Le candidat Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed veut tuer les Comores dans l’inflation. J’ai connu Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed à la suite de la publ...
Le candidat Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed veut tuer les Comores dans l’inflation.
J’ai connu Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed à la suite de la publication de son article «Pourquoi les Comores doivent quitter la zone franc CFA?» dans le n°1864 d’Al-Watwan du 7 décembre 2011, quand nous apprenions que les pays de la Zone franc, dont les Comores, s’acheminaient inexorablement vers une dévaluation de leurs monnaies nationales respectives, début janvier 2012. Dans son article, Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed soulève des questions intéressantes, et ses réponses sont tout aussi intéressantes, surtout dans la mesure où elles concernent notamment et surtout l’arrimage du franc comorien à l’euro, après la disparition du franc français, mais ses propositions sont porteuses d’incertitudes pour les Comores. Contestant les affirmations hâtives et imprudentes de Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed, je l’appelais le 7 décembre 2011 pour le lui faire savoir, et c’était notre premier contact. Avant, je n’avais jamais entendu parler de lui, et depuis, je n’ai pas cessé de lui dire que ses propositions portant sur la sortie des Comores de la Zone franc sont insensées et complètement folles. Si sa candidature à l’élection présidentielle de 2016 doit se baser sur des idées aussi saugrenues et farfelues, qu’il y renonce tout de suite parce que rien n’est plus grave que la politisation d’un problème technique, et il n’est pas certain que les Comoriens vont le suivre dans cette folle aventure sans lendemain.
Pourtant, le Président de Comores Alternatives, l’homme qui a annoncé sa candidature à l’élection présidentielle comorienne de 2016, depuis 2011 n’en démord pas. Il s’accroche à son idée comme un naufragé à une bouée de sauvetage. Il vient même de consacrer un livre (sous presses) au sujet, un livré préfacé par Mamadou Coulibaly, Professeur à l’Université d’Abidjan-Cocody, ancien ministre et ancien Président de l’Assemblée nationale de Côte-d’Ivoire, qui soutient à 100% les délires financiers et monétaires du «Président» Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed. Et comme si cela ne suffisait pas, voilà le même Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed sur les plateaux de Télésud ce jeudi 17 avril 2014 pour débiter sa petite litanie d’arguments pour la sortie des Comores de la Zone franc, estimant que la France «suce le sang des Comores». On voit les ultras qui, à Moroni, vont applaudir cette sortie, dans un pur réflexe pavlovien. On n’y peut rien.
Il est vrai que la faculté de battre monnaie est l’un des attributs les plus significatifs de la souveraineté nationale, et les Comores constituent un État souverain depuis le 6 juillet 1975. Il est également vrai qu’en leur qualité d’État souverain, les Comores ont le droit de gérer et contrôler l’intégralité de leur politique financière et monétaire, et partant, leur émission monétaire, la gestion de leurs devises, etc. À preuve, c’est dans un souci d’indépendance financière et monétaire que les 3 pays du Maghreb central (Algérie, Maroc et Tunisie) ont opté chacun, dès la décolonisation, pour la création d’une monnaie nationale totalement indépendante de celle de l’ancienne métropole, la France. Ils ont réussi à relever un défi important, et gèrent leurs systèmes financiers et monétaires avec professionnalisme et maestria. Cette réussite s’explique par l’ancienneté de l’État en Algérie, Tunisie (notamment par le biais du puissant Empire Ottoman, dont elles faisaient partie) et au Maroc (ex-Empire Chérifien, plusieurs fois séculaire), mais aussi et surtout par la maîtrise des circuits monétaires par les experts algériens, marocains et tunisiens.
