Plus de 70% des adolescentes souffrent parfois de règles douloureuses, plus médicalement appelées dysménorrhée. Pliées dans tous les sens...
Plus de 70% des adolescentes souffrent parfois de règles douloureuses, plus médicalement appelées dysménorrhée. Pliées dans tous les sens une fois par mois, aucune position n'est susceptible d’apaiser la douleur. Ce trouble se caractérise par une variation hormonale du cycle et se produit pendant les règles. Certaines jeunes femmes ne ressentent aucun symptôme alors que d’autres éprouveront des douleurs presque quotidiennes avant et pendant les menstruations, ce qui les conduira parfois à l’absentéisme scolaire. Zoom sur les causes, symptômes et traitements de cette incommodité mensuelle avec Serigne Lamine Bara Fall.
La dysménorrhée, c'est quoi ?
Les menstruations sont souvent douloureuses lors de l’adolescence, période de fluctuations hormonales. Les douleurs qui surviennent au moment de la puberté sont généralement bénignes et ne révèlent pas de trouble gynécologique sous-jacent a posteriori. Chez l’adolescente, les douleurs ont tendance à diminuer avec les années. Les règles se renouvelant 14 fois par an, il est compréhensible qu’elles puissent représenter une source importante d'absentéisme scolaire si elles sont douloureuses, ou même un motif de dispense pour les activités sportives.
Quels sont les symptômes des règles douloureuses ?
Ce sont des douleurs de type crampes ou coliques, parfois assez violentes et qui obligent alors les femmes à se coucher ou à arrêter leurs activités. Elles peuvent aussi déborder le bas du ventre pour aller à droite ou à gauche et surtout dans le bas du dos, « dans les reins » comme disent les femmes. Ces douleurs s'accompagnent de symptômes assez variés : nausées, migraine, fatigue, malaise, diarrhées, vomissements, etc. Ainsi, pour certaines femmes, c'est une véritable catastrophe mensuelle. Les règles se renouvelant 14 fois par an, on comprend que cela puisse représenter une source importante d'absentéisme, soit scolaire chez les jeunes filles, soit professionnel chez les moins jeunes.
Quelles sont les femmes concernées par les règles douloureuses ?
Les plus souvent touchées par les règles douloureuses sont les jeunes filles, à tel point qu'on trouve traditionnel d'avoir mal pendant les règles. Elles n'ont cependant pas toutes mal, même si c'est le cas pour une grande proportion d'entre elles. Elles souffrent de ce qu'on appelle les dysménorrhées primaires. C'est-à-dire qu'on ne retrouve pas de cause (kyste de l'ovaire, utérus mal formé…), à la différence des dysménorrhées secondaires. Attention, on a toujours pensé que les douleurs pendant les règles se passaient dans la tête des femmes. C'est entièrement faux ! Il ne s'agit pas d'un symptôme psychologique mais d'un véritable symptôme. En effet, on sait aujourd'hui que les dysménorrhées primaires sont dues à des substances appelées prostaglandines. Celles-ci sont sécrétées dans les artères qui alimentent l'utérus au moment des règles et sont de puissants contractants du muscle utérin. Lorsque les règles arrivent, l'utérus doit évacuer le sang et les muqueuses, et le fait par des contractions. C'est son mode d'expulsion : il se met en boule, se contracte, devient dur. C'est aussi comme cela qu'il fait pour évacuer le bébé au moment de l'accouchement. Le muscle utérin est extrêmement puissant et lorsqu'il se contracte sous l'effet des prostaglandines pour évacuer la muqueuse utérine et des règles, ça fait particulièrement mal. Les douleurs sont donc provoquées non pas par les ovaires comme le disent souvent les femmes mais par l'utérus qui se met en boule et devient extrêmement dur.
Pourquoi les règles douloureuses sont surtout constatées chez les jeunes filles et moins chez les femmes plus mûres ?
On n'en sait rien. On remarque simplement que les douleurs des règles ont tendance à passer avec le temps. Auparavant on disait qu'elles disparaissaient après le mariage car les filles se mariaient tôt. Mais maintenant qu'elles se marient plus tard, on constate qu'il s'agit plutôt d'une question de temps. Il est vrai que les grossesses accélèrent la disparition des douleurs des règles mais le temps aussi. Mais si vers 25-28 ans les dysménorrhées primaires se tassent généralement, d'autres femmes les conservent toute leur vie, qu'elles accouchent ou non. Toutefois ce phénomène est plutôt rare. Le deuxième cas de figure est ce qu'on appelle les dysménorrhées secondaires. Elles sont secondaires à quelque chose qui n'est pas normale. La grande maladie responsable est l'endométriose. Ainsi, les jeunes filles qui ont une endométriose présentent alors une dysménorrhée dite secondaire. Toutefois, comme elles ont16 ans, on ne va pas investiguer et faire le diagnostic.
