«Le peuple méprise les “présidentiables” qui ont peur des élections législatives». Maître Ibrahim Ali Mzimba, dont on connaît le langage ...
«Le peuple méprise les “présidentiables” qui ont peur des élections législatives».
Maître Ibrahim Ali Mzimba, dont on connaît le langage direct et viril, mais toujours mesuré, a beaucoup de choses à dire sur la vie politique aux Comores actuellement. Et quand il commence à livrer ses confidences sur une classe politique qu’il connaît du bout de ses doigts, il est impossible de ne pas l’écouter avec une attention soutenue: ce qu’il dit se situe dans le cœur palpitant d’un système politique essoufflé. Député indépendant, mais élu dès le premier tour en tant qu’opposant à Ahmed Sambi, dont il avait qualifié le discours du 24 septembre 2010 à l’ONU d’«escroquerie de bout en bout», il déplore avant tout l’existence d’un Parlement comorien disposant d’importants moyens d’action, mais que personne n’utilise à bon escient puisque les parlementaires d’envergure ont déserté l’Assemblée depuis belle lurette. Aujourd’hui, il a une nouvelle cible: «Les fameux présidentiables qui ont peur de briguer un mandat de Député dans leur région, alors qu’ils veulent diriger les Comores. Comment peut-on respecter des gens qui font beaucoup de bruit, mais incapables de se faire désigner chefs de leurs villages, Maires dans leurs villes?».
Intarissable sur le sujet, il lance, un brin nostalgique: «Qu’est-ce qui a fait la splendeur passée de notre oncle Saïd-Hassan Saïd-Hachim? Voilà un acteur politique que j’ai toujours respecté et que le peuple a toujours respecté car il n’a jamais eu peur d’affronter une élection législative, dans sa région du Mbadjini. Or, aujourd’hui, les politiciens ont peur, et le peuple méprise les “présidentiables” qui ont peur des élections législatives. Ces gens-là trouvent facile d’être candidats à une élection présidentielle parce qu’ils peuvent grappiller quelques voix ici et là. Or, quand on affronte une élection législative, il n’y a pas de marchandages politiques. C’est un homme face à son électorat. Pourquoi Mkanzilé, le Prince Saïd-Ali Kemal et Houmed Msaïdié, sur les traces de Saïd-Hassan Saïd-Hachim, ont-ils eu une grande stature politique? Parce qu’ils ont toujours abordé les élections législatives sans avoir peur».
Quand Maître Ibrahim Ali Mzimba aborde son cas personnel, il ne fait pas les choses à moitié, lui qui déclare: «Il n’est un secret pour personne que je vais être le colistier du Vice-président Mohamed Ali Soilihi à la Grande-Comore, lors de l’élection présidentielle de 2016. Ce que les gens ne savent pas, c’est que le Vice-président m’a dit: “Ibrahim, je te prie de ne pas te présenter aux législatives de 2014 parce que tout échec de ta part signifiera ton arrêt de mort politique au regard de l’élection présidentielle de 2016. Tu perdras toute ta crédibilité, et cet échec te poursuivra et se transformera en vice rédhibitoire politique”. Je l’ai regardé droit dans les yeux au moment où je lui ai dit: “Pour comprendre la valeur d’une élection législative, il faut aller à Mohéli, où la compétition politique a une acuité et une violence politiques organisées qu’on ne retrouve que dans un pays comme la France. Crois-tu que François Bayrou avait envie de devenir Maire de Pau pour rester Maire de Pau, ou pour s’en servir et devenir Président de la République française? C’était pareil pour François Hollande quand il était Maire de Tulle en Corrèze. Donc, je suis candidat à l’élection législative de 2014, et si je ne suis pas élu, il est certain que je ne serais pas candidat à la vice-présidence lors de l’élection présidentielle de 2016. Il faut savoir tirer ce genre de conclusions. C’est une question d’honneur et de principe. Serais-je élu Député? Je ne sais pas, mais je me présente”».
