Depuis longtemps, le centre de rétention administrative (CRA) de Mayotte est la bête noire des défenseurs des droits de l'homme. Cette ...
Depuis longtemps, le centre de rétention administrative (CRA) de Mayotte est la bête noire des défenseurs des droits de l'homme. Cette ancienne caserne de pompiers abritée derrière de hauts murs est le lieu où défilent, chaque année, les 20 000 migrants renvoyés inlassablement dans les autres Iles par les autorités françaises. Le hasard veut qu'il se situe juste à côté d'un village dénommé Labattoir.
Kamina MBeo Mwali, 27 ans, a quitté le Nord-Kivu au Congo, en 2008. Elle attend toujours la décision de la Cour nationale du droit d'asile. | Adrien MATTON pour "Le Monde" |
Le centre est interdit à la presse depuis des années. Le Monde a obtenu exceptionnellement l'autorisation d'y rentrer lors de la visite du Défenseur des droits, Dominique Baudis.
Le CRA est aujourd'hui plus "présentable" : des travaux de
réhabilitation y sont en cours. Jusque-là, les seules images qui avaient
filtré de l'intérieur étaient celles de migrants entassés dans une
pièce, dormant à même le sol sous la chaleur d'un toit en tôle.
Une vingtaine de Comoriens – dont des femmes et des enfants –
allaient et venaient dans le centre. D'autres faisaient la queue pour utiliser la cabine téléphonique du couloir. "La cabine la plus appelée de Mayotte", commentait
un responsable policier. Jusqu'en 2008, les migrants étaient nourris
dans une grande gamelle collective. Un réfectoire est aujourd'hui en
construction. Les travaux, qui comportent aussi une cour de promenade,
devaient être achevés ces jours-ci.
Les normes du CRA de Mayotte, même après ces travaux d'un montant de 500 000 euros, devraient néanmoins rester
très en deçà de celles de métropole. Même si le ministère de
l'intérieur a annoncé, le 11 décembre, que la capacité maximale
d'accueil allait être ramenée de 140 à 100 places. Un nouveau CRA est
donc en projet pour 2015. D'une capacité de 140 places, il comprendra
des unités de 12 à 40 personnes.
UNE FEMME, EXPULSÉE "À 17 REPRISES"
Les locaux refaits, la logique des expulsions massives ne devrait pas changer.
Alors qu'en métropole, les migrants séjournent en moyenne huit jours en
rétention, à Mayotte, ils y passent rarement plus de vingt-quatre
heures. Lors de notre visite, 180 personnes avaient été interpellées
dans la nuit. En début d'après-midi, plus de 100 avaient déjà été
renvoyées dans les autres iles des Comores.
Le travail des officiers de la police aux frontières (PAF) consiste à trouver
rapidement des places sur les bateaux et avions reliant Mayotte aux autres Iles . Un trajet de cinq heures en bateau et de vingt à trente minutes
en avion. Le record du CRA appartient à une femme, expulsée "à 17 reprises", ont expliqué les policiers à M. Baudis.
Ce contexte a poussé l'administration à adopter
des pratiques contestées par les défenseurs des droits des étrangers.
Notamment vis-à-vis des enfants mineurs, en principe non expulsables
s'ils ne sont pas accompagnés. Pour pouvoir malgré tout les éloigner, on leur attribue parfois un adulte "référent" même si celui-ci n'est pas un de leurs parents.
Par Elise Vincent - Mayotte, Envoyée spéciale
Résumé d'un article du journal français lemonde.fr
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