L’affaire avait fait du bruit fin 2012 à La Réunion. Trois enfants avaient été hospitalisés après une circoncision rituelle pratiquée dan...
L’affaire avait fait du bruit fin 2012 à La Réunion. Trois enfants avaient été hospitalisés après une circoncision rituelle pratiquée dans une maison d’un quartier de Saint-Pierre. Le parquet avait décidé de poursuivre ce foundi originaire de Mayotte.
Une affaire de circoncision devant la justice. Le parquet avait affirmé que le dossier était « suivi au niveau national ». Le procureur de Saint-Pierre, Laurent Zuchowicz, était d’ailleurs venu requérir en personne lors des débats, le 9 avril dernier.
L’audience concernait Abdou H., un Mahorais de 54 ans, absent de l’audience, qui était poursuivi pour blessures involontaires avec incapacité inférieure ou égale à 3 mois. L’homme avait blessé trois enfants de 4 à 7 ans en pratiquant une circoncision « marron », à Saint-Pierre, au sud de La Réunion, le 18 décembre 2012. Mais ce sont les conditions dans lesquelles s’était déroulé ce rite qui ont interpellé la justice. Ce foundi avait utilisé un couteau de type Opinel pour couper les prépuces de ces enfants, « sans anesthésie et dans des conditions d’hygiène qui posent questions », avait dénoncé le procureur.
Trois des quatre frères circoncis ce jour-là avaient dû être hospitalisés et entre 7 et 10 jours d’ITT leur avait été prescrits, comme le rapporte Le Journal de l’Ile de La Réunion.
Ce procès était surtout pour la justice réunionnaise l’occasion de faire passer un message : « Si ces circoncisions rituelles sont tolérées en France, elles ne peuvent se dérouler sans un minimum de précautions. Il ne s’agit pas d’un acte médical, dans le sens où il n’a pas de vocation thérapeutique, mais il s’agit bien d’acte chirurgical invasif ».
Le problème pour la justice réside dans le fait qu’aucun cadre réglementaire ne régit cette pratique dans notre pays. Un flou qui complique les débats entre morale, santé publique, religion et traditions. Plusieurs dignitaires religieux musulmans ont été entendus pour cette affaire. Tous ont indiqué que l’abandon des circoncisions à domicile était encouragé en France, au profit d’une prise en charge en milieu hospitalier. Ce que le père souhaitait faire avant de renoncer pour des questions de coûts.
Pour le procureur, l’hospitalisation de ces enfants relève d’un accident provoqué « par négligence et imprudence » du foundi. « Ces accidents sont tabous mais existent bien. La littérature médicale nous apprend qu’ils peuvent entraîner des amputations du gland, des fistules ou des septicémies », avait-il justifié. Ici, « pas question de violences, de mise en danger d’autrui ou de pratique illégale de la médecine ». Pour autant, selon lui, il y a bien eu blessures involontaires.
« On peut réprouver ces méthodes archaïques mais il n’y a rien de pénalement répréhensible. Le droit n’est pas la morale », avait fait valoir la défense.
Le tribunal a rendu sa décision ce mardi. Le foundi a été condamné à 1.000 euros d’amende.
RR
Le JDM avec le Journal de l’Ile de La Réunion
Une affaire de circoncision devant la justice. Le parquet avait affirmé que le dossier était « suivi au niveau national ». Le procureur de Saint-Pierre, Laurent Zuchowicz, était d’ailleurs venu requérir en personne lors des débats, le 9 avril dernier.
L’audience concernait Abdou H., un Mahorais de 54 ans, absent de l’audience, qui était poursuivi pour blessures involontaires avec incapacité inférieure ou égale à 3 mois. L’homme avait blessé trois enfants de 4 à 7 ans en pratiquant une circoncision « marron », à Saint-Pierre, au sud de La Réunion, le 18 décembre 2012. Mais ce sont les conditions dans lesquelles s’était déroulé ce rite qui ont interpellé la justice. Ce foundi avait utilisé un couteau de type Opinel pour couper les prépuces de ces enfants, « sans anesthésie et dans des conditions d’hygiène qui posent questions », avait dénoncé le procureur.
Trois des quatre frères circoncis ce jour-là avaient dû être hospitalisés et entre 7 et 10 jours d’ITT leur avait été prescrits, comme le rapporte Le Journal de l’Ile de La Réunion.
Un acte chirurgical
Ce procès était surtout pour la justice réunionnaise l’occasion de faire passer un message : « Si ces circoncisions rituelles sont tolérées en France, elles ne peuvent se dérouler sans un minimum de précautions. Il ne s’agit pas d’un acte médical, dans le sens où il n’a pas de vocation thérapeutique, mais il s’agit bien d’acte chirurgical invasif ».
Le problème pour la justice réside dans le fait qu’aucun cadre réglementaire ne régit cette pratique dans notre pays. Un flou qui complique les débats entre morale, santé publique, religion et traditions. Plusieurs dignitaires religieux musulmans ont été entendus pour cette affaire. Tous ont indiqué que l’abandon des circoncisions à domicile était encouragé en France, au profit d’une prise en charge en milieu hospitalier. Ce que le père souhaitait faire avant de renoncer pour des questions de coûts.
Blessures involontaires
Pour le procureur, l’hospitalisation de ces enfants relève d’un accident provoqué « par négligence et imprudence » du foundi. « Ces accidents sont tabous mais existent bien. La littérature médicale nous apprend qu’ils peuvent entraîner des amputations du gland, des fistules ou des septicémies », avait-il justifié. Ici, « pas question de violences, de mise en danger d’autrui ou de pratique illégale de la médecine ». Pour autant, selon lui, il y a bien eu blessures involontaires.
« On peut réprouver ces méthodes archaïques mais il n’y a rien de pénalement répréhensible. Le droit n’est pas la morale », avait fait valoir la défense.
Le tribunal a rendu sa décision ce mardi. Le foundi a été condamné à 1.000 euros d’amende.
RR
Le JDM avec le Journal de l’Ile de La Réunion