Malgré la libération du nord par l’armée française, les réfugiés qui ont fui la région craignent toujours de rentrer chez eux. Les popula...
Malgré la libération du nord par l’armée
française, les réfugiés qui ont fui la région craignent toujours de
rentrer chez eux. Les populations touaregs, arabes, où parfois même
peuls, qui ont la peau claire, ont aussi été nombreuses à fuir les
représailles menées par l’armée malienne. Assimilées aux islamistes,
plusieurs d’entre-elles ont été exécutées.
Bello n’arrive pas à oublier l’arrivée
brutale des islamistes dans sa ville natale Gao. Cette mère de trois
enfants de 28 ans a été contrainte de fuir avec toute sa famille à
Bamako. Aujourd’hui encore, la colère est perceptible dans sa voix
lorsqu’elle raconte la manière dont les islamistes ont fait leur entrée
dans cette localité stratégique du Nord-Mali. « Ils sont entrés dans la
ville avec des fusils, grenades. Ils ont tout cassé, occupé les
gendarmeries ! On ne pouvait plus aller au marché acheter des
condiments, ils étaient partout ! On avait plus de nourriture. Toutes
les boutiques étaient fermées. Comme la situation devenait dangereuse,
j’ai décidé avec famille de fuir ».
Sur le chemin de sa fuite, la jeune malienne se heurte à plusieurs problèmes. Les transporteurs voyant que les déplacés étaient de plus en plus nombreux, en ont profité pour augmenter le coût du transport. « Au lieu de 15.000 Fcfa, ils ont monté les prix à 40.000 Fcfa. En plus, ils ne voulaient pas prendre nos bagages encombrants car nous étions trop nombreux », explique Bello.
Des membres du MNLA ont violé des femmes !
Pour la jeune réfugiée, les rebelles du mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) sont les principaux responsables de la crise que vit actuellement son pays. « C’est le MNLA qui a ouvert la porte aux islamistes. Car ils sont rentrés dans Gao bien avant que les islamistes n’arrivent. Ils ont volé de l’argent aux personnes qui vivaient là-bas ».
Pis, « ils ont violé plusieurs femmes ! Le MNLA est la cause première de nos souffrances, ce sont tous des bandits, on ne sait pas ce qu’ils veulent ni ce qu’ils cherchent or le Mali est un pays laïque ». Comme d’autres de ses compatriotes, Bello craint toujours de retourner vivre à Gao. Selon elle, même si l’armée française est présente, les islamistes eux ne sont pas partis.
Certes les réfugiés qui résident à Bamako sont en sécurité. Mais leur vie est loin d’être de tout repos. Leur quotidien est rude. Ils se heurtent en effet à de nombreuses difficultés. « Nous sommes dans une situation très critique ! Parfois nous n’avons même pas de quoi manger. Il est très difficile pour les plus jeunes de se rendre à l’école. Les moyens de transport sont réduits. Rien ne bouge », raconte de sa voix fluette Dana Bana, jeune diplômée en gestion de 26 ans, originaire de Tombouctou. Comme nombre des déplacés du nord-Mali, elle cherche du travail et tente de trouver un logement décent.
Vie rude à Bamako
Même son de cloche pour sa compatriote Aicha qui a cinq enfants en bas-âges en charge. Elle a fui Tombouctou au lendemain de l’arrivée des islamistes qu’elle a croisés vers un fleuve. « Ici la vie est dure. Je dois m’occuper seule de mes enfants car mon mari s’est enrôlé dans l’armée malienne. Pour le moment, je ne compte pas retourner à Tombouctou. La situation est toujours très tendue. »
Pour Dana, le plus dur est le fait d’avoir laissé ses parents à Tombouctou. La jeune diplômée en souffre beaucoup. Aujourd’hui, elle ne rêve que d’une chose, repartir vivre auprès des siens. Elle a été contrainte de quitter la ville deux semaines après l’arrivée des islamistes. « Lorsqu’ils sont arrivés, ils tiraient au hasard en l’air. Mon frère a reçu une balle perdue et nous avons dû rapidement l’évacuer », confie-t-elle.
