Mercredi 18 décembre au Foyer des Femmes de Moroni. Dans une salle archicomble, le Pec (Parti pour l’Entente Comorienne) a présenté son « ...
Mercredi 18 décembre au Foyer des Femmes de Moroni. Dans une salle
archicomble, le Pec (Parti pour l’Entente Comorienne) a présenté son
« livre blanc ». Livre qui contient plus de 90 engagements. Le meeting a
aussi été l’occasion pour cette formation politique de revenir sur les
grands sujets qui font l’actualité, à l’instar de la privatisation de
Comores Télécom, le litige foncier, l’éducation et le chômage, la bonne
gouvernance, la citoyenneté économique, la religion et ses rites, la
question de Mayotte mais le point d’orgue reste la main tendue à
l’ancien président Mohamed Sambi, consommant ainsi le divorce du Pec
d’avec le régime actuel.
Dans une salle comble, (le chargé de communication du Pec, Ben Abdallah Youssouf, estime qu’il y a eu 2000 personnes au bas mot), le Pec par le biais de son Monsieur Communication tenu à s’exprimer dans 4 langues dans son discours de bienvenue et de présentation (Arabe, Français, Anglais et Comorien). Ben Abdallah estimait, en effet, que « le Pec ne parle pas qu’aux Comoriens mais au monde entier ».
Said Hassani Said Hachim est celui qui a été choisi pour le mot de remerciement. Et il n’a eu de cesse de rappeler l’importance « de penser comorien, de parler comorien, de laisser de côté toute insularité, que les richesses à venir des Comores soient défendues au nom de l’Union car nous sommes tous comoriens », a dit l’ancien gouverneur. Il a poursuivi en prenant à parti « les guerriers » (massa wupanga) de ce pays, à savoir, les politiques. « Nous avons 40 000 jeunes, tous diplômés, ici ou ailleurs, vous autres politiques, devez garder cela en tête, car cela doit être la priorité des priorités », a-t-il soutenu.
Après le discours de l’ancien gouverneur, le président du Pec, Fahmi Saïd Ibrahim a été annoncé. Cet appel a été suivi directement par des femmes qui ont chanté pour lui, « Dalila », du grand Taanchik. Sur l’estrade, Fahmi a assuré « toujours, nous nous battrons pour la jeunesse ». Avant de poursuivre : « le livre blanc est un moyen pour nous d’ouvrir un débat, il sera peut-être contradictoire, houleux mais je suis certain que quelque chose de bon en sortira », a-t-il déclaré à propos de la publication et de la diffusion du livre. « Ce n’est pas un livre programme mais ce sont 90 engagements qui vont avec les réformes que le parti et les experts qui sont venus enrichir ce débat, et donc ce livre, estiment primordiales si on veut mettre le pays sur les rails du développement», a-t-il tenu à préciser. Et devançant ses éventuels détracteurs sur l’absence du coût de ces réformes, Fahmi Saïd Ibrahim a annoncé qu’en 2015 « un livre programme verra le jour et dans celui-ci, le coût de ces réformes y sera largement abordé ».
Peu après, Fahmi Saïd Ibrahim a martelé, avec une phrase qui a fait mouche : « la politique de notre parti est de défendre les Comores, de défendre les Comoriens et de défendre notre Comorianneté ». Elle a non seulement fait mouche mais elle a en plus, tous les ingrédients pour faire un bon slogan. Il a poursuivi avec un sujet qui revient de façon récurrente dans l’actualité parce que compliqué et pas assez pris en considération : le foncier. Le Pec, par la voix de son président estime « que les litiges fonciers sont dus en grande partie aux actes de vente sous seing privé, car beaucoup de vendeurs ne sont pas honnêtes et il n’est pas rare de voir un terrain être vendu plusieurs fois ». « Nous devons faire en sorte, afin d’éviter ces désagréments, qu’il y ait au moins un notaire par commune, justement pour sécuriser la propriété foncière », a-t-il déclaré. Mais il n’y a pas que cela. Le premier parti des Comores, en termes d’ancienneté,( il a été créé par le Prince Saïd Ibrahim dans les années 50) insiste : « nous devons préserver notre manyahuli, nous sommes une société purement matriarcale, une société dans laquelle, le mari n’a même pas un droit de regard sur la propriété de sa femme, tout cela pour éviter que celui-ci tombe entre les mains d’une personne étrangère, mais aussi pour que nos enfants-filles puissent en hériter le moment venu, alors comment pouvez-vous comprendre qu’on puisse vendre des parcelles au premier étranger venu, cela n’est pas normal, cela ne se fait pas à Madagascar, encore moins aux Seychelles » a-t-il martelé.
