Allocution du Vice-président Chargé du Ministère de la Production, de l'Environnement, de l'Energie, de l'Industrie et de l...
Allocution du Vice-président Chargé du Ministère de la Production, de l'Environnement, de l'Energie, de l'Industrie et de l'Artisanat à l'occasion de la Journée Mondiale de l'Alimentation.
16 octobre 2012
Excellences :
Messieurs les vice-présidents ; Messieurs les Ministres, Monsieur le Gouverneur de l'île Autonome d'Anjouan Messieurs les élus, Mesdames et Messieurs les membres du Corps diplomatique Mesdames et Messieurs les Représentants des Organismes internationaux Honorable assistance ;
C'est pour moi un réel plaisir de me joindre à cette auguste assemblée que vous constituez, pour emboiter le pas au reste du monde entier et célébrer ensemble, la trente deuxième Journée mondiale de l'alimentation.
Je saisis ainsi cette grande opportunité pour vous souhaiter la bienvenue et vous remercier encore tous, de l'intérêt que vous avez bien voulu accorder à cet évènement qui est pour nous, mais également pour le monde entier, d'une importance majeure.
Je saisis également la même opportunité pour adresser ma gratitude à l'endroit des autorités de l'île d'Anjouan ainsi que de la population de la localité de Jimlimé pour l'accueil si chaleureux et la grande hospitalité dont ils ont fait montre à notre égard.
Honorable assistance ;
Il est de coutume qu'à chaque année et à de pareils moments, le Gouvernement de l'Union des Comores et plus particulièrement le Ministère de la production à ma charge, se mobilise et vous mobilise également, pour célébrer la journée mondiale de l'alimentation. Il ne s'agit pas, dois-je le souligner, d'un simple rituel ayant pour vocation d'amuser la galerie, mais plutôt d'un moment fort et insigne, sensé nous interpeller, nous tous, sans restriction et de manière constante et assidue, des responsabilités qui sont et demeurent les notre, par rapport à l'éradication de la faim et de la pauvreté.
C'est aussi un moment d'évaluation et d'appréciation des efforts consentis par tout un chacun en vue de faire disparaitre la faim de notre vivant.
Enfin c'est un moment de recadrage car, à la lumière de ce qui ressortira comme analyse et constat, il nous faudra améliorer nos projections ainsi que l'efficience des moyens que nous pensons mettre à profit pour une meilleure atteinte de nos objectifs.
Honorable assistance ;
Cette année, le choix du lieu de célébration a porté sur la localité de Jimlimé ; il ne s'agit pas d'un choix fortuit mais plutôt d'un choix délibéré qui admet comme finalité, entre autre, la volonté d'extérioriser les nombreuses potentialités que cette localité renferme, en vue de pouvoir sensibiliser tous les acteurs ainsi que touts les partenaires sur la nécessité de les capitaliser pour répondre aux attentes des communautés en matière de sécurité alimentaire et de réduction de la pauvreté.
C'est pourquoi, je salue très sincèrement, la clairvoyance dont a fait preuve l'un de nos partenaires les plus distinctifs, l'Agence française de développement, lorsque, à travers le projet de renforcement et de diversification des filières agricoles (PREDIVAC), elle a consenti d'accorder une attention toute particulière à la localité de Jimilmé. Une des actions phares développées en faveur de cette localité par le PREDIVAC est son désenclavement, lequel demeure une composante majeure de la sécurité alimentaire.
Honorable assistance ;
La situation alimentaire au plan mondial devient de plus en plus gravissime ; lorsque je vois à la télévision, presque tous les jours, les images des milliers de personnes déplacées, sans abris, des tonnes et des tonnes de terres détruites et emportées, des villages entièrement inondés et engloutis, des cheptels éradiqués par les sécheresses prolongées et les épizooties redoutables, je me demande si réellement on a une marge de manœuvre.
La faim dans le monde, honorable assistance, touche en effet plus d'un milliard d'individus, soit un sixième de l'humanité. Autrement dit, plus d'une personne sur six dans le monde, éprouve d'énormes difficultés à trouver de quoi satisfaire ses besoins nutritionnels élémentaires.
Les études récentes publiées par l'Institut International de Recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI), indiquent une avancée de la faim à des proportions inquiétantes dans près de 130 pays à travers le monde. Les mêmes études indiquent également que sur 122 pays en développement étudiés, la faim atteint des niveaux alarmants dans 25 pays, c'est-à-dire que par rapport à l'indice de la faim, mesuré sur une échelle de zéro à cent (0 à 100), ces pays en question se trouvent au niveau 20 de l'échelle.