Dana a également été victime de la charia imposée par les islamistes. « Un jour, ils m’ont surprise à visage découvert sans le voile avec quatre autres femmes. Ils nous ont arrêtées et donné chacune 10 coups de fouet. Au bout de trois jours, ils nous ont finalement libérées ». Après cet évènement, « j’ai décidé de fuir. J’ai pris une pirogue jusqu’à Mopti pour venir à Bamako. »
« Les réfugiés ont subi un profond traumatisme », note Amadou Coulibaly, chargé de l’accompagnement social au sein de l’ONG des expulsés du Mali. « Nous avons tous les profils, certains ont été amputés par les islamistes, d’autres ont subi des violences, des femmes ont été victimes de viols. Il va falloir beaucoup de temps pour qu’ils puissent se remettre de tout ce qu’ils ont vécu », souligne l’humanitaire.
« Les Peuls et Sonrai à la peau claire aussi sont en danger »
Au nord du Burkina Faso, dans le camp de Montéo, un nombre important de touaregs s’y sont réfugiés pour fuir les représailles menées par l’armée malienne, qui les assimilent aux islamistes en raison de leur peau claire. Certains sont venus à pied. D’autres sur des ânes. « Ils sont arrivés en grand nombre. Et sont actuellement dans une grande détresse. Il faut que l’armée malienne cesse les exactions », selon le responsable du camp ag Mohamed.
« Actuellement au Mali tous ceux qui ont la peau claire sont menacés de mort. Les Touaregs et Arabes ne sont pas les seuls concernés, les Peuls et Sonrai qui ont le teint clair aussi peuvent aussi être exécutés », affirme Zaki ag Mohamed. Le jeune touareg de 36 ans, père de 3 enfants, originaire d’une localité proche de Tombouctou, est arrivé il y a tout juste une semaine au camp de Montéo.
« Nous avons fui sans rien apporté avec nous. Les militaires ont saccagé nos commerces, nos maisons, ils ont tout détruit. Dès lors que tu as le teint clair, on te considère comme un islamiste et tu deviens une cible facile », raconte le réfugié. D’après lui, de nombreux bergers ont été exécutés par les soldats maliens. « J’ai vu des gens mourir devant moi ».
Ce Touareg, chauffeur de taxi à Gao, sous couvert de l’anonymat a, lui, évité la mort de justesse : « Ils m’ont poursuivi pour me tuer. Heureusement que j’ai pu m’enfuir à temps ! » Aujourd’hui, « nous voulons retourner dans le nord mais nous ne savons pas comment faire », déplore Zaki ag Mohamed. « Tout a été détruit ! »
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Sur le chemin de sa fuite, la jeune malienne se heurte à plusieurs problèmes. Les transporteurs voyant que les déplacés étaient de plus en plus nombreux, en ont profité pour augmenter le coût du transport. « Au lieu de 15.000 Fcfa, ils ont monté les prix à 40.000 Fcfa. En plus, ils ne voulaient pas prendre nos bagages encombrants car nous étions trop nombreux », explique Bello.
Des membres du MNLA ont violé des femmes !
Pour la jeune réfugiée, les rebelles du mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) sont les principaux responsables de la crise que vit actuellement son pays. « C’est le MNLA qui a ouvert la porte aux islamistes. Car ils sont rentrés dans Gao bien avant que les islamistes n’arrivent. Ils ont volé de l’argent aux personnes qui vivaient là-bas ».
Pis, « ils ont violé plusieurs femmes ! Le MNLA est la cause première de nos souffrances, ce sont tous des bandits, on ne sait pas ce qu’ils veulent ni ce qu’ils cherchent or le Mali est un pays laïque ». Comme d’autres de ses compatriotes, Bello craint toujours de retourner vivre à Gao. Selon elle, même si l’armée française est présente, les islamistes eux ne sont pas partis.
