Stéphane Richard: "Nous sommes prêts à nous allier avec SFR et Bouygues" Stéphane Richard, patron de France Télécom, propose à se...
Stéphane Richard: "Nous sommes prêts à nous allier avec SFR et Bouygues"
Stéphane Richard, patron de France Télécom, propose à ses concurrents d'unir leurs forces pour déployer la quatrième génération de réseau mobile. Et revient sur l'effet Free.
Stéphane Richard, PDG de France Télécom: "Nous allons nous adapter sans aucune brutalité, sans drame ni licenciements, d'autant que 30.000 départs naturels sont prévus d'ici à 2020." AFP
Free Mobile a débarqué le 10 janvier. Avez-vous été surpris par l'onde de choc?Bien sûr, le choc a été violent. Plus de 2,3 millions de clients nous ont quittés au premier trimestre 2012, dont un tiers pour Free Mobile, soit 800 000 personnes, mais, dans le même temps, nous avons gagné 1,7 million de nouveaux clients. Je ne trouve pas ce succès surprenant quand on regarde, d'une part, le poids de Free dans l'Internet fixe et, d'autre part, ce que l'on a connu dans d'autres pays où nous avons vécu l'arrivée d'un quatrième acteur. Free détient un parc de 4,7 millions d'abonnés à Internet, qui bénéficient d'une offre très alléchante pour passer au mobile. Dès lors, il n'est pas étonnant qu'il ait "vendangé" très rapidement les "freenautes". D'ailleurs, les deux tiers des clients "mobiles" qui nous ont quittés possèdent une Freebox. Reste à savoir, après cette première prise de guerre, si ce nouvel entrant sera capable de recruter au-delà de sa communauté.
On vous a reproché en interne l'accord avec Free, qui utilise votre réseau 3G. Avez-vous fait entrer le loup dans la bergerie?Je peux vous assurer qu'il n'y a jamais eu de dissensions dans l'équipe de direction ou au conseil d'administration. Naturellement, il a fallu expliquer les choses. Et quand bien même il y aurait eu des dissensions, celles-ci auraient été définitivement étouffées par les résultats que nous venons de publier. C'était la meilleure façon [NDLR : le contrat avec Free va rapporter 1 milliard d'euros sur trois ans à Orange] de compenser la perte inéluctable de clients face à l'arrivée du quatrième opérateur.
Les clients qui restent révisent leurs forfaits à la baisse, ce qui pèse sur votre chiffre d'affaires...Cette année, la facture pourrait baisser de 10 % en moyenne. On peut s'attendre à une réduction supplémentaire dans les deux ou trois prochaines années. Mais des éléments vont venir freiner cette érosion : l'explosion de l'Internet mobile et l'arrivée de nouveaux smartphones.
Vous pensez à l'iPhone 5, par exemple ?Je rentre des Etats-Unis, où j'ai rencontré Tim Cook, PDG d'Apple. Nous aurons l'iPhone 5, mais je ne peux pas vous révéler la date de son lancement en France. SFR a changé de PDG, Bouygues vient de racheter les activités télécoms de Darty...
Et vous, vous allez devoir réduire les coûts et investir dans la 4G. Comment faire ?Nous partageons déjà notre réseau avec d'autres opérateurs en Pologne et en Grande-Bretagne et, bientôt, en Roumanie et en Espagne. Nous sommes prêts à le faire en France avec SFR et/ou Bouygues dans la 4G, mais tous deux semblent réticents pour le moment. Concernant l'emploi, je ne trouve pas correct, compte tenu du contexte macroéconomique, de faire du chantage. Certes, nous sommes sous pression, mais encore profitables. Mon devoir est donc d'adapter l'entreprise en diminuant les coûts de réseau, d'informatique, les frais administratifs et les achats de contenus. Nous avons recréé de la confiance dans le groupe, c'est un capital que je ne veux absolument pas mettre en péril. Nous allons nous adapter sans aucune brutalité, sans drame ni licenciements, d'autant que 30 000 départs naturels sont prévus d'ici à 2020.
Vous avez dû faire face à la crise des suicides, à l'arrivée de Free Mobile, à l'inflation des taxes dans les télécoms... Souhaitez-vous continuer ou passer à autre chose ?Je suis passionné par ce que je fais. Les sujets ne manquent pas, avec une dimension internationale que j'apprécie beaucoup. Mon mandat court jusqu'en 2014, je resterai tant que le conseil d'administration et moi-même considérerons que je suis utile à l'entreprise. Par Emmanuel Paquette
On vous a reproché en interne l'accord avec Free, qui utilise votre réseau 3G. Avez-vous fait entrer le loup dans la bergerie?Je peux vous assurer qu'il n'y a jamais eu de dissensions dans l'équipe de direction ou au conseil d'administration. Naturellement, il a fallu expliquer les choses. Et quand bien même il y aurait eu des dissensions, celles-ci auraient été définitivement étouffées par les résultats que nous venons de publier. C'était la meilleure façon [NDLR : le contrat avec Free va rapporter 1 milliard d'euros sur trois ans à Orange] de compenser la perte inéluctable de clients face à l'arrivée du quatrième opérateur.
Les clients qui restent révisent leurs forfaits à la baisse, ce qui pèse sur votre chiffre d'affaires...Cette année, la facture pourrait baisser de 10 % en moyenne. On peut s'attendre à une réduction supplémentaire dans les deux ou trois prochaines années. Mais des éléments vont venir freiner cette érosion : l'explosion de l'Internet mobile et l'arrivée de nouveaux smartphones.
Vous pensez à l'iPhone 5, par exemple ?Je rentre des Etats-Unis, où j'ai rencontré Tim Cook, PDG d'Apple. Nous aurons l'iPhone 5, mais je ne peux pas vous révéler la date de son lancement en France. SFR a changé de PDG, Bouygues vient de racheter les activités télécoms de Darty...
Et vous, vous allez devoir réduire les coûts et investir dans la 4G. Comment faire ?Nous partageons déjà notre réseau avec d'autres opérateurs en Pologne et en Grande-Bretagne et, bientôt, en Roumanie et en Espagne. Nous sommes prêts à le faire en France avec SFR et/ou Bouygues dans la 4G, mais tous deux semblent réticents pour le moment. Concernant l'emploi, je ne trouve pas correct, compte tenu du contexte macroéconomique, de faire du chantage. Certes, nous sommes sous pression, mais encore profitables. Mon devoir est donc d'adapter l'entreprise en diminuant les coûts de réseau, d'informatique, les frais administratifs et les achats de contenus. Nous avons recréé de la confiance dans le groupe, c'est un capital que je ne veux absolument pas mettre en péril. Nous allons nous adapter sans aucune brutalité, sans drame ni licenciements, d'autant que 30 000 départs naturels sont prévus d'ici à 2020.
Vous avez dû faire face à la crise des suicides, à l'arrivée de Free Mobile, à l'inflation des taxes dans les télécoms... Souhaitez-vous continuer ou passer à autre chose ?Je suis passionné par ce que je fais. Les sujets ne manquent pas, avec une dimension internationale que j'apprécie beaucoup. Mon mandat court jusqu'en 2014, je resterai tant que le conseil d'administration et moi-même considérerons que je suis utile à l'entreprise. Par Emmanuel Paquette
Source :lexpress.fr
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