Le ténor du barreau est ensuite passé à un autre thème qui lui tient à cœur : la question de l’éducation. Pour lui, « les formations qui sont dispensées à l’Udc (Université des Comores) n’ont rien à voir avec les besoins du pays, elle ne forme que des chômeurs ». « Nous sommes d’accord avec Said Hassani Said Hachim, quand il dit que la jeunesse doit être une priorité nationale et elle l’est, aussi, nous demandons donc des assises dans lesquelles seront invités des experts internationaux et nationaux qui pourront nous dire, quelles formations seront utiles aux Comores de demain par rapport justement à la projection qu’ils en font », a-t-il conseillé.
L’ancien chef de la diplomatie comorienne est revenu sur un autre sujet qui fait polémique, à savoir, la privatisation de Comores Télécom. « Pourquoi le Fmi et la Banque Mondiale nous impose de privatiser la seule société rentable de ce pays au lieu de hausser le ton contre les mauvaises pratiques du gouvernement en place , comme les marchés obtenus sans appel d’offres », s’est-il interrogé avant d’enchainer : « est-ce parce que ces marchés sont remportés par des Occidentaux » ? « Le Pec fait front commun avec les députés et nous les exhortons à refuser de céder, nous ne pouvons décemment pas passer d’un monopole d’Etat à un monopole privé », a-t-il soutenu. « La défunte Pnac doit servir d’exemple à nos parlementaires, nous avons, depuis sa fermeture, une pénurie de sérums, une pénurie de médicaments, certains députés ont avoué leur erreur quant à la liquidation de la pharmacie, nous ne pouvons nous permettre de cautionner la mise au chômage de plus d’un millier de comoriens ». Pour lui, la solution serait « la libéralisation du secteur des télécommunications parce que la concurrence stimule la croissance ». Toujours aux députés, « il leur a demandé de refuser de renouveler la loi sur la citoyenneté économique tant qu’un audit mandaté par des experts internationaux ne sera effectué afin de savoir comment a été utilisé l’argent qui en a résulté depuis 5 ans ».
Sur la question de Mayotte, Fahmi a tenu à montrer la différence entre les accords de défense et des accords judiciaires. « Les accords de défense sont des accords entre un exécutif et un autre alors que les des accords judiciaires supposent que notre justice coopérera avec la justice de Mayotte, en faisant cela, nous acceptons de facto que Mayotte n’est pas comorienne, ce qui est anticonstitutionnelle », a-t-il déclaré. « Les négociations doivent se poursuivre mais il y a des limites à ne pas franchir ».
Ici, le ton est monté d’un cran. « Nous sommes Ahli Sounna wa’l Djamaan, nous devons préserver notre religion, telle qu’elle a été suivie par nos ancêtres », a-t-il d’emblée annoncé. « Moi, j’ai grandi avec les mawlid tous les jeudis, les prières que l’ont adresse à nos défunts, avec les Tahlil et je mets en garde tous ceux qui voudraient que tout cela cesse », a-t-il martelé. « Moi, Fahmi Saïd Ibrahim, serais aux premières loges pour combattre tous ceux qui veulent détruire notre cohésion sociale, nos rites, nos croyances , je me battrai parce que je me dois d’aller prier sur la tombe de mes ancêtres, je me dois d’honorer nos saints, cela s’est toujours passé ainsi et nous ferons tout pour que cela continue ». Fahmi a, sans les citer, fait référence aux Wahhabites et autres salafistes rêvant d’un Islam importé qui remet en cause nos pratiques.
Enfin, tous les férus de politique ont sans doute senti, par le truchement de communiqués parus dans les journaux, dans lesquels le gouvernement n’était pas ménagé et autres conférences de presse, la rupture du Pec d’avec le pouvoir en place. Ce fut la confirmation, ce mercredi 18, avec cette main tendue à l’ancien président Sambi. Il lui a rendu un hommage appuyé et a déclaré « nous sommes en train de négocier avec le parti Djuwa, une alliance n’est pas à exclure, je suis un Sambiste ». Et a conclu en ces termes : « nous devons préserver notre identité, notre fierté, notre nation mais nous devons aussi apprendre à gouverner un pays par la légitimité et non par le copinage, c’était le cas il y a 50 ans avec les présidents Saïd Mohamed Cheick et Saïd Ibrahim et nous devons remettre cela à l’ordre du jour ». Etait-ce un clin d’œil appuyé à Mmadi Ali, ancien ministre sous Azali, ancien Ministre sous Sambi, ancien directeur de cabinet et actuel conseiller d’Ikililou ? Vu les derniers échanges par médias interposés qu’il y a eu entre les deux hommes, il ne peut s’agir que de cela…Au moins, en partie. Fahmi avec une longueur d’avance, vient de se lancer dans la course aux présidentielles. Et est en train de conquérir la place tant convoitée de leader de l’opposition.