Ces informations doivent nous interpeller, tous : Gouvernement, Communauté internationale et Société civile, pour plus de vigilance, de conviction et de détermination, car, elles démontrent clairement que la tache est immense. Elle est d'autant plus immense, qu'aux facteurs et causes naturelles de dégradation de la situation alimentaire mondiale, vient se greffer un mélange dangereux constitué par le ralentissement de l'économie mondiale et la flambée des prix des denrées alimentaires et qui fait encore sombrer dans la faim et la pauvreté chronique, des centaines de millions de personnes.
Honorable assistance ;
Notre pays, l'Union des Comores n'est certainement pas en reste par rapport à ce fléau de la faim, même si souvent, l'apparence constitue à tort et pour la plupart des compatriotes, le principal indicateur de mesure de notre bien être.
En effet, selon le classement de l'IFPRI (Institut international de recherche sur les politiques alimentaires), l'Union des Comores est classé parmi les pays à « situation alarmante » sur le plan de la faim, c'est-à-dire encore que notre pays est situé au niveau 20 de l'échelle. Ces données sont effectivement corroborées par les résultats de l'évaluation de la mise en œuvre de notre politique et stratégie de développement agricole, réalisé avec l'appui de la FAO en 2001, mais également par les études récentes réalisées en milieu rural avec l'appui du FIDA. Ces dernières ont indiqué de manière ahurissante, que la pauvreté en milieu rural gagne de plus en plus de terrain et que la proportion des individus vivant en dessous du seuil de pauvreté c'est-à-dire avec moins de 500 FC par jour, atteint les 40%.
Il ne pouvait en être autrement, lorsqu'au-delà de la crise économique qui secoue de plein fouet notre pays, de sa vulnérabilité aux catastrophes naturelles et aux changements climatiques, nous assistons ces dix dernières années à un véritable effondrement des conditions de travail des communautés rurales et paysannes.
Je vous demanderais, pour plus d'illustration, de bien vouloir m'accorder un petit moment d'attention, pour suivre avec moi les conclusions ci-après relatives aux études en milieu rural, réalisées en 2009 avec l'appui du FIDA, dans le cadre du Programme national de développement humain durable (PNDHD). Les conclusions disent ceci : « Tout fait défaut au niveau des villages : pas d'engrais, pas de semences, encore moins les produits phytosanitaires et les outils de travail et leur coût exorbitant est souvent rédhibitoire, bref tout un système d'approvisionnement en plein déconfiture. Le crédit est rare, voire même impossible et l'organisation paysanne en plein déliquescence. Le capital productif n'est pas en reste. Les forêts son démantelées et les terrains abusivement exploités, sans réel possibilité de restauration. Les infrastructures économiques sont aussi restreintes et limitées et leur insuffisance est sérieusement ressentie dans les zones ».
Voilà la situation réelle de notre pays telle qu'elle est photographiée par les experts, et telle qu'elle est vécue par nous tous, dans nos villages, nos zones et nos régions respectives. Vous conviendrez bien avec moi qu'une telle situation ne peut qu'engendrer des effets néfastes sur tous les plans, en particulier, la sécurité alimentaire dont la tendance actuelle et globale n'est plus du tout satisfaisante.
Honorable assistance ;
Si je me déploie pour vous présenter ce tableau sombre qui semble caractériser notre pays, en matière de sécurité alimentaire, c'est d'abord dans un souci de transparence. Ce n'est donc pas dans le but de vous effarer, encore moins de dissimuler les nombreux efforts fournis par l'Etat à travers les gouvernements successifs qui se sont succédé depuis notre indépendance, jusqu'à nos jours, en vue d'améliorer les conditions de vie des populations en luttant contre la pauvreté.
En effet, je reconnais volontiers et acquiesce que beaucoup a été fait mais que beaucoup reste encore à faire.
Sur le plan institutionnel, des efforts inlassables ont été déployés pour mettre en place un cadre de planification cohérent, qui constitue un socle majeur pour la planification des actions de développement. Ce cadre de planification comprend des documents de politique générale, des documents de stratégie, un cadre législatif et des documents opérationnels tels que les plans d'actions et autres. Il demeure encore et pour l'instant, la principale référence pour l'élaboration du cadre de planification nationale ainsi que pour l'élaboration des stratégies pays par les différents partenaires. Sans ce cadre de planification, l'on naviguerait à vue avec les conséquences fâcheuses que cela pourrait engendrer.
Sur le plan opérationnel, d'importants projets et programmes de développement ont été négociés et exécutés avec l'appui des partenaires bilatéraux et multilatéraux. Ces projets et programmes ont permis plus particulièrement, aux communautés paysannes, d'acquérir des connaissances théoriques et pratiques, et de pouvoir maîtriser les technologies et techniques nouvelles d'amélioration des productions agricoles et de pêche.
