que Houmed Msaïdié, Mohamed Bacar Dossar et Mmadi Ali, ainsi que la chargée d’affaires par intérim de l’Ambassade de France aux Comores, puisque l’Ambassadeur Philippe Lacoste est, pour quelques jours, à Paris, à la demande du Président François Hollande. L’objectif était de décorer trois officiers français qui se sont illustrés aux Comores de 2012 à nos jours et qui viennent d’être affectés à d’autres postes, laissant un souvenir impérissable aux Comores. Les trois officiers français ont reçu la Médaille d’Honneur militaire pour reconnaissance. L’occasion était trop belle pour Hamada Madi Boléro, qui a prononcé un discours de géostratégie très imprégné de réalisme et de pragmatisme, après celui prononcé par la chargée d’affaires par intérim de la mission diplomatique française à Moroni, qui tenait à souhaiter une bonne fête de l’Aïd-Fitr aux Comoriens et qui a surtout exprimé son émotion pour avoir participé à une manifestation militaire au cours de laquelle des officiers français ont reçu des médailles comoriennes. La chargée d’affaires par intérim de l’Ambassade de France à Moroni a loué la coopération notamment en matière de Défense entre les Comores et la France.
Voici le discours intégral de Hamada Madi Boléro.
Au nom du Département de la Défense, du Cabinet militaire du Président de la République, de l’État-major de l’Armée nationale de Développement, je voudrais saisir cette belle opportunité pour souhaiter à vous tous bonne fête, au sortir du Ramadan, une épreuve sans nul doute révélatrice du rôle central que jouent les concepts «Persévérance» et «Endurance» dans les relations humaines, mais surtout pour les soldats de métier, ces hommes et ces femmes qui peuplent ce camp militaire de Kandani où nous nous retrouvons ce matin.
C’est donc tout naturellement que le Chef d’État-major, le Colonel Issouf Idjihadi, l’ensemble des chefs des corps qui forment notre Armée, les Officiers, les Sous-officiers, les Hommes du rang ainsi que le personnel civil et militaire de l’AND, vous ont conviés, Monsieur le Président de l’Assemblée de l’Union, Messieurs les élus nationaux et locaux, Monsieur le Président de la Cour suprême, Mesdames et Messieurs les membres du pouvoir judiciaire, Messieurs les Conseillers du Président de la République, Messieurs les Ambassadeurs, Messieurs les anciens ministres de la Défense, honorables invités, vous ont conviés disais-je, à cette cérémonie qui, en vérité, ne devrait pas revêtir une particularité puisque nous venons de décorer, en signe de reconnaissance et souhaiter bon retour chez eux, des officiers militaires français, qui ont contribué au renforcement des liens entre nos deux Armées, conformément aux objectifs fixés dans l’accord de partenariat en matière de Défense entre les Comores et la France.
Et pourtant, Mesdames et Messieurs, comme vous le constatez, le Département de la Défense a souhaité en faire un événement particulier. Les raisons sont multiples. La première n’est que l’expression d’un devoir pour nos militaires; en effet, ils m’ont demandé avec insistance d’ailleurs, de le faire en leur nom. Parce que depuis 2012, c’est grâce à l’engagement de ces officiers français, le Lieutenant-colonel Pierre Parraud, Attaché de Défense près l’Ambassade de France en Union des Comores, le Chef d’Escadron Pedro Ali-Ben Youma, chef du Bureau de coopération et de Relations internationales (BCRI) de l’état-major interarmées (ÉMIA) des Forces Armées françaises en Zone Sud de l’océan Indien (FAZSOI), et le Capitaine Franck Alliot, Adjoint au chef du bureau Opération-Instruction du Détachement de la Légion étrangère, c’est donc grâce à leur engagement disais-je, dans le cadre de l’application de cet accord de partenariat, que la totalité de l’infanterie comorienne a pu être instruite aux opérations de maintien de la paix, que les unités de notre Garde-côtes comorienne ont été formées aux activités commando, et instruites aux activités nautiques pour leur permettre de se familiariser davantage au milieu marin, un monde qu’elles partagent désormais avec les hors-la-loi de tous genres, terroristes, pirates, trafiquants de stupéfiants et toute sorte de produits prohibés par notre législation et qu’elles doivent combattre sans complaisance, mais avec professionnalisme.
Aussi, ces officiers militaires français épaulés par leur représentation diplomatique à Moroni, bien sûr, ont organisé de très nombreux échanges entre les deux Armées. Au cours de ces échanges, par exemple, les détachements de militaires français ont permis de dépolluer ici à Kandani, les dépôts de munitions de l’armée comorienne, d’installer de nombreux ordinateurs, et de former toutes les compagnies à l’usage de l’outil informatique. Nos médecins militaires ont également pu suivre des formations de secours au combat. Nos unités spécialisées de gendarmeries comme le Peloton d’Intervention (PIGN), les Brigades de Recherche et Routière, ont bénéficié de ces formations nécessaires pour la sécurité des personnes et des biens et dans toutes les îles. Ceci a contribué sans nul doute au développement et au renforcement de la coopération de Défense entre militaires français et comoriens, et à instaurer durablement des relations de confiance entre les deux Armées.
Et enfin, honorable assistance, avec de très nombreux et utiles stages dans les écoles africaines et françaises, nos capacités militaires se sont considérablement accrues et renforcées, raison pour laquelle d’ailleurs au sein de l’Eastern Africa Standbye Forces, notre pays tient son rang et au moment où je m’adresse à vous, l’État-major est en train de peaufiner des propositions qui seront soumises bientôt au Chef suprême des Armées pour répondre aux demandes faites par des Organisations Internationales pour que notre pays participe aux opérations de maintien de la paix en Afrique, en conformité avec nos engagements au sein de l’Union africaine.
