Depuis les élections de 1995 qui ont vu l'émergence d'une volonté "franco-comorienne" d'implication dans les instan...
Depuis
les élections de 1995 qui ont vu l'émergence d'une volonté
"franco-comorienne" d'implication dans les instances décisionnelles
locales, avec l'arrivée des premiers élus municipaux (Mradabi Ali à
Dunkerque, Mzé Soilihi et Djamali Mhoudini à La Courneuve) ainsi qu'un
conseiller de secteur à Marseille (Mahamoud Mohamed), les échéances
municipales attirent de plus en plus de candidats et candidates
franco-comorien-ne-s.
On
avait atteint près de 25 conseiller-e-s municipaux/les d’origine
comorienne, à l'issue des élections de 2008, avec notamment l'arrivée
symbolique de la première conseillère municipale marseillaise (Elisabeth
Saïd)
L'accès aux conseils municipaux a davantage bénéficié aux femmes que, sans doute, l'application de la loi sur la parité a favorisé, à l'instar des autres femmes.
Ce
nombre sans cesse croissant d'élu-e-s franco-comorien-ne-s traduit,
d'une part, la volonté d'une génération nouvelle qui ambitionne de
participer à l'organisation et à la gestion de la vie locale, signe
d'une intégration assumée et d'une appartenance à la société française de plus en plus décomplexée.
Elle
traduit, d'autre part, l'expression d'une volonté de ces
franco-comorien-ne-s de contribuer, à travers le mandat d'élu-e local-e,
à l'émergence d'une nouvelle dynamique d'aide au pays d'origine qui
s'appuie, de plus en plus, sur les collectivités locales françaises,
dans le cadre de la coopération décentralisée.
Durant
les trois dernières mandatures municipales, si certain-e-s élu-e-s
franco-comorien-ne-s ont, peut être, choisi de se consacrer à leur seule
mission d'intérêt local, sans implication dans des actions dépassant
l'échelle de leur commune- ils/elles ont été élu-e-s avant tout pour
cela- d'autres ont, au contraire, saisi l'opportunité de leur mandat
d'élu-e local-e pour impulser une dynamique d'actions d'aide au
développement et ont poussé leurs communes à s'impliquer dans des
partenariats de coopération avec les Comores. Ce fut le cas à Dunkerque
avec la création d'un fond de soutien aux projets de développement et la
mise en place d'un accord de coopérations avec Ngazidja. C'est aussi
le cas de La Courneuve qui a engagé plusieurs actions d'aide en
direction de Comores ou Sarcelles, première commune jumelée avec une
commune comorienne. Grigny et Sevran ont aussi participé, avec le soutien
de leurs élus d'origine comorienne, à des actions d'intérêt
communautaire.
Cette
démarche démontre que, contrairement à la vision des intégro-septiques,
l'implication politique et l'attachement à la patrie d'accueil, voire
de naissance, ne sont pas incompatibles au maintien de liens, fièrement
consevés, avec le pays d'origine.
"Bien s'intégrer et s'impliquer ici pour mieux aider là-bas" semble
compris,enfin, par les nouvelles générations et certains anciens que
l'expérience de militantisme associatif et politique, au sein d'une
diaspora comorienne en pleine mutation, a réussi à convaincre que l'on
ne peut vivre 10 à 30 ans dans une ville sans s'y être impliqué et participer aux décisions qui l'organisent.
Les
éléctions de 2014 connaissent une mobilisation particulièrement forte
des franco-comorien-ne-s qui, pour la première fois de leur histoire,
sont fortement présent-e-s sur les listes de candidats mais surtout
comptent parmi eux trois "têtes de liste" dans trois communes
(Montreuil, Villepinte et Nemours). Les pères ont collé des affiches,
maintenants les fils et filles veulent conduire les listes.
Mais outre ce nombre croissant de candidat-e-s, les municipales 2014 se caractérisent également par l'adoption de deux stratégies d'implication politique qui se contredisent ou s'opposent.
Certains
ont choisi l'ancienne recette de la stratégie "communautaire" (pour ne
pas dire communautariste) avec parfois des difficultés à concilier revendications "citoyennes": "nous sommes des sarcellois, courneuviens, marseillais, dunkerquois... comme les autres") et arguments communautaires, d'aucuns diraient "communautaristes": " notre communauté doit être représentée en tant que telle sur les listes"!
D'autres
ont, au contraire, résolument opté pour une
démarche véritablement "citoyenne" en faisant abstraction d'un appui
explicitement affiché de la communauté comorienne. Ils/elles ont voulu
et obtenu d'être avant tout choisi-e-s au sein de leur formation
politique, en tant que militant-e-s sans qu'aucune pression
communautaire n'ait été nécessaire.
C'est,
hélas, la première stratégie qui est souvent utilisé au risque de
servir l’opportunisme au détriment d'une réelle implication politique
porteuse d'espoir pour les générations futures que seule la seconde voie
permet d'atteindre.
Une
question crutiale se pose: quelle(s) stratégie(s) adopter pour mieux
réussir l'intégration politique des franco-comorien-ne-s?
Voilà un sujet qui pourrait faire l'objet d'une discussion utile mais seulement après le 30 mars 2014 car pour l'heure "rikaza nyungu pvo dziho" (on a mis quelque chose sur le feu).
Contentons
nous, dans l'immédiat de découvrir, grâce à ce blog, ces candidates et
candidats qui s'engagent pour les municipales 2014.
Encourageons les dans nos communes respectives et surtout votons et faisons voter les 23 et 30 mars prochains.
Et que les meilleur-e-s gagnent!