Une nouvelle drogue a fait son apparition à Mayotte depuis maintenant 2 ans. Une drogue de synthèse qui fait des ravages et qui est fabriq...
Une nouvelle drogue a fait son apparition à
Mayotte depuis maintenant 2 ans. Une drogue de synthèse qui fait des
ravages et qui est fabriquée sur place grâce à internet. Certains
disent-elle qu'elle est la cause de la flambée de violences…
“Un gros problème de santé publique depuis un peu plus d'an et personne ne dit rien dans cette île ! On a déjà des cas de dépendance ! Il y a un lien direct entre l'augmentation des violences et cette drogue à Cavani par exemple. De plus, les 2 initiateurs à Mayotte sont dépassés par les événements parce que les jeunes Mahorais ont compris qu'ils peuvent en commander et en fabriquer directement sans passer par un intermédiaire ! Les 1ers jeunes fabricants mahorais ont déjà mis en circulation leur produit avec pour danger de ne maîtriser aucun dosage. C'est une activité qui représente entre 10 et 20 000 euros par semaine ! Avec des guerres de territoire notamment à Cavani entre jeunes revendeurs ! Tout est bien organisé ! Un patron dans la zone Nord, un autre dans la zone Mamoudzou, Cavani et M'tsapéré et un autre sur Passamainty et le Sud ! Mais bon ! Cela n'intéresse pas les autorités.”
Tel est le message posté par un internaute sur les réseaux sociaux il y a quelques jours. Et contrairement à sa phrase de conclusion, les autorités, mais aussi la presse s'intéressent de près au phénomène qui existe bel et bien à Mayotte et a pris beaucoup d'ampleur mais aussi, a opéré un dangereux virage. Tout commence il y a environ deux ans, alors que la consommation de bangué est séculaire, que les résines de cannabis se trouvent sur le territoire sans trop de problème. Or, à l'époque, le renforcement des moyens de lutte contre l'immigration clandestine va mettre à mal la filière d'approvisionnement des dealers locaux et le prix du bangué va littéralement flamber. N'étant plus à la portée de tous les budgets, un petit malin vivant à Cavani, s'est souvenu de ce qu'il avait vu et acheté auparavant en métropole, un cocktail tout à fait légal d'herbes ne contenant pas de THC soit le Delta 9 tétrahydrocannabinol la molécule interdite la plus connue contenue dans le cannabis et qui possède des propriétés psychotropes. La décoction, K2, Green Tiger ou Spice, etc, etc, à fumer ou à placer en infusion avait exactement les mêmes effets que les produits classiques, toutefois plus intenses et plus longs. Le succès avait été au rendez-vous puisqu'il ne contenait rien d'illégal.
La France en avait cependant interdit la vente en 2009 après qu'une étude ait révélé que les herbes mélangées avaient été aspergées d'un cannabidoïde, soit un produit de synthèse du THC. Le Spice avait disparu aussi vite qu'il était arrivé, il reste toutefois aujourd'hui encore disponible à l'achat sur internet. Mais le gaillard de Cavani avait vu plus large et plus grand, fabriquer lui-même son Spice, sur place à Mayotte. Il s'est donc mis en tête d'acheter les produits sur le net, en les faisant venir séparément, ce qui n'avait rien d'illégal, c'est leur association qui le devient. Et après des jours d'essais, il a lancé sa production dans son quartier, faisant goûter à ses amis puis commençant à en vendre un peu pour arrondir ses fins de mois difficile d'agent au conseil général. Et c'est là que les choses ont commencé à déraper. Certains habitués du bangué devenu trop cher en ont voulu, toujours plus, car les cannabis de synthèse sont plus puissants, plus dangereux et surtout plus addictifs que le cannabis naturel. En clair, les molécules se connectent plus rapidement avec le cerveau qui en demande toujours plus. Ainsi, consommée seule, la petite mixture était potentiellement dangereuse mais associée à l'alcool, à des médicaments ou d'autres drogues, les effets ont été explosifs.
