Le cadavre d’Abou Achirafi Ali Bacar bouge et 200 passeports sont saisis « Bis repetita placent ». Et c’est ainsi que « Halima a retrouvé...
Le cadavre d’Abou Achirafi Ali Bacar bouge et 200 passeports sont saisis
«Bis repetita placent». Et c’est ainsi que «Halima a retrouvé ses vieilles habitudes», comme le dit si bien le proverbe marocain. Et pourquoi Halima n’aurait-elle pas retrouvé ses vieilles habitudes, quand on sait que toute sa vie est basée sur lesdites vieilles habitudes? Et c’est ainsi que la semaine dernière, a été saisi à l’Aéroport de Hahaya par les Services de Douanes un lot de 200 passeports comoriens en direction du Moyen-Orient. Le paquet était entre les mains de l’inévitable et inégalable Abdillah Saïd Soilihi, Conseiller au ministère de l’Économie et des Finances en charge des dossiers du Moyen-Orient, c’est-à-dire du trabendo des passeports. Tout est fait pour étouffer cet énorme scandale, mais on a commencé à chuchoter dans les couloirs du ministère de l’Intérieur. Et on sait que les chuchotements comoriens font toujours beaucoup de bruit. Ce qui fait rire ou pleurer dans l’affaire, c’est que cet Abdillah Saïd Soilihi est un célèbre repris de Justice, très bien impliqué dans les affaires du trabendo parallèle des passeports jusqu’au crâne et qu’il est paradoxalement chargé de convoyer lesdits passeports chaque fois qu’un paquet doit être acheminé vers un pays du Moyen-Orient. D’ailleurs, ce membre du Cabinet du ministre de l’Intérieur est formel: «Il n’est même pas question de croire qu’il s’agit d’un trafic parallèle. En réalité, la “citoyenneté économique” est plus vivace que jamais. Malgré les scandales liés aux agissements crapuleux et criminels d’un Abou Achirafi Ali Bacar, les autorités comoriennes font comme si de rien n’était. Chaque fois qu’il y a des besoins pressants de cash flow, on fait partir des cartons de passeports vers le golfe Persique. Le réseau est bien rôdé. Il se pourrait même que les pouvoirs publics soient poussés à vendre des dizaines de cartons de passeports pour financer les élections législatives de novembre 2014, car il est clair que celles-ci ne vont pas bénéficier des largesses de la communauté internationale, qui n’a pas que ça à faire. Où les Comores vont-elles trouver plus de 1,5 milliard de francs comoriens pour organiser ces élections, si ce n’est dans la vente des passeports comoriens à des inconnus?».
Ce qui est encore plus triste dans l’affaire des passeports de Hahaya, c’est que la saisie des précieux documents n’a pas duré longtemps. Quelques coups de fil bien ciblés ont été nécessaires pour que le gros colis soit remis à l’Iconien Abdillah Saïd Soilihi, afin qu’il puisse continuer paisiblement son voyage vers le Moyen-Orient, où il a ses habitudes. Ce qui étonne le plus dans le cas de cette personne, c’est qu’elle est interdite par le juge de tout voyage hors des Comores, justement à cause du trabendo parallèle des passeports. Dès lors, la question que se posent la plupart des observateurs depuis 2013 est celle relative à sa présence dans des délégations officielles de haut niveau et à sa liberté de se livrer à ses pérégrinations à travers tout le Moyen-Orient. Certes, la «Justice» comorienne est bel et bien morte et enterrée, mais les pouvoirs publics comoriens auraient sans doute gagné à chercher à sauver au moins les apparences, pour ne pas trop froisser la susceptibilité et la sensibilité du peuple comorien, même si ce dernier n’a pas voix au chapitre.
Déjà en avril et mai 2014, quelque 1.200 passeports ont été vendus au Moyen-Orient afin de faire face au paiement des salaires en fin mai 2014, notamment en raison de la célébration du 3ème anniversaire de l’intronisation de notre Président bien-aimé, le 26 mai, et du «Mihradj» ou «Voyage nocturne» du Prophète Mohammed, le 27 mai. Or, au regard des dernières péripéties «trabendistes» des pouvoirs publics, tout laisse croire que le régime politique du vaillant et courageux Ikililou Dhoinine va arrêter toutes les activités de l’État et se concentrer uniquement sur la facilité constituée par le trabendo des passeports. Depuis la mise à l’écart d’Abou Achirafi Ali Bacar, «le Pablo Escobar comorien», aucun circuit de vente parallèle n’a été dénoncé, mais les zones d’ombre et le doute subsistent. Tout ceci signifie que ce n’est pas demain la veille que le régime politique du Président Ikililou Dhoinine, que Dieu le glorifie, va arrêter son petit trabendo fort lucratif, nonobstant les risques qu’il fait courir à la sécurité des Comores et à celle d’autres pays, puisqu’il est de notoriété publique que même et surtout des terroristes et de trafiquants de drogue du Moyen-Orient sont munis de passeports comoriens et voyagent partout dans le monde. Il faudra qu’on nous rassure en nous disant quand les Comores vont-elles être inscrites sur la liste infâme et infamante des entités soutenant le terrorisme international.
Par ARM