Quand il explique l’inanité du Parlement actuel, Maître Ibrahim Ali Mzimba laisse parler à la fois ses deux vocations, celle du juriste et celle du politicien: «Le débat politique dans notre pays s’est vraiment appauvri. Je n’ai même plus envie de m’exprimer publiquement sur des sujets politiques. M’exprimer pour dire quoi? Mais, j’ai vraiment envie d’organiser une grande rencontre au cours de laquelle je pourrais déclarer certaines choses. J’ai envie de dire qu’il est temps d’arrêter le cirque sur les mensonges ridicules qui ont servi à lancer un long cri de détestation contre Hamada Madi Boléro. J’ai envie de dire aux Comoriens que le Parlement ne joue plus son rôle car la peur d’une élection locale a fait fuir les meilleurs de la classe politique d’un Parlement exsangue. J’ai envie de dire aux Comoriens qu’ils doivent rappeler à leurs élus de faire un meilleur usage du Droit constitutionnel qui, contrairement au Droit civil, est resté, depuis au moins le XVIIIème siècle, un Droit de rapports de forces. J’ai envie de dire aux Comoriens que l’opposition se joue au sein du Parlement, au sein donc de la représentation nationale, et non dans la rue, à un moment où mon frère Saïd Larifou, Président du Parti RIDJA, revendique le titre de chef de l’opposition, mais ne dispose pas de Députés à l’Assemblée, là où doivent s’affronter les idées des uns et des autres. Il faudra qu’il déploie son intelligence politique pour disposer d’au moins une dizaine de Députés dans la prochaine élection législative, et cela va tout changer dans son rapport aux Comoriens».
Maître Ibrahim Ali Mzimba est candidat aux élections législatives de novembre 2014, avec sans doute l’espoir d’être reconduit à sa fonction par l’électorat de cette grande région de Mbadjini, où les ambitions présidentielles sont légion et s’affirment chaque jour. Mais, il refuse d’afficher un optimisme quelconque sur l’issue de l’élection législative de novembre 2014: «Pour la députation, je serais candidat dans la région du Mbadjini, une région connue pour son potentiel démographique, mais aussi pour la pluralité de ses talents et ambitions politiques. Contrairement à bien d’autres, qui veulent devenir chef d’État en grappillant 1% à droite, 2% à gauche, 5% en haut, 7% en bas, pour arriver à se maintenir au second tour et marchander avec les candidats battus au premier tour, moi, je fais le choix de la cohérence. Si on ne veut pas de moi dans ma propre région d’origine, alors je comprendrais qu’on ne voudra pas de moi au niveau national. On va beaucoup rire dans les semaines à venir parce que plusieurs candidats à l’élection présidentielle de 2016 vont déserter l’arène législative, sachant pertinemment qu’ils n’ont aucune chance de se faire élire à l’Assemblée, et que leur élimination en 2014 les rendra absolument ridicules en 2016, au cas où la fantaisie les pousserait à vouloir briguer la présidence de la République. Je connais des candidats à l’élection présidentielle de 2016 qui n’auront pas 5 voix dans leurs villages ou villes d’origine. Doit-on prendre au sérieux de prétendants aussi prétentieux? Je ne crois pas».
Donc, aujourd’hui, le credo politique de Maître Ibrahim Ali Mzimba se nourrit de deux éléments de plus, après sa proclamation selon laquelle «la politique est l’art du possible»: d’une part, le Parlement comorien est devenu une chambre d’enregistrement parce que les politiciens qui pourraient lui redonner une seconde vie ont peur d’un électorat local, et d’autre part, tant qu’un politicien n’a pas une assise populaire locale, il ne s’imposera au niveau national qu’au détriment de la politique elle-même. D’ailleurs, il martèle: «Être battu au cours d’une élection crée un sentiment de honte personnelle. C’est vrai. Quand la défaite est au niveau local, la honte est encore plus grande. Mais, quand on décide de faire de la politique un métier, il faut assumer ses responsabilités, car un politicien doit faire de la politique en demandant chaque jour au peuple: “Peuple, ai-je ta confiance et ton respect?”. Quand on n’a ni cette confiance, ni ce respect, il faut choisir un autre métier. Il est d’ailleurs temps pour les Comores de tout faire pour que les élections soient entièrement sécurisées et qu’elles reflètent la sincérité du choix populaire. Si nous arrivons à sécuriser les élections législatives de 2014 et à inciter les candidats à l’élection présidentielle de 2016 à affronter l’élection législative de 2014, en ce moment-là, on verra la plupart des candidatures annoncées pour l’élection présidentielle de 2016 s’envoler en fumée. Il y a trop de prétentions politiques et trop d’ambitions présidentielles, mais qui ne reposent que sur du sable, sur le néant. Il est temps que cela change. Les politiciens comoriens doivent choisir la sincérité».
Quand on l’interroge sur les chances d’élection de sa liste avec le Vice-président Mohamed Ali Soilihi, Maître Ibrahim Ali Mzimba dit simplement: «Le peuple décidera. Mais, je suis confiant car les Comoriens sauront faire le bon choix, loin des mensonges. Il y a trop de rêves politiques en ce moment, mais le réveil sera douloureux pour les rêveurs».
