1)- Irchad Abdallah : Monsieur le ministre bonjour. Merci de m’avoir accordé cet entretien. J’entame directement la première question. Je...
1)- Irchad Abdallah : Monsieur le ministre bonjour. Merci de m’avoir accordé
cet entretien. J’entame directement la première question. Je suis de
très près l’enquête concernant la tentative decoup d’état du 30 avril
2013, ayant conduit à l’incarcération de plusieurs personnes. J’ai
remarqué une chose,votre nom est très souvent cité par les avocats de la
défense. Je me suis entretenu il y a un mois avec l’un d’entre eux, qui
vous anommément cité. Ensuite, Maître Baco, lors d’une conférence de
presse tenue enrégion parisienne il y ‘a quelques mois, a insinué, que
vous, Monsieur Boléro, Responsablede la Sécurité Nationale et
Commissaire du Gouvernement, avez influé sur l’enquête, suite à une
déclaration pourle moins ambigüe, toujours selon la défense, car vous
auriez dit quel’instruction de cette affaire prendrait beaucoup de
temps, pour ainsi direplusieurs années. Qu’avez-vous à répondre par
rapport à ces accusations, gravissimes ?
1)- M. Boléro : D’abord, je vous remercie Irchad d’avoir pris votre temps et de venir interviewer, comme vous dites, la personne, ou je nesais pas si seulement ce dossier, mais apparemment dès que l’on parle des Comores, on aime toujours piquer sur moi etc etc ... donc j’aurais aimé quevous me posiez plutôt la question d’une autre façon, me disant quand est-ce qu’avez-vous rencontré Maître Baco ? Et je vous répondrais : Jamais. Donc je ne sais pas.
Irchad Abdallah : donc vous ne l’avez jamais rencontré ?
M. Boléro : Non, je ne l’ai jamais rencontré, en tout cas dans cecadre là. Donc je ne sais pas d’où il prend ça. C’est très simple, il dit que,enfin on m’a expliqué, ce n’est pas pour fuir la question, on m’a expliqué cequ’il a dit à Paris etc. a ces amis là qui m’ont raconté, j’ai dit bon en toutcas je ne l’ai jamais rencontré dans ce cadre là puisqu’il me cite, il ditque j’aurais dû dire … il fallait qu’ilm’ait entendu … bah il m’a entendu où ?
Irchad Abdallah: Selon lui vous auriez orienté l’enquête, c'est-à-dire la longévité de la procédure..
M. Boléro : oui c’est pourquoi je dis. Mais quand on estjournaliste c’est facile. Mais comment peut-on imaginer que selon lui, j’auraisinfluencé ? Pourquoi selon lui ? Lui il est quoi dans ces affaireslà pour qu’il dise quelque chose et que ca vous permette de vous poser desquestions ? Bah imaginons que Said vient dire c’est Irchad qui a influésur l’enquête ? C’est fini ? On va venir vous poser desquestions ?
Irchad Abdallah : c’est important c’est l’avocat de la Défense quand même!
M. Boléro : Mais je m’en fous. C’est son rôle. C’est l’avocat de la défense. C’est son rôle. En tout cas il ne me défend pas. Il défend les autres. Vous voyez ce que je veux dire ? Je suis en train de vous dire tout simplement que je ne vais pas répondre parce que tout simplement on me pose une question ? C’est très facile. Quelqu’un qui est quelque part et il parle du directeur de cabinet, du chargé de la défense, du président de la république, et donc on va aller lui poser des questions. Alors là je ne dormirai pas. Suffit-il que vous me posiez des questions … oui à ce qu’il parait le budget n’a pas été voté. Je ne suis pas le ministre des finances. Je dois collecter des informations. Peut être que je ne les ai pas. Encore ce n’est pas le rôle du directeur de cabinet. Vous avez dit, vous avez parlé par exemple qu’il aurait du dire que je nesais pas commissaire du gouvernement … mais je ne suis pas commissaire du gouvernement. Par exemple, y a encore un autre mot « chargé de la sécurité nationale » je ne suis pas chargé de la sécurité nationale. Je suis directeur de cabinet du président chargé de la défense. Et d’ailleurs dans la Constitution de 2001 ca s’appelle « défense extérieure ». Nous avons un ministère de l’intérieur comme dans tout pays. C’est le ministère de l’intérieur qui est en charge de la sécurité intérieure c’est comme ça que ça se passe, intérieur du pays. Moi j’ai la défens eextérieure du pays, les relations beaucoup plus … la coopération militaire avec les accords avec les autres états etc. etc. donc je ne sais pas. J’aimerais bien répondre mais je me dis Irchad, je ne vais pas me hasarder à répondre àtoute question parce que tout simplement quelqu’un m’aurait cité. Qu’est ce que je fais ?
