Ils font dans la démesure et dans la surenchère, mais ne proposent jamais une idée. Un jour, quelqu'un doit regarder les gens du Co...
Ils font dans la démesure et dans la surenchère, mais ne proposent jamais une idée.
Un jour, quelqu'un doit regarder les gens du Comité Maoré dans le blanc des yeux et leur demander de se taire. La façon dont ces gens-là ont à vouloir monopoliser le nationalisme aux Comores est choquante. Leur propension à se voiler la face pour traiter avec la dure réalité et la complexité du dossier relatif à Mayotte en fait des champions de la surenchère qui croient et disent que l'affaire de Mayotte ne concerne pas les Mahorais, car il s'agirait d'un litige qui ne concernerait que les Comores et la France. En d'autres termes, des décennies d'échec et de régression dans un dossier territorial d'une complexité inégalée n'a rien appris à ces chantres d'un patriotisme devenu leur fonds de commerce politique. Faire passer les autres Comoriens pour des bradeurs de la patrie comorienne parce qu'ils négocient avec la France sur un dossier qui ressemble à un cactus relève de la démagogie.
Nous sommes quelques Comoriens à être sérieusement exaspérés en entendant du Comité Maoré et d'autres beaufs la même et inusable rengaine de négociateurs qui vont «vendre Mayotte à la France» parce qu'ils vont négocier. Personnellement, je faisais partie d'une délégation non-officielle reçue à l'Élysée en février 2009 pour échanger de manière tout à fait informelle, quand des Comoriens surgis d'on ne sait où ont tout fait pour empêcher notre délégation d'accéder à l'Élysée, où nous devions «vendre Mayotte». Il avait fallu l'intervention de la Police pour chasser ces gens-là.
Depuis mercredi 27 novembre 2013, séjourne à Paris, une délégation comorienne chargée de négocier sur Mayotte. Naturellement, cela a choqué les «seuls bons Comoriens», ceux du Comité Maoré, qui n'acceptent toujours pas qu'on discute sur cette île réclamée par l'État comorien après son rejet de l'indépendance lors du référendum d'autodétermination des Comores du 22 décembre 1974. Ce que le Comité Maoré fait tout pour ignorer et qui enlève toute intelligence à son action politique, c'est qu'à Mayotte il y a des Mahorais, qu'il n'y a pas d'Armée d'occupation à Mayotte, qu'il n'y a pas de mouvement de libération nationale (MLN) sur l'île, et que ce sont les Mahorais qui ont choisi de rester Français, tout comme de nombreux Comoriens qui, tout en se disant les chantres du patriotisme comorien, ont des passeports français, pendant que nous qui n'étalons pas un nationalisme de façade n'avons que nos passeports comoriens que nous partageons avec les Bédouins et les Iraniens d'Abou Achirafi Ali Bacar, Ahmed Sambi et Ikililou Dhoinine.
«Vendre Mayotte»! C'est pire que d'être traité d'«ennemi de Dieu»! Allez dire à Hamada Madi Boléro que sa délégation est accusée de «vendre Mayotte», il répond, imperturbable: «Comment vais-je vendre ce qui ne m'appartient pas à titre personnel et que je n'ai pas entre les mains?». Il a entièrement raison. On ne fait pas de la diplomatie sans négocier. D'ailleurs, pendant des siècles, la définition de la diplomatie se limitait à la seule fonction de négociation. Au surplus, l'article 3, alinéa 1er de la Convention de Vienne du 18 avril 1961 sur les Relations diplomatiques est rédigé dans les termes suivants:
«1. Les fonctions d'une mission diplomatique consistent notamment à:
a) Représenter l'État accréditant auprès de l'État accréditaire;
b) Protéger dans l'État accréditaire les intérêts de l'État accréditant et de ses ressortissants, dans les limites admises par le droit international;
c) Négocier avec le gouvernement de l'État accréditaire;
d) S'informer par tous les moyens licites des conditions et de l'évolution des événements dans l'État accréditaire et faire rapport à ce sujet au gouvernement de l'État accréditant;
e) Promouvoir des relations amicales et développer les relations économiques, culturelles et scientifiques entre l'État accréditant et l'État accréditaire».