Un adolescent a agressé sa mère et l'a molesté sans raison à Passamainty en avril 2012, un conducteur a eu un accident à l'ancien pont de Tsoundzou, ne pouvant plus maîtriser son véhicule et ne voyant surtout plus rien. Les cas d'hystérie, d'agressivité sont multiples, tout comme les hémiplégies, ces paralysies localisées ou ces comas que certains ont cru éthyliques… Mais au fur et à mesure, les dosages se sont réglés et le marché a prospéré dans son coin, sans faire trop de bruit jusqu'à ce que d'autres petits malins reprennent à leur compte l'idée. Comment ? De la même manière, mais beaucoup plus grossière. Du simple tabac ou d'autres herbes à fumer comme l'eucalyptus sont aspergés de THC de synthèse acheté sur internet en toute légalité.
Il suffit ensuite de le vendre en dosettes très recherchées puis de mélanger la drogue à du tabac pour un “joint” explosif et pas cher. Il y en a beaucoup en circulation à Mamoudzou, il aura fallu quelques minutes à peine à la rédaction de France Mayotte pour avoir la possibilité d'en acheter à Cavani. “Oui, ça marche bien c'est 20€. Ce qu'il y a de bien c'est que tu peux te balader avec et te faire arrêter, les keufs ne verront rien c'est du tabac. Mais si tu l'allumes, c'est toi qui ne verra plus rien, tu vas décoller mon pote et pas redescendre !” explique un revendeur dont il est bien inutile de coller un prénom d'emprunt pour conserver son anonymat. Après quelques minutes de conversation il explique : “ce n'est pas moi qui le fabrique, c'est d'autres mecs là-haut. Moi je suis un gentil, je fais pas les choses n'importe comment. Il y en a par contre qui en donnent aux enfants, comme ça ils sont serrés, ils en veulent toujours plus. Ca leur fait de nouveaux clients qui achèteront longtemps.” Il ne dira pas grand chose de plus si ce n'est d'indiquer un endroit à M'Tsapéré, sur une petite place dans un coin, 4 jeunes font hurler les téléphones portables assis sur un mur et font fumer des gosses âgés de 10 à 12 ans.
Des gosses dans un état second, agressifs, à vouloir se battre entre eux, avec tout le monde ne supportant pas qu'on les regarde, n'ayant visiblement plus peur de rien. Les autres rient, les enfants croient avoir de vrais amis, des grands avec qui ils se sentent bien, en tout cas plus forts… Est-il permis de dire pour autant qu'un vrai trafic s'est mis en place avec des revenus hebdomadaires aussi importants que ce que le témoignage d'ouverture indiquait ? Oui pour les réseaux en place, sans doute pas pour les revenus. Mais beaucoup de jeunes s'y mettent, font leur cuisine, les plus démunis s'organisent à l'instar de certains africains qui se sont faits une sacrée réputation. “Pas cher et efficace leur Teuch !” expliquent les amateurs qui se pressent dans les ruelles de Cavani, du soir au matin. Est-ce la raison qui doit expliquer l'extraordinaire flambée de violence qui frappe Mayotte ces derniers jours, ces derniers mois ? Certains disent que oui, que “cela y contribue beaucoup”. “Ce truc te tue vraiment la tête, tu ne maîtrise plus rien, tu perds le contrôle” décrit Tchad, un consommateur qui a fait les frais de ce qui a été baptisé “Bombe !”
Du tabac de contrebande à la drogue de rue ?
4,5 tonnes de tabac ont été saisies au mois d'août par les douaniers assurant un contrôle de container. Faut-il voir un lien avec les drogues de synthèse qui circulent en ce moment à Mayotte ? De prime abord non dans la mesure où la marchandise saisie était destinée à être chiquée et non fumée. Mais justement, le produit lorsqu'il est trempé et cuit, se transforme en une pâte épaisse. Une recette que les dealers appellent “faire du beurre”. Il suffit ensuite d'asperger, d'imbiber le la mixture de THC de synthèse et de le conditionner ensuite à convenance. C'est une autre forme de résine à mélanger à du tabac à fumer et le tout devient un cocktail, aussi surpuissant que dangereux. Il y en a à Mamoudzou, cela fait fureur… PS : Les noms des produits de synthèse n'a volontairement pas été dévoilé puisque disponibles sans problème sur internet. La brèche est déjà ouverte, il convenait de ne pas l'ouvrir en grand.