2)-Irchad Abdallah : Vous défendez une position que vous qualifiez vous même de réaliste, qui se construit selon vous dans le temps pour rapprocher progressivement les mahorais des autres comoriens, or, le Comité Maoré semble vous reprocher par rapport à ça puisqu’il traduit chacune de vos actions allant dans ce sens comme un ralliement à la politique française à Mayotte. Que pensez-vous de vos détracteurs au sein de ce comité?
2)-M. Boléro : D’abord jeprends les membres de ce comité comme des gens sincères. Donc je ne les appellepas des détracteurs, ni même des adversaires. Je les considère plutôt comme descomoriens qui ont des positions différentes de la mienne. Ensuite, je veux qu’on arrête de dire comité maoré lorsqu’on parle de celui-ci car on finirait par croire que c’est un comité de Mayotte alors qu’il n’y a pas d’élections pour le mettre en place et désigner ses membres pour aller discuter d’un sujet aussi crucial qu’est celui de notre différend territorial avec la France. Ses membres ont une position très respectable sauf qu’ils estiment toujours avoir raison jusqu’à toujours critiquer les positions des autres.
Ma position est très simple. Nous les Comores, nous la France, nous l’union africaine, nous la communauté internationale, nous, le monde entier, avons déjà décidé et tranché sur le sujet ! Mayotte est comorienne. Il y’a une résolution des Nations Unis, donc, cette question est réglée. Il n’y a plus de problème de Droit. Il n’y aura jamais une résolution qui dira, on s’est trompé. C’est réglé parce l’ONU a dit bien avant en expliquant qu’à chaque fois qu’un pays devient indépendant, il hérite des frontières issues de la colonisation. Donc l’archipel des Comores est composé de Mayotte, Anjouan, Mohéli et la Grande-Comore. Ce qui signifie que le nouvel Etat indépendant est composé de 4 iles.
Irchad Abdallah : Permettez-moi M. le Ministre ! Comment expliquez-vous le mutisme de toutes les autorités comoriennes suite aux déclarations de Fabiuspuis des passes d’armes qui s’en sont suivies avec les autres déclarations deSerguei Lavrov, chef de la diplomatie russe faisant le parallèle entre Mayotteet la Crimée ?
M. Boléro: M. Boléro : M. Irchad, vous semblez oublier ce qu’on appelle la diplomatie. Votre question est la même que celle que se sont posés les maorais suite au discours du président Ikililou Dhoinine à la tribune de l’ONU. Les maorais se sont demandés pourquoi François Hollande n’a pas réagi. C’est la même chose et c’est aussi ça la diplomatie. Pourquoi sommes-nous obligés de gérer la question de Mayotte avec passion ?
Sachez que la politique menée parle président Ikililou est très claire mais elle suit une méthode. Ce n’est pas parce qu’aujourd’hui Lavrov a des problèmes en Crimée et qu’il parle des Comores que nous devons sauter sur l’occasion ! Le monde ne fonctionne pas ainsi. D’ailleurs je ne suis pas sûr que le chef de la diplomatie russe soit avec nous au sujet de Mayotte. Posez-lui la question ! Nous, ce n’est pas une passion. C’est du sérieux ! C’est notre territoire, nous le réclamons. Nous ne sommes pas la Crimée, ça n’a rien à voir. La Crimée n’a pas été colonisée puis décolonisée et amputée d’une partie de son territoire. Donc non, ce n’est pas la même chose. Nous gérons un pays, et non un comité, une association ou une ONG. Donc cette question est abordée avec sérénité et sérieux. Nous n’improvisons pas. Nous suivons les règles et les codes étatiques.
Irchad Abdallah : Comment interpréter le bon sens d’entretenir ou d’avoir des accords de défense avec la France alors que depuis 30 ans, nous avons subi plusieurs coups d’Etats et tentatives de coups d’Etats ? Ensuite comment être bien défendu par celui qui nous ampute d’une partie de notre territoire ?
