Dans notre pays, la structure principale du gouvernement qui lutte contre la corruption est la commission anti-corruption nouvellement mise ...
Dans notre pays, la structure principale du gouvernement qui lutte contre la corruption est la commission anti-corruption nouvellement mise en place. Plus de ressources doivent être mises à la disposition de cette commission, si le mal de corruption doit être éradiqué du pays. L'insuffisance de ressources humaines et de financement de la dite commission mettra en échec tous les efforts pour la lutte contre la corruption aux Comores.
Il n’est peut être pas vrai de penser que les Comores est l'un des pays les plus corrompus du monde, parce que Transparency International, qui est l’agence de production de ces rapports utilise la perception plutôt que des preuves concrètes. Et puisque ce sont des perceptions, les efforts accrus pour lutter contre la corruption peuvent être confondus aux incidences accrues de la corruption.
À l'heure actuelle, par exemple, tous les gens parlent de la corruption, tous les « talk-shows » radio, la presse écrite, parlent de la corruption et pourtant ce n'était pas le cas auparavant. Toutefois, parler de la corruption et améliorer les moyens de la combattre ne signifie pas nécessairement augmentation réelle de la corruption dans le pays. Il est difficile de décrire le niveau de corruption dans notre pays parce que nous devons encore développer un outil qui peut évaluer le niveau exact de corruption. Pour notre pays, les cas enregistrés pourraient concerner des particuliers, des personnalités publiques et privées, des cas qui dépendent tous de la perception. Il est difficile de confirmer si la corruption est croissante ou décroissante si vous utilisez un tel système. Cependant, il devrait y avoir un système qui nous aide à développer un mécanisme de suivi des données que nous pouvons utiliser pour générer des rapports sur la corruption en utilisant des indicateurs constants afin que nous puissions suivre les tendances de la corruption et pouvoir évaluer si elle est croissante ou décroissante.
Il devrait y avoir un moyen d'identifier les institutions les plus corrompues aux Comores en s’adressant aux gens qui ont été directement confrontés à la corruption. On devrait leur demander qui a été le sujet principal et c'est ainsi que nous pouvons déterminer en s'appuyant sur les institutions les plus mentionnées. Les zones qui devraient être couverts comprennent entre autres l'éducation, la santé, la justice, les forces de l’ordre (police et gendarmerie)… pour ne citer que ceux là.
Dans la plupart des pays de l'Europe, seulement le pot de vin est considéré comme corruption en vertu de la loi. Dans notre pays la situation peut être différente et c’est ainsi que nous devons avoir une loi anti-corruption. Par exemple, l'abus de pouvoir, la négligence des responsabilités, le détournement de fonds, le paiement direct de pot de vin, l'absence du travail, etc. peuvent tous être imputables devant la loi comme des cas de corruption. Et comme la loi anti-corruption du pays comporterait plusieurs tendances de corruption, cela augmenterait les chances qu'un cas soit signalé. Mais soyons prudent ! Une route peut par exemple être mal construite et conclure que l'ingénieur doit avoir « mangé » quelque chose, d'où le travail gâché. Alors qu’en réalité, il se peut que l'ingénieur était seulement paresseux ou incompétent et n’a pas effectué une surveillance adéquate et efficace des travaux routiers avant qu'il l'ait certifié. Or le sentiment général peut-être qu'il a dû prendre un pot de vin!
La corruption a un impact important sur la société. Il s'agit d'une préoccupation majeure aujourd'hui, à l’échelle internationale et locale. La corruption alimente d'autres crimes, par exemple l'abus de drogues, le blanchiment d'argent, le trafic d'armes, etc. Il est évident que pour une personne de circuler de la drogue, il doit avoir entrainé une autre personne dans une tendance de corruption. Faire diversion des ressources nationales qui sont destinés à des travaux de développement ou à l’intérêt national conduit à la misère parmi la population, car cette diversion affecte la prestation de services ou le bien être des citoyens. La corruption entraine aussi aux conflits. Par exemple, les conflits dans le monde arabe ont été causés par la corruption perçue du côté des dirigeants. C'est pourquoi nous devons nous concentrer et lutter contre ce mal.
Nous avons eu plusieurs cas de corruption signalés au cours des années précédentes, avant la mise en place de la commission anti-corruption et même après. Mais nous n'avons jamais eu un cas d’enquête ou de poursuites, autre que le cas « Rifki » qui laisse beaucoup de zones d’ombres! Un système permettant aux gens de dénoncer ceux qui sont engagés dans cette pratique devrait être créé, ce qui permettra à davantage de cas déclarés.
Le bureau de la commission devrait être indépendant de sorte qu'aucune intervention directe ne puisse avoir lieu. Les enquêteurs devaient être avertis que dans les cas où les sujets d'enquêtes seront des politiciens, ces cas seront confrontés au risque d'être politisés. Ces sujets d'enquêtes affirmeront publiquement qu'ils sont poursuivis pour des raisons politiques!