Source : France Mayotte matin / Samuel Boscher
“Un gros problème de santé publique depuis un peu plus d'an et personne ne dit rien dans cette île ! On a déjà des cas de dépendance ! Il y a un lien direct entre l'augmentation des violences et cette drogue à Cavani par exemple. De plus, les 2 initiateurs à Mayotte sont dépassés par les événements parce que les jeunes Mahorais ont compris qu'ils peuvent en commander et en fabriquer directement sans passer par un intermédiaire ! Les 1ers jeunes fabricants mahorais ont déjà mis en circulation leur produit avec pour danger de ne maîtriser aucun dosage. C'est une activité qui représente entre 10 et 20 000 euros par semaine ! Avec des guerres de territoire notamment à Cavani entre jeunes revendeurs ! Tout est bien organisé ! Un patron dans la zone Nord, un autre dans la zone Mamoudzou, Cavani et M'tsapéré et un autre sur Passamainty et le Sud ! Mais bon ! Cela n'intéresse pas les autorités.”
Tel est le message posté par un internaute sur les réseaux sociaux il y a quelques jours. Et contrairement à sa phrase de conclusion, les autorités, mais aussi la presse s'intéressent de près au phénomène qui existe bel et bien à Mayotte et a pris beaucoup d'ampleur mais aussi, a opéré un dangereux virage. Tout commence il y a environ deux ans, alors que la consommation de bangué est séculaire, que les résines de cannabis se trouvent sur le territoire sans trop de problème. Or, à l'époque, le renforcement des moyens de lutte contre l'immigration clandestine va mettre à mal la filière d'approvisionnement des dealers locaux et le prix du bangué va littéralement flamber. N'étant plus à la portée de tous les budgets, un petit malin vivant à Cavani, s'est souvenu de ce qu'il avait vu et acheté auparavant en métropole, un cocktail tout à fait légal d'herbes ne contenant pas de THC soit le Delta 9 tétrahydrocannabinol la molécule interdite la plus connue contenue dans le cannabis et qui possède des propriétés psychotropes. La décoction, K2, Green Tiger ou Spice, etc, etc, à fumer ou à placer en infusion avait exactement les mêmes effets que les produits classiques, toutefois plus intenses et plus longs. Le succès avait été au rendez-vous puisqu'il ne contenait rien d'illégal.
La France en avait cependant interdit la vente en 2009 après qu'une étude ait révélé que les herbes mélangées avaient été aspergées d'un cannabidoïde, soit un produit de synthèse du THC. Le Spice avait disparu aussi vite qu'il était arrivé, il reste toutefois aujourd'hui encore disponible à l'achat sur internet. Mais le gaillard de Cavani avait vu plus large et plus grand, fabriquer lui-même son Spice, sur place à Mayotte. Il s'est donc mis en tête d'acheter les produits sur le net, en les faisant venir séparément, ce qui n'avait rien d'illégal, c'est leur association qui le devient. Et après des jours d'essais, il a lancé sa production dans son quartier, faisant goûter à ses amis puis commençant à en vendre un peu pour arrondir ses fins de mois difficile d'agent au conseil général. Et c'est là que les choses ont commencé à déraper. Certains habitués du bangué devenu trop cher en ont voulu, toujours plus, car les cannabis de synthèse sont plus puissants, plus dangereux et surtout plus addictifs que le cannabis naturel. En clair, les molécules se connectent plus rapidement avec le cerveau qui en demande toujours plus. Ainsi, consommée seule, la petite mixture était potentiellement dangereuse mais associée à l'alcool, à des médicaments ou d'autres drogues, les effets ont été explosifs.