M. Boléro: Tout d’abord, sachez que ces accords ont étésignés pendant le régime de Sambi. Mais puisque je suis un démocrate et que jerespecte la continuité de l’Etat, je vais les défendre et surtout rectifiercertaines choses. Nous n’avons plus d’accords de défense avec la France maisplutôt des accords de partenariat. C’est important car les noms ont un sens.Aujourd’hui, avoir des accords de défense avec des pays n’a aucun sens pour laFrance. C’est fini la guerre froide. Tous ces accords avec les anciennescolonies françaises sont caducs. Ensuite la France n’a plus les moyens juridiquespour les appliquer. C’est du domaine de la communauté internationale et duconseil de sécurité de l’ONU. La France, nous aide dans le cadre de cepartenariat à nous former, nous appuyer, nous instruire dans les nouvellestechniques de défense. Notre sécurité extérieure est notre domaine réservé.Nous travaillons avec l’EASF anciennement EASBRIG. C’est vers ça que noustendons et la France n’a pas sa place au sein de cette force.
3)- Irchad Abdallah : En octobre 2012 suite à votre nomination, vous avez tenu ce que je qualifierais de discours de politique générale et vous aviez même annoncé que vous alliez siffler la fin de la récréation. Aujourd’hui je souhaiterais vous poser une question simple. Parce que l’environnement politique comorien est dans le flou total. On ne sait plus qui est quoi, qui fait quoi qui est où ? Etes-vous dans la majorité présidentielle ou dans l’opposition ?
M. Boléro: Monsieur Irchad je vois bien que vous allez commencer à bienme connaitre. Je n’aime pas l’hypocrisie. J’aurais bien aimé répondre à votrequestion. Je crois que je devrais être la dernière personne à qui on la pose.C’est une question normale dans un pays politiquement normal. Ce n’est pas le nôtre, ce n’est pas notre système ici.Vous savez nous avons la chance depuis l’indépendance, tous ceux qui gouvernent le pays sont les même. D’une façon oud’une autre, on se remplace. Donc, un moment me semble-t-il, là ce n’est plus le directeur de cabinet qui parle, c’est l’homme politique qui se lance dans une certaine philosophie à la comorienne. Peut être qu’un moment, le moment est venu en tout cas, un moment, un instant doitvenir pendant lequel les comoriens devraient s’interroger, devons nouscontinuer ainsi à faire de la politique ? Pourquoi je pose la question ? Ce jour là, le jour demon discours lorsque j’ai été nommé, j’ai vu des gens qui s’étaient opposé, qui étaient au cabinet du Président de la République, en disant, qu’est ce qu’il vient faire, il n’est pas des nôtres. En tête, c’est quelqu’un que j’avais nommé moi ministre dans mon gouvernement d’Azali comme premier ministre. Je l’ai regardé j’ai dit mais je ne suis pas des vôtres ça veut dire quoi ? Et toi tu es mieux ? Tu as été quand même mon ministre. Voilà le pays. Il ose me dire moi je ne suis pas des leurs… je lui ai dit mais peut être que tu as quitté en premier, tu es arrivé en premier, moi je suis arrivée aujourd’hui. Peut être c’est ca, mais il faut le dire. Je te parle de ça sincèrement, je n’apprécie pas, mais je vous dis voilà la situation telle qu’elle est aujourd’hui. Donc poser la question comme ça, même d’ailleurs on a vu les grands pays dès fois, ils se trompent. J’ai vu un certain moment Sarkozy avec Kouchner donc …
Irchad Abdallah : la politique de l’ouverture ?
M. Boléro : je ne sais pas en tout cas il y avait ce truc là aussi, dans un pays on a l’habitude de prendre des exemples, mais là c’était le mauvais de toute façon. Déjà ce n’est pas une spécialité seulement comorienne. Apparemment même dans les grandes démocraties, aujourd’hui nous avons le chef de département, le ministre de la défense américaine, qui est républicain, depuis qu’Obama est au pouvoir. Apparemment ce n’est plus un problème déjà. Mais chez nous quand vous posez la question c’est comme si vous êtes à paris, vous dites à jean François Copé êtes vous socialiste ou de la droite ? Et donc la réponse est très simple : moi Copé de la droite. Ici ce n’est pas le cas. Votre question est très bonne mais ce n’est pas l’environnement. Il m’est très difficile de vous répondre. Là je vous parle très sincèrement. Ce qui est sûr, là je ne veux pas me tromper, le président dela république, l’actuel président Dr Ikililou Dhoininne, nous nous connaissons depuis l’enfance. Nous nous connaissons même très très bien. Nous sommes des amis. Rien ne pourra nous séparer en tant qu’amis. Nous sommes des vrais amis. Un ami comme on dit un ami. Je sais que là où il sera il me défendra toujours… dans la vie je ne parle pas de la politique, j’ai dit dans la vie parce que je suis son ami et j’en ferai autant. Ça n’a rien à voir avec la politique. Au moins il y a cela. Donc c’est humain cela. Alors aujourd’hui si le président de la république, Dr Ikililou Dhoinine, constitue une majorité présidentielle à la tête de laquelle il est lui, donc j’en fais partie. Si c’est cela, j’en fais partie. Bien évidemment, je fais partie de cette majorité présidentielle présidé parle président ikililou. Je ne sais même pas pourquoi on me pose laquestion ? C’est normal !
