Allocution de Son Excellence Madame HADIDJA ABOUBACAR IKILILOU DHOININE Première Dame de l’Union des Comores, à l’occasion de la réunion de...
Allocution de Son Excellence Madame HADIDJA ABOUBACAR IKILILOU DHOININE Première Dame de l’Union des Comores, à l’occasion de la réunion des premières dames sur la mobilisation contre les violences sexuelles dans les conflits en Afrique. Image d'illustration
Paris, le 06 décembre 2013
Madame Valérie TRIEWEILER, Première Dame de la République française ;
Mesdames et chères sœurs Premières Dames ;
Madame Zainab Hawa BANGURA représentante Spéciale à l’ONU chargée de la question des violences sexuelles ;
Madame PILLAY Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’Homme
Madame Nadjat VALLAUD-BELKACEM, Ministre des droits des Femmes, Porte-parole du Gouvernement
Assalam Anlayikoum Wa rahamatu Lwah,
Je voudrais, au nom de la femme comorienne, m’associer à
toute la communauté internationale pour exprimer au peuple, aux
autorités sud-africaines et aux proches du Président Nelson MANDELA
toute mon émotion et leurs présenter toutes mes condoléances les plus
attristés.
Permettez-moi tout d’abord d’exprimer à l’endroit de
Madame Valérie TRIEWEILER, première dame de la République française et à
travers elle, aux autorités françaises, toute mon émotion mais surtout
ma gratitude pour l’accueil chaleureux qui nous a été réservé dans ce
pays de droits de l’Homme et des libertés.
Je voudrais saisir cette opportunité pour saluer cette
initiative, celle de nous réunir ici, en marge du sommet de l’Elysée,
pour parler d’une question si importante et pertinente : « la
Mobilisation contre les violences sexuelles faites aux femmes dans les
conflits ». Je vous félicite du choix de ce thème qui constitue à la
fois un problème de développement, de droits humains et de santé
publique.
Honorable Assistance,
Cette conférence consacrée à « la Femme, Paix et
sécurité » est l’occasion pour nous, 1ères Dames, de mobiliser
davantage la communauté internationale et les partenaires au
développement pour la protection et la promotion des droits des femmes
au niveau mondial en particulier dans notre région Afrique où les
conflits sont malheureusement omniprésents et de clamer haut et fort :
« Stop aux violences faites aux femmes dans les conflits ».
A travers le monde, des millions de femmes et d’enfants,
quels que soient leur condition socio-économique, leur niveau
d’instruction, la culture et la religion à laquelle elles appartiennent,
sont victimes de violences consécutives aux conflits et qui risquent
d’handicaper pour la vie, la victime, sa famille et toute la société.
En Union des Comores, les crises politiques successives
qu’a connues le pays, au cours de ces deux dernières décennies, ont
favorisé le développement d’une culture de méfiance et de violence au
sein de la société, entraînant ainsi des abus et des violences à
l’égard des femmes et des enfants.
Cette situation persiste en cette période post conflit
et se manifeste à travers les tensions sociales observées au sein des
communautés, entre les localités voisines et dans les lieux publics où
la haine et les agressions sont quasi permanentes entre les personnes
des anciens camps adverses.
Ceci pour dire que la mobilisation contre les violences
faites aux femmes doit se poursuivre au-delà des conflits en vue
d’assurer durablement la paix et la sécurité.
Ces violences qui peuvent revêtir plusieurs formes,
sont souvent couvertes de silence sous le poids de la tradition, de la
pression et de l’intimidation qui s’exercent sur les victimes.
La promiscuité, le démantèlement de la cellule
familiale, l’impunité, la détérioration des mœurs, la crise d’autorité
et la pauvreté qui sévit dans les localités sont parmi les causes de ce
phénomène.
De manière globale, les personnes victimes des violences
ne sont pas suffisamment soutenues par la communauté et les structures
de l’Etat pour des raisons variées. Cela se remarque par une certaine
tendance à banaliser le crime de viol.
Les réactions négatives les plus signalées sont la
pression sur la victime pour abandonner le procès, la pression pour un
règlement à l’amiable, le déni des conséquences du viol sur la victime.
Ainsi cette situation dramatique interpelle tout un
chacun : famille, communauté, société civile et autorités pour enrayer
ce fléau, en brisant le tabou culturel et social au bénéfice de la
justice.
