Le P-DG de SFR dénonce l'opérateur historique, qui a "permis à Iliad de sortir des forfaits si peu chers". Xavier Niel doit j...
Le P-DG de SFR dénonce l'opérateur historique, qui a "permis à Iliad de sortir des forfaits si peu chers".
Xavier Niel doit jubiler : il a réussi à faire voler en éclats l'entente entre les deux premiers opérateurs français. Le P-DG de SFR, Frank Esser, a violemment attaqué Orange jeudi dans une interview au Monde, estimant que l'opérateur historique "a permis à Iliad de sortir des forfaits si peu chers" en signant avec lui un accord d'itinérance. Ce contrat d'un milliard d'euros permet à Free Mobile d'utiliser le réseau d'Orange là où il ne dispose pas encore d'antennes-relais, soit la quasi-totalité du territoire français en dehors des grandes villes.
La sortie du P-DG de SFR est surprenante, car Orange n'a pas vraiment eu le choix. L'Arcep, le gendarme des télécoms, avait en effet garanti à Free Mobile (et à n'importe quel opérateur entrant) le droit d'obtenir une itinérance, sésame indispensable pour tout lancement commercial. L'Arcep aurait donc utilisé la contrainte si Free Mobile n'avait trouvé aucun partenaire consentant. La situation risquait d'autant plus le blocage que SFR, détenteur de l'autre grand réseau national (Bouygues souffre toujours de zones blanches), avait annoncé la couleur. "Nous avons toujours dit que nous ne signerions jamais un accord pareil", rappelle Frank Esser dans l'interview.
SFR refuse de "subventionner des offres à perte"
"Nous n'étions obligés de négocier que sur la 2G selon les termes du texte de l'Arcep, et Orange a signé un accord 3G", nous précise un porte-parole de SFR. En effet, le gendarme des télécoms avait oublié la 3G dans son appel d'offres, et SFR comptait bien sur cette faille pour torpiller Free Mobile. On comprend un peu mieux l'énervement de Frank Esser, mais il est probable que Free Mobile aurait très vite obtenu l'itinérance 3G en se tournant vers l'Arcep ou vers l'Autorité de la concurrence.
Autre problème : la terminaison d'appel (TA). Cette somme payée par un opérateur lorsqu'un de ses clients appelle un abonné d'un concurrent pourrait bientôt devenir la pomme de discorde numéro un. Free Mobile exige une TA asymétrique en sa faveur, pour tenir compte du handicap lié à son arrivée récente sur le marché. Une telle hypothèse ulcère Frank Esser : "Il n'en est pas question", tonne-t-il. Là encore, son porte-parole nous précise que "la TA asymétrique se justifie dans le cas d'un nouvel entrant, mais s'il s'agit de subventionner des offres vendues à perte, cela ne va pas". L'Arcep, qui a déjà dévoilé un projet de TA asymétrique, aura le dernier mot et devrait publier sa décision finale au printemps 2012.
"Ce n'est pas en proposant des offres à deux euros qu'on finance un réseau de qualité", affirme par ailleurs le patron de SFR, qui soulève une inquiétude partagée par de nombreux cadres d'Orange. Les tarifs cassés permettront-ils à Free Mobile de déployer un réseau complet et performant ? Ou Free augmentera-t-il ses tarifs après avoir recruté quelques millions d'abonnés ? Les clients ADSL Freebox se souviendront qu'après avoir cassé les prix avec son forfait triple-play à 29,99 euros par mois, Free a (discrètement) augmenté ses tarifs à l'occasion du lancement de la Freebox Revolution, passant à 37,97 euros par mois pour les mêmes services (l'option TV est devenue payante, tout comme le dégroupage total quasi incontournable). Quoi qu'il en soit, SFR n'en démord pas, il ne s'alignera pas sur Free Mobile. source: lepoint.fr
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