4) Irchad Abdallah : Savez-vous que depuis ce matin une rumeur persistante annonce votre départ du cabinet ? Certains disent que vous êtes en partance, que vous venez d’être limogé .. Pouvez-vous le confirmer ou l’infirmer ?
M. Boléro : Vous savez j’en apprends tous les jours, chaqueseconde même. Du moins je vous dis la vérité, ce qui se passe, mais là aussiencore une fois c’est mon tempérament. C’est le Président de la République qui vient d’informer les membres du cabinet qu’il veut changer son cabinet ! Voilà !
L’information a été sue ! Je préfère le dire puisqu’apparemment ça a été su. Et bien c’est tout. Alors là je parle encore une fois, quand vous parlez de quelque chose aux Comores il faut différencier : les honnêtes et les malhonnêtes. Je prends celui qui le dit honnêtement. Celui qui le dit honnêtement il se dit puisque le président a dit au cabinet qu’il va changer son cabinet et donc le premier de ce cabinet étant son directeur de cabinet, là il est partant donc j’attends le nouveau ou la REconfirmation. Pour quelqu’un qui est honnête c’est tout à fait normal, il n’ya pas de problèmes là-dessus, je vous le dis moi-même. Le président a affirmé que le cabinet va changer. C’est tout à fait normal XXXX d’abord je ne m’accroche pas, certainement, vous savez, ce n’est pas, encore une fois moi je suis un républicain. Je dis toujours, la question ne se pose même pas puisque nous avons voté une Constitution qui a donné le pouvoir au président de la république, de nommer et de révoquer un gouvernement. Alors pourquoi on se pose toujours la question ? Parait il que le gouvernement a été limogé ? Nous avons voté une constitution, on a donné ce droit là au président. Il n’a pas l’obligation de nous informer, c’est nous qui l’avons écrite, on ne l’a pas dit. On a juste ditqu’il peut dissoudre l’assemblée et quand il dissout l’assemblée, il doit en informer le président de l’assemblée, le président de la cour. Ça on a dit. Le gouvernement, on a dit il nomme le gouvernement et il révoque. Et voilà y a quelqu’un qui viendra demain poser une question. A ce qu’il parait le président limoge … mais ce n’est pas une question ça ! C’est comme ça si s’il le fait c’est quelque chose oupas…
Irchad Abdallah : mais vous savez que si aujourd’hui une rumeur disait qu’un ministre allait être changé, bon ça ne ferait pas … mais quand c’est Hamada Madi Boléro … admettez que ça suscite un peu les passions.
M. Boléro : Moi je crois qu’il y’a des gens qui exagèrent quand même. Je suis juste Ahmada Mmadi Boléro directeur de cabinet chargé de la défense une fois avec le président Azali. J’ai été ministre d’état, ministre de la défense intérieure pendantAzali, je reviens au Cabinet sur Iki donc je suis quand même un habitué des lieux. Ce poste a été occupé à la fois par Mohamed Elarifou Oukacha, il a été occupé par Sagaf Mohamed, il a été occupé par Docteur Mhoutare, occupé par … je ne vais vous citer tout le monde donc je ne sais pas … je crois que les gens exagèrent quand même. Qu’il ya des gens … je ne sais pas … moi-même je ne sais pas. Irchad, je vous jure, je ne le demande pas. Parce que ce qui me gêne dans cette affaire c’est que parfois je me dis… j’ai des amis parfois qui me posent des questions. Mais tu le fais exprès ou quoi ? Je ne sais pas quoi répondre. Je ne le demande pas. Voyez-vous là aujourd’hui par exemple là nous faisons une interview, il faut le dire que vous l’avez demandé. Mon problème c’est que moi je préfère me mettre devant et dire ce que je pense au lieu de laisser les gens dire ce que je pense alors qu’ils ne savent pas ce que moi je pense. Peut être c’est ça le défaut. Parce que j’aurais dû peut être vous refuser cette interview !? Et comme ça on ne parle pas de moi. Là c’est sûr j’aurai des critiques. Non.