Comment, après avoir lu cet article et surtout après avoir pris connaissance de ses points c et e, peut-on refuser à l'État comorien l'attribut essentiel de souveraineté nationale appelé négociation et coopération? Les membres de la délégation conduite par Hamada Madi Boléro ne se contentent pas de faire de la diplomatie; ils ont appris ce métier à l'Université. Comment peut-on donc, valablement, empêcher un fonctionnaire formé pour apporter la concorde et la paix dans les relations internationales de faire son métier? Le problème du Comité Maoré est un problème culturel, et entre eux et les vrais diplomates, il y a une rupture épistémologique. Ces gens-là ne s'entendront jamais.
L'Allemagne a légué à l'humanité le mot «Realpolitik» ou réalisme politique. Quand le terme a été employé pour la première fois au XIXème siècle, il a été calqué sur l'attitude très réaliste du grand Otto Von Bismarck, qui n'était ni un bradeur d'empire, ni un rigolo, et la Realpolitik est devenu depuis, le principe sur lequel on gère la coopération et la paix par voie diplomatique. Regardons la réalité en face. Aujourd'hui, Mayotte est placée sous l'autorité de la France. Cette situation n'est pas dénoncée par les Mahorais, qui estiment que la présence de la France à Mayotte est un vecteur de liberté. «Rester Français pour être libres», a été leur slogan dans les années 1970. Alors que faire, étant entendu que les habitants de Grande-Comore, Mohéli et Anjouan veulent se rendre parfois et même s'installer à Mayotte? Tant que les Mahorais n'ont pas demandé à la France de quitter leur île, les Comores doivent négocier.
Les gens du Comité Maoré refusent d'admettre que même si la France se décidait à quitter Mayotte demain, les Mahorais n'accepteraient pas le placement de Mayotte dans le giron de l'État comorien. Si les Comores veulent avancer sur le dossier Mayotte, ils doivent poursuivre les efforts de négociation sur les dossiers sur lesquels ils sont actuellement, en commençant par négocier sur le dossier de la circulation des biens et des personnes entre les îles de l'Archipel. Il faut négocier sur des sujets qui paraissent minimes et légers pour arriver aux dossiers complexes. Il faut même négocier sur les activités culturelles et sportives afin de faciliter les échanges purement humains entre les habitants des îles. Si ce minimum n'est pas assuré, il faut oublier le maximum, qui est le rattachement de Mayotte à l'État comorien.
Et puis, il y a le problème de la gouvernance. Les Mahorais savent que les Comores sont gérées dans une barbarie totale, dans la prévarication, dans la corruption, dans la régression. Les Mahorais ne sont pas plus francophiles que les habitants des autres îles, mais sont à la fois réalistes, sincères, et savent ce qu'ils veulent. Comment un Mahorais acceptera d'abandonner la sécurité matérielle que lui apporte la France pour aller se jeter dans les bras des Ahmed Sambi et Ikililou Dhoinine? Si aujourd'hui, on inversait les rôles et que les habitants des autres îles se retrouvaient à la place des Mahorais, ils auraient fait pareil. Pareil!
Alors, on rit à gorge déployée quand on entend Idriss Mohamed pérorer sur les négociations entre les Comores et la France, refusant aux autres tout élan patriotique, qu'il n'attribue qu'aux membres de son Comité Maoré qui, à ce jour, n'a rien proposé: «Nous persistons à croire que le gouvernement cherche à étouffer cette affaire afin de signer en toute quiétude un accord entre l'Union des Comores et la France relatif à la circulation des personnes». Cher Monsieur, un tel accord permettra d'empêcher la mort de Comoriens entre Anjouan et Mayotte. On ne comprend rien du tout quand Mbaé Toyb, autre chef du Comité Maoré, renchérit: «Quand on veut négocier, on n'avance pas des arguments qui sont contraires à la position de celui avec qui tu négocies; pourtant, c'est ce qui est en train de se passer». C'est faux, mon bon Monsieur car si les parties à une négociation partageaient les mêmes arguments, alors il ne serait même pas nécessaire de négocier.
Donc, les gens du Comité Maoré disent n'importe quoi, s'attribuant le monopole du bon patriotisme, se désignant comme les plus dignes des nationalistes comoriens, après avoir fait du dossier Mayotte leur fonds de commerce politique. C'est de la démagogie à l'état pur, comme l'était le discours d'Ahmed Sambi à la tribune de l'Assemblée générale de l'ONU le 24 septembre 2010, discours que Maître Ibrahim Ali Mzimba qualifia d'«escroquerie de bout en bout». Et les «escroqueries de bout en bout», ce n'est pas ce qui manque aux Comores.
