Pour rebondir à la contribution fort intéressante de ma collègue, Samia Abdoulmadjid, avant de répondre à la question, « est ce que l’E...
Pour rebondir à la contribution fort intéressante de ma collègue, Samia
Abdoulmadjid, avant de répondre à la question, « est ce que l’Etat
ou la nation existe ? », on doit préciser une chose: Qu’est ce qu’une
nation ? sinon un ensemble de personnes vivant dans un même territoire,
ayant une identité commune constituant une entité politique. Cette
notion évolue dans le temps et caractérise un ensemble de groupes
sociaux ayant un sentiment d’appartenance commune et une volonté de
vivre ensemble. Dans Qu’est ce qu’une nation ?, Ernest Renan définit ce
concept comme « une âme et un principe spirituel ». Herder en prend les
critères du sol et d’une langue commune. Bien sûr cette notion peut
paraitre complexe si l’on met comme Fichte l’importance de langue,
puisque certains Etats ont par exemple plusieurs langues, plusieurs
ethnies. (Gambie, Congo)
De cette acception, on ne peut pas douter de l’existence de la nation comorienne, au risque d’amputer le peuple comorien toutes formes d’identité propre, d’unité culturelle et historique voire linguistique. Se référant au modèle foucaldien de « gouvernementalité », On peut parler, sans doute, de quelques incorrections, de quelques inachèvements politiques selon la façon dont la gestion de l’Etat se fait sans le peuple et parfois contre lui ou plus exactement contre une partie de lui (Marx).
Quand à l’Etat qui vient donner une substance juridique à la nation, on ne peut pas l’aborder à la manière de Bertrand Badie, comme « un pur produit d’importation» invoquant son extranéité radicale. Telle approche nous conduirait à commettre un biais anachronique. Parce qu’à la lumière de Braudel, l’Etat doit être saisi sur la longue durée. La construction de l’Etat obéit à des trajectoires historiques, à des scenarios d’inégalités sociales et à des violences entre groupes rivalisant entre eux (Elias) en vue de détenir le monopole de la violence légitime (Weber). Les guerres entre sultans batailleurs (entendons bâtir l’Etat) répondent à cette logique de construction de l’Etat à l’travers le prisme de violences intergroupes visant à construire un centre doté d’un instrument politique et juridique unifié selon le modèle eliasien.
Ce qui tend à disparaitre, ce n’est pas l’institution étatique elle-même dans le monde hors-occidental, c’est plutôt la greffe dans les Etats du Sud des formes occidentales de pouvoir politique, mal adaptée, et de ce fait, génératrice de désordre, d’ébranlement des logiques traditionnelles, de crispations politiques et religieuses, de paralysie des institutions et de perte de repères. Voilà ce à quoi nous avons affaire. L’Etat-Nation existe bel et bien, mais ce qui est préoccupant, ça serait plutôt le mode de gouvernementalité. Je peux même dire que le problème n’est pas dans l’Etat lui-même mais dans la société qui s’érige contre lui.
Auteur : Msa Ali Djamal
De cette acception, on ne peut pas douter de l’existence de la nation comorienne, au risque d’amputer le peuple comorien toutes formes d’identité propre, d’unité culturelle et historique voire linguistique. Se référant au modèle foucaldien de « gouvernementalité », On peut parler, sans doute, de quelques incorrections, de quelques inachèvements politiques selon la façon dont la gestion de l’Etat se fait sans le peuple et parfois contre lui ou plus exactement contre une partie de lui (Marx).
Quand à l’Etat qui vient donner une substance juridique à la nation, on ne peut pas l’aborder à la manière de Bertrand Badie, comme « un pur produit d’importation» invoquant son extranéité radicale. Telle approche nous conduirait à commettre un biais anachronique. Parce qu’à la lumière de Braudel, l’Etat doit être saisi sur la longue durée. La construction de l’Etat obéit à des trajectoires historiques, à des scenarios d’inégalités sociales et à des violences entre groupes rivalisant entre eux (Elias) en vue de détenir le monopole de la violence légitime (Weber). Les guerres entre sultans batailleurs (entendons bâtir l’Etat) répondent à cette logique de construction de l’Etat à l’travers le prisme de violences intergroupes visant à construire un centre doté d’un instrument politique et juridique unifié selon le modèle eliasien.
Ce qui tend à disparaitre, ce n’est pas l’institution étatique elle-même dans le monde hors-occidental, c’est plutôt la greffe dans les Etats du Sud des formes occidentales de pouvoir politique, mal adaptée, et de ce fait, génératrice de désordre, d’ébranlement des logiques traditionnelles, de crispations politiques et religieuses, de paralysie des institutions et de perte de repères. Voilà ce à quoi nous avons affaire. L’Etat-Nation existe bel et bien, mais ce qui est préoccupant, ça serait plutôt le mode de gouvernementalité. Je peux même dire que le problème n’est pas dans l’Etat lui-même mais dans la société qui s’érige contre lui.
Auteur : Msa Ali Djamal