Irchad Abdallah: Je vous remercie M. le Ministre pour votre disponibilité.
M. Boléro: Merci à vous Irchad.
.....
Propos recueillis le 14-06-2014 par Irchad Abdallah et retranscrits par la 5th-team.
1)- M. Boléro : D’abord, je vous remercie Irchad d’avoir pris votre temps et de venir interviewer, comme vous dites, la personne, ou je nesais pas si seulement ce dossier, mais apparemment dès que l’on parle des Comores, on aime toujours piquer sur moi etc etc ... donc j’aurais aimé quevous me posiez plutôt la question d’une autre façon, me disant quand est-ce qu’avez-vous rencontré Maître Baco ? Et je vous répondrais : Jamais. Donc je ne sais pas.
Irchad Abdallah : donc vous ne l’avez jamais rencontré ?
M. Boléro : Non, je ne l’ai jamais rencontré, en tout cas dans cecadre là. Donc je ne sais pas d’où il prend ça. C’est très simple, il dit que,enfin on m’a expliqué, ce n’est pas pour fuir la question, on m’a expliqué cequ’il a dit à Paris etc. a ces amis là qui m’ont raconté, j’ai dit bon en toutcas je ne l’ai jamais rencontré dans ce cadre là puisqu’il me cite, il ditque j’aurais dû dire … il fallait qu’ilm’ait entendu … bah il m’a entendu où ?
Irchad Abdallah: Selon lui vous auriez orienté l’enquête, c'est-à-dire la longévité de la procédure..
M. Boléro : oui c’est pourquoi je dis. Mais quand on estjournaliste c’est facile. Mais comment peut-on imaginer que selon lui, j’auraisinfluencé ? Pourquoi selon lui ? Lui il est quoi dans ces affaireslà pour qu’il dise quelque chose et que ca vous permette de vous poser desquestions ? Bah imaginons que Said vient dire c’est Irchad qui a influésur l’enquête ? C’est fini ? On va venir vous poser desquestions ?
Irchad Abdallah : c’est important c’est l’avocat de la Défense quand même!
M. Boléro : Mais je m’en fous. C’est son rôle. C’est l’avocat de la défense. C’est son rôle. En tout cas il ne me défend pas. Il défend les autres. Vous voyez ce que je veux dire ? Je suis en train de vous dire tout simplement que je ne vais pas répondre parce que tout simplement on me pose une question ? C’est très facile. Quelqu’un qui est quelque part et il parle du directeur de cabinet, du chargé de la défense, du président de la république, et donc on va aller lui poser des questions. Alors là je ne dormirai pas. Suffit-il que vous me posiez des questions … oui à ce qu’il parait le budget n’a pas été voté. Je ne suis pas le ministre des finances. Je dois collecter des informations. Peut être que je ne les ai pas. Encore ce n’est pas le rôle du directeur de cabinet. Vous avez dit, vous avez parlé par exemple qu’il aurait du dire que je nesais pas commissaire du gouvernement … mais je ne suis pas commissaire du gouvernement. Par exemple, y a encore un autre mot « chargé de la sécurité nationale » je ne suis pas chargé de la sécurité nationale. Je suis directeur de cabinet du président chargé de la défense. Et d’ailleurs dans la Constitution de 2001 ca s’appelle « défense extérieure ». Nous avons un ministère de l’intérieur comme dans tout pays. C’est le ministère de l’intérieur qui est en charge de la sécurité intérieure c’est comme ça que ça se passe, intérieur du pays. Moi j’ai la défens eextérieure du pays, les relations beaucoup plus … la coopération militaire avec les accords avec les autres états etc. etc. donc je ne sais pas. J’aimerais bien répondre mais je me dis Irchad, je ne vais pas me hasarder à répondre àtoute question parce que tout simplement quelqu’un m’aurait cité. Qu’est ce que je fais ?
2)-Irchad Abdallah : Vous défendez une position que vous qualifiez vous même de réaliste, qui se construit selon vous dans le temps pour rapprocher progressivement les mahorais des autres comoriens, or, le Comité Maoré semble vous reprocher par rapport à ça puisqu’il traduit chacune de vos actions allant dans ce sens comme un ralliement à la politique française à Mayotte. Que pensez-vous de vos détracteurs au sein de ce comité?