MoinaFatima Wa Karizombo
Par
Fahmi SAID IBRAHIM
Dans une salle comble, (le chargé de communication du Pec, Ben Abdallah Youssouf, estime qu’il y a eu 2000 personnes au bas mot), le Pec par le biais de son Monsieur Communication tenu à s’exprimer dans 4 langues dans son discours de bienvenue et de présentation (Arabe, Français, Anglais et Comorien). Ben Abdallah estimait, en effet, que « le Pec ne parle pas qu’aux Comoriens mais au monde entier ».
Said Hassani Said Hachim est celui qui a été choisi pour le mot de remerciement. Et il n’a eu de cesse de rappeler l’importance « de penser comorien, de parler comorien, de laisser de côté toute insularité, que les richesses à venir des Comores soient défendues au nom de l’Union car nous sommes tous comoriens », a dit l’ancien gouverneur. Il a poursuivi en prenant à parti « les guerriers » (massa wupanga) de ce pays, à savoir, les politiques. « Nous avons 40 000 jeunes, tous diplômés, ici ou ailleurs, vous autres politiques, devez garder cela en tête, car cela doit être la priorité des priorités », a-t-il soutenu.
Après le discours de l’ancien gouverneur, le président du Pec, Fahmi Saïd Ibrahim a été annoncé. Cet appel a été suivi directement par des femmes qui ont chanté pour lui, « Dalila », du grand Taanchik. Sur l’estrade, Fahmi a assuré « toujours, nous nous battrons pour la jeunesse ». Avant de poursuivre : « le livre blanc est un moyen pour nous d’ouvrir un débat, il sera peut-être contradictoire, houleux mais je suis certain que quelque chose de bon en sortira », a-t-il déclaré à propos de la publication et de la diffusion du livre. « Ce n’est pas un livre programme mais ce sont 90 engagements qui vont avec les réformes que le parti et les experts qui sont venus enrichir ce débat, et donc ce livre, estiment primordiales si on veut mettre le pays sur les rails du développement», a-t-il tenu à préciser. Et devançant ses éventuels détracteurs sur l’absence du coût de ces réformes, Fahmi Saïd Ibrahim a annoncé qu’en 2015 « un livre programme verra le jour et dans celui-ci, le coût de ces réformes y sera largement abordé ».
Peu après, Fahmi Saïd Ibrahim a martelé, avec une phrase qui a fait mouche : « la politique de notre parti est de défendre les Comores, de défendre les Comoriens et de défendre notre Comorianneté ». Elle a non seulement fait mouche mais elle a en plus, tous les ingrédients pour faire un bon slogan. Il a poursuivi avec un sujet qui revient de façon récurrente dans l’actualité parce que compliqué et pas assez pris en considération : le foncier. Le Pec, par la voix de son président estime « que les litiges fonciers sont dus en grande partie aux actes de vente sous seing privé, car beaucoup de vendeurs ne sont pas honnêtes et il n’est pas rare de voir un terrain être vendu plusieurs fois ». « Nous devons faire en sorte, afin d’éviter ces désagréments, qu’il y ait au moins un notaire par commune, justement pour sécuriser la propriété foncière », a-t-il déclaré. Mais il n’y a pas que cela. Le premier parti des Comores, en termes d’ancienneté,( il a été créé par le Prince Saïd Ibrahim dans les années 50) insiste : « nous devons préserver notre manyahuli, nous sommes une société purement matriarcale, une société dans laquelle, le mari n’a même pas un droit de regard sur la propriété de sa femme, tout cela pour éviter que celui-ci tombe entre les mains d’une personne étrangère, mais aussi pour que nos enfants-filles puissent en hériter le moment venu, alors comment pouvez-vous comprendre qu’on puisse vendre des parcelles au premier étranger venu, cela n’est pas normal, cela ne se fait pas à Madagascar, encore moins aux Seychelles » a-t-il martelé.
Le ténor du barreau est ensuite passé à un autre thème qui lui tient à cœur : la question de l’éducation. Pour lui, « les formations qui sont dispensées à l’Udc (Université des Comores) n’ont rien à voir avec les besoins du pays, elle ne forme que des chômeurs ». « Nous sommes d’accord avec Said Hassani Said Hachim, quand il dit que la jeunesse doit être une priorité nationale et elle l’est, aussi, nous demandons donc des assises dans lesquelles seront invités des experts internationaux et nationaux qui pourront nous dire, quelles formations seront utiles aux Comores de demain par rapport justement à la projection qu’ils en font », a-t-il conseillé.
