POLITIQUE - Ses détracteurs, à droite comme à gauche, savourent l'instant. Rama Yade comparaît ce jeudi 28 février devant le tribunal co...
POLITIQUE - Ses détracteurs, à droite comme à gauche, savourent l'instant. Rama Yade comparaît ce jeudi 28 février devant le tribunal correctionnel de Nanterre. Un épisode judiciaire dont la jeune vice-présidente de l'UDI et ex-égérie des années Sarkozy se serait bien passé.
Privée de mandat national, marginalisée au sein du parti de centre-droit monté par Jean-Louis Borloo, l'ancienne ministre de 36 ans joue une partie de son avenir politique sur une banale affaire de domiciliation électorale. Un comble pour celle qui avait fait de son ancrage local la condition de sa carrière politique, quand Nicolas Sarkozy voulait la propulser en tête de liste des élections européennes.
Jusqu'à trois ans de prison
La justice la soupçonne d'avoir triché à deux reprises sur sa domiciliation pour pouvoir été inscrite sur la liste électorale de Colombes. D'abord en décembre 2009 lorsqu'elle a fourni l'adresse d'un local commercial, sa permanence située non loin de la mairie. Puis deux ans plus tard quand, après avoir été radiée d'office de cette liste, elle a tenté de se faire réinscrire en déclarant habiter dans un appartement de la ville.
L'affaire peut sembler anecdotique. Mais les charges retenues contre Rama Yade sont graves: faux, usage de faux et inscription indue sur une liste électorale à Colombes (Hauts-de-Seine), où elle est élue d'opposition. Avec, à la clé, une menace d'un an d'emprisonnement pour le volet "faux" et jusqu'à trois ans de prison et 45.000 euros d'amende pour l'infraction au code électoral. Le tout agrémenté d'une peine d'inéligibilité.
Une sanction encore hypothétique mais qui pourrait s'avérer désastreuse politiquement en la privant d'élection municipale en 2014. Ce qui n'a pas échappé à son représentant légal. C'est une "manière d'instrumentaliser la justice pour tenter d'évincer un concurrent", et ainsi "essayer de rendre inéligible (sa) cliente afin de l'empêcher de se présenter aux élections municipales en 2014", dédramatise son avocat Me Antonin Levy pour qui le dossier ne tient pas.
A la grande époque des "sarkozettes"
Depuis trois ans, Rama Yade traîne cette affaire comme un boulet qui plombe une carrière politique entamée sur les chapeaux de roue mais désormais en sérieuse perte de vitesse. Toujours populaire -"elle est adulée par les militants", assure son compagnon de route à l'UDI Dominique Paillé- mais ombrageuse, l'élue locale est également volontiers décrite comme "tapageuse", voire "incontrôlable" par ses nouveaux amis centristes. "C'est une jeune femme plein de talent et dans le conglomérat des ambitions de l'UDI, il n'y a pas beaucoup d'enthousiasme à lui céder la place qu'elle mérite", relativise encore Dominique Paillé.
Un caractère bien trempé qui ne date pas d'hier. En 2007, la presse, qui n'est jamais à l'abri d'un mauvais mot, saluait l'avènement des "sarkozettes". Pécresse, NKM, Dati, Yade puis Jouanno... Autant de femmes jeunes, iconoclastes et peu connues du grand public mais promues au gouvernement par la volonté de Nicolas Sarkozy de féminiser le personnel politique à droite.
Cinq ans plus tard, toutes ont su tracer leur route, en rupture ou avec l'UMP. De toutes, Rama Yade était pourtant celle qui avait débuté le précédent quinquennat avec le plus de panache. Nommée secrétaire d'Etat aux Droits de l'homme aux côtés d'un Bernard Kouchner qui n'en voulait pas, la jeune femme sort du rang dès l'hiver 2007 en critiquant la visite d'Etat de Kadhafi à l'Elysée: "Notre pays n'est pas un paillasson".
La formule insupporte une droite qui n'a toujours pas digéré l'ouverture mais sa liberté de ton fait mouche dans l'opinion. En 2009, malgré son exfiltration au secrétariat aux Sports, elle s'installe en tête des palmarès d'opinion et s'impose comme le ministre le plus aimé du gouvernement.
Déconvenues électorales et choix à contre-temps
Boudée par l'Elysée, isolée à l'UMP, Rama Yade quitte le gouvernement Fillon à l'automne 2010 en même temps que Jean-Louis Borloo qu'elle suivra au Parti radical puis à l'UDI. Mais son bilan politique est famélique. Pas une loi ne portera son nom et les déconvenues électorales se sont enchaînées. Echec aux municipales de Colombes en 2008, gadin aux élections régionales de 2010. Et les révélations du Canard Enchaîné sur la facture de sa chambre d'hôtel en Afrique du Sud lors du désastreux Mondial de football écornent sérieusement son image d'insoumise.