Dans le cas des Comores, nous avons un État embryonnaire et une nation qui ne se recherche même pas. Nous n’avons aucune tradition étatique aux Comores avant le 6 juillet 1975, et les dizaines de sultanats antagoniques qui existaient sur les îles jusqu’au XIXème siècle n’avaient aucune tradition étatique, et encore moins une politique monétaire digne de ce nom. Ces petits sultanats rivaux spécialisés dans le pillage et bradage des îles relevaient plus de la chefferie traditionnelle africaine que d’un semblant d’État, et il avait fallu attendre l’indépendance pour assister à une sorte d’émergence d’un semblant d’État. Bien évidemment, les Comores ont quelques spécialistes de questions financières et monétaires, mais ceux-ci se comptent sur les doigts d’une main, et encore, en plus de l’handicap résultant de leur marginalisation au profit de comiques et autres clowns qui ne comprennent rien à rien dès qu’il s’agit de finances et de monnaie, mais qui dirigent tout de même le pays depuis des décennies, sous les applaudissements de leurs victimes. Le viol de la victime consentante…
De fait, le jour où les Comores auront la malencontreuse idée de sortir de la Zone franc, elles seront complètement laminées sur les plans économique, financier et monétaire car, en plus de perdre la convertibilité de leur monnaie, elles vont perdre également le contrôle total de celle-ci. Les Comores, incapables de payer le salaire des fonctionnaires, incapables de faire fonctionner le moindre service public, sont bien incapables de faire fonctionner un système financier et monétaire. Trop technique. Ce malheureux pays va se retrouver dans la situation financière et monétaire du Zimbabwe de l’inimitable Robert Gabriel Mugabe et du Zaïre de l’inégalable Mubutu Sese Seko, avec une inflation à 200.000%. En termes simples, cela signifie que le prix des marchandises va être multiplié par 200.000, comme au Zimbabwe et au Zaïre, notamment! Au Zaïre de Mobutu Sese Seko, il fallait 7.000.000 de zaïres pour un dollar des États-Unis, et il fallait la même somme pour l’achat d’un kilo de manioc. Pour sa part, Robert Gabriel Mugabe avait émis un billet de 100.000.000.000 de dollars du Zimbabwe (100 milliards de dollars), et quand ça allait mieux, il fallait 300.000 dollars du Zimbabwe pour 1 dollar des États-Unis. Dans ce même Zimbabwe, le rouleau de papier hygiénique coûtait 145.000 dollars locaux. En 2008, le taux d’inflation au Zimbabwe était de 2.200.000%!!! C’est ce que tout expert sérieux pourra prédire à la monnaie comorienne en cas de retrait de la zone franc. Au Zaïre de Mobutu, il fallait une brouette pour transporter les 7.000.000 de zaïres (l’équivalent d’un dollar des États-Unis) nécessaires à l’achat d’un pain, et ce, jusqu’à l’émission de billets sans valeur, mais libellés en millions (5.000.000 de nouveaux Zaïres!) et affreusement surnommés «Prostate», à un moment où Mobutu Sese Seko mourait lentement d’un cancer de la prostate. Quelle cruauté! Quelle inhumanité!
N’oublions pas qu’aux Comores, sous le Président Ahmed Abdallah, un distingué ministre de l’Économie et des Finances, en discussion avec des fonctionnaires du FMI et de la Banque mondiale, avouait ne pas connaître la signification d’«inflation» et de «stagflation». Sous le Président Saïd Mohamed Djohar, face à d’autres fonctionnaires de ces deux institutions, un autre ministre comorien de l’Économie et des Finances disait: «Mes collaborateurs ont truffé ce rapport d’un “S” barré, dont je ne connais pas le sens». Le pauvre ne savait pas que le $ était le symbole du dollar des États-Unis, la monnaie mondiale de référence!!! Authentique!
Il est donc dangereux de politiser un problème technique. Aux centres de décisions, il n’y a pas suffisamment d’experts financiers et monétaires comoriens. La preuve? Les Comores sont toujours incapables d’organiser un système financier digne de ce nom. Même un simple dédouanement de conteneurs se fait dans le vol organisé. Toutes les opérations financières et monétaires se font dans le cadre d’un vol organisé, et il est normal de trouver le Caporal Bourhane Hamidou errant, hagard, comme une âme en peine, dans les couloirs de l’Aéroport parisien de Roissy Charles-de-Gaulle avec une valise de 80.000 euros, soit 40 millions de francs comoriens. Dans les pays institutionnellement civilisés, les sorties de devises sont strictement réglementées.
