Le journaliste, Madjuwani Hasani, vient d’écrire, dans le cadre de sa chronique “Lettre à…”, une lettre au secrétaire général de la Ligue...
Le journaliste, Madjuwani Hasani, vient d’écrire, dans le cadre de sa chronique “Lettre à…”, une lettre au secrétaire général de la Ligue des Etats arabes et au président de la Commission de l’Union africaine. Dans son document rédigé en français, en arabe et en anglais, l’éditorialiste au journal Al-watwan, souhaite que les deux organisations régionales initient un mouvement en faveur de changements fondamentaux au sein de l’Onu. Ces changements concerneraient, le statut de l’“Assemblée générale“ et du “Conseil de sécurité” ainsi que le processus de prise des décisions au sein de l’organisation internationale.
Au premier abord, le défit de la proposition du journaliste vient de ce qu’elle suppose que l’Onu – considérée jusqu’ici comme une représentation des “Etats“ – devienne une institution dans la quelle les Etats représentent les Nations et les “peuples“. Le journaliste estime que pour se faire, la composition, le statut et le fonctionnement de ces deux principales entités (l’assemblée générale et le Conseil de sécurité) doivent tenir compte de la “réalité de la diversité des populations de la planète, de leur soif de reconnaissance et de respect mutuel, de leurs profondes aspirations d’égalité, de fraternité et de réelles solidarités“. Ce qui est loin d’être le cas, de l’avis de Madjuwani, qui constate que soixante dix ans après la fin de la seconde guerre et la création de l’Onu, au sein de cette institution “le privilège de gérer les affaires du monde et donc, de préparer notre avenir commun (de l’humanité, ndlr), est donné en prime à la force des armes et aux rapports des forces militaires héritée de la seconde guerre mondiale“, estime-t-il.
L’auteur soutient qu’avec la nouvelle configuration qu’il appelle de ses voeux, l’Onu aura, par contre, résolument tourné le dos à près de trois quarts de siècle de déni de justice et de graves frustrations des Nations, des Etats et des peuples. Selon lui, le monde aura fait, par la même occasion, la preuve de son attachement sincère aux principes de l’égalité et des droits des peuples, aux progrès de la pensée démocratique, aux respects des différences, de la tolérance, de la justice. C’est “ainsi et seulement ainsi que l’Onu aura tenu compte des avancées, des acquis et des bouleversements politiques, économiques, démocratiques, de la pensée et de l’Histoire intervenus depuis le depuis le Vème siècle av. J.-C et après la fin de l’esclavage, du colonialisme, de l’apartheid, de l’obscurantisme religieux et du déni idéologique des droits des individus et des peuples“, estime le journaliste.
“C’est ainsi et seulement ainsi que l’Onu rassurera les plus inquiets d’entre les peuples, en leur donnant, de nouveau, le sentiment d’être vraiment chez eux sur la Terre et dans le monde, et de vivre en toute égalité avec des pays, des Nations, des peuples partenaires et non nécessairement adversaires et concurrents… et qu’elle aura, véritablement, accomplie sa mission historique qui est de tourner définitivement la page de la seconde guerre mondiale“, écrit-il. Pour pousser à ce changement, Madjuwani Hasani souhaite, précisément, que les deux organisations engagent un mouvement pour obtenir que soit retenue “de manière urgente“ une feuille de route qui puisse aboutir “dans des délais admis de commun accord“, à la transformation de l’Assemblée générale “d’un organe tout juste bon pour servir de défoulement de la colère des peuples et des Nations une fois par an, en un organe doté de pouvoirs légaux dont les décisions prises par au moins 90 % des pays seront contraignantes“ ; à la révision à la hausse du nombre des membres “permanents“ du conseil de sécurité et sa transformation en un organe exécutif des décisions de l’assemblée et au sein duquel sera banni le principe du droit de véto “en faveur du principe de la majorité plus respectueux des peuples, des différences, du droit, de la justice et plus conforme aux acquis diplomatiques, culturels, de la pensée, politiques et démocratiques communs de l’humanité“.
Le mouvement qu’il prône peut prendre la forme d’actions diverses menées dans l’optique de pousser à l’avènement de cet objectif de “renaissance“ de “notre organisation commune“. Un avènement qui peut, selon lui, “devenir l’aube d’une nature nouvelle des relations entre les peuples, les pays et les Nations à travers l’Onu en remettant au goût du jour la formidable euphorie et la confiance en l’avenir nées de la création de cette organisation en 1945 et libérer de formidables réserves d’énergie d’amour, de solidarité et de développement chez les peuples et les pays”. La lettre ainsi que ses versions arabe et anglaise, a été déposée, officiellement, auprès de la représentation diplomatique de l’Union africaine, le “Bureau de Liaison” de l’Union africaine, et auprès de la représentation diplomatique de la Ligue des Etats Arabes, la “Délégation” de la Ligue des Etats arabes qui sont installées, à Moroni la capitale de l’Union des Comores respectivement, le lundi 9 et le lundi 16 janvier 2012.
Elle a été envoyée au secrétaire général de l’Onu et déposée auprès des représentations diplomatiques étrangères qui ont pignon sur rue à Moroni. Avant d’être rendu publique, le document a été lu et approuvé par les six personnalités du monde intellectuel, diplomatique et politique comoriens que sont Ali Mroudjaé, ancien premier ministre des Comores, Me Fahmi Saïd Ibrahim,ancien ministre des Relations extérieurs de l’Union des Comores, Ali Mlahaili, ancien ambassadeur des Comores en France, le docteur Damir Ben Ali, historien et premier président de l’Université des Comores, le docteur Hamidou Karihila, ancien ambassadeur des Comores en Arabie saoudite et le docteur Ahmed Mohammed Thabit, ambassadeur de l’Union des Comores en Afrique du Sud.
Tout en alignant un argumentaire à la fois historique et qui met sur la balance les formidables évolutions politique, diplomatique et économique enregistrées ces cinquante dernières années, la lettre – dont la traduction en arabe et en anglais a été assurée, respectivement par les docteurs Hamidou Karihila et Ahmed Thabit – fait appel aux “responsabilités historiques” des leaders d’opinion et à l’émotion, parfois, dans des envolées lyriques. alwatwan.net
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