Le 15 Juin 1973 furent signés à Paris les accords entre les autorités comoriennes autochtones représentées par sont président du conse...
Le 15 Juin 1973 furent signés à Paris les accords entre les
autorités comoriennes autochtones représentées par sont président du
conseil du gouvernement AHMED ABDALLAH ABDEREMANE et le gouvernement
français représenté par le Ministre du DOM TOM Bernard STASI (sous
gouvernement MESMER) qui a signé au nom du président POMPIDOU. Les dits
accords portaient sur l’autodétermination des Comores dans les cinq
années à venir tout en précisant que le scrutin sera considéré
globalement pour les 4 îles.
Entre-temps, le président Pompidou est décédé le 02 avril 1974. Une
période intérimaire de la présidence française est assurée par Monsieur
Alain POHER du 02/04/1974 au 27 mai 1974 date à laquelle est investi
le nouveau président Valéry Giscard D’ESTAING qui a nommé Jacques
CHIRAC premier ministre. Sous le gouvernement CHIRAC, Monsieur Olivier
STIRN alors secrétaire d’Etat chargé des DOM TOM (de 1974 à1978) fut
chargé de négocier l’indépendance des Comores (en 1975) puis celle de
DJIBOUTI en 1977.Il devient par la suite secrétaire d’Etat aux affaires
étrangères en 1978. C’était lui qu’un jour du 26 Août 1974, au sujet
de Mayotte, a déclaré au journal « Le monde » du 28 Août 1974 dans sa
page 3, que La France n’a pas vocation à séparer ni à diviser le peuple
comorien.
Le 22 Décembre 1974, la consultation d’autodétermination des Comores
fut faite avec des bulletins de vote comportant l’intitulé «
Consultation des populations comoriennes ». 159540 personnes sont
inscrites aux listes des votants sur l’ensemble des 4 îles où le
«oui» à l’indépendance l’a emporté à 96%, soit par 153158 personnes. On
pouvait compter 12590 votants sur 17976 inscrits à Mayotte où le «non»
à l’indépendance l’a emporté à 65% soit par 8163 votants mahorais.
Entre le gouvernement MESMER sous POMPIDOU où Bernard STASI a signé les
accords du 15 juin 1973 et le gouvernement CHIRAC sous Valéry Giscard
D’ESTAING où Olivier STIRN a du renégocier l’indépendance des Comores,
des changements importants que l’on peut qualifier de retournement de
situation ont eu lieu car, entre-temps, le conseil constitutionnel
français est saisi pour invalider les accords du 15 juin 1973 au motif
que l’engagement de la France aux Comores s’est fait avec chacune des
îles qui composent l’archipel, séparément et indépendamment des trois
autres à des dates souvent très lointaines les unes des autres.
L’invalidation des accords du 15 juin 1973 fut prononcée par la cour
constitutionnelle française qui a considéré les raisons invoquées
fondées et valables. Après cette invalidation, le parlement français a
été saisi pour voter une loi qui ne peut considérer l’autodétermination
comorienne autrement que « île par île », ce qui a été fait le 03
juillet 1975. C’est la raison pour laquelle, en guise de réaction, les
autorités comoriennes ont riposté par la proclamation unilatérale de
leur indépendance sans se soucier de ce que pense la population
comorienne qui avait voté massivement pour une indépendance présentée
tout le long des campagnes comme étant « avec la coopération et
l’amitié de la France ». Cette précipitation à l’indépendance
unilatérale constitue une TRAHISON flagrante, la première faite à la
population comorienne qui s’est trouvée mise devant un fait accompli «
d’indépendance unilatérale » alors qu’elle avait voté massivement pour
une « indépendance avec l’amitié et la coopération de la France ».
Les raisons de la requête faite au conseil constitutionnel pour
invalider les accords du 15 juin 1973 était bien fondée étant donné
qu’effectivement, la colonisation comorienne s’est faite selon la
chronologie suivante :
En 1816, le souverain anjouanais ABDALLAH 1er sentant la menace
malgaches visant à s’emparer de l’île de Mayotte à cette époque partie
intégrante de l’île d’Anjouan, s’est rendu à l’île Bourbon (devenue île
de La Réunion) voisine pour solliciter la protection de Louis XVIII.
Faute d’avoir obtenu l’aide sollicitée, le malgache Adrian Tsouli
s’empara de Mayotte en 1832. Alors que la riposte anjouanaise l’avait
mis à mal, se trouvant sur le point de perdre l’île, Adrian Tsouli a
fait établir un protectorat français à Mayotte dès 1841 en échange
d’une forte somme d’argent donnant allure de véritable vente. En 1843,
n’ayant pas pu se défendre, l’île de Nosy-Be est annexée par Madagascar.
En 1866 contrainte et forcée, l’île d’Anjouan signa avec la France,
un accord de protectorat arraché par la force militaire de la marine
française qui a fait plier Saidi ABDALLAH bin Salim qui avait résisté
autant qu’il avait pu.
Le 24 juin 1886, le sultan de Ngazidja qui venait de réussir à
unifier grâce aux français, les sept régions de l’île, a signé à son
tour, sous la pression de la France un contrat de protectorat. Il est
par la suite exilé et n’est plus jamais revenu à Ngazidja.