Un adolescent a agressé sa mère et l'a molesté sans raison à Passamainty en avril 2012, un conducteur a eu un accident à l'ancien pont de Tsoundzou, ne pouvant plus maîtriser son véhicule et ne voyant surtout plus rien. Les cas d'hystérie, d'agressivité sont multiples, tout comme les hémiplégies, ces paralysies localisées ou ces comas que certains ont cru éthyliques… Mais au fur et à mesure, les dosages se sont réglés et le marché a prospéré dans son coin, sans faire trop de bruit jusqu'à ce que d'autres petits malins reprennent à leur compte l'idée. Comment ? De la même manière, mais beaucoup plus grossière. Du simple tabac ou d'autres herbes à fumer comme l'eucalyptus sont aspergés de THC de synthèse acheté sur internet en toute légalité.
Il suffit ensuite de le vendre en dosettes très recherchées puis de mélanger la drogue à du tabac pour un “joint” explosif et pas cher. Il y en a beaucoup en circulation à Mamoudzou, il aura fallu quelques minutes à peine à la rédaction de France Mayotte pour avoir la possibilité d'en acheter à Cavani. “Oui, ça marche bien c'est 20€. Ce qu'il y a de bien c'est que tu peux te balader avec et te faire arrêter, les keufs ne verront rien c'est du tabac. Mais si tu l'allumes, c'est toi qui ne verra plus rien, tu vas décoller mon pote et pas redescendre !” explique un revendeur dont il est bien inutile de coller un prénom d'emprunt pour conserver son anonymat. Après quelques minutes de conversation il explique : “ce n'est pas moi qui le fabrique, c'est d'autres mecs là-haut. Moi je suis un gentil, je fais pas les choses n'importe comment. Il y en a par contre qui en donnent aux enfants, comme ça ils sont serrés, ils en veulent toujours plus. Ca leur fait de nouveaux clients qui achèteront longtemps.” Il ne dira pas grand chose de plus si ce n'est d'indiquer un endroit à M'Tsapéré, sur une petite place dans un coin, 4 jeunes font hurler les téléphones portables assis sur un mur et font fumer des gosses âgés de 10 à 12 ans.
Des gosses dans un état second, agressifs, à vouloir se battre entre eux, avec tout le monde ne supportant pas qu'on les regarde, n'ayant visiblement plus peur de rien. Les autres rient, les enfants croient avoir de vrais amis, des grands avec qui ils se sentent bien, en tout cas plus forts… Est-il permis de dire pour autant qu'un vrai trafic s'est mis en place avec des revenus hebdomadaires aussi importants que ce que le témoignage d'ouverture indiquait ? Oui pour les réseaux en place, sans doute pas pour les revenus. Mais beaucoup de jeunes s'y mettent, font leur cuisine, les plus démunis s'organisent à l'instar de certains africains qui se sont faits une sacrée réputation. “Pas cher et efficace leur Teuch !” expliquent les amateurs qui se pressent dans les ruelles de Cavani, du soir au matin. Est-ce la raison qui doit expliquer l'extraordinaire flambée de violence qui frappe Mayotte ces derniers jours, ces derniers mois ? Certains disent que oui, que “cela y contribue beaucoup”. “Ce truc te tue vraiment la tête, tu ne maîtrise plus rien, tu perds le contrôle” décrit Tchad, un consommateur qui a fait les frais de ce qui a été baptisé “Bombe !”
Du tabac de contrebande à la drogue de rue ?
4,5 tonnes de tabac ont été saisies au mois d'août par les douaniers assurant un contrôle de container. Faut-il voir un lien avec les drogues de synthèse qui circulent en ce moment à Mayotte ? De prime abord non dans la mesure où la marchandise saisie était destinée à être chiquée et non fumée. Mais justement, le produit lorsqu'il est trempé et cuit, se transforme en une pâte épaisse. Une recette que les dealers appellent “faire du beurre”. Il suffit ensuite d'asperger, d'imbiber le la mixture de THC de synthèse et de le conditionner ensuite à convenance. C'est une autre forme de résine à mélanger à du tabac à fumer et le tout devient un cocktail, aussi surpuissant que dangereux. Il y en a à Mamoudzou, cela fait fureur… PS : Les noms des produits de synthèse n'a volontairement pas été dévoilé puisque disponibles sans problème sur internet. La brèche est déjà ouverte, il convenait de ne pas l'ouvrir en grand.
Source : France Mayotte matin / Samuel Boscher