Une manifestation qui avait commencé tranquillement, mais au cours de laquelle les leaders ont bien voulu se laisser dépasser par la base : ...
Une manifestation qui avait commencé tranquillement, mais au cours de laquelle les leaders ont bien voulu se laisser dépasser par la base : toujours pas de mégaphone, et des leaders absents lorsque la tension était à son comble. La manifestation est reconduite demain.
Ils étaient 10 à s’être rassemblés à 7h devant Disma (à côté du tribunal de Grande Instance) sous l’enseigne de la CGT Ma, dans une ambiance bonne enfant. Un agent de la mairie de Mamoudzou passait par là, sourire aux lèvres : « je fais grève mais ne veut pas manifester, il fait trop chaud sous le soleil ! ». La procession s’avançait vers 8h et au fur à mesure, les rangs grossissaient : « nous convergeons vers le Rond point du Commandant Passot avec nos collègues qui arrivent de M’tsapere » signalait Kamiloudine Djanffar, CGT Ma.La première tension se faisait sentir au niveau de la SMCI lorsque les grévistes entamaient un tour de rond-point, s’opposant à un niet ferme de la Police qui laissait pourtant faire quelques minutes après… « Nous avions prévu ce circuit » signalait Boinali Salim-Toumbou Cisma CFDT, qui nous assurait que cette fois ci la manifestation avait été préparée, avec un service d’ordre interne « même si ces derniers ne savent pas trop ce qu’il faut faire »… En effet, les quelques brassards rouges avaient l’air quelque peu dépassés. « Nous voulons le kilo de mabawas (ailes de poulet) à 10 ¤. La Préfecture doit faire pression sur les distributeurs » enchainait Boinali Salim.Plusieurs tours de rond-point plus tard, permis par un commissaire Delattre qui avait cette fois ci organisé la circulation par la Sogéa pour qu’il n’y ait aucun blocage, les grévistes étaient rejoints par la vague de 40 personnes qui stationnaient au rond point El Farouk (SFR). La tension montait encore d’un cran : « il y a trop de gamins » glissait Boinali Said, « il faut temporiser ». Une manifestation tranquille en matinée
« Ni sono ni mégaphone comme mercredi dernier… »
Au rond point SFR, une autre manifestation attendait : une trentaine d’enseignants qui avaient suivi le mot d’ordre national de grève voulait rejoindre le gros des troupes. Nous leur avons demandé s’ils n’avaient pas peur que leur revendication portant sur le statut des professeurs ou l’insuffisance de salles de classe ne passe au second plan d’une vaste revendication contre la vie chère : « nous voulions manifester avec les mahorais » expliquait Roger Combarel, secrétaire départemental CGT Educ’action.
Ce sont maintenant 300 manifestants qui, après un petit tour du rond point SFR, s’en vont vers le centre ville de Mamoudzou… avec beaucoup de mal puisque les leaders, FO en tête, avec Cisma CFDT et CGT Ma, sont en position de départ comme pour un 110m haies, mais sans personne derrière… !! Certains meneurs n’ayant qu’une idée en tête : bloquer le rond point. Et toujours aucun mégaphone sous la main pour diriger les troupes… Lorsque nous abordons ce point avec Boinali, le commissaire Delattre partait chercher celui de la Police… en panne !
Au rond point de la barge, et après connexion des deux groupes, ce sont 1000 personnes qui défilent. Pas de force de l’ordre, le préfet ayant fait passer des consignes de tolérance, la circulation se faisant par le haut. « Si rien ne bouge au niveau des prix, c’est Mayotte qui bougera pour amener de vrais débats comme en ont eu les Antilles » signalait Salim Nahouda, secrétaire général CGT Ma, « ailleurs on trouve des produits frais et abordables. Ici, il sont chers et pourris : on n’en connaît pas la provenance, des emballages d’origine sont modifiés. Souvent, à peine achetées, nous sommes obligés de jeter la moitié des denrées car elles sont pourries ou périmées. Si nous arrivons à accroitre le pouvoir d’achat, cela équivaudra à une indexation ».Le capitaine Chamassy dans son rôle d'arbitre avec Hamidou Madi M'colo et Salim Nahouda
Beaucoup de tirs de grenades lacrymogène lors de cette manifestation
Contre toute attente, et au lieu de se rendre en Préfecture « où nous n’avons abouti à rien mercredi dernier », les manifestants se dirigeaient de nouveau vers le rond point SFR. Bloqués 300 m avant par les forces de gendarmerie sous le commandement du commissaire Delattre, certains manifestants ont vu rouge, tentant de forcer le barrage. Les gendarmes les ont dégagés sans ménagement, et c’est à ce moment que des pierres sont tombées sur les forces de police, en provenance du CEFSM (Centre des études et formation supérieures) dans l’enceinte d’un bâtiment du Conseil général, en face de l’entreprise Budget. La riposte par grenades lacrymogènes ne s’est pas faite attendre, après plusieurs autres chutes de cailloux, la manifestation reprenait vers le rond point, derrière des leaders et des forces de l’ordre très tendues.
