Le Daily Telegraph révèle que les matches arrangés seraient plus courants qu’on ne l’imagine. Notamment au Ghana, dont le président de la fé...
Le Daily Telegraph révèle que les matches arrangés seraient plus courants qu’on ne l’imagine. Notamment au Ghana, dont le président de la fédération, un de ses dirigeants et un agent FIFA, sont tombés dans un piège tendu par le média anglais.
Le
Telegraph, qui enquête depuis de nombreux mois sur le problème des
matches truqués dans le football, fait sa une de lundi sur la question.
« Le truquage de matches de football fait passer un nuage sur la Coupe
du monde », titre en effet le journal britannique. Et, au lendemain du
nul 2-2 entre les Black Stars et l’Allemagne, c’est la Fédération
ghanéenne qui se retrouve au centre de la polémique. Des
enquêteurs du Telegraph, s’étant fait passer pour des investisseurs
intéressés par « l’arrangement » d’une rencontre, ont réussi à
rencontrer trois personnages apparemment au centre du système de
corruption, et même à leur faire rédiger une sorte de « contrat
de corruption ». Le premier, un agent FIFA, s’appelle Christopher
Forsythe. Le second, un dirigeant de la Fédération du Ghana, est Obed
Nketiah. Et le troisième se trouve être Kwesi Nyantakyi, président de la
fédération en question.
« Les arbitres peuvent changer le match à tous les coups »
Lors d’un entretien, filmé en caméra cachée (voir la vidéo plus bas),
les enquêteurs anglais sont parvenus à faire dire nombre de choses,
toutes particulièrement inquiétantes quant à la santé du football
mondial, à Forsythe et Nketiah. On apprend par exemple qu’un match truqué coûte, à peu près, 125 000 euros (c’est le montant apparemment inscrit sur le fameux « contrat »). «
Vous (les « investisseurs » ndlr), devez toujours venir nous voir pour
nous dire comment vous voulez que les choses se passent… quel résultat
vous voulez (…) Si nous plaçons « nos » arbitres sur le match… Vous vous
faites de l’argent » explique, tranquillement, Forsythe, alors
qu’acquiesce son compère Nketiah. Et ce n’est pas fini ! Le contrat,
encore lui, va carrément jusqu’à expliquer que les personnes intéressées
par l’arrangement d’une rencontre doivent se constituer en tant que
société écran, enseigne fantôme idéale pour faire circuler les sommes
nécessaires à la mise en œuvre d’une telle corruption.
« Les supporters mangent, boivent et oublient le match »
Toujours selon le Telegraph, Forsythe va même jusqu’à expliquer que le « match fixing » est « partout »
et qu’une fois la rencontre terminée, les supporters du Ghana (l’équipe
qui se ferait donc trahir par des arbitres corrompus) ne font
finalement que passer 24 heures à se lamenter de s’être fait « voler »,
puis « mangent, boivent et oublient le match. Ils pensent à la prochaine
rencontre ». Pire, pour le Telegraph en tout cas, ce genre de
tricherie, pourrait, toujours d’après Forsythe, avoir lieu face à des
équipes britanniques. « Même en Angleterre, cela arrive » explique-t-il. Terrifying…
Et comme si tout cela n’était pas assez sulfureux,
la suite à lieu dans un hôtel cinq étoiles de Miami. Elle introduit un
nouveau personnage, Kwesi Nyantakyi, président, rien que ça, de la
Fédération ghanéenne (on vous conseille sa page Wikipédia,
toute en objectivité). Le Telegraph contextualise en précisant que
l’entretien de ses enquêteurs avec Kwesi Nyantakyi se tient juste avant
que la Ghana joue la Corée du Sud en amical (match gagné 4-0 par les
Black Stars). Pendant la réunion, le président accepte le
contrat et rappelle que le prix, 125 000 euros, permettra aux «
investisseurs » de choisir leurs arbitres.
Cette affaire sort quelques jours après que Chann
Sankaran et Krishna Sanjey Ganeshan, des hommes d’affaires de Singapour,
ainsi que Michael Boateng, un ancien footballeur, aient été jugés
coupables d’avoir tenté de truquer des rencontres en Angleterre. De son
côté, la Fédération du Ghana a demandé à la police de mener l’enquête
sur les révélations du Telegraph. Nyantakyi, quant à lui, explique
n’avoir jamais lu le contrat. La défense de Forsythe est encore plus
forte puisqu’il jure que ses propositions malhonnêtes étaient « un
fragment de son imagination, parce que je suis trop naïf et que je ne
sais pas comment les matches peuvent être arrangés. C’était des
promesses, juste pour obtenir quelque chose de votre part. » Ce qui a
plutôt bien focntionné, puisqu'il a obtenu pas mal de problèmes.
Raphaël Cosimano | bfmtv
Raphaël Cosimano | bfmtv