L'autre cas est celui d'une femme ayant tellement mal qu'on entreprend des investigations, comme une coelioscopie, laquelle mène au diagnostic d'une endométriose. Dès lors qu'elle est traitée, la personne n'a, en principe, plus mal. Rappelons la définition d'une endométriose : ce sont des petits bouts de muqueuse utérine qui se trouvent à des endroits où ils ne devraient pas être, comme sur les ovaires, les trompes ou les ligaments qui attachent l'utérus aux structures avoisinantes. A chaque règle, ces petits morceaux de muqueuse se mettent à saigner, dans le ventre, ce qui fait extrêmement mal. A noter que c'est aussi une cause de stérilité. Ainsi l'endométriose se découvre plus souvent chez les femmes plus âgées, parfois chez une femme qui a mal pendant les règles, mais aussi pendant les rapports (elle a mal dans le fond du ventre) et qui n'arrive pas à avoir de bébé. L'endométriose est diagnostiquée par coelioscopie. Idéalement, une fois traitée, la femme n'a plus mal durant ses règles, ni pendant les rapports et peut être enceinte. Il existe également beaucoup de douleurs de règle qui reviennent vers 45-50 ans. La plupart du temps, on retrouve une forme spécifique de l'endométriose qui s'appelle l'adénomyose. C'est la colonisation du muscle de l'utérus par l'endométriose. Lorsque les règles arrivent, ça fait mal. Cette adénomyose est donc une cause fréquente de douleurs de règles secondaires chez les femmes de 40 à 50 ans, avant la ménopause.
Quelques conseils pour atténuer la douleur ?
- Prendre un bain ou une douche chaude.
- Placer une bouillote ou un coussin chauffant sur le bas ventre ou la partie inférieure du dos.
- Une activité physique comme la marche rapide pour activer la circulation au niveau de l’abdomen. En effet, marcher d’une bonne allure durant une vingtaine de minutes, avant ou pendant que la douleur se manifeste, est donc vivement conseillé.
- Se détendre et éviter les situations stressantes lorsque les règles approchent.
Si la douleur et les contractions utérines persistent, n’hésite pas à contacter mon secrétaire pour prendre rendez vous. Un traitement adapté et s’assurera qu’elles n’ont pas une autre cause.
Des anti-inflammatoires ou des antispasmodiques permettront à certaines de soulager leurs symptômes, mais d’autres jeunes femmes auront besoin de médicaments plus forts.
Par Serigne Lamine Bara Fall
La dysménorrhée, c'est quoi ?
Les menstruations sont souvent douloureuses lors de l’adolescence, période de fluctuations hormonales. Les douleurs qui surviennent au moment de la puberté sont généralement bénignes et ne révèlent pas de trouble gynécologique sous-jacent a posteriori. Chez l’adolescente, les douleurs ont tendance à diminuer avec les années. Les règles se renouvelant 14 fois par an, il est compréhensible qu’elles puissent représenter une source importante d'absentéisme scolaire si elles sont douloureuses, ou même un motif de dispense pour les activités sportives.
Quels sont les symptômes des règles douloureuses ?
Ce sont des douleurs de type crampes ou coliques, parfois assez violentes et qui obligent alors les femmes à se coucher ou à arrêter leurs activités. Elles peuvent aussi déborder le bas du ventre pour aller à droite ou à gauche et surtout dans le bas du dos, « dans les reins » comme disent les femmes. Ces douleurs s'accompagnent de symptômes assez variés : nausées, migraine, fatigue, malaise, diarrhées, vomissements, etc. Ainsi, pour certaines femmes, c'est une véritable catastrophe mensuelle. Les règles se renouvelant 14 fois par an, on comprend que cela puisse représenter une source importante d'absentéisme, soit scolaire chez les jeunes filles, soit professionnel chez les moins jeunes.
Quelles sont les femmes concernées par les règles douloureuses ?
