Au cours d'une séance de travail vendredi avec une délégation technique inter-agence composée de l'Union africaine, de la Banque mon...
Au cours d'une séance de travail vendredi avec une délégation technique inter-agence composée de l'Union africaine, de la Banque mondiale, des Nations Unies et de l'Organisation internationale de la francophonie, le gouverneur de Ngazidja a présenté ses « défis » et soumis quelques projets pour financement. Voici le discours qu'il a prononcé à cette occasion.
"C'est un plaisir pour moi de vous accueillir aujourd'hui pour évoquer ensemble nos axes prioritaires pour le développement de l'île de Ngazidja. Les Comores sortent d'une période difficile marquée par des crises politiques successives qui avaient asphyxié l'économie de l'archipel.
Les divisions inconciliables avaient alors affaibli l'Etat et affecté les services de base.
La contestation du pouvoir politique avait culminé avec la crise séparatiste dans l'île d'Anjouan en 1997. Déjà fortement fragilisé par plus d'une décennie d'instabilité politique marquée par des coups d'Etat, le pays a ressenti profondément les effets de cette crise séparatiste suivi par d'autres drames comme les crises alimentaires et pétrolières survenues en 2008.
Ne disposant pas de ressources pour en atténuer l'impact, les Comores sont tombées dans une spirale de déficit budgétaire et d'endettement extérieur, entraînant un appauvrissement rapide de la population.
Dans ce contexte, certains fléaux se sont exacerbés à savoir la corruption, les conflits fonciers, les dysfonctionnements institutionnels, l'urbanisation non maîtrisée, le délabrement des infrastructures de base…
En dépit de ce contexte difficile, les autorités comoriennes ont réussi depuis une dizaine d'années, à maintenir le cap de la démocratisation du pays lancé par les accords de Fomboni signés le 14 février 2001 et ayant permis l'adoption d'une constitution puis l'organisation d'élections générales.
Il faut signaler que le gouvernement avait réussi à conclure les négociations qu'il avait entreprises avec le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale au cours du premier programme.
Cet acquis avait déjà permis le retour de nombreux partenaires, tels que la Banque Africaine de Développement, qui se sont engagés à appuyer le gouvernement comorien dans ses efforts de rétablissement des finances publiques et du cadre institutionnel de la gouvernance.
La résolution de la crise d'Anjouan et la révision de la constitution ont apporté la cohésion qui manquait au fonctionnement de l'Etat.
D'un autre coté, la normalisation intervenue entre le gouvernement de l'Union et les autorités insulaires aura permis d'envisager une reforme en profondeur du cadre administratif de l'Etat en vue de rendre ses services plus performants et efficients.
Les amendements apportés par le referendum de mai 2009 ont permis une rationalisation significative des structures administratives (suppression des 4 Présidents 4 Assemblées etc..) et une clarification des rôles respectifs des différents niveaux de gouvernement.
Notre pays sort enfin de plus d'une dizaine d'années d'instabilité politique chronique et peut désormais se pencher sur les défis de son développement économique
Les élections insulaires et présidentielles de 2010 ont été paisibles. Elles ont confirmé le caractère de la présidence tournante en Union des Comores et consolidé les récents progrès sur la voie de la paix. Elles ont, par ailleurs, permis au pays de pouvoir enfin se focaliser sur les défis du développement économique avec une adhésion plus harmonieuse de l'ensemble des Comoriens au développement du pays.
Il convient donc de renforcer la paix et la stabilité tout en relançant l'activité économique à travers des projets d'envergure, sources de croissance économique. Un diplomate comorien chevronné a eu ces mots qu'il faut méditer : « C'est bien de nous aider en temps de crise mais ce serait encore mieux de nous soutenir pour ne pas retomber dans la crise ».
Si on devait donner un aperçu général des défis, on pourrait les résumer ainsi :
L'accroissement annuel de la population est de 3 ,3% : Au rythme actuel de l'accroissement de la population, même avec une croissance économique réelle respectable de 5 %, le revenu par habitant des Comores ne doublerait qu'en 35 ans. Il faut donc une croissance économique sensiblement supérieure au rythme actuel, combinée à un accroissement plus lent de la population. En effet, si elles n'étaient pas maîtrisées, les tendances actuelles pourraient conduire au désastre.
Notre pays, et en particulier l'Ile de Ngazidja peut sortir du sous développement. Le potentiel inexploité du pays permet d'envisager un scénario de développement susceptible d'engendrer une croissance soutenue et une amélioration des conditions socio-économiques.
Même doté de ressources modestes, le pays dispose quand même d'un potentiel inutilisé dans les domaines du tourisme, de l'agriculture, de la pêche, et de la petite industrie manufacturière et surtout, des services (zone franche, hub maritime et aérien…). Plus important, notre pays dispose d'un avantage comparatif certain par rapport à Madagascar, aux Seychelles ou Maurice : notamment une monnaie convertible.
S'agissant des orientations stratégiques de base de l'Ile Autonome de Ngazidja :
Il nous faut résoudre de façon durable le problème de l'énergie. Elle est à la base du développement économique, de la croissance et de l'amélioration des conditions de vie de la population. A Ngazidja, le problème de l'énergie (mais aussi de l'eau et de l'assainissement en général) est un fléau.
Les terres cultivables s'appauvrissent d'année en année du fait du déboisement et de l'érosion. D'où l'urgence, d'une action visant à restaurer et à désenclaver ces terres pour les rendre plus à même de produire
L'accès au crédit pour le financement des petites et moyennes entreprises nous paraissent comme le meilleur moyen de création d'emplois et de lutte contre la pauvreté. Le financement bancaire de l'économie est très limité. Les banques de la place hésitent à financer véritablement les PME en raison du Risque-pays (instabilité politique). L'horizon de prêt est le court et moyen terme car les banques hésitent à financer le long terme.
Cependant, si des fonds de garantie pouvaient être mis en place pour rassurer les banques, le risque sera alors limité.
Voilà pourquoi, nous soumettons à votre appréciation, quelques projets que nous jugeons prioritaires pour l'Ile Autonome de Ngazidja. Ils concernent le renforcement de la police, la sécurité maternelle et infantile, la mise en place de laboratoires scientifiques et d'infrastructures sportives dans les lycées, la restauration du sol et l'augmentation de la productivité agricole, l'équipement en énergie des centres médicaux…
Je vous remercie" Ngazi Ngomé
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