Les impacts sont bien visibles, car s'agissant du secteur de la pêche, notre pays produit plus de 90% de ses besoins en ressources halieutiques.
S'agissant du secteur agricole et de l'élevage, l'approche filière adoptée a favorisé l'épanouissement de certaines filières porteuses à travers une meilleure extériorisation de leurs potentialités respectives qu'elles sont sensées renfermées. Il en a résulté, une nette augmentation des volumes des productions agricoles et par conséquent des revenus.
Je saisis donc cette opportunité pour rendre un hommage vibrant à l'ensemble de nos partenaires, ici présents ou absents, pour l'accompagnement sans détour qu'ils ont bien voulu nous apporter dans notre combat acharné contre la faim et la pauvreté.
Honorable assistance ;
Comme j'ai eu à l'élucider précédemment, les nombreux efforts fournis dans notre pays, ainsi que les impacts qu'ils ont engendrés par rapport à la réduction de la pauvreté et à l'amélioration de la sécurité alimentaire, ont commencé à s'effriter depuis un certain temps.
Conscient de cette situation accablante, le Chef de l'Etat, le Dr Iklilou Dhoinine dès son investiture à la magistrature suprême, a rapidement eu la sagesse de la récupérer, en faisant de la lutte contre la pauvreté et l'amélioration de la sécurité alimentaire des comoriens, son cheval de bataille.
Dans la lettre de mission qu'il a bien voulu m'adresser, le Chef de l'Etat me donne des instructions fermes, claires et sans ambages, pour que toutes les dispositions soient prises durant tout son mandat, afin que le secteur agricole et de développement rural constitue d'une manière générale, le principal fer de lance de notre économie.
Que le Chef de l'Etat, le Dr Iklilou Dhoinine, trouve ici, l'expression de ma reconnaissance et de ma gratitude, pour l'engagement sans faille, la disponibilité sans limite, l'esprit d'ouverture, la capacité d'écoute et la sensibilité profonde dont il a toujours fait montre toutes les fois que j'ai sollicité ses services pour l'accomplissement de la mission qu'il a bien voulu me confier.
Grâce à cet accompagnement, mon département a franchi des pas géants et en un temps record, en matière de sécurité alimentaire, tant sur le plan institutionnel, que sur le plan administratif et technique.
En effet, les actions que nous sommes en train de développer pour appuyer la sécurité alimentaire des populations sont multiples et variées ; elles concernent essentiellement :
Sur le plan technique : La mise en œuvre des programmes de développement des filières spécifiques telles que i) l'arboriculture fruitière à travers la mise en place d'un réseau de multiplication et de distribution de plans fruitiers et la création de vergers à l'échelle national, ii) l'aviculture à travers la création d'une usine de production de provende, iii) la sécurisation des approvisionnements en intrants agricoles, iv) le développement de la pêche semi-industrielle, v) la multiplication des pôles laitiers et vi) le développement des chaines de valeur par le développement des activités de transformations des produits agricoles
Sur le plan institutionnel et administratif : La mise en place de fonds spécifiques de développement sectoriel, tel que le fonds pour le développement de l'élevage
L'exonération totale des intrants agricoles et de pêche de toutes taxes douanières
La restructuration profonde du monde paysan pour une meilleure appréhension et appropriation des problématiques de développement
La liste n'est plus exhaustive mais illustre combien nous avons pris à bras le corps la problématique de la sécurité alimentaire et combien aussi nous nous sommes conformés aux instructions du Chef de l'Etat.
Honorable assistance ;
Il est de coutume qu'à chaque pareil évènement, la FAO propose un thème d'animation et de célébration aux pays membres, lequel, peut être aussi un thème d'action. Le thème de cette année est : « les coopératives agricoles nourrissent le monde ».
A travers ce thème, la FAO entend nous sensibiliser sur le rôle moteur et de locomotive que les coopératives doivent désormais jouer dans nos pays pour promouvoir la sécurité alimentaire et éradiquer la faim. Il s'agit en fait, de nous éclairer aussi sur les meilleures stratégies d'intervention, capables de nous fournir des réponses rapides et efficaces à nos préoccupations en matière de sécurité alimentaire et de réduction de la pauvreté.
Il ne pourrait en être autrement car, l'impact des coopératives à travers le monde entier, sur le développement socioéconomique des pays et des communautés est considérable.
En effet, les données disponibles sur les coopératives indiquent qu'elles génèrent plus de 100 millions d'emplois dans le monde, soit 20% de plus que les entreprises multinationales, elles ont produit en 2008 un chiffre d'affaires cumulé correspondant au PIB du Canada, et renferment plus d'un milliard de membres.
