Le dévoiement et le naufrage de la «Justice» comorienne, de nouveau à la une. C’était le vendredi 11 octobre 2013 à Beït-Salam. Dans u...
Le dévoiement et le naufrage de la «Justice» comorienne, de nouveau à la une.
C’était le vendredi 11 octobre 2013 à Beït-Salam. Dans un geste pathétique, désespéré et désespérant, le chef de l’État, Ikililou Dhoinine recevait au Centre du Monde, à la Présidence de la République des Comores donc, la «fine fleur», la «crème» de la morte et enterrée «Justice» comorienne. Dans un monologue de sourds, il radota et pérora sur les malheurs de la prétendue «Justice» et, réagissant comme un coq décapité qui fait quelques pas pour montrer qu’il est bien portant, il demanda aux fameux magistrats de réfléchir pendant un mois et de lui soumettre leurs réflexions et conclusions sur la manière dont ils envisagent le sauvetage de la «Justice» comorienne. Samedi 16 novembre 2013, soit un mois et une...semaine après le geste du coq décapité, les magistrats comoriens n’ont rien remis au chef de l’État.
Naturellement, les Comoriens, curieux de découvrir les cogitations des magistrats, comptaient les jours, et dès le 11 novembre 2013, la blogosphère, la seule opposition réelle qu’il y a aux Comores, s’enflamma, rappelant perfidement que le mois était écoulé et que rien n’avait été fait par les braves magistrats. C’est alors que Maître Ben Ali Ahmed entra dans la danse. Et il n’a pas été tendre.
Dans une interview-réquisitoire accordée à La Gazette des Comores, l’avocat franco-comorien inscrit au Barreau de La Réunion n’y va pas avec le dos de la cuiller, mais sans proférer un seul mensonge: «Il y a un constat d’échec dans la lutte contre la corruption. […]. Il faut dire qu’il y a une application légère de la Loi, et des magistrats du Parquet qui interviennent dans les procédures civiles pour étouffer les dossiers. Moi, je me demande où ces gens-là ont appris leur Droit et quel Droit ils appliquent. C’est inadmissible. On constate que l’appareil judiciaire est l’organe le plus corrompu. En réalité, on a une mafia judiciaire et non une Justice. Il y a des gens qui usent de leurs relations pour emprisonner et libérer les gens». Donc, ce n’est pas un site Internet animé par des aigris et des envieux qui dénonce les dysfonctionnements de la «Justice» comorienne, mais un professionnel. Va-t-on le traiter de jaloux et d’aigri comme on le fait à l’égard de tous ceux qui émettent leurs doutes sur les dérives du régime politique actuel et de son chef suprême? Bien évidemment. D’ailleurs, tel augure du système politique cancéreux installé à la tête des Comores actuellement dira que Maître Ben Ali Ahmed est coupé des réalités comoriennes car il vit à La Réunion. L’argument est classique, et est usé jusqu’à la corde.
Attention! Quand on demande à Maître Ben Ali Ahmed de proposer une solution pour sauver la défunte «Justice» comorienne, il implose littéralement: «Il faut un coup de balai car certains magistrats sont mouillés jusqu’au cou. Personnellement, j’ai vu des décisions judiciaires dans des affaires financières qui sont rédigées n’importe comment et dans une seule page, sans motif, sans citer les lois… Il y a des gens placés en garde à vue puis libérés sans le moindre procès. C’est honteux pour la Justice comorienne». Pour ce qui est de la responsabilité du chef de l’État dans le naufrage de la «Justice» comorienne, Maître Ben Ali Ahmed est à peine aimable et charitable: «Mais, il est clair que sa responsabilité est engagée car il est le premier magistrat du pays. Il ne suffit pas de faire des déclarations. Encore, faut-il mettre les moyens à la disposition de la Commission Anticorruption pour que ses membres puissent mener les investigations et faire le tri à la Justice pour qu’on puisse avoir une Justice compétente et indépendante». Il n’est pas interdit de rêver. Avoir, aux Comores, «une Justice compétente et indépendante». Ne rêvons pas. Dans les conditions actuelles, c’est «Mission impossible».
Une fois de plus, le nom du Président de la République est associé au naufrage de la «Justice» aux Comores, sans que cela ne l’émeuve. Mais, «rira bien qui rira le dernier».
Par ARM
© www.lemohelien.com – Samedi 16 novembre 2013.