Mwali a également signé son contrat de protectorat avec la France en
1886 soit la même année que Ngazidja mais certes indépendamment et
surtout séparément après quelques mois.
Depuis 1908 jusqu’à 1946, Les Comores sont officiellement colonies
française. La France, pour des raisons uniquement de facilité
administrative, avait regroupé son administration coloniale de la région
à Madagascar d’où elle administrait les Comores sous la forme de
quatre régions bien séparées mais rattachées à Madagascar et plus
précisément à la province malgache de Majunga. A cette époque, les
Comores et Madagascar formaient comme un seul pays appelé d’ailleurs «
Madagascar et dépendances ». Autrement dit, le nom « Comores » était
complètement englouti et n’apparaissait même pas dans la fusion
coloniale faite par la France entre Madagascar et Les Comores.
En 1946, La France continuant à administrer les Comores à
Madagascar, a séparé l’administration comorienne à celle de Madagascar.
Et ce n’est qu’à la veille de l’indépendance de Madagascar, en 1961
que la France a unifié les 4 îles Comores sous une seule et même
administration avec comme capitale Dzaoudzi. En 1966, la capitale
comorienne est transférée à Moroni par Saïd Mohamed Cheikh engendrant le
premier mouvement séparatiste mahorais de Madame Zaïna Mdéré qui a
trouvé à cause de ce transfert de capitale, une raison de dénoncer une
injustice hégémonique de Ngazidja sur les autres îles notamment sur
Mayotte.
Madame Zaïna Mdéré, pour s’opposer à toute démarche politique
comorienne avait créé son mouvement intitulé dans un premier temps
«Soroda » composé au départ exclusivement de femmes qui s’attaquaient
physiquement aux autorités comoriennes qui osaient s’aventurer à Mayotte
pour des raisons politiques. Ce mouvement a intégré le parti politique
MPM de Marcel Henry et d’Adrien Giraud. Devenue Présidente du parti
MPM, Madame Zaïna Mdéré et ses compagnons ont régulièrement attisé la
haine et le rejet des autres comoriens par les mahorais. Elle a
toujours très activement milité pour s’opposer de façon systématique à
toute démarche de l’administration autochtone des Comores y comprise à
démarche concernant la consultation d’autodétermination pour l’accès
des Comores à l’indépendance.
Pour revenir sur la période précédant la proclamation de
l’indépendance des Comores, on peut s’interroger sur les raisons des
accords du 15 juin 1973 et conclure que s’il a fallu signer des accords
pour que le scrutin comorien puisse être pris en compte « globalement
», c’est qu’autrement, l’évidence était bien la considération « île par
île ».
La proclamation de l’indépendance comorienne de façon unilatérale
est condamnable par le fait de trahison faite à la volonté du peuple
qui s’est prononcé pour une indépendance avec l’amitié et la
coopération de la France.
Plutôt que de se précipiter à une indépendance unilatérale
irréfléchie, après l’invalidation à juste raisons des accords du 15 juin
1973, les autorités comoriennes auraient du accepter l’indépendance «
île par île » avec la coopération et l’amitié de la France. Rien ne
nous empêchait de s’entendre par la suite pour unifier nos îles sous
statut juridique consensuel d’Etat unitaire ou fédéral ou confédéral ou
tout simplement d’un mélange selon nos ententes car, ententes, il y’en
aurait forcément eues.
A cette époque beaucoup de pays s’entendaient pour s’unifier après
leur indépendance à l’instar de Tanganyika et Zanzibar qui ont formé la
Tanzanie ou du Sénégal et de la Gambie qui avaient fusionné pour
former le
Sénégambie. Avec une indépendance « île par île », on aurait évité bien des ennuis et des souffrances. Ainsi, Mayotte serait en toute légalité restée colonie et les trois autres îles indépendantes formeraient sans doute un Etat au destin sans les tourments du bras de fer engagé contre la France depuis 1975 constituant la source de tous nos problèmes et la principale cause de cette misère chronique depuis trente cinq ans que ça dure.
Le pire, c’est qu’après tant d’années de souffrance et de misère,
nous sommes forcément appelés à perdre le combat engagé contre la
France à propos de Mayotte pour la bonne et simple raison que depuis
les temps les plus reculés de l’histoire de l’humanité, le pot de terre
ne l’a jamais emporté contre le pot de fer.
Il n’est donc pas
raisonnable ni intelligent de demander au peuple comorien d’avantage de
sacrifices pour un combat inégal et donc perdu d’avance. Il n’est
surtout pas honnête de vivre en France où on met tranquillement sa vie à
l’abri de la misère comorienne lorsqu’on demande aux autres qui n’ont
de choix que de vivre là-bas, de continuer un combat certes exaltant
mais trop lourd de conséquences et de toute façon perdu d’avance.
Aimer son peuple c’est surtout lui vouloir un « mieux vivre » dans
l’immédiat et de tout faire par la suite pour aboutir à un « bien vivre
».
Ousseni Mohamed Dhoiffir
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