Une libération très inachevée et plongeant Djoiezi dans le deuil et dans les ténèbres Le mercredi 25 juin 2014, nous vous annoncions que ...
Une libération très inachevée et plongeant Djoiezi dans le deuil et dans les ténèbres
Le mercredi 25 juin 2014, nous vous annoncions que le Djoiezien Abdou Madi Mari, l’un des hommes du Président Ikililou Dhoinine à Mohéli, était vert de rage après avoir appris que le Président Ikililou Dhoinine et la Première Dame avaient fait l’objet de graffitis et tags rageurs sur deux kilomètres à Djoiezi, et qu’il avait crié les mots suivants: «Il ne fallait pas faire de la provocation car il se pourrait que les jeunes qui ont rédigé le tract du 1er mai 2014 soient libérés le jeudi 26 juin prochain, en application d’une décision prise par le Président de la République en signe de bonne volonté. Il ne fallait ni graffitis, ni tags». Effectivement, le jeudi 26 juin 2014, les jeunes contestataires de Djoiezi ont été libérés. À son habitude, le Président de la République avait signé la décision pour une exécution devant intervenir quand il sera à l’étranger, mais il s’agit d’une décision dont on a voulu retarder l’exécution car, selon Saïd Bacar, le demi-frère du Président Ikililou Dhoinine, «Anziza, la femme du chef de l’État, a tout fait pour empêcher la libération de ces jeunes gens. Elle en fait une maladie. Elle en fait une affaire personnelle. Chez elle, tout cela tourne à l’obsession. Elle a absolument tout fait, tout manipulé, tout manigancé pour maintenir ces enfants en prison pour assouvir sa petite haine personnelle. Mais, nous la jugerons dans un Tribunal populaire à Djoiezi dès la fin du mandat présidentiel actuel. D’ailleurs, il ne s’agit même pas d’une vraie libération mais d’une libération-emprisonnement puisque mon neveu El Halim Hamada Bacar est interdit d’entrer dans sa ville natale, Djoiezi. Ses parents doivent parcourir 2 kilomètres pour le voir. Le jeune homme fait l’objet d’une mesure de vengeance personnelle digne d’un bannissement d’un militant de l’ANC parqué dans un bantoustan aux temps de l’apartheid en Afrique du Sud. Il doit donc rester à Mirafeni, dans la banlieue de Djoiezi, avec interdiction d’aller même dans sa maison familiale. Nous ne retrouvons aucune mesure de ce type dans le Code pénal comorien. Anziza réinvente et réécrit le Droit».
Ne décolérant pas, Saïd Bacar ajoute: «Le jour de la libération des jeunes, il fut strictement interdit aux Djoieziens de manifester leur joie de voir les jeunes gens. Pas de youyous, ni klaxon. Tout a été fait pour que cette libération puisse ressembler à un deuil, et c’est ce qui s’est passé, car Djoiezi est entrée en deuil et est devenue aussi joyeuse qu’un cimetière et une porte d’entrée d’une prison. Nous savons que c’est Anziza qui orchestre toute cette punition collective qui nous fait regretter le couvre-feu qu’Ali Soilihi avait instauré à Mohéli en novembre 1977, quand les Mohéliens avaient dit préférer son remplacement par un “remplaçant” indéfini. Après la fin du régime politique d’Ali Soilihi, nous n’avions pas jugé nos persécuteurs et tourmenteurs, mais cette fois, nous n’allons pas nous laisser faire et nous faire avoir par les sentiments: dès le 26 mai 2016, à la fin du régime politique actuel, chacun doit s’apprêter à récolter ce qu’il aura semé, et ça sera Anziza qui, la première, sera jugée pour ses méfaits envers des gens et leurs familles. Et les hypocrites et menteurs qui sévissent à Djoiezi et qui sont devenus ses délateurs dans notre ville, en croyant qu’elle va les nommer à des emplois publics, doivent commencer à se poser une question: veulent-ils une guerre civile à Djoiezi après le 26 mai 2016 et sont-ils prêts à en assumer toutes les conséquences? J’appelle ces gens-là “hypocrites et menteurs” parce qu’ils n’ont aucune sympathie particulière pour Ikililou Dhoinine, mais veulent juste se faire nommer par Anziza. Bientôt, ils vont se rendre compte des effets néfastes de leur aveuglement».
Saïd Bacar ajoute à l’endroit des Djoieziens: «Les gens de Djoieziens vivent très mal toute cette mascarade, mais il faut leur transmettre un message d’espoir, celui de la fin proche et prochaine de ce régime politique qui, au lieu d’apporter la joie et le bonheur dans les foyers et dans les villes, est devenu une source de malheurs et de deuils. Ce régime politique nous a plongés dans les ténèbres, mais bientôt on devra remplacer ces dernières et les gens vont réapprendre à vivre dans la lumière, dans la joie et dans leur dignité».
Depuis le 1er mai 2014, date de diffusion du tract contre lui, le Président Ikililou Dhoinine a perdu pied à Djoiezi. Il s’est mis à dos la population avec une telle maladresse que s’il se présentait aujourd’hui à une élection à Djoiezi, il est certain que son neveu El Halim Hamada Bacar, qui sort juste de sa prison politique, le battrait aisément à 99,99%. Affabulation? Non, c’est la réalité pure. Le Président s’est coupé de sa base qu’est Djoiezi et même si on continuera à le solliciter, cette sollicitation n’a qu’une signification liée à «la politique du ventre» chère à l’africaniste Jean-François Bayart. Sans conviction, les gens veulent juste manger; le reste ne les intéresse pas car relevant tout juste de la sémantique. Alors, quand ils vont voir le Président quand il est de passage à Mohéli, ils n’expriment aucun point de vue politique, mais une envie de manger pour ne pas mourir de faim.
En tout état de cause, la rupture définitive entre les Djoieziens et Ikililou Dhoinine est intervenue à un moment où l’on parle d’une intervention de la Première Dame au Tribunal de Fomboni, à coup de 17 millions de francs comoriens, une affaire qui a mis le Gouverneur Mohamed Ali Saïd dans une colère de cyclone. La compétition pour le siège du Gouverneur de Mohéli en 2016 a-t-elle déjà commencé?
Par ARM