2)-M. Boléro : D’abord jeprends les membres de ce comité comme des gens sincères. Donc je ne les appellepas des détracteurs, ni même des adversaires. Je les considère plutôt comme descomoriens qui ont des positions différentes de la mienne. Ensuite, je veux qu’on arrête de dire comité maoré lorsqu’on parle de celui-ci car on finirait par croire que c’est un comité de Mayotte alors qu’il n’y a pas d’élections pour le mettre en place et désigner ses membres pour aller discuter d’un sujet aussi crucial qu’est celui de notre différend territorial avec la France. Ses membres ont une position très respectable sauf qu’ils estiment toujours avoir raison jusqu’à toujours critiquer les positions des autres.
Ma position est très simple. Nous les Comores, nous la France, nous l’union africaine, nous la communauté internationale, nous, le monde entier, avons déjà décidé et tranché sur le sujet ! Mayotte est comorienne. Il y’a une résolution des Nations Unis, donc, cette question est réglée. Il n’y a plus de problème de Droit. Il n’y aura jamais une résolution qui dira, on s’est trompé. C’est réglé parce l’ONU a dit bien avant en expliquant qu’à chaque fois qu’un pays devient indépendant, il hérite des frontières issues de la colonisation. Donc l’archipel des Comores est composé de Mayotte, Anjouan, Mohéli et la Grande-Comore. Ce qui signifie que le nouvel Etat indépendant est composé de 4 iles.
Irchad Abdallah : Permettez-moi M. le Ministre ! Comment expliquez-vous le mutisme de toutes les autorités comoriennes suite aux déclarations de Fabiuspuis des passes d’armes qui s’en sont suivies avec les autres déclarations deSerguei Lavrov, chef de la diplomatie russe faisant le parallèle entre Mayotteet la Crimée ?
M. Boléro: M. Boléro : M. Irchad, vous semblez oublier ce qu’on appelle la diplomatie. Votre question est la même que celle que se sont posés les maorais suite au discours du président Ikililou Dhoinine à la tribune de l’ONU. Les maorais se sont demandés pourquoi François Hollande n’a pas réagi. C’est la même chose et c’est aussi ça la diplomatie. Pourquoi sommes-nous obligés de gérer la question de Mayotte avec passion ?
Sachez que la politique menée parle président Ikililou est très claire mais elle suit une méthode. Ce n’est pas parce qu’aujourd’hui Lavrov a des problèmes en Crimée et qu’il parle des Comores que nous devons sauter sur l’occasion ! Le monde ne fonctionne pas ainsi. D’ailleurs je ne suis pas sûr que le chef de la diplomatie russe soit avec nous au sujet de Mayotte. Posez-lui la question ! Nous, ce n’est pas une passion. C’est du sérieux ! C’est notre territoire, nous le réclamons. Nous ne sommes pas la Crimée, ça n’a rien à voir. La Crimée n’a pas été colonisée puis décolonisée et amputée d’une partie de son territoire. Donc non, ce n’est pas la même chose. Nous gérons un pays, et non un comité, une association ou une ONG. Donc cette question est abordée avec sérénité et sérieux. Nous n’improvisons pas. Nous suivons les règles et les codes étatiques.
Irchad Abdallah : Comment interpréter le bon sens d’entretenir ou d’avoir des accords de défense avec la France alors que depuis 30 ans, nous avons subi plusieurs coups d’Etats et tentatives de coups d’Etats ? Ensuite comment être bien défendu par celui qui nous ampute d’une partie de notre territoire ?
M. Boléro: Tout d’abord, sachez que ces accords ont étésignés pendant le régime de Sambi. Mais puisque je suis un démocrate et que jerespecte la continuité de l’Etat, je vais les défendre et surtout rectifiercertaines choses. Nous n’avons plus d’accords de défense avec la France maisplutôt des accords de partenariat. C’est important car les noms ont un sens.Aujourd’hui, avoir des accords de défense avec des pays n’a aucun sens pour laFrance. C’est fini la guerre froide. Tous ces accords avec les anciennescolonies françaises sont caducs. Ensuite la France n’a plus les moyens juridiquespour les appliquer. C’est du domaine de la communauté internationale et duconseil de sécurité de l’ONU. La France, nous aide dans le cadre de cepartenariat à nous former, nous appuyer, nous instruire dans les nouvellestechniques de défense. Notre sécurité extérieure est notre domaine réservé.Nous travaillons avec l’EASF anciennement EASBRIG. C’est vers ça que noustendons et la France n’a pas sa place au sein de cette force.