Dans l’état actuel des choses, les Comores ne sont toujours pas en mesure de faire fonctionner un système économique, financier et monétaire indépendant de celui de la France. C’est une réalité. Les «bons et vrais Comoriens» ne seront pas contents d’apprendre que les «mauvais et faux Comoriens» soutiennent une telle argumentation. Pourtant, c’est la réalité.
Le Mali, qui avait eu la malencontreuse idée de quitter la Zone franc en 1962, la réintègre en 1984. La Guinée Équatoriale (ex-espagnole) et la Guinée-Bissau (ex-portugaise), qui ne sont pas d’anciennes colonies françaises, sont membres de la Zone franc, compte tenu des avantages qu’elle procure à ses membres. La Guinée-Conakry et Madagascar, qui ont quitté la Zone franc, ont des monnaies de singe. En son temps, et quand il était en froid avec la France, Laurent Gbagbo, dictateur déchu de Côte-d’Ivoire, menaçait de quitter la zone franc. Simple gesticulation dramatique relevant de la folie et de l’inconscience.
Reconnaissons une réalité: les dirigeants comoriens sont des amateurs, voire des aventuriers qui ne sont pas des experts en gestion publique. Le jour où ils décideront de quitter la Zone franc, dans les conditions actuelles, ils devront nous préparer au pire. Ils accentueront la lente agonie des Comores. Pourtant, ils ont fort à faire en matière de développement économique et social, mais n’y réussissent rien. Pourquoi, alors, ouvrir une autre boîte de Pandore?
Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed est sans doute de bonne foi quand il me dit inlassablement que pour réussir leur retrait de la Zone franc, les Comores devraient s’inspirer de l’exemple des pays qui ont réussi, citant les Seychelles et l’île Maurice, deux pays institutionnellement développés et civilisés. Cependant, il faudra reconnaître que l’économie et les finances comoriennes sont plus proches de celles du Zimbabwe et du Zaïre que de celles de Maurice et Seychelles. Pour Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed, il faut juste un Président comorien ayant le courage de faire sortir le pays de la Zone franc. En tout état de cause, il serait prudent de ne pas engager les Comores dans cette voie sans issue. Quand on ne peut pas faire fonctionner le moindre service public, on est incapable de gérer une monnaie de manière autonome et responsable.
Par ARM
© lemohelien – Vendredi 18 avril 2014.
J’ai connu Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed à la suite de la publication de son article «Pourquoi les Comores doivent quitter la zone franc CFA?» dans le n°1864 d’Al-Watwan du 7 décembre 2011, quand nous apprenions que les pays de la Zone franc, dont les Comores, s’acheminaient inexorablement vers une dévaluation de leurs monnaies nationales respectives, début janvier 2012. Dans son article, Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed soulève des questions intéressantes, et ses réponses sont tout aussi intéressantes, surtout dans la mesure où elles concernent notamment et surtout l’arrimage du franc comorien à l’euro, après la disparition du franc français, mais ses propositions sont porteuses d’incertitudes pour les Comores. Contestant les affirmations hâtives et imprudentes de Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed, je l’appelais le 7 décembre 2011 pour le lui faire savoir, et c’était notre premier contact. Avant, je n’avais jamais entendu parler de lui, et depuis, je n’ai pas cessé de lui dire que ses propositions portant sur la sortie des Comores de la Zone franc sont insensées et complètement folles. Si sa candidature à l’élection présidentielle de 2016 doit se baser sur des idées aussi saugrenues et farfelues, qu’il y renonce tout de suite parce que rien n’est plus grave que la politisation d’un problème technique, et il n’est pas certain que les Comoriens vont le suivre dans cette folle aventure sans lendemain.
Pourtant, le Président de Comores Alternatives, l’homme qui a annoncé sa candidature à l’élection présidentielle comorienne de 2016, depuis 2011 n’en démord pas. Il s’accroche à son idée comme un naufragé à une bouée de sauvetage. Il vient même de consacrer un livre (sous presses) au sujet, un livré préfacé par Mamadou Coulibaly, Professeur à l’Université d’Abidjan-Cocody, ancien ministre et ancien Président de l’Assemblée nationale de Côte-d’Ivoire, qui soutient à 100% les délires financiers et monétaires du «Président» Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed. Et comme si cela ne suffisait pas, voilà le même Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed sur les plateaux de Télésud ce jeudi 17 avril 2014 pour débiter sa petite litanie d’arguments pour la sortie des Comores de la Zone franc, estimant que la France «suce le sang des Comores». On voit les ultras qui, à Moroni, vont applaudir cette sortie, dans un pur réflexe pavlovien. On n’y peut rien.