L’ancien chef de la diplomatie comorienne est revenu sur un autre sujet qui fait polémique, à savoir, la privatisation de Comores Télécom. « Pourquoi le Fmi et la Banque Mondiale nous impose de privatiser la seule société rentable de ce pays au lieu de hausser le ton contre les mauvaises pratiques du gouvernement en place , comme les marchés obtenus sans appel d’offres », s’est-il interrogé avant d’enchainer : « est-ce parce que ces marchés sont remportés par des Occidentaux » ? « Le Pec fait front commun avec les députés et nous les exhortons à refuser de céder, nous ne pouvons décemment pas passer d’un monopole d’Etat à un monopole privé », a-t-il soutenu. « La défunte Pnac doit servir d’exemple à nos parlementaires, nous avons, depuis sa fermeture, une pénurie de sérums, une pénurie de médicaments, certains députés ont avoué leur erreur quant à la liquidation de la pharmacie, nous ne pouvons nous permettre de cautionner la mise au chômage de plus d’un millier de comoriens ». Pour lui, la solution serait « la libéralisation du secteur des télécommunications parce que la concurrence stimule la croissance ». Toujours aux députés, « il leur a demandé de refuser de renouveler la loi sur la citoyenneté économique tant qu’un audit mandaté par des experts internationaux ne sera effectué afin de savoir comment a été utilisé l’argent qui en a résulté depuis 5 ans ».
Sur la question de Mayotte, Fahmi a tenu à montrer la différence entre les accords de défense et des accords judiciaires. « Les accords de défense sont des accords entre un exécutif et un autre alors que les des accords judiciaires supposent que notre justice coopérera avec la justice de Mayotte, en faisant cela, nous acceptons de facto que Mayotte n’est pas comorienne, ce qui est anticonstitutionnelle », a-t-il déclaré. « Les négociations doivent se poursuivre mais il y a des limites à ne pas franchir ».
Ici, le ton est monté d’un cran. « Nous sommes Ahli Sounna wa’l Djamaan, nous devons préserver notre religion, telle qu’elle a été suivie par nos ancêtres », a-t-il d’emblée annoncé. « Moi, j’ai grandi avec les mawlid tous les jeudis, les prières que l’ont adresse à nos défunts, avec les Tahlil et je mets en garde tous ceux qui voudraient que tout cela cesse », a-t-il martelé. « Moi, Fahmi Saïd Ibrahim, serais aux premières loges pour combattre tous ceux qui veulent détruire notre cohésion sociale, nos rites, nos croyances , je me battrai parce que je me dois d’aller prier sur la tombe de mes ancêtres, je me dois d’honorer nos saints, cela s’est toujours passé ainsi et nous ferons tout pour que cela continue ». Fahmi a, sans les citer, fait référence aux Wahhabites et autres salafistes rêvant d’un Islam importé qui remet en cause nos pratiques.
Enfin, tous les férus de politique ont sans doute senti, par le truchement de communiqués parus dans les journaux, dans lesquels le gouvernement n’était pas ménagé et autres conférences de presse, la rupture du Pec d’avec le pouvoir en place. Ce fut la confirmation, ce mercredi 18, avec cette main tendue à l’ancien président Sambi. Il lui a rendu un hommage appuyé et a déclaré « nous sommes en train de négocier avec le parti Djuwa, une alliance n’est pas à exclure, je suis un Sambiste ». Et a conclu en ces termes : « nous devons préserver notre identité, notre fierté, notre nation mais nous devons aussi apprendre à gouverner un pays par la légitimité et non par le copinage, c’était le cas il y a 50 ans avec les présidents Saïd Mohamed Cheick et Saïd Ibrahim et nous devons remettre cela à l’ordre du jour ». Etait-ce un clin d’œil appuyé à Mmadi Ali, ancien ministre sous Azali, ancien Ministre sous Sambi, ancien directeur de cabinet et actuel conseiller d’Ikililou ? Vu les derniers échanges par médias interposés qu’il y a eu entre les deux hommes, il ne peut s’agir que de cela…Au moins, en partie. Fahmi avec une longueur d’avance, vient de se lancer dans la course aux présidentielles. Et est en train de conquérir la place tant convoitée de leader de l’opposition.
MoinaFatima Wa Karizombo
Par
Fahmi SAID IBRAHIM