Et comme d’habitude, c’est le capitaine Chamassy qui calme le jeu : « vous deviez distribuer des itinéraires à vos adhérents et nous avertir de tout changement de parcours avant de quitter le rond point de la barge. Résultat, les esprits commencent à s’échauffer, nous ne tolèrerons aucun blocage » lançait-il à Salim Nahouda. « On essaie de canaliser » répondaient les syndicalistes. Alors que les autorités n’arrivent pas à mettre la main sur ce préavis de grève illimitée, qui doit être assorti d’un parcours. Préavis que Salim Nahouda jure avoir faxé au directeur de la DIECCTE (direction du travail).Les manifestants agressent un automobiliste non gréviste
Mais le blocage était réel, les manifestants ne voulant pas lever le camp, et contournant l’effectif de gendarmes, certains s’en prenaient violemment aux automobilistes au motif qu’ils n’étaient pas grévistes. Alors que derrière, à Kawéni, des bandes de jeunes commençaient à s’organiser autour de barrages et de jets de pierres, provoquant l’arrivée massive de gendarmes et leurs grenades lacrymogènes pour dégager la voie, mais perçus par la population comme une provocation : « ils vont inciter les jeunes à continuer, à jouer au chat et à la souris » signalait un commerçant.
Le commissaire Delattre donnait alors l’ordre d’évacuer le rond-point par la force, ce qui fut fait en 15 secondes à grand renfort de bombes lacrymogènes contre jets de pierres, repoussant les manifestants vers Mamoudzou et vers le magasin Sodifram où plusieurs barrages étaient incendiés, comme à Kawéni.
Les manifestants se repliaient alors vers Mamoudzou où ils décidaient de la reprise du mouvement. Pour Kamiloudine Djanffar, CGT Ma, le déroulement de cette journée de grève, avec ses forces en présence, « fait parti du jeu, chacun joue sa partition, même si nous regrettons le déploiement de force arbitré par le Préfet et la mobilisation des forces depuis la métropole ». En réalité, des forces supplémentaires ont bien été dépêchées, mais depuis La Réunion.
Le mouvement est reconduit demain, aux mêmes endroits que ce matin : devant Disma et au terre plein de M’tsapere dans un mouvement convergent vers Mamoudzou vers 7h. « Nous demandons une table ronde avec les distributeurs, grands et petits de Mayotte, autour du préfet pour discuter des prix dans l’alimentaire, le bâtiment ou la quincaillerie » signalait Salim Nahouda.
A.L.
(Source : Malango Actualité)
Ils étaient 10 à s’être rassemblés à 7h devant Disma (à côté du tribunal de Grande Instance) sous l’enseigne de la CGT Ma, dans une ambiance bonne enfant. Un agent de la mairie de Mamoudzou passait par là, sourire aux lèvres : « je fais grève mais ne veut pas manifester, il fait trop chaud sous le soleil ! ». La procession s’avançait vers 8h et au fur à mesure, les rangs grossissaient : « nous convergeons vers le Rond point du Commandant Passot avec nos collègues qui arrivent de M’tsapere » signalait Kamiloudine Djanffar, CGT Ma.La première tension se faisait sentir au niveau de la SMCI lorsque les grévistes entamaient un tour de rond-point, s’opposant à un niet ferme de la Police qui laissait pourtant faire quelques minutes après… « Nous avions prévu ce circuit » signalait Boinali Salim-Toumbou Cisma CFDT, qui nous assurait que cette fois ci la manifestation avait été préparée, avec un service d’ordre interne « même si ces derniers ne savent pas trop ce qu’il faut faire »… En effet, les quelques brassards rouges avaient l’air quelque peu dépassés. « Nous voulons le kilo de mabawas (ailes de poulet) à 10 ¤. La Préfecture doit faire pression sur les distributeurs » enchainait Boinali Salim.Plusieurs tours de rond-point plus tard, permis par un commissaire Delattre qui avait cette fois ci organisé la circulation par la Sogéa pour qu’il n’y ait aucun blocage, les grévistes étaient rejoints par la vague de 40 personnes qui stationnaient au rond point El Farouk (SFR). La tension montait encore d’un cran : « il y a trop de gamins » glissait Boinali Said, « il faut temporiser ». Une manifestation tranquille en matinée
« Ni sono ni mégaphone comme mercredi dernier… »
Au rond point SFR, une autre manifestation attendait : une trentaine d’enseignants qui avaient suivi le mot d’ordre national de grève voulait rejoindre le gros des troupes. Nous leur avons demandé s’ils n’avaient pas peur que leur revendication portant sur le statut des professeurs ou l’insuffisance de salles de classe ne passe au second plan d’une vaste revendication contre la vie chère : « nous voulions manifester avec les mahorais » expliquait Roger Combarel, secrétaire départemental CGT Educ’action.