Certes les réfugiés qui résident à Bamako sont en sécurité. Mais leur vie est loin d’être de tout repos. Leur quotidien est rude. Ils se heurtent en effet à de nombreuses difficultés. « Nous sommes dans une situation très critique ! Parfois nous n’avons même pas de quoi manger. Il est très difficile pour les plus jeunes de se rendre à l’école. Les moyens de transport sont réduits. Rien ne bouge », raconte de sa voix fluette Dana Bana, jeune diplômée en gestion de 26 ans, originaire de Tombouctou. Comme nombre des déplacés du nord-Mali, elle cherche du travail et tente de trouver un logement décent.
Vie rude à Bamako
Même son de cloche pour sa compatriote Aicha qui a cinq enfants en bas-âges en charge. Elle a fui Tombouctou au lendemain de l’arrivée des islamistes qu’elle a croisés vers un fleuve. « Ici la vie est dure. Je dois m’occuper seule de mes enfants car mon mari s’est enrôlé dans l’armée malienne. Pour le moment, je ne compte pas retourner à Tombouctou. La situation est toujours très tendue. »
Pour Dana, le plus dur est le fait d’avoir laissé ses parents à Tombouctou. La jeune diplômée en souffre beaucoup. Aujourd’hui, elle ne rêve que d’une chose, repartir vivre auprès des siens. Elle a été contrainte de quitter la ville deux semaines après l’arrivée des islamistes. « Lorsqu’ils sont arrivés, ils tiraient au hasard en l’air. Mon frère a reçu une balle perdue et nous avons dû rapidement l’évacuer », confie-t-elle.
Dana a également été victime de la charia imposée par les islamistes. « Un jour, ils m’ont surprise à visage découvert sans le voile avec quatre autres femmes. Ils nous ont arrêtées et donné chacune 10 coups de fouet. Au bout de trois jours, ils nous ont finalement libérées ». Après cet évènement, « j’ai décidé de fuir. J’ai pris une pirogue jusqu’à Mopti pour venir à Bamako. »
« Les réfugiés ont subi un profond traumatisme », note Amadou Coulibaly, chargé de l’accompagnement social au sein de l’ONG des expulsés du Mali. « Nous avons tous les profils, certains ont été amputés par les islamistes, d’autres ont subi des violences, des femmes ont été victimes de viols. Il va falloir beaucoup de temps pour qu’ils puissent se remettre de tout ce qu’ils ont vécu », souligne l’humanitaire.
« Les Peuls et Sonrai à la peau claire aussi sont en danger »
Au nord du Burkina Faso, dans le camp de Montéo, un nombre important de touaregs s’y sont réfugiés pour fuir les représailles menées par l’armée malienne, qui les assimilent aux islamistes en raison de leur peau claire. Certains sont venus à pied. D’autres sur des ânes. « Ils sont arrivés en grand nombre. Et sont actuellement dans une grande détresse. Il faut que l’armée malienne cesse les exactions », selon le responsable du camp ag Mohamed.
« Actuellement au Mali tous ceux qui ont la peau claire sont menacés de mort. Les Touaregs et Arabes ne sont pas les seuls concernés, les Peuls et Sonrai qui ont le teint clair aussi peuvent aussi être exécutés », affirme Zaki ag Mohamed. Le jeune touareg de 36 ans, père de 3 enfants, originaire d’une localité proche de Tombouctou, est arrivé il y a tout juste une semaine au camp de Montéo.
« Nous avons fui sans rien apporté avec nous. Les militaires ont saccagé nos commerces, nos maisons, ils ont tout détruit. Dès lors que tu as le teint clair, on te considère comme un islamiste et tu deviens une cible facile », raconte le réfugié. D’après lui, de nombreux bergers ont été exécutés par les soldats maliens. « J’ai vu des gens mourir devant moi ».
Ce Touareg, chauffeur de taxi à Gao, sous couvert de l’anonymat a, lui, évité la mort de justesse : « Ils m’ont poursuivi pour me tuer. Heureusement que j’ai pu m’enfuir à temps ! » Aujourd’hui, « nous voulons retourner dans le nord mais nous ne savons pas comment faire », déplore Zaki ag Mohamed. « Tout a été détruit ! »
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