A l’occasion de l’ouverture de la session ordinaire du parlement, le gouverneur de Ngazidja a adressé un message écrit aux députés. Il ...
A
l’occasion de l’ouverture de la session ordinaire du parlement, le
gouverneur de Ngazidja a adressé un message écrit aux députés. Il y
évoque notamment de possibles « ajustements de nos institutions » et
livre son opinion sur le code du pétrole. Voici le texte dans son
intégralité
Monsieur le Président de l’Assemblée de l’Union des Comores,
Messieurs les Députés,
J’ai
bien reçu l’invitation que vous avez bien voulu m’adresser à l’occasion
de la cérémonie solennelle de l’Assemblée de l’Union des Comores. Ce
geste traduit parfaitement, à mon sens, l’intérêt porté par les hautes
autorités de l’Etat de favoriser le climat de détente actuelle, après
tant d’années de crispation.
Tout
en vous remerciant, il m’est très agréable de vous faire parvenir le
présent message en vous priant d’accorder votre bienveillance attention
sur les vœux qui y sont formulés.
Mais
avant de vous livrer mon message, je me dois aussi, de rendre un
hommage appuyé aux générations passées dont l’effort, le courage et le
sacrifice nous ont permis aujourd’hui d’hériter un beau pays libre et
paisible.
Monsieur le Président, Messieurs les Députés,
En
ma qualité de premier magistrat de cette Ile, je dois m’acquitter d’un
agréable devoir, devant vous : Je viens vous donner l’assurance, que la
Grande Comore assumera sa part de solidarité entre les îles et l’Union.
Car ma conviction profonde est que la prospérité de cette nation, qui a
tant souffert, dépendra de la capacité de chacun de donner, mais pas
seulement de recevoir.
Je
voudrais vous inviter à vous interroger, avec moi, sur le
fonctionnement de nos institutions, dans le but d’y apporter les
réajustements nécessaires, non seulement pour rendre fiable la conduite
des affaires de l’Etat, mais aussi pour accompagner cette harmonie qui
s’est si heureusement instaurée entre l’Union des Comores et les Iles
autonomes.
Pour
aborder ce sujet, je me permettrais d’évoquer la question qui nous
préoccupe tous en ce moment, à savoir, rendre opérationnelle la
Décentralisation qui va conditionner la mise en place des nouvelles
structures qui permettront d’exercer le pouvoir au plus près des
citoyens.
Comme
nous le savons tous, le processus a été engagé en vertu de l’ordonnance
de 2003 - sous le régime du Président Mzé Abdou Soulé Elbak - qui fut
rendue caduque par les lois en vigueur.
La
démarche participative que j’ai engagée pour la mise en place des
Délégations Spéciales trouve son fondement d’une part, sur les lois
actuellement en application et d’autre part, sur la loi statutaire de
l’Ile Autonome de Ngazidja, de même que sur les recommandations des
Troisièmes Assises sur la Décentralisation du 13 et 14 juin 2012.
En
fin, dois-je rappeler que cette initiative a été autorisée par le
Conseil de l’Ile de Ngazidja dans sa Délibération du 18 février de cette
année
L’expérience
que nous sommes en train de vivre à l’occasion de la mise en place de
ces Délégations nous permet aujourd’hui de tirer des leçons
essentielles. En effet, nous avons relevé que certains villages se
trouveraient pénalisés par le barème qui détermine les conseillers
municipaux par nombre d’habitants. Si cette disposition est appliquée
comme telle, bon nombre de ces localités se trouveraient privées de
représentants. Tout naturellement, cette situation ne peut que susciter
des mécontentements.
Ce
cas doit nous interpeler fortement. C’est pourquoi, je propose que
chaque communauté villageoise soit représentée par au moins un
Conseiller municipal.
Je demande donc à nos élus de prendre acte de cette proposition et de procéder à son examen au cours des cessions futures.
Monsieur le Président, Messieurs les Députés,
Je
ne saurais évoquer une administration pérenne de nos futures
collectivités territoriales sans faire état des moyens de gestion, ce
qui implique une répartition équitable de nos ressources financières.
Dans cette démarche, la logique voudrait que chaque Ile Autonome ait le
loisir de présenter son propre projet de budget sur la base de ses
priorités, à charge à l’Union de l’agréer.
Cette question mérite aussi l’attention particulière des Députés. Je vous demande d’en prendre acte.
Monsieur le Président, Messieurs les Députés,
Je
voudrais à présent appeler votre attention sur la Loi portant Code
pétrolier. Je mesure avec pertinence l’importance d’une telle loi sur
l’avenir économique de notre pays. Or, si nous parlons d’économie chaque
acteur de ce pays doit se sentir concerné. C’est à ce titre, qu’il
serait souhaitable que les entités qui composent l’Union des Comores
puissent être associées dans la conception, l’étude et la mise en œuvre
de ce grand chantier.
A mon avis, la loi en question doit être revue dans le sens de l’équité.
De
même, nous ne pouvons parler d’une participation citoyenne au
redressement économique sans l’implication des Comoriens vivant à
l’extérieur dont l’apport tant financier qu’intellectuel et technique au
pays d’origine, demeure un acte exemplaire et un atout incontournable.
Pour cette raison, je soutiens fortement que cette communauté expatriée
mérite d’être associée, à l’occasion de la mise en place des
institutions de notre pays.
C’est
pourquoi, je me dois d’attirer vivement votre attention sur la question
en vous demandant d’adopter une loi autorisant les Comoriens résident
en France de prendre part, par leur suffrage, aux futures élections
présidentielles.
Je
ne peux m’adresser à l’Assemblée Nationale de mon pays, sans évoquer la
question cruciale de l’Ile Comorienne de Mayotte. Après tant d’années
que cette question perdure, j’estime en toute sincérité que le moment
est venu pour
les Comores et pour la France, d’engager un dialogue constructif, afin
de trouver une issue équitable et honorable pour tous.
Pour
conclure, j’émets le vœu que les propositions que je viens de formuler
retiennent l’attention du Président de l’Assemblée de l’Union et de
celle de tous les Députés afin qu’elles puissent recevoir l’écho
favorable qu’elles méritent.
Tout
en vous renouvelant mes remerciements, je vous prie d’agréer, Monsieur
le Président de l’Assemblée de l’Union, Messieurs les Députés,
l’expression de ma haute considération et l’assurance de mon entier
dévouement.
Mouigni Baraka Said Soilihi
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