Le village de Mahale, dans le nord-est de l'île d'Anjouan, est devenu en l'espace de quelques jours un village fantôme. La plup...
Le village de Mahale, dans le nord-est de l'île d'Anjouan, est devenu en l'espace de quelques jours un village fantôme. La plupart des habitants de la localité comorienne ont effet été évacués en début de semaine à la suite d'un phénomène géologique particulièrement impressionnant. Plusieurs fissures dans le sol se sont progressivement agrandies depuis samedi, coupant finalement le village en deux lundi. Selon le site d'information du journal Al-Watwan, 200 familles ont été évacuées en début de semaine et installés dans des centres d'accueil temporaires ouverts par les pouvoirs publics à Bambao, sur le littoral est. Les opérations d'évacuation se sont par la suite accélérées.
Les bénévoles du Croissant-Rouge comorien (l'équivalent de la Croix-Rouge dans les pays musulmans) ont été mobilisés pour prendre en charge ces familles réparties sur trois sites qui ne sont pas destinés à accueillir des familles normalement. Selon les informations de l'Observatoire volcanologique du Karthala (OVK), 1 650 personnes au total ont été déplacées, parmi lesquelles des femmes enceintes et plus de 600 enfants. Si la chaîne logistique semble pour l'instant bien fonctionner notamment en ce qui concerne la nourriture (du riz, du pain de la viande et des conserves ont été distribués), les problèmes se posent plutôt en matière d'hygiène.
Pas de retour des familles avant trois mois
« Le principal problème c'est le manque de latrines et d'eau », a confié un bénévole au journal comorien. La Sécurité civile a fourni des couvertures aux familles déplacées. Des lots de matelas ont également été fournis.
Aucune perte humaine n'a été recensée mais les dégâts matériels sont importants. Plusieurs habitations ont été endommagées à cause des fissures. D'autres menacent de s'effondrer. Mahale n'est plus accessible en voiture puisque les routes ont elles aussi été traversées par d'importantes failles. Un barrage a été dressé par l'armée pour empêcher les curieux de s'aventurer dans cette zone à risques.
Une mission conjointe de chercheurs de l'université des Comores et de l'Observatoire volcanologique du Karthala s'est rendue sur place pour lever le voile sur l'origine de ce mystérieux phénomène. Plusieurs mécanismes géologiques sont en cause, expliquent les spécialistes de l'observatoire dans un communiqué. Le village reposerait d'abord sur un terrain volcanique reposant lui-même sur un socle qui pourrait être argileux. La présence de roche basaltique généralement fissurée expliquerait par ailleurs l'émergence d'eau de la nappe de fissure.
Les dernières fortes pluies recensées la semaine précédente ainsi que la forte sismicité relevée depuis environ un mois - ressentie par la population - expliqueraient aussi en partie la déstabilisation du terrain qui est à l'origine de ces fissures. Sans compter les activités humaines telles que le déboisement et les cultures sur pente.
Les scientifiques comoriens craignent enfin que « la situation pourrait évoluer vers un glissement de terrain avec de possibles éboulements rendant la zone très instable et vulnérable ». Ils recommandent ainsi aux autorités locales « d'aménager rapidement un site d'hébergement approprié » pouvant accueillir les familles déplacées pendant environ trois mois. C'est le temps que se sont donné les chercheurs pour étudier et observer l'évolution de ce phénomène géologique hors normes.
Dans ce cas de figure, les autorités pourraient rapidement être dépassées. A La Réunion, les responsables de la PIROI, la Plate-forme d'intervention régionale de l'océan Indien sont déjà sur le qui-vive. La structure d'aide devrait très prochainement mobiliser des moyens afin d'assister les sinistrés comoriens. H.A clicanoo.re
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