Il est vrai que la faculté de battre monnaie est l’un des attributs les plus significatifs de la souveraineté nationale, et les Comores constituent un État souverain depuis le 6 juillet 1975. Il est également vrai qu’en leur qualité d’État souverain, les Comores ont le droit de gérer et contrôler l’intégralité de leur politique financière et monétaire, et partant, leur émission monétaire, la gestion de leurs devises, etc. À preuve, c’est dans un souci d’indépendance financière et monétaire que les 3 pays du Maghreb central (Algérie, Maroc et Tunisie) ont opté chacun, dès la décolonisation, pour la création d’une monnaie nationale totalement indépendante de celle de l’ancienne métropole, la France. Ils ont réussi à relever un défi important, et gèrent leurs systèmes financiers et monétaires avec professionnalisme et maestria. Cette réussite s’explique par l’ancienneté de l’État en Algérie, Tunisie (notamment par le biais du puissant Empire Ottoman, dont elles faisaient partie) et au Maroc (ex-Empire Chérifien, plusieurs fois séculaire), mais aussi et surtout par la maîtrise des circuits monétaires par les experts algériens, marocains et tunisiens.
Dans le cas des Comores, nous avons un État embryonnaire et une nation qui ne se recherche même pas. Nous n’avons aucune tradition étatique aux Comores avant le 6 juillet 1975, et les dizaines de sultanats antagoniques qui existaient sur les îles jusqu’au XIXème siècle n’avaient aucune tradition étatique, et encore moins une politique monétaire digne de ce nom. Ces petits sultanats rivaux spécialisés dans le pillage et bradage des îles relevaient plus de la chefferie traditionnelle africaine que d’un semblant d’État, et il avait fallu attendre l’indépendance pour assister à une sorte d’émergence d’un semblant d’État. Bien évidemment, les Comores ont quelques spécialistes de questions financières et monétaires, mais ceux-ci se comptent sur les doigts d’une main, et encore, en plus de l’handicap résultant de leur marginalisation au profit de comiques et autres clowns qui ne comprennent rien à rien dès qu’il s’agit de finances et de monnaie, mais qui dirigent tout de même le pays depuis des décennies, sous les applaudissements de leurs victimes. Le viol de la victime consentante…
De fait, le jour où les Comores auront la malencontreuse idée de sortir de la Zone franc, elles seront complètement laminées sur les plans économique, financier et monétaire car, en plus de perdre la convertibilité de leur monnaie, elles vont perdre également le contrôle total de celle-ci. Les Comores, incapables de payer le salaire des fonctionnaires, incapables de faire fonctionner le moindre service public, sont bien incapables de faire fonctionner un système financier et monétaire. Trop technique. Ce malheureux pays va se retrouver dans la situation financière et monétaire du Zimbabwe de l’inimitable Robert Gabriel Mugabe et du Zaïre de l’inégalable Mubutu Sese Seko, avec une inflation à 200.000%. En termes simples, cela signifie que le prix des marchandises va être multiplié par 200.000, comme au Zimbabwe et au Zaïre, notamment! Au Zaïre de Mobutu Sese Seko, il fallait 7.000.000 de zaïres pour un dollar des États-Unis, et il fallait la même somme pour l’achat d’un kilo de manioc. Pour sa part, Robert Gabriel Mugabe avait émis un billet de 100.000.000.000 de dollars du Zimbabwe (100 milliards de dollars), et quand ça allait mieux, il fallait 300.000 dollars du Zimbabwe pour 1 dollar des États-Unis. Dans ce même Zimbabwe, le rouleau de papier hygiénique coûtait 145.000 dollars locaux. En 2008, le taux d’inflation au Zimbabwe était de 2.200.000%!!! C’est ce que tout expert sérieux pourra prédire à la monnaie comorienne en cas de retrait de la zone franc. Au Zaïre de Mobutu, il fallait une brouette pour transporter les 7.000.000 de zaïres (l’équivalent d’un dollar des États-Unis) nécessaires à l’achat d’un pain, et ce, jusqu’à l’émission de billets sans valeur, mais libellés en millions (5.000.000 de nouveaux Zaïres!) et affreusement surnommés «Prostate», à un moment où Mobutu Sese Seko mourait lentement d’un cancer de la prostate. Quelle cruauté! Quelle inhumanité!