Par ARM
© www.lemohelien.com – Mardi 1er avril 2014.
Maître Ibrahim Ali Mzimba, dont on connaît le langage direct et viril, mais toujours mesuré, a beaucoup de choses à dire sur la vie politique aux Comores actuellement. Et quand il commence à livrer ses confidences sur une classe politique qu’il connaît du bout de ses doigts, il est impossible de ne pas l’écouter avec une attention soutenue: ce qu’il dit se situe dans le cœur palpitant d’un système politique essoufflé. Député indépendant, mais élu dès le premier tour en tant qu’opposant à Ahmed Sambi, dont il avait qualifié le discours du 24 septembre 2010 à l’ONU d’«escroquerie de bout en bout», il déplore avant tout l’existence d’un Parlement comorien disposant d’importants moyens d’action, mais que personne n’utilise à bon escient puisque les parlementaires d’envergure ont déserté l’Assemblée depuis belle lurette. Aujourd’hui, il a une nouvelle cible: «Les fameux présidentiables qui ont peur de briguer un mandat de Député dans leur région, alors qu’ils veulent diriger les Comores. Comment peut-on respecter des gens qui font beaucoup de bruit, mais incapables de se faire désigner chefs de leurs villages, Maires dans leurs villes?».
Intarissable sur le sujet, il lance, un brin nostalgique: «Qu’est-ce qui a fait la splendeur passée de notre oncle Saïd-Hassan Saïd-Hachim? Voilà un acteur politique que j’ai toujours respecté et que le peuple a toujours respecté car il n’a jamais eu peur d’affronter une élection législative, dans sa région du Mbadjini. Or, aujourd’hui, les politiciens ont peur, et le peuple méprise les “présidentiables” qui ont peur des élections législatives. Ces gens-là trouvent facile d’être candidats à une élection présidentielle parce qu’ils peuvent grappiller quelques voix ici et là. Or, quand on affronte une élection législative, il n’y a pas de marchandages politiques. C’est un homme face à son électorat. Pourquoi Mkanzilé, le Prince Saïd-Ali Kemal et Houmed Msaïdié, sur les traces de Saïd-Hassan Saïd-Hachim, ont-ils eu une grande stature politique? Parce qu’ils ont toujours abordé les élections législatives sans avoir peur».
Quand Maître Ibrahim Ali Mzimba aborde son cas personnel, il ne fait pas les choses à moitié, lui qui déclare: «Il n’est un secret pour personne que je vais être le colistier du Vice-président Mohamed Ali Soilihi à la Grande-Comore, lors de l’élection présidentielle de 2016. Ce que les gens ne savent pas, c’est que le Vice-président m’a dit: “Ibrahim, je te prie de ne pas te présenter aux législatives de 2014 parce que tout échec de ta part signifiera ton arrêt de mort politique au regard de l’élection présidentielle de 2016. Tu perdras toute ta crédibilité, et cet échec te poursuivra et se transformera en vice rédhibitoire politique”. Je l’ai regardé droit dans les yeux au moment où je lui ai dit: “Pour comprendre la valeur d’une élection législative, il faut aller à Mohéli, où la compétition politique a une acuité et une violence politiques organisées qu’on ne retrouve que dans un pays comme la France. Crois-tu que François Bayrou avait envie de devenir Maire de Pau pour rester Maire de Pau, ou pour s’en servir et devenir Président de la République française? C’était pareil pour François Hollande quand il était Maire de Tulle en Corrèze. Donc, je suis candidat à l’élection législative de 2014, et si je ne suis pas élu, il est certain que je ne serais pas candidat à la vice-présidence lors de l’élection présidentielle de 2016. Il faut savoir tirer ce genre de conclusions. C’est une question d’honneur et de principe. Serais-je élu Député? Je ne sais pas, mais je me présente”».
