Dans un contexte d'agitations diplomatiques entre l'Equateur et le Royaume-Uni, Julian Assange a effectué, dimanche 19 août, sa prem...
Dans un contexte d'agitations diplomatiques entre l'Equateur et le Royaume-Uni, Julian Assange a effectué, dimanche 19 août, sa première apparition publique depuis qu'il s'est retranché à l'ambassade équatorienne à Londres, le 19 juin.
Son discours, d'une dizaine de minutes, au balcon de l'ambassade équatorienne, a commencé peu après 15 heures. Julian Assange y a notamment remercié tous ceux qui l'ont aidé pour éviter son extradition vers la Suède, et notamment l'Equateur.
"WikiLeaks est sous le coup de menaces, tout comme la liberté d'expression et la santé de l'ensemble de nos sociétés. Les Etats-Unis doivent renoncer à la chasse aux sorcières lancée contre WikiLeaks", a-t-il également déclaré (voir la vidéo de son discours en anglais ci-dessous).
ÉVITER L'ARRESTATION BRITANNIQUE
La question de cette apparition publique était notamment de savoir comment Julian Assange pourrait sortir sans être aussitôt arrêté par la police, qui cerne l'ambassade équatorienne, où il bénéficie de l'asile diplomatique depuis le jeudi 16 août.
Retranché depuis le 19 juin, le fondateur de WikiLeaks ne pouvait même pas prendre le risque de mettre les pieds dans les parties communes de l'immeuble où l'ambassade n'occupe qu'un appartement : ces parties communes sont considérées comme "territoire britannique" par le Foreign Office.
Cette intervention publique de Julian Assange risque de compliquer encore un peu plus le casse-tête diplomatique provoqué par son asile displomatique.
La décision de l'Equateur d'accepter la demande du cofondateur de WikiLeaks est allée à l'encontre des décisions des autorités du Royaume-Uni : malgré les recours de Julian Assange, la Cour suprême britannique avait laissé le champ libre, en juin, pour son extradition vers la Suède, où il est réclamé par la justice.
Cette dernière souhaite l'interroger sur le viol et l'agression sexuelle de deux jeunes femmes qu'il nie avoir commis. Mais Julian Assange redoute que son extradition vers la Suède soit le préalable à une extradition vers les Etats-Unis, où il devrait potentiellement répondre d'espionnage pour avoir publié sur son site des centaines de milliers de documents confidentiels américains.
Des messages laissés par des militants pro-Assange devant l'ambassade de l'Equateur à Londres.
"DE GRAVES CONSÉQUENCES DANS LE MONDE ENTIER"
Alors que, depuis le 16 août, les relations diplomatiques entre les autorités britanniques et l'Equateur sont pour le moins tendues, le pays a reçu un puissant soutien de ses amis de l'Alliance bolivarienne pour les Amériques (ALBA), à l'issue d'un sommet d'urgence convoqué samedi soir à Guayaquil, dans l'ouest de l'Equateur.
Les ministres des affaires étrangères du bloc ALBA, qui comprend notamment le Venezuela, Cuba et le Nicaragua, ont averti le gouvernement britannique que l'entrée de la police dans l'ambassade équatorienne à Londres pour y arrêter Julian Assange aurait "de graves conséquences dans le monde entier".
"Nous refusons les menaces intimidatrices proférées par les porte-parole du gouvernement du Royaume-Uni parce qu'elles violent les principes de souveraineté et l'intégrité territoriale des nations", selon leur déclaration commune.
"Les menaces proférées par le gouvernement du Royaume-Uni, qui supposent la possibilité d'une entrée indue dans le siège diplomatique de l'Equateur à Londres pour arrêter Julian Assange, constituent des actes d'intimidation attentatoires à l'intégrité territoriale de la République de l'Equateur", ont réagi les ministres de l'ALBA dans un communiqué.
"MENACES GROSSIÈRES"
Le président équatorien, Rafael Correa, avait également dénoncé samedi les "menaces grossières" de la Grande-Bretagne. "Jamais, au moins tant que je serai président, l'Equateur n'acceptera des menaces comme celles que la Grande-Bretagne a proférées cette semaine de manière totalement grossière, manquant d'égards et inacceptable", avait déclaré M. Correa.
Le président équatorien Rafel Correa.
Londres a pourtant assuré jeudi au plus haut niveau qu'il n'était pas question d'une intrusion dans l'ambassade. "Il n'y a dans cette affaire aucune menace d'un assaut de l'ambassade", a déclaré le ministre britannique des affaires étrangères William Hague, soulignant au contraire que le dénouement du cas Assange pourrait prendre "un temps considérable".
Les Equatoriens "ont déformé nos propos", a déclaré à l'AFP un responsable britannique. Mais, pour Quito, qui affirme avoir reçu un document écrit évoquant la possibilité d'une intrusion, la menace persiste puisque, selon le chef de la diplomatie équatorienne Ricardo Patino, "il n'y a pas eu un autre document désavouant le premier document, ou des excuses pour la menace proférée".
TRACTATIONS AVEC LES ÉTATS-UNIS, LA SUÈDE ET L'AUSTRALIE
Après la réunion de l'ALBA, l'Equateur a convoqué les ministres des affaires étrangères de l'Union des nations sud-américaines (Unasur) dimanche à Guayaquil pour faire un point sur la situation tandis que l'organisation des Etats américains (OEA) a annoncé qu'elle convoquerait une réunion le 24 août à Washington de ses ministres des affaires étrangères.
Les Etats-Unis, qui ont dit rejeter la notion d'asile diplomatique invoquée par l'Equateur, et le Canada, ont voté contre cette réunion. Quito a annoncé aussi envisager de saisir la Cour internationale de justice de La Haye pour contraindre la Grande-Bretagne à délivrer un sauf-conduit à M. Assange.
Le ton est enfin monté entre la Suède et l'Equateur, dont le ministre Ricardo Patino avait émis l'idée jeudi que Stockholm pourrait ne pas respecter les droits de défense de M. Assange. "C'est inacceptable", a commenté le premier ministre suédois Fredrick Reinfeldt.
Le ministre du commerce australien, Craig Emerson, a de son côté indiqué que l'ambassade australienne à Washington s'était "préparée à la possibilité d'une extradition" de M. Assange, avant de nuancer ses propos en remarquant qu'il est naturel que les diplomates se préparent à toutes les situations. "Il n'y a aucune preuve d'une telle démarche pour le moment", a-t-il assuré.
Source : Journal le Monde
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