Par ARM
© www.lemohelien.com – Samedi 30 novembre 2013.
Un jour, quelqu'un doit regarder les gens du Comité Maoré dans le blanc des yeux et leur demander de se taire. La façon dont ces gens-là ont à vouloir monopoliser le nationalisme aux Comores est choquante. Leur propension à se voiler la face pour traiter avec la dure réalité et la complexité du dossier relatif à Mayotte en fait des champions de la surenchère qui croient et disent que l'affaire de Mayotte ne concerne pas les Mahorais, car il s'agirait d'un litige qui ne concernerait que les Comores et la France. En d'autres termes, des décennies d'échec et de régression dans un dossier territorial d'une complexité inégalée n'a rien appris à ces chantres d'un patriotisme devenu leur fonds de commerce politique. Faire passer les autres Comoriens pour des bradeurs de la patrie comorienne parce qu'ils négocient avec la France sur un dossier qui ressemble à un cactus relève de la démagogie.
Nous sommes quelques Comoriens à être sérieusement exaspérés en entendant du Comité Maoré et d'autres beaufs la même et inusable rengaine de négociateurs qui vont «vendre Mayotte à la France» parce qu'ils vont négocier. Personnellement, je faisais partie d'une délégation non-officielle reçue à l'Élysée en février 2009 pour échanger de manière tout à fait informelle, quand des Comoriens surgis d'on ne sait où ont tout fait pour empêcher notre délégation d'accéder à l'Élysée, où nous devions «vendre Mayotte». Il avait fallu l'intervention de la Police pour chasser ces gens-là.
Depuis mercredi 27 novembre 2013, séjourne à Paris, une délégation comorienne chargée de négocier sur Mayotte. Naturellement, cela a choqué les «seuls bons Comoriens», ceux du Comité Maoré, qui n'acceptent toujours pas qu'on discute sur cette île réclamée par l'État comorien après son rejet de l'indépendance lors du référendum d'autodétermination des Comores du 22 décembre 1974. Ce que le Comité Maoré fait tout pour ignorer et qui enlève toute intelligence à son action politique, c'est qu'à Mayotte il y a des Mahorais, qu'il n'y a pas d'Armée d'occupation à Mayotte, qu'il n'y a pas de mouvement de libération nationale (MLN) sur l'île, et que ce sont les Mahorais qui ont choisi de rester Français, tout comme de nombreux Comoriens qui, tout en se disant les chantres du patriotisme comorien, ont des passeports français, pendant que nous qui n'étalons pas un nationalisme de façade n'avons que nos passeports comoriens que nous partageons avec les Bédouins et les Iraniens d'Abou Achirafi Ali Bacar, Ahmed Sambi et Ikililou Dhoinine.
«Vendre Mayotte»! C'est pire que d'être traité d'«ennemi de Dieu»! Allez dire à Hamada Madi Boléro que sa délégation est accusée de «vendre Mayotte», il répond, imperturbable: «Comment vais-je vendre ce qui ne m'appartient pas à titre personnel et que je n'ai pas entre les mains?». Il a entièrement raison. On ne fait pas de la diplomatie sans négocier. D'ailleurs, pendant des siècles, la définition de la diplomatie se limitait à la seule fonction de négociation. Au surplus, l'article 3, alinéa 1er de la Convention de Vienne du 18 avril 1961 sur les Relations diplomatiques est rédigé dans les termes suivants:
«1. Les fonctions d'une mission diplomatique consistent notamment à:
a) Représenter l'État accréditant auprès de l'État accréditaire;
b) Protéger dans l'État accréditaire les intérêts de l'État accréditant et de ses ressortissants, dans les limites admises par le droit international;
c) Négocier avec le gouvernement de l'État accréditaire;
d) S'informer par tous les moyens licites des conditions et de l'évolution des événements dans l'État accréditaire et faire rapport à ce sujet au gouvernement de l'État accréditant;
e) Promouvoir des relations amicales et développer les relations économiques, culturelles et scientifiques entre l'État accréditant et l'État accréditaire».
Comment, après avoir lu cet article et surtout après avoir pris connaissance de ses points c et e, peut-on refuser à l'État comorien l'attribut essentiel de souveraineté nationale appelé négociation et coopération? Les membres de la délégation conduite par Hamada Madi Boléro ne se contentent pas de faire de la diplomatie; ils ont appris ce métier à l'Université. Comment peut-on donc, valablement, empêcher un fonctionnaire formé pour apporter la concorde et la paix dans les relations internationales de faire son métier? Le problème du Comité Maoré est un problème culturel, et entre eux et les vrais diplomates, il y a une rupture épistémologique. Ces gens-là ne s'entendront jamais.