Je pense aussi que tout le processus de réception des cas de corruption, les enquêtes et les mises en examens devraient être sélectives de nature. Avec le temps, plusieurs cas pourraient être reçus par rapport à ceux qui peuvent être enquêtés effectivement. Lorsque des cas sont retenus, ils doivent être classés par ordre de priorité par rapport à plusieurs paramètres. Par exemple, quel sera l'impact de l'affaire devant le public? Est-ce qu’il existe assez de preuves? Puis, en fonction des résultats des enquêtes, la commission décide s'il faut aller en justice ou non. Les gens ne devraient pas demander des fins de poursuites judiciaires simplement parce qu'ils considèrent les autres comme des voleurs, et pourtant ils ne peuvent pas sortir des preuves claires pour aider la commission ou la justice à le faire !
Pour aider la commission à bien faire son travail, les ressources humaines et financière ne devraient pas être faibles, car la corruption est répandue à travers le pays. Il faut leur donner les moyens de bien faire leur travail afin d'éviter une situation où un membre de la commission ne soit lui-même pas corrompu! Il devrait y avoir le siège et les bureaux régionaux à travers le pays (les îles). Les ressources humaines doivent être suffisamment formées pour traiter les enquêtes et le public devrait être enseigné à prendre la corruption au sérieux et ne pas attendre jusqu'à ce qu'elle les affecte directement.
Selon des évidences à travers le pays, la corruption est plus répandue dans les marchés, l'administration des dépenses et recettes publiques et dans la prestation des services publics. Notre pays perd plusieurs millions par an en raison de la corruption.
Mais quel est le niveau de la corruption dans notre pays? Voici un petit historique du classement de notre pays dans la corruption selon Transparency International.
En 2008 le pays est classé 134ème avec une moyenne de 2,5/10, en 2009 143ème avec une moyenne de 2,3, en 2010 154ème avec 2,1 et en 2011 143ème avec 2,4. C’est à dire que de 2008 à 2010 nous avons perdu 20 places et chuté de 0,4 point. Inversion de tendance en 2011 avec un gain de 11 places et 0,3 point. Si la progression continue nous pouvons espérer un 2,7 pour 2012, un 3,0 pour 2013 et un 3,5 en 2014. Un 4 en fin de mandat devrait pouvoir être atteint si la commission anti corruption arrive à prouver son existence.
Selon une étude réalisée par Transparency International au Kenya sur les pays d'Afrique de l’Est, le public omet de déclarer les personnes corrompues aux autorités. Selon cette étude, la probabilité de corrompre et que le cas ne soit pas signalé a chuté de 64% en 2008 à 56% en 2009 en Afrique de l’Est. En Tanzanie, seulement 8% des incidents de corruption ont été signalés en 2009, ce qui indique un manque de confiance du public auprès des institutions qui sont censées répondre à de telles plaintes.
Les principales raisons données pour ne pas signaler des cas de corruption étaient un manque de confiance qu’une action soit prise à l’encontre des corrupteurs, et la crainte de l'intimidation. Malgré les efforts déployés par les médias pour mettre en lumière des scandales de corruption dans notre pays le vice a continué à prendre son envol dans la société.
Je suis choqué quand j'entends des gens qui disent que si un fonctionnaire corrompu détourne de l'argent et l'utilise pour développer sa région c’est bien par rapport à celui qui prend égoïstement tout pour lui-même. Cet acte glorifie le corrompu! Pour les cas de la corruption généralisée, nous le public avons une part du blâme.
La motivation pour la corruption se manifeste entre autre auprès des dirigeants qui veulent se maintenir au pouvoir. Ils génèrent les ressources pour la conservation de soi à travers la corruption.
Des fois nous avons aussi une part de l’erreur car nous ne cessons de voter encore pour le retour des corrompus dans les affaires publics. Nous devrions éviter d'avoir des lois faibles contre la corruption.
Telles lois faibles découragent les dénonciateurs, qui craignent d'être victimes, contrairement aux parlementaires par exemple qui sont protégés contre toute poursuite pendant leur mandat. Un pays peut avoir les meilleurs programmes de développement, mais tout peut échouer à cause de la corruption entre autres facteurs.
Le Gouvernement peut essayer de lutter contre ce mal en arrêtant les personnes impliquées, mais tous ces efforts resteront vains si aucune somme détournée par les corrompus n’est récupérées.
Je pense qu’encourager la transparence dans toutes les affaires publiques pourrait sauver la nation de ce mal. Si toutes les personnes impliquées dans des scandales financiers sont punis, la corruption ne serait pas considérée familière ou un luxe dans notre société. Des mesures strictes sur les personnes impliquées dans des affaires de corruption doivent être prises. Des mesures telles que l’exigence à rembourser l'argent pour qu’il soit destiné à son utilisation légitime. Le gouvernement, les organisations de la société civile et le public doivent s’unir et combattre la corruption. Il est du devoir de chaque citoyen de lutter contre ce mal. N'y a t-il pas un article dans la constitution qui stipule cela ?
Auteur : Adinani Toahert Ahamada
Photo:comoresonline.net
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