Un internaute breton avait créé la panique dans l'établissement bancaire français après avoir pénétré son système informatique par in...
Un internaute breton avait créé la panique dans l'établissement bancaire français après avoir pénétré son système informatique par inadvertance. Il a été relaxé après deux ans d'enquête et de procédures judiciaires.
Poursuivi pour être entré avec une facilité déconcertante dans un service informatique de la Banque de France, un internaute breton a été relaxé par le tribunal correctionnel de Rennes (Ille-et-Vilaine), les magistrats ayant relevé «l'absence d'élément intentionnel», a rapporté jeudi son avocate. Cette intrusion avait déclenché une enquête internationale et révélé la fragilité des mesures de sécurité des réseaux de l'institution.
«En 2008, mon client, alors au chômage, tentait de contourner les numéros surtaxés en utilisant Skype», un logiciel permettant de passer des communications téléphoniques via internet, a expliqué à Sipa Me Hélène Laudic-Baron. «En tapant un numéro au hasard, puis en composant tout simplement le code 1, 2, 3, 4, 5, 6, il est entré très facilement dans le service de surendettement de la Banque de France, sans même savoir où il était puisqu'aucun message lui indiquait où il était».
Deux ans d'enquête
Le service est bloqué 48h et cette intrusion va être à l'origine de deux ans d'une enquête «hallucinante», selon l'avocate, avant que les spécialistes en cybercriminalité de la police judiciaire française retrouvent la trace de l'internaute habitant Fougères (Ille-et-Vilaine). L'homme, aujourd'hui âgé de 37 ans, avait pourtant indiqué sa véritable adresse en s'inscrivant sur Skype.
«Le problème est que cette société a son siège au Luxembourg et il a fallu la délivrance de commissions rogatoires internationales pour retrouver sa trace. Un jour de 2010, mon client a vu des policiers parisiens arriver chez lui. Il a été placé en garde à vue et m'a expliqué que les fonctionnaires lui avaient mis une forte pression jusqu'à ce qu'ils découvrent qu'il n'y avait chez lui ni serveur, ni matériel sophistiqué, mais un simple ordinateur de mauvaise qualité et que le code secret se résumait à la suite 1-2-3-4-5-6, l'inverse (6-5-4-3-2-1) fonctionnant également», raconte Me Laudic-Baron.
La justice avait décidé de poursuivre l'internaute pour introduction frauduleuse et entrave au fonctionnement du service. A l'audience, mercredi, le ministère public avait requis la relaxe sur le deuxième point, mais l'équivalent de 70 euros de travaux d'intérêt général (TIG) pour le premier chef de mise en examen. Le tribunal ne l'a pas suivi.
En septembre, le «Canard enchaîné» avait révélé la fragilité de la sécurisation de plusieurs sites ministériels. (ap)