Et maintenant, M. Annan, il va falloir convaincre ces gentlemen de l'ASL ! Ce mardi après-midi, alors qu'il se trouvait à Pékin pour...
Ce mardi après-midi, alors qu'il se trouvait à Pékin pour entretiens, l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe Kofi Annan a annoncé que la Syrie acceptait le plan de paix en six points qu'il est chargé de défendre depuis plusieurs semaines. Comme l'a dit M. Annan, cette acceptation d'un projet qui prévoit notamment un arrêt des violences et l'ouverture de pourparlers entre pouvoir et opposition radicale constitue bien un « premier pas important » sur le chemin d'une éventuelle solution politique à la crise.
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Nous disons bien « éventuelle« , car pour faire la paix en Syrie, il faut être deux, et, à présent, la balle est dans le camp du pôle CNS/ASL au discours et à l'action de terrain jusque-là extrémistes et jusqu'au-boutistes. La Russie a pesé de tout son poids pour convaincre le gouvernement syrien d'accepter le plan de l'ONU – associée pour la circonstance à la Ligue arabe - acceptant, avec la Chine, de voter au Conseil de sécurité une déclaration de soutien à Kofi Annan, le 21 mars dernier. Nous pensons qu'elle a vu là une opportunité de mettre tout le monde au pied du mur, de tester sous le regard de la communauté internationale la bonne volonté des uns et des autres. Bien que résolu à ne rien céder de sa souveraineté, et décidé à ne pas laisser remettre en cause sa légitimité, l'Etat syrien a donc fait le premier pas. Il va être très intéressant de voir ce qui va suivre.
En visite depuis lundi pour 48 heures en Chine, Kofi Annan a eu des entretiens avec le Premier ministre Wen Jiabao. Il avait déclaré, avant que soit connue la décision de Damas qu'il avait « besoin de l'aide » et des « conseils » des autorités chinoises. De son côté, le chef du gouvernement chinois avait souligné « le niveau élevé d'inquiétude et l'important consensus auquel est parvenu la communauté internationale sur la question syrienne« . Et il avait, comme ses partenaires russes, assuré Kofi Annan du soutien de son pays.
Ce geste de Damas ne devrait pas être sans influence non plus sur la tenue du sommet de Bagdad de la Ligue arabe qui s'ouvre demain et devrait se tenir jusqu'au 29 mars, avec la Syrie comme sujet principal. L'acceptation du plan de l'ONU et de la Ligue par le gouvernement syrien devrait normalement renforcer le camp des Etats arabes partisans d'une attitude plus conciliante vis-à-vis de ce pays, actuellement toujours suspendu de l'organisation pan-arabe, ce en violation des dispositions de sa charte. L'Irak, qui accueille le sommet et doit à cette occasion prendre la présidence tournante de la Ligue arabe pour un an, en remplacement du Qatar, est justement un de ces pays favorables à Damas. La faction belliciste anti-syrienne, incarnée principalement par les pétro-monarchies, mais avant tout par le Qatar et l'Arabie Séoudite, devrait, elle, se retrouver un peu plus marginalisée, Doha et Ryad ayant proclamé leur volonté d'armer les rebelles. Il y a d'ailleurs une dimension symbolique à ce que ce sommet arabe se tienne dans une ville et un pays martyrisé depuis des année – et en ce qui concerne Bagdad, tout récemment encore – par un terrorisme d'inspiration sunnite extrémiste, voire franchement al-Qaïda : les prêches belliqueux des monarques wahhabites vont y recevoir un écho singulier.
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On peut donc considérer, sans tomber dans un optimisme prématuré, que du fait de l'action diplomatique sino-russe, et de l'acceptation du plan de paix par Damas, ce sont bien les radicaux anti-Bachar, de Syrie, du Golfe et d'ailleurs, qui risquent de se trouver dans une situation extrêmement inconfortable. A notre avis, ni le CNS, ni Alain Juppé, ni même sans doute l'émir du Qatar n'ont les moyens ou l'autorité morale pour faire renoncer les fous de Dieu locaux à leur guerre sainte contre le régime syrien. Et si personne, pas même l'ONU, ne peut faire entendre raison à ces gangs politico-religieux, voire franchement criminels, chacun devra en tirer les conséquences. Assez vite maintenant.
Certes, il y a un risque, limité à notre sens, qu'un cessez-le-feu soit mis à profit par ces groupes armés pour se refaire une santé militaire, consolider leurs positions en grand péril ces derniers jours. On peut néanmoins compter sur l'oeil de Moscou pour veiller à ce que le plan de paix Annan ne soit pas un nouveau cheval de Troie de la subversion anti-syrienne. De toute façon, le gouvernement et son armée ne se laisseront pas faire.
Source : infosyrie.fr
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