3)- Irchad Abdallah : En octobre 2012 suite à votre nomination, vous avez tenu ce que je qualifierais de discours de politique générale et vous aviez même annoncé que vous alliez siffler la fin de la récréation. Aujourd’hui je souhaiterais vous poser une question simple. Parce que l’environnement politique comorien est dans le flou total. On ne sait plus qui est quoi, qui fait quoi qui est où ? Etes-vous dans la majorité présidentielle ou dans l’opposition ?
M. Boléro: Monsieur Irchad je vois bien que vous allez commencer à bienme connaitre. Je n’aime pas l’hypocrisie. J’aurais bien aimé répondre à votrequestion. Je crois que je devrais être la dernière personne à qui on la pose.C’est une question normale dans un pays politiquement normal. Ce n’est pas le nôtre, ce n’est pas notre système ici.Vous savez nous avons la chance depuis l’indépendance, tous ceux qui gouvernent le pays sont les même. D’une façon oud’une autre, on se remplace. Donc, un moment me semble-t-il, là ce n’est plus le directeur de cabinet qui parle, c’est l’homme politique qui se lance dans une certaine philosophie à la comorienne. Peut être qu’un moment, le moment est venu en tout cas, un moment, un instant doitvenir pendant lequel les comoriens devraient s’interroger, devons nouscontinuer ainsi à faire de la politique ? Pourquoi je pose la question ? Ce jour là, le jour demon discours lorsque j’ai été nommé, j’ai vu des gens qui s’étaient opposé, qui étaient au cabinet du Président de la République, en disant, qu’est ce qu’il vient faire, il n’est pas des nôtres. En tête, c’est quelqu’un que j’avais nommé moi ministre dans mon gouvernement d’Azali comme premier ministre. Je l’ai regardé j’ai dit mais je ne suis pas des vôtres ça veut dire quoi ? Et toi tu es mieux ? Tu as été quand même mon ministre. Voilà le pays. Il ose me dire moi je ne suis pas des leurs… je lui ai dit mais peut être que tu as quitté en premier, tu es arrivé en premier, moi je suis arrivée aujourd’hui. Peut être c’est ca, mais il faut le dire. Je te parle de ça sincèrement, je n’apprécie pas, mais je vous dis voilà la situation telle qu’elle est aujourd’hui. Donc poser la question comme ça, même d’ailleurs on a vu les grands pays dès fois, ils se trompent. J’ai vu un certain moment Sarkozy avec Kouchner donc …
Irchad Abdallah : la politique de l’ouverture ?
M. Boléro : je ne sais pas en tout cas il y avait ce truc là aussi, dans un pays on a l’habitude de prendre des exemples, mais là c’était le mauvais de toute façon. Déjà ce n’est pas une spécialité seulement comorienne. Apparemment même dans les grandes démocraties, aujourd’hui nous avons le chef de département, le ministre de la défense américaine, qui est républicain, depuis qu’Obama est au pouvoir. Apparemment ce n’est plus un problème déjà. Mais chez nous quand vous posez la question c’est comme si vous êtes à paris, vous dites à jean François Copé êtes vous socialiste ou de la droite ? Et donc la réponse est très simple : moi Copé de la droite. Ici ce n’est pas le cas. Votre question est très bonne mais ce n’est pas l’environnement. Il m’est très difficile de vous répondre. Là je vous parle très sincèrement. Ce qui est sûr, là je ne veux pas me tromper, le président dela république, l’actuel président Dr Ikililou Dhoininne, nous nous connaissons depuis l’enfance. Nous nous connaissons même très très bien. Nous sommes des amis. Rien ne pourra nous séparer en tant qu’amis. Nous sommes des vrais amis. Un ami comme on dit un ami. Je sais que là où il sera il me défendra toujours… dans la vie je ne parle pas de la politique, j’ai dit dans la vie parce que je suis son ami et j’en ferai autant. Ça n’a rien à voir avec la politique. Au moins il y a cela. Donc c’est humain cela. Alors aujourd’hui si le président de la république, Dr Ikililou Dhoinine, constitue une majorité présidentielle à la tête de laquelle il est lui, donc j’en fais partie. Si c’est cela, j’en fais partie. Bien évidemment, je fais partie de cette majorité présidentielle présidé parle président ikililou. Je ne sais même pas pourquoi on me pose laquestion ? C’est normal !
