La montagne tarde à accoucher, même d'une souris. Le Premier ministre Omer Beriziky ne dispose pas encore de son équipe gouvernementale,...
La montagne tarde à accoucher, même d'une souris. Le Premier ministre Omer Beriziky ne dispose pas encore de son équipe gouvernementale, au bout d'une journée pleine de rebondissements et d'incertitudes, malgré l'expiration du délai fixé pour cela.
« Les divergences dans la formation du gouvernement obligent le report de la présentation de celui-ci au moment opportun », a déclaré Omer Beriziky dans les médias publics (RNM) et (TVM), hier à 22h 30 après sa rencontre avec Andry Rajoelina, président de la Transition, à Iavoloha. « On connaît votre souhait de voir ce gouvernement de transition (…) On vous demande d'attendre un peu », a-t-il poursuivi.
L'annonce du chef du gouvernement clôt une longue journée, qui devait aboutir à la mise en place de son équipe, censée être officialisée, hier. Le cadre de mise en œuvre de la Feuille de route, présenté par Marius Fransman, vice-ministre sud-africain des Relations internationales et de la coopération, prévoit la formation du gouvernement le 17 novembre. Selon certaines indiscrétions, l'invitation a même été lancée auprès des diplomates en poste à Antananarivo pour qu’ils assistent à la cérémonie prévue à Iavoloha à 20 heures. Mais il n'en était rien.
La décision de l'Exécutif et le revirement de la situation ont été dictés par la prise de position des mouvances Zafy et Ravalomanana et celui du parti Madagasikara otronin'ny Malagasy (Monima) de l'ancien Premier ministre Monja Roindefo. Le « front de l'opposition » indique, en début de soirée, qu'il « ne participe pas au gouvernement censé être présenté aujourd'hui (NDLR : hier) », selon Mamy Rakotoarivelo, chef de délégation de la mouvance Ravalomanana.
Les trois entités dénoncent la procédure de formation du gouvernement. Elles se sentent victimes d'un partage qu'elles considèrent comme léonin en faveur de Andry Rajoelina. « Nous ne voulons pas être complices d'une tentative d'un retour à l'unilatéralisme de ces deux dernières années », soutient Mamy Rakotoarivelo, déplorant l'absence de consultations des ministrables des trois entités. Il affirme avoir compris l'existence d'une « énorme pression exercée sur le Premier ministre par Monsieur Andry Rajoelina », ainsi que « l'intervention de ce dernier » dans la formation du gouvernement.
Tension entr'aperçue
La tendance vers l'échec du projet de présentation du gouvernement dans la journée a commencé à se dessiner très tôt. Des indiscrétions ont fait état d'un tête-à-tête houleux entre l'ancien président Albert Zafy et Omer Beriziky vers 2 heures du matin. L'idée d'un accouchement au forceps du gouvernement, en cas de volonté de le présenter coûte que coûte, fait son chemin si cette option s'offre sur la table. Le masque du Premier ministre, avant et après la « séance d'explications » de deux heures avec les dirigeants du « front de l'opposition » au domicile de l'ancien président Albert Zafy, en dit long sur la situation qui prévaut.
Le chef du gouvernement préfère rester dans le vague concernant la suite de la mise sur pied de son équipe. Mais la prudence d'Omer Beriziky n'atténue pas la montée de la tension entr'aperçue ces dernières heures.
Le « front de l'opposition » réclame une semaine supplémentaire pour régler la question. « Ça ne coûte rien si on veut bien faire », avance Mamy Rakotoarivelo. Les mouvances Zafy et Ravalomanana et le Monima demandent en même temps l'intervention de la Troïka, l'organe de coopération en matière de politique, de défense et de sécurité de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) pour arbitrer le processus « car l'ambassadeur de l'Afrique du Sud est dépassé », juge Mamy Rakotoarivelo.
De leur côté, les partisans du régime de transition ne laissent pas planer le doute et montent au créneau pour pousser Andry Rajoelina à trancher. « Nous demandons au président de la Transition et au Premier ministre de prendre une décision et d'aller de l'avant », exhorte Emile Ratefinanahary, dit « Vazaha », secrétaire général adjoint du Tiako i Madagasikara (TIM) aile Raharinaivo Andrianantoandro.
Tout comme la direction de l'Espace de concertation politique (Escopol) « nouvelle coordination », Emile « Vazaha » encourage Andry Rajoelina à ne pas tenir compte du boycott de l'opposition et à refuser toute nouvelle démarche pour la formation du gouvernement. « Les trois mouvances affichent leur mauvaise foi pour bloquer la situation et prendre en otage la population », soutient-il. Source:lexpressmada
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