Les plus souvent touchées par les règles douloureuses sont les jeunes filles, à tel point qu'on trouve traditionnel d'avoir mal pendant les règles. Elles n'ont cependant pas toutes mal, même si c'est le cas pour une grande proportion d'entre elles. Elles souffrent de ce qu'on appelle les dysménorrhées primaires. C'est-à-dire qu'on ne retrouve pas de cause (kyste de l'ovaire, utérus mal formé…), à la différence des dysménorrhées secondaires. Attention, on a toujours pensé que les douleurs pendant les règles se passaient dans la tête des femmes. C'est entièrement faux ! Il ne s'agit pas d'un symptôme psychologique mais d'un véritable symptôme. En effet, on sait aujourd'hui que les dysménorrhées primaires sont dues à des substances appelées prostaglandines. Celles-ci sont sécrétées dans les artères qui alimentent l'utérus au moment des règles et sont de puissants contractants du muscle utérin. Lorsque les règles arrivent, l'utérus doit évacuer le sang et les muqueuses, et le fait par des contractions. C'est son mode d'expulsion : il se met en boule, se contracte, devient dur. C'est aussi comme cela qu'il fait pour évacuer le bébé au moment de l'accouchement. Le muscle utérin est extrêmement puissant et lorsqu'il se contracte sous l'effet des prostaglandines pour évacuer la muqueuse utérine et des règles, ça fait particulièrement mal. Les douleurs sont donc provoquées non pas par les ovaires comme le disent souvent les femmes mais par l'utérus qui se met en boule et devient extrêmement dur.
Pourquoi les règles douloureuses sont surtout constatées chez les jeunes filles et moins chez les femmes plus mûres ?
On n'en sait rien. On remarque simplement que les douleurs des règles ont tendance à passer avec le temps. Auparavant on disait qu'elles disparaissaient après le mariage car les filles se mariaient tôt. Mais maintenant qu'elles se marient plus tard, on constate qu'il s'agit plutôt d'une question de temps. Il est vrai que les grossesses accélèrent la disparition des douleurs des règles mais le temps aussi. Mais si vers 25-28 ans les dysménorrhées primaires se tassent généralement, d'autres femmes les conservent toute leur vie, qu'elles accouchent ou non. Toutefois ce phénomène est plutôt rare. Le deuxième cas de figure est ce qu'on appelle les dysménorrhées secondaires. Elles sont secondaires à quelque chose qui n'est pas normale. La grande maladie responsable est l'endométriose. Ainsi, les jeunes filles qui ont une endométriose présentent alors une dysménorrhée dite secondaire. Toutefois, comme elles ont16 ans, on ne va pas investiguer et faire le diagnostic.
L'autre cas est celui d'une femme ayant tellement mal qu'on entreprend des investigations, comme une coelioscopie, laquelle mène au diagnostic d'une endométriose. Dès lors qu'elle est traitée, la personne n'a, en principe, plus mal. Rappelons la définition d'une endométriose : ce sont des petits bouts de muqueuse utérine qui se trouvent à des endroits où ils ne devraient pas être, comme sur les ovaires, les trompes ou les ligaments qui attachent l'utérus aux structures avoisinantes. A chaque règle, ces petits morceaux de muqueuse se mettent à saigner, dans le ventre, ce qui fait extrêmement mal. A noter que c'est aussi une cause de stérilité. Ainsi l'endométriose se découvre plus souvent chez les femmes plus âgées, parfois chez une femme qui a mal pendant les règles, mais aussi pendant les rapports (elle a mal dans le fond du ventre) et qui n'arrive pas à avoir de bébé. L'endométriose est diagnostiquée par coelioscopie. Idéalement, une fois traitée, la femme n'a plus mal durant ses règles, ni pendant les rapports et peut être enceinte. Il existe également beaucoup de douleurs de règle qui reviennent vers 45-50 ans. La plupart du temps, on retrouve une forme spécifique de l'endométriose qui s'appelle l'adénomyose. C'est la colonisation du muscle de l'utérus par l'endométriose. Lorsque les règles arrivent, ça fait mal. Cette adénomyose est donc une cause fréquente de douleurs de règles secondaires chez les femmes de 40 à 50 ans, avant la ménopause.
Quelques conseils pour atténuer la douleur ?
- Prendre un bain ou une douche chaude.
- Placer une bouillote ou un coussin chauffant sur le bas ventre ou la partie inférieure du dos.
- Une activité physique comme la marche rapide pour activer la circulation au niveau de l’abdomen. En effet, marcher d’une bonne allure durant une vingtaine de minutes, avant ou pendant que la douleur se manifeste, est donc vivement conseillé.
- Se détendre et éviter les situations stressantes lorsque les règles approchent.
Si la douleur et les contractions utérines persistent, n’hésite pas à contacter mon secrétaire pour prendre rendez vous. Un traitement adapté et s’assurera qu’elles n’ont pas une autre cause.
Des anti-inflammatoires ou des antispasmodiques permettront à certaines de soulager leurs symptômes, mais d’autres jeunes femmes auront besoin de médicaments plus forts.
Par Serigne Lamine Bara Fall