L'Allemagne a légué à l'humanité le mot «Realpolitik» ou réalisme politique. Quand le terme a été employé pour la première fois au XIXème siècle, il a été calqué sur l'attitude très réaliste du grand Otto Von Bismarck, qui n'était ni un bradeur d'empire, ni un rigolo, et la Realpolitik est devenu depuis, le principe sur lequel on gère la coopération et la paix par voie diplomatique. Regardons la réalité en face. Aujourd'hui, Mayotte est placée sous l'autorité de la France. Cette situation n'est pas dénoncée par les Mahorais, qui estiment que la présence de la France à Mayotte est un vecteur de liberté. «Rester Français pour être libres», a été leur slogan dans les années 1970. Alors que faire, étant entendu que les habitants de Grande-Comore, Mohéli et Anjouan veulent se rendre parfois et même s'installer à Mayotte? Tant que les Mahorais n'ont pas demandé à la France de quitter leur île, les Comores doivent négocier.
Les gens du Comité Maoré refusent d'admettre que même si la France se décidait à quitter Mayotte demain, les Mahorais n'accepteraient pas le placement de Mayotte dans le giron de l'État comorien. Si les Comores veulent avancer sur le dossier Mayotte, ils doivent poursuivre les efforts de négociation sur les dossiers sur lesquels ils sont actuellement, en commençant par négocier sur le dossier de la circulation des biens et des personnes entre les îles de l'Archipel. Il faut négocier sur des sujets qui paraissent minimes et légers pour arriver aux dossiers complexes. Il faut même négocier sur les activités culturelles et sportives afin de faciliter les échanges purement humains entre les habitants des îles. Si ce minimum n'est pas assuré, il faut oublier le maximum, qui est le rattachement de Mayotte à l'État comorien.
Et puis, il y a le problème de la gouvernance. Les Mahorais savent que les Comores sont gérées dans une barbarie totale, dans la prévarication, dans la corruption, dans la régression. Les Mahorais ne sont pas plus francophiles que les habitants des autres îles, mais sont à la fois réalistes, sincères, et savent ce qu'ils veulent. Comment un Mahorais acceptera d'abandonner la sécurité matérielle que lui apporte la France pour aller se jeter dans les bras des Ahmed Sambi et Ikililou Dhoinine? Si aujourd'hui, on inversait les rôles et que les habitants des autres îles se retrouvaient à la place des Mahorais, ils auraient fait pareil. Pareil!
Alors, on rit à gorge déployée quand on entend Idriss Mohamed pérorer sur les négociations entre les Comores et la France, refusant aux autres tout élan patriotique, qu'il n'attribue qu'aux membres de son Comité Maoré qui, à ce jour, n'a rien proposé: «Nous persistons à croire que le gouvernement cherche à étouffer cette affaire afin de signer en toute quiétude un accord entre l'Union des Comores et la France relatif à la circulation des personnes». Cher Monsieur, un tel accord permettra d'empêcher la mort de Comoriens entre Anjouan et Mayotte. On ne comprend rien du tout quand Mbaé Toyb, autre chef du Comité Maoré, renchérit: «Quand on veut négocier, on n'avance pas des arguments qui sont contraires à la position de celui avec qui tu négocies; pourtant, c'est ce qui est en train de se passer». C'est faux, mon bon Monsieur car si les parties à une négociation partageaient les mêmes arguments, alors il ne serait même pas nécessaire de négocier.
Donc, les gens du Comité Maoré disent n'importe quoi, s'attribuant le monopole du bon patriotisme, se désignant comme les plus dignes des nationalistes comoriens, après avoir fait du dossier Mayotte leur fonds de commerce politique. C'est de la démagogie à l'état pur, comme l'était le discours d'Ahmed Sambi à la tribune de l'Assemblée générale de l'ONU le 24 septembre 2010, discours que Maître Ibrahim Ali Mzimba qualifia d'«escroquerie de bout en bout». Et les «escroqueries de bout en bout», ce n'est pas ce qui manque aux Comores.
Par ARM
© www.lemohelien.com – Samedi 30 novembre 2013.