Récemment, le président PS de la région Ile-de-France, Jean-Paul Huchon, s'est fendu d'un commentaire peu glorieux. "En 2010, il y avait les quatre guerrières: Pécresse, Jouanno, NKM et Yade. Moi, le bon gros, et bien je les ai eues!"
Les autres ont rebondi, Rama Yade se cherche encore. Critique à l'égard de la ligne droitière empruntée par Nicolas Sarkozy après son discours de Grenoble, l'ex-sarkozette accuse l'UMP de "copier" le programme de la Droite populaire (aile dure de l'UMP) et mise tout son capital politique sur une candidature Borloo en 2012.
Patatras. Borloo renonce, et Rama Yade est tenue de revenir, à contre-coeur, au bercail sarkozyste alors que la campagne présidentielle s'enflamme sur le halal et l'Europe des frontières.
Embourbée dans ses soucis de listes électorales, Rama Yade ne parvient même pas à se qualifier au second tour des législatives dans son "fief" des Hauts-de-Seine.
Prise de distance politique
Ses soucis ne s'arrêtent pas là. Dégradée de son poste stratégique de présidente des investitures à l'UDI, contestée dans sa propre fédération des Hauts-de-Seine, la jeune femme, qui attend son premier enfant, a d'ores et déjà pris ses distances avec la politique à plein temps. "Elle ne force pas la porte. Elle a été échaudée, comme moi, par la non-candidature de Borloo à la présidentielle. Depuis, elle joue sa partition", glisse l'ancien porte-parole de l'UMP Dominique Paillé.
Mais les désaccords stratégiques s'affichent. Et la mésentente avec Jean-Louis Borloo commence à se voir. "Je ne vois pas comment l'UDI peut durablement s'imposer dans l'espace politique si elle n'envoie pas de candidats aux élections et notamment à Paris", tacle-t-elle après que le président de l'UDI a renoncé à se présenter dans la capitale.
Selon le site spécialisé Acteurs Publics (lien payant), la conseillère régionale a repris son poste d'administrateur au Sénat. Et elle a, semble-t-il, écarté toute ambition de briguer une place aux municipales parisiennes.
Un départ en catimini? A 36 ans, "Rama a une arme extraordinaire: elle a le temps", pense Dominique Paillé. Une relaxe devant le tribunal correctionnel de Nanterre serait un excellent argument pour rebondir.
A revoir: Rama Yade, princesse rebelle
Le Huffington Post
Privée de mandat national, marginalisée au sein du parti de centre-droit monté par Jean-Louis Borloo, l'ancienne ministre de 36 ans joue une partie de son avenir politique sur une banale affaire de domiciliation électorale. Un comble pour celle qui avait fait de son ancrage local la condition de sa carrière politique, quand Nicolas Sarkozy voulait la propulser en tête de liste des élections européennes.
Jusqu'à trois ans de prison
La justice la soupçonne d'avoir triché à deux reprises sur sa domiciliation pour pouvoir été inscrite sur la liste électorale de Colombes. D'abord en décembre 2009 lorsqu'elle a fourni l'adresse d'un local commercial, sa permanence située non loin de la mairie. Puis deux ans plus tard quand, après avoir été radiée d'office de cette liste, elle a tenté de se faire réinscrire en déclarant habiter dans un appartement de la ville.
L'affaire peut sembler anecdotique. Mais les charges retenues contre Rama Yade sont graves: faux, usage de faux et inscription indue sur une liste électorale à Colombes (Hauts-de-Seine), où elle est élue d'opposition. Avec, à la clé, une menace d'un an d'emprisonnement pour le volet "faux" et jusqu'à trois ans de prison et 45.000 euros d'amende pour l'infraction au code électoral. Le tout agrémenté d'une peine d'inéligibilité.
Une sanction encore hypothétique mais qui pourrait s'avérer désastreuse politiquement en la privant d'élection municipale en 2014. Ce qui n'a pas échappé à son représentant légal. C'est une "manière d'instrumentaliser la justice pour tenter d'évincer un concurrent", et ainsi "essayer de rendre inéligible (sa) cliente afin de l'empêcher de se présenter aux élections municipales en 2014", dédramatise son avocat Me Antonin Levy pour qui le dossier ne tient pas.
A la grande époque des "sarkozettes"
Depuis trois ans, Rama Yade traîne cette affaire comme un boulet qui plombe une carrière politique entamée sur les chapeaux de roue mais désormais en sérieuse perte de vitesse. Toujours populaire -"elle est adulée par les militants", assure son compagnon de route à l'UDI Dominique Paillé- mais ombrageuse, l'élue locale est également volontiers décrite comme "tapageuse", voire "incontrôlable" par ses nouveaux amis centristes. "C'est une jeune femme plein de talent et dans le conglomérat des ambitions de l'UDI, il n'y a pas beaucoup d'enthousiasme à lui céder la place qu'elle mérite", relativise encore Dominique Paillé.