Les données disponibles par pays, indiquent que pour un pays comme le Kenya, la part de marché des coopératives est de 70% pour le café, 76% pour les produits laitiers et 95% pour le coton.
Aux Etats Unis les coopératives laitières contrôlent 80% de la production laitière et en Colombie, elles contribuent au Fonds national pour le café, lequel finance des activités de recherche et de vulgarisation.
En 2005, la coopérative laitière indienne qui compte environ 12 millions de membres représentait 22% de la production laitière de l'Inde.
Ces données rendent compte de manière tangible, de l'ampleur que les coopératives prennent dans le monde ainsi que leur poids dans les économies nationales. Ce n'est donc pas fortuit si la FAO nous recommande de les utiliser comme levier, susceptible de donner plus d'essor et d'impulsion aux actions de développement que nous envisageons d'entreprendre et la proclamation de l'année 2012, « année internationale des coopératives » s'inscrit aussi dans cette logique.
Je me réjouis fortement de cette nouvelle orientation, car depuis ma prise de fonction, j'en ai fait de la restructuration du monde paysan une des mes priorités. Des actions concrètes sont ainsi enclenchées, et ont concerné la réalisation d'un diagnostic structurel et fonctionnel des organisations professionnelles existantes, lequel diagnostic devait déboucher sur la formulation de propositions de restructuration et de projet de textes législatifs susceptibles de régir l'existence et le fonctionnement de ces organisations. Les objectifs que je me suis fixés sont atteints car, à l'heure où je vous parle, un projet de loi sur les organisations professionnelles, recentré sur les coopératives est prêt pour soumission au vote par l'assemblée.
Ce n'est pas pour dire que nous sommes en avance, mais plutôt confirmer encore notre conviction ferme et intime, sur le rôle central des coopératives dans la structuration du monde rural en général et le développement de l'activité économique nationale.
Honorable assistance ;
A la lumière des convictions que j'ai eu à vous présenter, permettez-moi de formuler un vœu, celui de voir tous les acteurs et partenaires se liguer pour le seul objectif d'éradiquer la pauvreté et la faim dans notre pays.
Oui, j'ai raison de formuler ce vœu, car les défis sont encore majeurs et les enjeux, de taille. Le tableau sombre que je vous ai décrit tout à l'heure, nous exige à conduire des actions efficientes de manière, cohérente, concertée, avec le maximum de synergie, pour plus d'impact et de lisibilité.
Nous devons donc nous acharner tous, contre tous les goulots qui nous empêchent d'évoluer et d'atteindre nos objectifs de réduction de la pauvreté et d'éradication de la faim. J'avoue que ces goulots sont nombreux, parfois même, redoutables pour certains. Ce sont donc essentiellement : le manque de semences, d'engrais, des ressources financières pour investir ou de crédit, de technologie adaptée, de marchés, d'infrastructures mais aussi la sécurisation foncière.
Cette dernière me semble le plus redoutable des goulots car elle constitue une source impitoyable de déstabilisation de l'activité agricole. Ses conséquences sont aussi nombreuses et fâcheuses. L'expérience que nous vivons montre que l'insécurité foncière peut entraîner des conflits humains susceptibles d'atteindre leur vie, annihile tout effort d'investissement ou d'exploitation, limite ou bloque l'accès au crédit, conduit à une surexploitation du capital productif et j'en passe.
C'est pourquoi, je demanderais au Gouvernement, d'examiner ce cas avec la minutie requise et plus de vigilance car, sans plus de détermination à en finir avec les complaisances et la peur de toucher à des sensibilités irrationnelles, on ne pourra jamais s'en sortir.
L'idéal pour moi, serait d'adopter pendant une période donnée à déterminer, une politique incitative d'enregistrement des biens immobiliers afin de garantir à tout un chacun la propriété des biens immobiliers dont il prétend disposer et encourager l'accès au crédit d'investissement.
Je finirais mon propos par un appel pressant, que j'adresserais à nos augustes partenaires, pour leur demander de bien vouloir manifester plus d'engagement et de volonté mais aussi et surtout de complémentarité et de synergie, dans leur accompagnement et leur soutien à notre combat contre la pauvreté et l'insécurité alimentaire.
Je formulerais aussi un plaidoyer pour un assouplissement des procédures de préparation et d'exécution des programmes de développement car les complications et obstacles que celles-ci renferment ne font qu'entretenir une dichotomie entre les actions de développement et les besoins qu'elles sont sensées répondre, tel un repas pour lequel, le feu est allumé dans un coin et la marmite dans un autre coin opposé, vous conviendrez bien avec moi que ce repas ne verra jamais le jour.
Et c'est par cette illustration, que je clos mon propose, je vous remercie de votre attention.
Vive les Comores dans l'unité Vive la coopération internationale. Beit salam
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