Quand il explique l’inanité du Parlement actuel, Maître Ibrahim Ali Mzimba laisse parler à la fois ses deux vocations, celle du juriste et celle du politicien: «Le débat politique dans notre pays s’est vraiment appauvri. Je n’ai même plus envie de m’exprimer publiquement sur des sujets politiques. M’exprimer pour dire quoi? Mais, j’ai vraiment envie d’organiser une grande rencontre au cours de laquelle je pourrais déclarer certaines choses. J’ai envie de dire qu’il est temps d’arrêter le cirque sur les mensonges ridicules qui ont servi à lancer un long cri de détestation contre Hamada Madi Boléro. J’ai envie de dire aux Comoriens que le Parlement ne joue plus son rôle car la peur d’une élection locale a fait fuir les meilleurs de la classe politique d’un Parlement exsangue. J’ai envie de dire aux Comoriens qu’ils doivent rappeler à leurs élus de faire un meilleur usage du Droit constitutionnel qui, contrairement au Droit civil, est resté, depuis au moins le XVIIIème siècle, un Droit de rapports de forces. J’ai envie de dire aux Comoriens que l’opposition se joue au sein du Parlement, au sein donc de la représentation nationale, et non dans la rue, à un moment où mon frère Saïd Larifou, Président du Parti RIDJA, revendique le titre de chef de l’opposition, mais ne dispose pas de Députés à l’Assemblée, là où doivent s’affronter les idées des uns et des autres. Il faudra qu’il déploie son intelligence politique pour disposer d’au moins une dizaine de Députés dans la prochaine élection législative, et cela va tout changer dans son rapport aux Comoriens».
Maître Ibrahim Ali Mzimba est candidat aux élections législatives de novembre 2014, avec sans doute l’espoir d’être reconduit à sa fonction par l’électorat de cette grande région de Mbadjini, où les ambitions présidentielles sont légion et s’affirment chaque jour. Mais, il refuse d’afficher un optimisme quelconque sur l’issue de l’élection législative de novembre 2014: «Pour la députation, je serais candidat dans la région du Mbadjini, une région connue pour son potentiel démographique, mais aussi pour la pluralité de ses talents et ambitions politiques. Contrairement à bien d’autres, qui veulent devenir chef d’État en grappillant 1% à droite, 2% à gauche, 5% en haut, 7% en bas, pour arriver à se maintenir au second tour et marchander avec les candidats battus au premier tour, moi, je fais le choix de la cohérence. Si on ne veut pas de moi dans ma propre région d’origine, alors je comprendrais qu’on ne voudra pas de moi au niveau national. On va beaucoup rire dans les semaines à venir parce que plusieurs candidats à l’élection présidentielle de 2016 vont déserter l’arène législative, sachant pertinemment qu’ils n’ont aucune chance de se faire élire à l’Assemblée, et que leur élimination en 2014 les rendra absolument ridicules en 2016, au cas où la fantaisie les pousserait à vouloir briguer la présidence de la République. Je connais des candidats à l’élection présidentielle de 2016 qui n’auront pas 5 voix dans leurs villages ou villes d’origine. Doit-on prendre au sérieux de prétendants aussi prétentieux? Je ne crois pas».
Donc, aujourd’hui, le credo politique de Maître Ibrahim Ali Mzimba se nourrit de deux éléments de plus, après sa proclamation selon laquelle «la politique est l’art du possible»: d’une part, le Parlement comorien est devenu une chambre d’enregistrement parce que les politiciens qui pourraient lui redonner une seconde vie ont peur d’un électorat local, et d’autre part, tant qu’un politicien n’a pas une assise populaire locale, il ne s’imposera au niveau national qu’au détriment de la politique elle-même. D’ailleurs, il martèle: «Être battu au cours d’une élection crée un sentiment de honte personnelle. C’est vrai. Quand la défaite est au niveau local, la honte est encore plus grande. Mais, quand on décide de faire de la politique un métier, il faut assumer ses responsabilités, car un politicien doit faire de la politique en demandant chaque jour au peuple: “Peuple, ai-je ta confiance et ton respect?”. Quand on n’a ni cette confiance, ni ce respect, il faut choisir un autre métier. Il est d’ailleurs temps pour les Comores de tout faire pour que les élections soient entièrement sécurisées et qu’elles reflètent la sincérité du choix populaire. Si nous arrivons à sécuriser les élections législatives de 2014 et à inciter les candidats à l’élection présidentielle de 2016 à affronter l’élection législative de 2014, en ce moment-là, on verra la plupart des candidatures annoncées pour l’élection présidentielle de 2016 s’envoler en fumée. Il y a trop de prétentions politiques et trop d’ambitions présidentielles, mais qui ne reposent que sur du sable, sur le néant. Il est temps que cela change. Les politiciens comoriens doivent choisir la sincérité».
Quand on l’interroge sur les chances d’élection de sa liste avec le Vice-président Mohamed Ali Soilihi, Maître Ibrahim Ali Mzimba dit simplement: «Le peuple décidera. Mais, je suis confiant car les Comoriens sauront faire le bon choix, loin des mensonges. Il y a trop de rêves politiques en ce moment, mais le réveil sera douloureux pour les rêveurs».
Par ARM
© www.lemohelien.com – Mardi 1er avril 2014.