Le chef du RADHI veut la dissolution du Temple de la Charlatanerie constitutionnelle Si au moins on pouvait nous expliquer ce qui se ...
Le chef du RADHI veut la dissolution du Temple de la Charlatanerie constitutionnelle
Si au moins on pouvait nous expliquer ce qui se passe au sein de la Cour constitutionnelle, devenue le Temple de la Charlatanerie constitutionnelle, tant elle est aux ordres du plus offrant, qu’il s’agisse du Président de la République ou du Gouverneur Mouigni Baraka de la Grande-Comore. En tout cas, depuis que jeudi 19 juin 2014, le Temple de la Charlatanerie a invalidé la motion de censure du gouvernement insulaire de la Grande-Comore par le Conseil de l’Île, nombreux sont ceux qui, aux Comores et dans la communauté comorienne à l’étranger, ne décolèrent pas, et parmi eux, Houmed Msaïdié, le leader du parti politique RADHI, qui considère que l’institution a dépassé toutes les limites de l’impudence et du tolérable. Et Houmed Msaïdié ne s’est fait pas prier pour déclarer que la Cour de toutes les compromissions juridictionnelles où on case le plus souvent les copains et les coquins est de «connivence avec le régime» politique en place. Ce qui est tout à fait vrai car, il était attendu du Temple de la Charlatanerie constitutionnelle qu’il déclare soit son incompétence, soit la régularité de la motion de censure votée par le Parlement de la Grande-Comore. Pour ne pas s’exprimer dans le vide, Houmed Msaïdié explique magistralement que «la motion de censure introduite par les conseillers n’était pas destinée à dissoudre un exécutif; elle visait au contraire un comportement qui devait être changé. Alors, au lieu de statuer sur le fond, la Cour a donné un blanc-seing au Gouverneur» Mouigni Baraka, qui peut continuer à tuer l’île de la Grande-Comore dans la graisse des chèvres dont il fait une consommation immodérée et inconsidérée. Mais, le pompon et le clou du spectacle, on les retrouve dans la phrase assassine de Houmed Msaïdié regrettant que la «Cour soit transformée en une boutique familiale». Belle formule…
Manque de charité politique de la part du leader du RADHI? Que nenni! Houmed Msaïdié est entièrement fondé à manifester sa méfiance envers une institution qui chagrine beaucoup de Comoriens, qui considèrent que le Temple de la Charlatanerie constitutionnelle est un nid de potes, dont la plupart n’ont aucune notion de Droit, encore moins de Droit constitutionnel, à commencer par les tristes sires qui ont eu à diriger l’institution. On est donc en présence de «la Cour, mon bon plaisir». Mais, comme Houmed Msaïdié n’est pas homme à faire les choses à moitié, sa condamnation de l’institution va plus loin et est d’une sévérité méritée et mortelle pour la «confrérie juridictionnelle»: «Nous exigeons à ce que la Cour soit dissoute. Sinon, les élections de novembre prochain ne seront qu’une mascarade. On l’a vu au cours des présidentielles à Anjouan, où l’Armée s’est ingérée. J’ose espérer qu’avec l’arrivée du Colonel Youssouf Idjihadi à la tête de l’Armée nationale, elle saura garder sa neutralité au cours des prochaines échéances». Neutralité? Quelle neutralité, quand on sait que c’est l’Armée nationale du Développement (AND) qui était en amont et en aval du vaudeville électoral qui a conduit Ikililou Dhoinine à la tête des Comores à l’issue du 2ème tour d’un scrutin laborieux et honteux, dénoncé à l’époque même par Achiraf Ben Cheikh, alors ministre d’État chargé des Élections?
Mais, pourquoi accabler cette pauvre Armée quand on sait que le Mohélien Madi Laguera, alors Président de la Commission électorale «autonome», avait abordé Idi Nadhoim, alors Vice-président de la République et colistier du candidat Mohamed Larif Oucacha pour la Grande-Comore, lui réclamant ouvertement de l’argent pour quelques «arrangements», que l’homme de Foumbouni avait tout simplement refusés? À l’époque, quand avait eu lieu l’élection présidentielle de 2010, seul Luc Hallade, alors Ambassadeur de France aux Comores, avait publiquement émis des doutes sur la sincérité du scrutin, et on sait que sa déclaration sur le sujet avait été considérée comme un casus belli par le régime politique vermoulu et finissant d’Ahmed Sambi, qui cherchait par tous les moyens à perdurer. Pour sa part, le PNUD, qui parraine aujourd’hui l’inscription sur le fichier électoral biométrique, avait avalisé une immense fraude électorale qui avait ému la nation comorienne dans son ensemble, même dans le camp des vainqueurs, où on savait à quoi s’en tenir. Toutefois, si aujourd’hui, Houmed Msaïdié a des inquiétudes au sujet des élections législatives de novembre 2014, cette inquiétude doit porter plus sur la tenue du scrutin lui-même que sur sa fraude car, dans l’état actuel des choses et sauf miracle de dernière minute, il n’est pas possible d’organiser les élections en question, faute d’argent. Le mois de novembre 2014 finira par arriver, et on ne verra s’organiser aucune élection législative aux Comores.
Ce qui est encore plus inquiétant, c’est qu’en 2016, lors de l’élection présidentielle, si des mesures spéciales ne sont pas prises pour sécuriser les élections, on va assister à quelque chose d’énorme et d’inédit en matière de fraude électorale, et ça sera une fraude qui fera passer celles du passé pour de la gnognotte. N’oublions pas que nous sommes en présence d’un régime politique qui se moque de tout sauf de l’enrichissement massif et illicite de ses membres, un régime politique à la dérive, sans chef fixant un cap, mais qui est juste là pour durer et marquer des points chaque jour sur le calendrier jusqu’au 26 mai 2016. En d’autres termes, Houmed Msaïdié a raison de se méfier de la vénalité et de la prévarication qui caractérisent cette Cour constitutionnelle ou prétendue telle, mais il faut aller au-delà de la méfiance et demander deux choses fondamentales, à savoir: la qualité de juriste pour tout membre de la Cour, et la sécurisation des élections en amont et en aval. Sinon, on va assister à la reproduction du même et triste spectacle, qui laissera ceux qui croient en la démocratie et aux valeurs de la République juste la possibilité de dire que le pays est à vau-l’eau. Ce qu’on sait déjà.
Aujourd’hui, même des entrailles du Gouvernorat de la Grande-Comore, sort un cri de colère sur les manœuvres du Gouverneur Mouigni Baraka qui, pour sortir du piège politique mortel qu’était la motion de censure ayant frappé son exécutif, a tout simplement acheté des membres de la Cour constitutionnelle, une institution qui, bientôt, sera à vendre aux enchères et au plus offrant donc. Cette institution est un problème qui pose problème, et il est vraiment temps de penser à la nécessité de n’y nommer que des juristes confirmés et non des charlatans devant continuer une farce sinistre et désopilante. Autant personne ne fait confiance à la «Justice» ordinaire, autant aucun juriste sérieux ne pariera un kopeck troué sur la «Justice» constitutionnelle comorienne.
Par ARM