Mme Moinaécha Youssouf Djalali stimule la politique au féminin. Quand à l'automne 2013, nous avons annoncé avec certitude la cand...
Mme Moinaécha Youssouf Djalali stimule la politique au féminin.
Quand à l'automne 2013, nous avons annoncé avec certitude la candidature présidentielle d'une femme en 2016 sans citer de nom, nombreux ont été ceux qui avaient fini par dire que c'était du bluff. Par la suite, l'enchaînement et les exigences du calendrier politique et médiatique ont prouvé que cette candidature féminine constituait une réalité et qu'elle était portée par la femme d'affaires Mme Moinaécha Youssouf Djalali (en beige sur la photo), originaire de Mbéni, Hamahamet, en Grande-Comore.
Avant de présenter sa personne, nous avons lancé le débat sur ce que représente une candidature présidentielle féminine dans un pays musulman, et après les exégèses tout à fait fallacieuses et rétrogrades des conservateurs passéistes, les Comoriens ont fini par reconnaître que rien ne s'oppose à ce qu'une femme puisse diriger un pays musulman, la Turquie, l'Indonésie et le Pakistan, pour ne citer qu'eux, nous ayant donné le bon exemple en la matière.
Donc, comme notre sœur MmeZahariat Saïd Ahmed a été candidate à l'élection présidentielle de 2010, mais sans organiser une campagne électorale très dynamique, pour 2016, notre sœur Mme Moinaécha Youssouf Djalali a décidé de se porter candidate, mais avec le souci de faire bouger sérieusement les lignes, en bousculant des petites habitudes politiques rongées par le conformisme, l'opportunisme et la paresse intellectuelle. Son état-major a repris à son compte son mot d'ordre et dit à demi-mot: «La voiture est lancée sur l'autoroute, et elle ne peut pas faire demi-tour. En tout état de cause, il va y avoir du sport».
En même temps, on constate que le sport en question a déjà commencé, car l'annonce de cette candidature féminine a relancé la problématique générale de la femme comorienne en politique, dans un pays dont la scène politique est scandaleusement dominée par la gent masculine. Désormais, la femme comorienne vient de comprendre qu'elle a laissé le champ politique à cette gent masculine paresseuse et incompétente et que celle-ci ne s'est pas conduite en bon père de famille, ruinant le pays et plongeant le peuple dans la misère. Cela étant, aujourd'hui, on constate que de nombreuses femmes s'investissent en politique, comme on peut le constater à la lumière de l'engouement suscité par la perspective des élections législatives de novembre 2014, un engouement qui a fait sortir de leur silence de nombreuses femmes, et déjà sur toutes les îles, des militantes très motivées sont sur le terrain pour prêcher la bonne parole, MmeMoinaecha Saïd Islam à la Grande-Comore, Mme Hadidja Hassanaly à Mohéli et Mme Haïda Nourdine Sidi à Anjouan.
Naturellement, les carcasses d'ânes morts dans la campagne que sont les partis politiques ne font rien pour promouvoir les candidatures féminines, ces partis étant dirigés par de Grands Timoniers sans imagination, sans inspiration politique, mais tout juste bons à personnaliser et à personnifier, voire à chosifier ces pauvres partis sans cœur, ni âme, de manière à ce qu'aucun nom n'y soit prononcé en dehors de leurs vénérables patronymes. Merci, Messieurs. Ces partis politiques doivent quand même prouver qu'ils ne sont pas coupés des réalités d'aujourd'hui, puisque la femme comorienne n'est plus une femme au foyer, mais une femme instruite et très active sur le champ socioprofessionnel. Plus d'une fois à Mohéli, la femme a soutenu de combats politiques dont la pertinence n'était pas saisie par les hommes, ou plutôt pendant que les hommes défendaient leurs petits intérêts «de rats», comme on dit sur l'île.
Maintenant que les femmes vont donner un second souffle à la politique, il est temps de rappeler qu'outre Mme Moinaécha Youssouf Djalali, qui brigue la présidence de la République en 2016, il y aura des candidatures féminines à la vice-présidence, à la députation et dans les Gouvernorats. Les candidatures qui viennent de la «société civile» représentent ipso facto une crédibilité et un sérieux qu'on ne retrouvera pas nécessairement dans les candidatures plus «politiciennes», car tout est fondé sur les raisons qui vont pousser les unes et les autres à s'investir en politique, et il faudra signaler que toute tentative de préservation d'une situation de rente ou d'une baronnie locale sera très mal vue des Comoriens, dont certains en sont venus à se demander s'il n'est pas temps de confier tout le pays aux femmes patriotes et reléguer les hommes à des tâches techniques, après les déceptions qu'ils ont causées dans le pays. Il ne s'agit pas de déclencher une guerre de sexes en politique, mais de recadrer les choses de manière à prendre en compte le sérieux féminin, là où on a constatée la faillite politique masculine.
Par ARM
© www.lemohelien.com – Lundi 12 mai 2014.