La seconde, la plus importante raison de cette particularité répond, Mesdames et Messieurs, à notre position et positionnement géostratégiques dans un monde qui semble complètement désorganisé mais dont certaines parties revêtent une singularité. Nous sommes tout simplement condamnés à y réfléchir mais surtout à savoir distinguer les intérêts vitaux nationaux aux petites frustrations idéologiques qui d’ailleurs n’ont plus de logique depuis la fin de la guerre froide. Notre pays, les Comores, «petit pays pauvre insulaire» dans l’océan Indien, ce carrefour stratégique au cœur de la mondialisation, qui ne compte pas moins de vingt-six pays côtiers et des centaines d’îles, qui rassemble un tiers de l’humanité́, doit se comporter en État qui privilégie la négociation, les bons offices, la coopération à la querelle.
Sans même attendre les résultats des travaux d’exploration de notre sous-sol marin que nous espérons à la hauteur de nos prières, rappelons que près de 70% du trafic pétrolier mondial et à peine moins de la moitié du fret commercial de la planète transitent par cet espace.
Avec l’accélération de la mondialisation ainsi que les découvertes qui sont faites dans les États de l’Afrique de l’Est comme au Mozambique, à Madagascar et en Tanzanie, trois grands voisins immédiats, l’océan Indien retrouve ainsi la situation géostratégique qui fut la sienne avant l’affirmation de la domination européenne sur le monde.
Les historiens auront certainement constaté que par l’une de ces ruses dont l’Histoire a le secret, l’océan Indien est de nouveau au cœur des échanges mondiaux comme lors de la première mondialisation du VIIIème-XVème siècles, car ce fut déjà̀ lui qui faisait office de lieu de rencontre entre l’Occident et l’Orient.
Il fut donc toujours un espace disputé. Il le fut d’autant que notre océan Indien «présente la particularité́ de ne pas compter de puissance de premier rang parmi ses États riverains. Ce sont même généralement des États pauvres qui ont un accès direct sur ses eaux. Pour les pays d’Asie du Nord-est, l’océan Indien est en passe de devenir un véritable enjeu de puissance, d’abord en raison des liens qui unissent ces États aux différents pays qui composent son littoral, mais également en raison des multiples enjeux commerciaux», analyse Barthélemy Courmont, chercheur à l’IRIS, parce que, «pétrole, matières premières, marchandises… transitent en effet par cette vaste zone».
Dans un océan comme le nôtre où cohabitent des grands pays comme la République Populaire de Chine et la plus grande démocratie du monde, l’Inde, où les grands États comme le Royaume Saoudien mais également au Sud-Ouest avec la France et les États-Unis, il serait impudent pour un Petit État comme les Comores, de ne pas prôner une politique militaire basée sur le respect des conventions internationales qui placent la paix au cœur de la vie des hommes et des femmes qui y aspirent à une vie harmonieuse sans conflits. Alors, honorables invités, dans cette zone, notre partenaire, la France, possède un quart de ses territoires outre-mer. Par leur truchement, elle est de facto l’une des puissances riveraines de la zone et y représente la plus forte présence européenne. Tant en termes d’approvisionnements stratégiques que militaires, l’océan Indien compte ainsi parmi les intérêts français sensibles et nous avons le devoir en tant que dirigeants responsables de prendre cela en compte dans la définition de notre stratégie à nous.
Et nous le savons tous, cette région est loin d’être exempte de risques d’instabilité́ politique pouvant menacer les flux maritimes qui y transitent. Peut-être, il faudra le rappeler, à notre échelle, nous avons connu moult déstabilisations orchestrées par des mercenaires étrangers depuis notre accession à l’indépendance et apparemment l’adage selon lequel «il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué», tient toujours. Si la piraterie est aujourd’hui prise en compte par l’Union européenne, elle ne saurait occulter les tensions interétatiques et leurs conséquences. Voilà pourquoi le chef suprême des Armées, le Docteur Ikililou Dhoinine a donné des instructions à notre Département, il y quelque six mois, pour que nos professionnels en matière dé Défense et sécurité réfléchissent en profondeur sur un recadrage de notre coopération militaire conformément aux intérêts nationaux.
C’est pour cet objectif que nous avons organisé le séminaire sur la Défense et la sécurité en Union des Comores suivi de la mise en place d’un Comité national que mon collègue le ministre de l’Intérieur et moi-même avons proposé et auquel tous nos partenaires, à la fois multilatéraux comme le Système des Nations-Unies aux Comores, et bilatéraux comme justement la France, apportent tout leur soutien. Nous espérons, dans peu de temps, pouvoir remettre aux autorités compétentes les résultats obtenus.
Madame la Première Conseillère,
C’est donc pour réaffirmer la volonté de mon pays, celle du chef de l’État, Son Excellence le Docteur Ikililou Dhoinine, à poursuivre cette coopération bénéfique à nos deux pays que le Département de la Défense a voulu distinguer, en présence de la représentation diplomatique française aux Comores, ces officiers français dont nous saluons les efforts consentis, tout en leur demandant de continuer à nous soutenir partout où qu’ils seront affectés.
Rassurez-vous, Madame, c’est l’intérêt général, celui de tous les Comoriens, y compris ceux de Mayotte, qui guide les autorités actuelles et nous ne doutons pas de la volonté de votre pays, la France, à tout mettre en œuvre pour que cet Archipel retrouve sa dignité et la place qui est la sienne dans ce monde indo-océanique aux enjeux multiples.
Vive la Coopération internationale,
Vive la Coopération Comoro-française,
Vive l’Amitié entre nos deux Armées,
Je vous remercie
© www.lemohelien.com – Mercredi 30 juillet 2014.