4) Irchad Abdallah : Savez-vous que depuis ce matin une rumeur persistante annonce votre départ du cabinet ? Certains disent que vous êtes en partance, que vous venez d’être limogé .. Pouvez-vous le confirmer ou l’infirmer ?
M. Boléro : Vous savez j’en apprends tous les jours, chaqueseconde même. Du moins je vous dis la vérité, ce qui se passe, mais là aussiencore une fois c’est mon tempérament. C’est le Président de la République qui vient d’informer les membres du cabinet qu’il veut changer son cabinet ! Voilà !
L’information a été sue ! Je préfère le dire puisqu’apparemment ça a été su. Et bien c’est tout. Alors là je parle encore une fois, quand vous parlez de quelque chose aux Comores il faut différencier : les honnêtes et les malhonnêtes. Je prends celui qui le dit honnêtement. Celui qui le dit honnêtement il se dit puisque le président a dit au cabinet qu’il va changer son cabinet et donc le premier de ce cabinet étant son directeur de cabinet, là il est partant donc j’attends le nouveau ou la REconfirmation. Pour quelqu’un qui est honnête c’est tout à fait normal, il n’ya pas de problèmes là-dessus, je vous le dis moi-même. Le président a affirmé que le cabinet va changer. C’est tout à fait normal XXXX d’abord je ne m’accroche pas, certainement, vous savez, ce n’est pas, encore une fois moi je suis un républicain. Je dis toujours, la question ne se pose même pas puisque nous avons voté une Constitution qui a donné le pouvoir au président de la république, de nommer et de révoquer un gouvernement. Alors pourquoi on se pose toujours la question ? Parait il que le gouvernement a été limogé ? Nous avons voté une constitution, on a donné ce droit là au président. Il n’a pas l’obligation de nous informer, c’est nous qui l’avons écrite, on ne l’a pas dit. On a juste ditqu’il peut dissoudre l’assemblée et quand il dissout l’assemblée, il doit en informer le président de l’assemblée, le président de la cour. Ça on a dit. Le gouvernement, on a dit il nomme le gouvernement et il révoque. Et voilà y a quelqu’un qui viendra demain poser une question. A ce qu’il parait le président limoge … mais ce n’est pas une question ça ! C’est comme ça si s’il le fait c’est quelque chose oupas…
Irchad Abdallah : mais vous savez que si aujourd’hui une rumeur disait qu’un ministre allait être changé, bon ça ne ferait pas … mais quand c’est Hamada Madi Boléro … admettez que ça suscite un peu les passions.
M. Boléro : Moi je crois qu’il y’a des gens qui exagèrent quand même. Je suis juste Ahmada Mmadi Boléro directeur de cabinet chargé de la défense une fois avec le président Azali. J’ai été ministre d’état, ministre de la défense intérieure pendantAzali, je reviens au Cabinet sur Iki donc je suis quand même un habitué des lieux. Ce poste a été occupé à la fois par Mohamed Elarifou Oukacha, il a été occupé par Sagaf Mohamed, il a été occupé par Docteur Mhoutare, occupé par … je ne vais vous citer tout le monde donc je ne sais pas … je crois que les gens exagèrent quand même. Qu’il ya des gens … je ne sais pas … moi-même je ne sais pas. Irchad, je vous jure, je ne le demande pas. Parce que ce qui me gêne dans cette affaire c’est que parfois je me dis… j’ai des amis parfois qui me posent des questions. Mais tu le fais exprès ou quoi ? Je ne sais pas quoi répondre. Je ne le demande pas. Voyez-vous là aujourd’hui par exemple là nous faisons une interview, il faut le dire que vous l’avez demandé. Mon problème c’est que moi je préfère me mettre devant et dire ce que je pense au lieu de laisser les gens dire ce que je pense alors qu’ils ne savent pas ce que moi je pense. Peut être c’est ça le défaut. Parce que j’aurais dû peut être vous refuser cette interview !? Et comme ça on ne parle pas de moi. Là c’est sûr j’aurai des critiques. Non.
Irchad Abdallah: Je vous remercie M. le Ministre pour votre disponibilité.
M. Boléro: Merci à vous Irchad.
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Propos recueillis le 14-06-2014 par Irchad Abdallah et retranscrits par la 5th-team.