En annonçant son intention de se présenter à la présidentielle de l’Union des Comores en 2016, Hakim Ali Said inscrit de fait, l’hypot...
En annonçant son intention de se présenter à la présidentielle de
l’Union des Comores en 2016, Hakim Ali Said inscrit de fait, l’hypothèse
d’une tournante mahoraise dans le champ du débat politique tout en
jaugeant les réactions des opinions.
Hakime Ali Said jusqu'alors journaliste et présentateur pour Mayotte 1ère © A.L./Malango |
C’est ce qu’on appelle
jeter un pavé dans le lagon. Inciter Mayotte à assumer la présidence de
l’Union des Comores en 2016 selon le principe de la tournante comme le
prévoit la Constitution de l’Etat comorien, c’est ni plus ni moins ce
que propose Hakim Ali Said. La star de « Mayotte 1ère » fait fort !
Même, Youssouf Moussa, l’icône du Front démocratique qui guerroie depuis
des décennies pour faire valoir la souveraineté comorienne sur la
quatrième île de l’archipel, n’y a pas pensé. Hakim l’a fait et …de
quelle manière !
Le journaliste est allé droit au but, à visage découvert et le plus
officiellement du monde. Une annonce à la Une de « France-Mayotte » un
des quotidiens de l’île et en ouverture du JT du même jour sur la chaîne
privée « Kwézi TV », on ne fait pas mieux en matière de communication.
La suite va de soi. Les internautes ont trouvé dans ces déclarations, le
sujet en or pour alimenter la rubrique « commentaires » des blogs et
autres réseaux sociaux. Visiblement surprise, la presse comorienne s’est
contentée de reprendre l’info sans commentaires. Quant à la rue
mahoraise, elle s’est réveillée avec la gueule de bois.
Il faut dire qu’au-delà du buzz, la nouvelle posture de l’ex-candidat à
la députation à Mayotte, est une onde de choc qui vient perturber les
jeux politiques aussi bien à Mayotte qu’en Union des Comores, à trois
ans de l’échéance visée. A Mayotte d’abord où la départementalisation
est perçue comme le dernier mur où allait se fracasser toutes les
velléités comoriennes sur la quatrième île restée française. L’annonce
inattendue de Hakim Ali Said de postuler pour la présidence comorienne
au nom du droit de Mayotte à la tournante, révèle ainsi une faille
insoupçonnée sur un statut qui devrait garantir à jamais l’ancrage de
l’île dans la République, signer la fin du long combat pour se « séparer des Comores »
et assurer que la revendication comorienne sur Mayotte était à jamais
neutralisée, confinée hors du périmètre du lagon et vouée à la dilution.
En jetant le doute sur ces certitudes, Hakim Ali Said dévoile un jeu de
poupées russes et signe une sorte de « fin des illusions ».
De quoi
embarrasser des Mahorais qui pouvaient s’attendre à tout sauf à une
hérésie provenant de ses propres fils. L’agora locale qui d’habitude
s’enflamme à la moindre déclaration de Moroni concernant Mayotte, se
découvre un mutisme inédit. Le média public d’où est issu le
journaliste, a tout simplement fait la sourde oreille sur ce qui en
d’autres lieux, serait au moins relevé dans la rubrique des petites
phrases. Les quelques citoyens qui se sont prêtés au jeu des réactions
se sont contentés d’évacuer ce spectre par un « de toute façon les Comoriens refuseront qu’un Mahorais préside les Comores »
expliquait une femme devant la caméra de « Kwézi-Tv ». Feindre la
fiction pour éviter le débat. Voilà qui arrangerait bien tout le monde.
Hakim Ali Said lui-même n’exclue pas un « NON » de Moroni qui « discréditerait toutes les condamnations de la France par les Comores sur la question de Mayotte ». Ce serait donc les Comoriens qui renieraient leurs frères mahorais en refusant de leur passer le relais. Fin de l’Histoire !
Et un OUI donc ?
La capitale comorienne qui découvre l’info que leur livre en brut la
Gazette des Comores de ce 12 février, n’a pas eu le temps de digérer la
surprise. Bien que les ténors de la Grande Comore se mettent déjà en
position de départ pour l’après Mohéli, « la Cour constitutionnelle devra départager les deux îles »
(Grande-Comore et Mayotte), écrit la Gazette. En effet, si la Cour
constitutionnelle est officiellement saisie en juillet prochain selon
l’agenda du journaliste-candidat et que celle-ci confirme la disposition
constitutionnelle, « de nombreuses personnalités à Mayotte sont
prêtes à relever le défi, convaincues qu’un Mahorais à la tête de
l’Union des Comores servirait plus les intérêts des 3 îles et ceux de
Mayotte », assure Hakim Ali Said. Un défi que le postulant à la présidence comorienne en 2016 attribue aux générations à venir qui « ne
doivent pas attendre tout de Paris, mais ont le devoir du courage pour
changer les choses dans le respect des volontés politiques des uns et
des autres ».
Hakim prévoit de saisir les instances internationales pour faire
appliquer à Mayotte la Constitution de l’Union dont l’île fait partie...
sur le papier. Il ne peut donc ignorer que cette dernière stipule dans
ses dispositions transitoires (article 39), que « les institutions de
Maore seront mises en place (….) à compter du jour où prendra fin la
situation qui empêche cette île de rejoindre effectivement l’Union des
Comores ». « Le risque est immense à l’heure où Mayotte attend de
nombreux efforts du gouvernement en réclamant haut et fort l’égalité
républicaine » note « France-Mayotte ».
En réponse à un obstacle qui provient plus de Mayotte que de Moroni, le
discours du candidat est volontairement alambiqué, construit pour être
entendu par les « uns » sans choquer les « autres ». Un
discours à la mesure de la schizophrénie, ce mal qui empêche cet
archipel démantelé, à se construire une vision de lui-même et un destin
partagé.
Kamal’Eddine Saindou
source:malango actualité
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