Honorable assistance
Mesdames, Messieurs
La constitution de l’Union des Comores garantit
l’égalité entre les hommes et les femmes, principe défini par la charte
des Nations Unies et par celle de l’Union Africaine.
De même le pays a ratifié la convention contre toutes
les formes de discrimination à l’endroit des femmes et celle relative
aux droits de l’enfant, et s’emploie à l’harmonisation progressive de la
législation nationale par rapport à ses engagements internationaux,
Des mécanismes et structures visant à prévenir et à
combattre la violence sont mis en place, telle que la plateforme
nationale de lutte contre les Violences et les cellules d’écoute pour
les victimes crées avec l’appui de l’UNICEF.
En 2012, face à la recrudescence des violences, soldées
par la mort de 3 jeunes femmes, le pays a organisé les Assises
Nationales de lutte contre les violences.
Ainsi, des nombreuses recommandations en matière de
mobilisation sociale et de renforcement du cadre juridique pour la
protection des victimes et la répression des actes de violence sont
issues de ses assises.
Dans le cadre du Fonds des Nations Unies pour la
consolidation de la paix, notre pays a bénéficié d’un projet de
réhabilitation du rôle de la femme dans le processus de Réconciliation
nationale et de consolidation de la paix.
Ce projet a eu pour objectif de promouvoir un rôle accru
des femmes dans la consolidation de la paix et de renforcer ainsi le
rôle historique qu’ont toujours joué les femmes comoriennes dans la
prévention et le règlement des conflits ;
Les actions du projet s’inscrivent dans l’application de
la résolution 1325 du conseil de sécurité des Nations Unies et ont
permis de former 500 femmes en médiation sociale et gestion des conflits
et de redynamiser les initiatives des femmes dans la réconciliation et
la cohabitation pacifique.
Durant les 18 mois du projet, 164 conflits sur 234
signalés ont été résolus au niveau national par ces femmes médiatrices
de paix et les tensions sociales ainsi que les conflits communautaires
sont visiblement réduits.
Honorable Assistance,
Mesdames, Messieurs
Pour éradiquer ce fléau, il faudra certes renforcer la
législation mais aussi développer des actions de formation et de
sensibilisation à tous les niveaux, ainsi qu’une prise en charge
intégrale de la victime.
La société civile a un grand rôle à jouer dans ce
domaine, et nous, 1ères Dames, devront apporter notre pierre en
imprimant à cette lutte une ambition ciblée forte d’action préventive et
curative dans nos sociétés.
Dans cette dynamique, nous devons plaider pour
l’institutionnalisation des juridictions spéciales pour juger le cas
des violences faites aux femmes et veiller à une application stricte et
impartiale de la loi.
Nous devons également intensifier les campagnes de
sensibilisation et de mobilisation communautaires contre la violence
pour aboutir à un changement profond des mentalités et pratiques
traditionnelles qui encouragent ou normalisent la violence.
Enfin, nous devons œuvrer pour la mise en place des
services d’information et de protection des droits des femmes, avec un
accent particulier sur les violences et promouvoir des actions
d’autonomisation des femmes car l’un des facteurs clés qui explique
cette violence et qui conditionne toute perspective d’élimination, est
la dépendance économique des femmes.
Aussi notre autonomisation économique est- elle une
condition sine qua non de notre liberté et de notre accès réel aux
droits fondamentaux.
C’est d’ailleurs pourquoi j’ai opté pour la mise en
place d’une fondation qui œuvre dans ce sens et qui a inscrit la lutte
contre les violences et la protection des personnes vulnérables parmi
ses objectifs prioritaires.
Nous devons unir nos efforts, pour vaincre ce fléau par
des actions volontaristes et novatrices mettant en valeur notre
triple rôle de mère, d’épouse et d’actrice du développement, par des
actions de mobilisation sociale et de plaidoyer auprès des partenaires.
Je voudrais avant de terminer mon propos, renouveler
mes sincères remerciements et celles de toutes les femmes comoriennes,
au Gouvernement de la République Française et ma Sœur Madame Valérie
TRIEWEILER, pour l’organisation de cette conférence.
Nos remerciements s’adressent également à nos
partenaires du Système des Nations Unies, pour leur appui technique et
financier sans cesse renouvelé en faveur de la promotion de l’égalité du
genre notamment dans la lutte contre les violences faites aux femmes.
Femmes et Hommes, Unissons nous contre les violences
Vive les droits des femmes et des enfants
Vive la Solidarité Internationale
Je vous remercie
Beit salam
Beit salam