Un caractère bien trempé qui ne date pas d'hier. En 2007, la presse, qui n'est jamais à l'abri d'un mauvais mot, saluait l'avènement des "sarkozettes". Pécresse, NKM, Dati, Yade puis Jouanno... Autant de femmes jeunes, iconoclastes et peu connues du grand public mais promues au gouvernement par la volonté de Nicolas Sarkozy de féminiser le personnel politique à droite.
Cinq ans plus tard, toutes ont su tracer leur route, en rupture ou avec l'UMP. De toutes, Rama Yade était pourtant celle qui avait débuté le précédent quinquennat avec le plus de panache. Nommée secrétaire d'Etat aux Droits de l'homme aux côtés d'un Bernard Kouchner qui n'en voulait pas, la jeune femme sort du rang dès l'hiver 2007 en critiquant la visite d'Etat de Kadhafi à l'Elysée: "Notre pays n'est pas un paillasson".
La formule insupporte une droite qui n'a toujours pas digéré l'ouverture mais sa liberté de ton fait mouche dans l'opinion. En 2009, malgré son exfiltration au secrétariat aux Sports, elle s'installe en tête des palmarès d'opinion et s'impose comme le ministre le plus aimé du gouvernement.
Déconvenues électorales et choix à contre-temps
Boudée par l'Elysée, isolée à l'UMP, Rama Yade quitte le gouvernement Fillon à l'automne 2010 en même temps que Jean-Louis Borloo qu'elle suivra au Parti radical puis à l'UDI. Mais son bilan politique est famélique. Pas une loi ne portera son nom et les déconvenues électorales se sont enchaînées. Echec aux municipales de Colombes en 2008, gadin aux élections régionales de 2010. Et les révélations du Canard Enchaîné sur la facture de sa chambre d'hôtel en Afrique du Sud lors du désastreux Mondial de football écornent sérieusement son image d'insoumise.
Récemment, le président PS de la région Ile-de-France, Jean-Paul Huchon, s'est fendu d'un commentaire peu glorieux. "En 2010, il y avait les quatre guerrières: Pécresse, Jouanno, NKM et Yade. Moi, le bon gros, et bien je les ai eues!"
Les autres ont rebondi, Rama Yade se cherche encore. Critique à l'égard de la ligne droitière empruntée par Nicolas Sarkozy après son discours de Grenoble, l'ex-sarkozette accuse l'UMP de "copier" le programme de la Droite populaire (aile dure de l'UMP) et mise tout son capital politique sur une candidature Borloo en 2012.
Patatras. Borloo renonce, et Rama Yade est tenue de revenir, à contre-coeur, au bercail sarkozyste alors que la campagne présidentielle s'enflamme sur le halal et l'Europe des frontières.
Embourbée dans ses soucis de listes électorales, Rama Yade ne parvient même pas à se qualifier au second tour des législatives dans son "fief" des Hauts-de-Seine.
Prise de distance politique
Ses soucis ne s'arrêtent pas là. Dégradée de son poste stratégique de présidente des investitures à l'UDI, contestée dans sa propre fédération des Hauts-de-Seine, la jeune femme, qui attend son premier enfant, a d'ores et déjà pris ses distances avec la politique à plein temps. "Elle ne force pas la porte. Elle a été échaudée, comme moi, par la non-candidature de Borloo à la présidentielle. Depuis, elle joue sa partition", glisse l'ancien porte-parole de l'UMP Dominique Paillé.
Mais les désaccords stratégiques s'affichent. Et la mésentente avec Jean-Louis Borloo commence à se voir. "Je ne vois pas comment l'UDI peut durablement s'imposer dans l'espace politique si elle n'envoie pas de candidats aux élections et notamment à Paris", tacle-t-elle après que le président de l'UDI a renoncé à se présenter dans la capitale.
Selon le site spécialisé Acteurs Publics (lien payant), la conseillère régionale a repris son poste d'administrateur au Sénat. Et elle a, semble-t-il, écarté toute ambition de briguer une place aux municipales parisiennes.
Un départ en catimini? A 36 ans, "Rama a une arme extraordinaire: elle a le temps", pense Dominique Paillé. Une relaxe devant le tribunal correctionnel de Nanterre serait un excellent argument pour rebondir.
A revoir: Rama Yade, princesse rebelle
Le Huffington Post
ComoresOnline.net | أخبار من جزر القمر.
Le journal de la diaspora comorienne en France et dans le monde : Information et actualité en temps réel 24h/24 et 7j/7.
COMMENTAIRES