N’oublions pas qu’aux Comores, sous le Président Ahmed Abdallah, un distingué ministre de l’Économie et des Finances, en discussion avec des fonctionnaires du FMI et de la Banque mondiale, avouait ne pas connaître la signification d’«inflation» et de «stagflation». Sous le Président Saïd Mohamed Djohar, face à d’autres fonctionnaires de ces deux institutions, un autre ministre comorien de l’Économie et des Finances disait: «Mes collaborateurs ont truffé ce rapport d’un “S” barré, dont je ne connais pas le sens». Le pauvre ne savait pas que le $ était le symbole du dollar des États-Unis, la monnaie mondiale de référence!!! Authentique!
Il est donc dangereux de politiser un problème technique. Aux centres de décisions, il n’y a pas suffisamment d’experts financiers et monétaires comoriens. La preuve? Les Comores sont toujours incapables d’organiser un système financier digne de ce nom. Même un simple dédouanement de conteneurs se fait dans le vol organisé. Toutes les opérations financières et monétaires se font dans le cadre d’un vol organisé, et il est normal de trouver le Caporal Bourhane Hamidou errant, hagard, comme une âme en peine, dans les couloirs de l’Aéroport parisien de Roissy Charles-de-Gaulle avec une valise de 80.000 euros, soit 40 millions de francs comoriens. Dans les pays institutionnellement civilisés, les sorties de devises sont strictement réglementées.
Dans l’état actuel des choses, les Comores ne sont toujours pas en mesure de faire fonctionner un système économique, financier et monétaire indépendant de celui de la France. C’est une réalité. Les «bons et vrais Comoriens» ne seront pas contents d’apprendre que les «mauvais et faux Comoriens» soutiennent une telle argumentation. Pourtant, c’est la réalité.
Le Mali, qui avait eu la malencontreuse idée de quitter la Zone franc en 1962, la réintègre en 1984. La Guinée Équatoriale (ex-espagnole) et la Guinée-Bissau (ex-portugaise), qui ne sont pas d’anciennes colonies françaises, sont membres de la Zone franc, compte tenu des avantages qu’elle procure à ses membres. La Guinée-Conakry et Madagascar, qui ont quitté la Zone franc, ont des monnaies de singe. En son temps, et quand il était en froid avec la France, Laurent Gbagbo, dictateur déchu de Côte-d’Ivoire, menaçait de quitter la zone franc. Simple gesticulation dramatique relevant de la folie et de l’inconscience.
Reconnaissons une réalité: les dirigeants comoriens sont des amateurs, voire des aventuriers qui ne sont pas des experts en gestion publique. Le jour où ils décideront de quitter la Zone franc, dans les conditions actuelles, ils devront nous préparer au pire. Ils accentueront la lente agonie des Comores. Pourtant, ils ont fort à faire en matière de développement économique et social, mais n’y réussissent rien. Pourquoi, alors, ouvrir une autre boîte de Pandore?
Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed est sans doute de bonne foi quand il me dit inlassablement que pour réussir leur retrait de la Zone franc, les Comores devraient s’inspirer de l’exemple des pays qui ont réussi, citant les Seychelles et l’île Maurice, deux pays institutionnellement développés et civilisés. Cependant, il faudra reconnaître que l’économie et les finances comoriennes sont plus proches de celles du Zimbabwe et du Zaïre que de celles de Maurice et Seychelles. Pour Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed, il faut juste un Président comorien ayant le courage de faire sortir le pays de la Zone franc. En tout état de cause, il serait prudent de ne pas engager les Comores dans cette voie sans issue. Quand on ne peut pas faire fonctionner le moindre service public, on est incapable de gérer une monnaie de manière autonome et responsable.
Par ARM
© lemohelien – Vendredi 18 avril 2014.