Ce sont maintenant 300 manifestants qui, après un petit tour du rond point SFR, s’en vont vers le centre ville de Mamoudzou… avec beaucoup de mal puisque les leaders, FO en tête, avec Cisma CFDT et CGT Ma, sont en position de départ comme pour un 110m haies, mais sans personne derrière… !! Certains meneurs n’ayant qu’une idée en tête : bloquer le rond point. Et toujours aucun mégaphone sous la main pour diriger les troupes… Lorsque nous abordons ce point avec Boinali, le commissaire Delattre partait chercher celui de la Police… en panne !
Au rond point de la barge, et après connexion des deux groupes, ce sont 1000 personnes qui défilent. Pas de force de l’ordre, le préfet ayant fait passer des consignes de tolérance, la circulation se faisant par le haut. « Si rien ne bouge au niveau des prix, c’est Mayotte qui bougera pour amener de vrais débats comme en ont eu les Antilles » signalait Salim Nahouda, secrétaire général CGT Ma, « ailleurs on trouve des produits frais et abordables. Ici, il sont chers et pourris : on n’en connaît pas la provenance, des emballages d’origine sont modifiés. Souvent, à peine achetées, nous sommes obligés de jeter la moitié des denrées car elles sont pourries ou périmées. Si nous arrivons à accroitre le pouvoir d’achat, cela équivaudra à une indexation ».Le capitaine Chamassy dans son rôle d'arbitre avec Hamidou Madi M'colo et Salim Nahouda
Beaucoup de tirs de grenades lacrymogène lors de cette manifestation
Contre toute attente, et au lieu de se rendre en Préfecture « où nous n’avons abouti à rien mercredi dernier », les manifestants se dirigeaient de nouveau vers le rond point SFR. Bloqués 300 m avant par les forces de gendarmerie sous le commandement du commissaire Delattre, certains manifestants ont vu rouge, tentant de forcer le barrage. Les gendarmes les ont dégagés sans ménagement, et c’est à ce moment que des pierres sont tombées sur les forces de police, en provenance du CEFSM (Centre des études et formation supérieures) dans l’enceinte d’un bâtiment du Conseil général, en face de l’entreprise Budget. La riposte par grenades lacrymogènes ne s’est pas faite attendre, après plusieurs autres chutes de cailloux, la manifestation reprenait vers le rond point, derrière des leaders et des forces de l’ordre très tendues.
Et comme d’habitude, c’est le capitaine Chamassy qui calme le jeu : « vous deviez distribuer des itinéraires à vos adhérents et nous avertir de tout changement de parcours avant de quitter le rond point de la barge. Résultat, les esprits commencent à s’échauffer, nous ne tolèrerons aucun blocage » lançait-il à Salim Nahouda. « On essaie de canaliser » répondaient les syndicalistes. Alors que les autorités n’arrivent pas à mettre la main sur ce préavis de grève illimitée, qui doit être assorti d’un parcours. Préavis que Salim Nahouda jure avoir faxé au directeur de la DIECCTE (direction du travail).Les manifestants agressent un automobiliste non gréviste
Mais le blocage était réel, les manifestants ne voulant pas lever le camp, et contournant l’effectif de gendarmes, certains s’en prenaient violemment aux automobilistes au motif qu’ils n’étaient pas grévistes. Alors que derrière, à Kawéni, des bandes de jeunes commençaient à s’organiser autour de barrages et de jets de pierres, provoquant l’arrivée massive de gendarmes et leurs grenades lacrymogènes pour dégager la voie, mais perçus par la population comme une provocation : « ils vont inciter les jeunes à continuer, à jouer au chat et à la souris » signalait un commerçant.
Le commissaire Delattre donnait alors l’ordre d’évacuer le rond-point par la force, ce qui fut fait en 15 secondes à grand renfort de bombes lacrymogènes contre jets de pierres, repoussant les manifestants vers Mamoudzou et vers le magasin Sodifram où plusieurs barrages étaient incendiés, comme à Kawéni.
Les manifestants se repliaient alors vers Mamoudzou où ils décidaient de la reprise du mouvement. Pour Kamiloudine Djanffar, CGT Ma, le déroulement de cette journée de grève, avec ses forces en présence, « fait parti du jeu, chacun joue sa partition, même si nous regrettons le déploiement de force arbitré par le Préfet et la mobilisation des forces depuis la métropole ». En réalité, des forces supplémentaires ont bien été dépêchées, mais depuis La Réunion.
Le mouvement est reconduit demain, aux mêmes endroits que ce matin : devant Disma et au terre plein de M’tsapere dans un mouvement convergent vers Mamoudzou vers 7h. « Nous demandons une table ronde avec les distributeurs, grands et petits de Mayotte, autour du préfet pour discuter des prix dans l’alimentaire, le bâtiment ou la quincaillerie » signalait Salim Nahouda.
A.L.
(Source : Malango Actualité)
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