La Cour de cassation de La Réunion a rejeté le dépaysement de l’affaire Roukia (voir Malango du 25/08), qui avait été demandé par le parquet...
La Cour de cassation de La Réunion a rejeté le dépaysement de l’affaire Roukia (voir Malango du 25/08), qui avait été demandé par le parquet du Tribunal de Grande Instance de Mamoudzou et l’avocate des accusés. Pour les avocats qui s’étaient ligués contre une délocalisation que l’un d’entre eux avait qualifié de « cimetière judiciaire », c’est une victoire.
La bataille des 4 avocats a porté ses fruits, il ne reste plus qu'à attendre la fin de l'instruction dans un climat moins tendu au sein du monde judiciaire
Crédit photo : A.L./Malango
«C’est une décision très courageuse, résultat de la position du juge d’instruction et de la volonté des avocats réunis, fait très rares, avocats de la partie civile et avocats de la défense » se félicitait Me Saïd Larifou, avocat d’un des indicateurs de gendarmes mis en cause. « Avec cette décision, la Cour de Cassation vient d’implanter l’état de droit au milieu du lagon de Mayotte » se réjouit Mansour Kamardine, avocat de la famille de Roukia qui rappelle que la suppression des juridictions en 1992 avait pour but que les affaires soient jugées au plus près de leur lieu de commission.
La motivation de la décision de la Cour de Cassation n’est pas encore connue, mais pour Me Kamardine le motif du dépaysement qui était l’obligation pour le juge de travailler avec les officiers de police judiciaire (OPJ), dont certains sont mis en cause et qu’il connaît à Mayotte, ne tient pas : « le magistrat de La Réunion était obligé de travailler avec ces mêmes OPJ… !! »
Le juge d’instruction Akim Karki va donc pouvoir poursuivre son instruction avec, en plus, « une demande d’élargissement de l’enquête à d’autres domaines car certains éléments ont été découvert au cours de l’instruction » signalait Saïd Larifou. Appuyé par sa cons½ur, Me Préaubert : « comme le dit Goethe, nul ne s’est perdu dans le droit chemin, donc si des fautes ont été commises, il appartient à la justice de les sanctionner ».
« Une affaire sous pression »
Quels sont ces éléments supplémentaires et ces fautes à punir ? Il s’agit ici entre autre, de la drogue qui a été réinjectée dans le circuit du trafic de drogue par les gendarmes du Groupement d’Intervention Régional, soit 1 gramme de cocaïne (voir notre édition du 25/08), drogue que certains soupçonnent d’avoir tué Roukia. « Dès que le magistrat instructeur l’a découvert au cours de ses recherches, tout a été fait pour freiner la machine judiciaire » accuse Mansour Kamardine qui rajoute que l’on ne peut protéger certains citoyens, les gendarmes en l’occurrence, au détriment d’autres : « certains clients plongent pour plusieurs années pour trafic de stupéfiants ». Pour mémoire, les expertises médicales menées sur le corps de Roukia feraient état de présence d’héroïne et non de cocaïne, mais « personne n’a vu ces fameux rapports, et je ne veux pas trahir le secret de l’instruction, le parquet s’en est chargé ! » s’exclamait Me Kamardine.
« Karki va pouvoir continuer à travailler sans la pression de ses collègues du parquet » renchérissait Me Ahamada, ajoutant que sa cliente, gérante du salon de coiffure, veut être innocentée sur place à Mayotte et non pas à La Réunion.
Sur la question du côté passionnel du débat qui aurait pu nuire à la sérénité de l’instruction, « qui a rendu le débat passionnel ? C’est Me Ousseni et le parquet qui ont fait des conférences de presse ! » répondait Mansour Kamardine qui s’exprimait également sur les rumeur de suspicions d’absence d’indépendance du juge d’instruction : « il n’y a eu aucune requête en suspicion pourtant !».
D’autre part, Me Larifou signale que son client s’est vu retirer le titre de séjour qui lui avait pourtant été promis en tant qu’indic, « parce qu’il avait mis en cause les gendarmes… il est victime de chantage et il pourra porter plainte car beaucoup d’étrangers en situation irrégulière à Mayotte sont utilisés de la même manière ! ».
Au sujet d’une éventuelle nouvelle demande de dépaysement concernant le jugement, et non plus de l’instruction, maitre Kamardine le balaie d’un revers de manche : « je ne pense pas que le parquet reformule une délocalisation, mais s’il venait à décider que la justice mahoraise n’était pas indépendante, ce serait au procurer général de la Cour de Cassation d’en décider. Mais nous serions très amers… ».Malango
La bataille des 4 avocats a porté ses fruits, il ne reste plus qu'à attendre la fin de l'instruction dans un climat moins tendu au sein du monde judiciaire
Crédit photo : A.L./Malango
«C’est une décision très courageuse, résultat de la position du juge d’instruction et de la volonté des avocats réunis, fait très rares, avocats de la partie civile et avocats de la défense » se félicitait Me Saïd Larifou, avocat d’un des indicateurs de gendarmes mis en cause. « Avec cette décision, la Cour de Cassation vient d’implanter l’état de droit au milieu du lagon de Mayotte » se réjouit Mansour Kamardine, avocat de la famille de Roukia qui rappelle que la suppression des juridictions en 1992 avait pour but que les affaires soient jugées au plus près de leur lieu de commission.
La motivation de la décision de la Cour de Cassation n’est pas encore connue, mais pour Me Kamardine le motif du dépaysement qui était l’obligation pour le juge de travailler avec les officiers de police judiciaire (OPJ), dont certains sont mis en cause et qu’il connaît à Mayotte, ne tient pas : « le magistrat de La Réunion était obligé de travailler avec ces mêmes OPJ… !! »
Le juge d’instruction Akim Karki va donc pouvoir poursuivre son instruction avec, en plus, « une demande d’élargissement de l’enquête à d’autres domaines car certains éléments ont été découvert au cours de l’instruction » signalait Saïd Larifou. Appuyé par sa cons½ur, Me Préaubert : « comme le dit Goethe, nul ne s’est perdu dans le droit chemin, donc si des fautes ont été commises, il appartient à la justice de les sanctionner ».
« Une affaire sous pression »
Quels sont ces éléments supplémentaires et ces fautes à punir ? Il s’agit ici entre autre, de la drogue qui a été réinjectée dans le circuit du trafic de drogue par les gendarmes du Groupement d’Intervention Régional, soit 1 gramme de cocaïne (voir notre édition du 25/08), drogue que certains soupçonnent d’avoir tué Roukia. « Dès que le magistrat instructeur l’a découvert au cours de ses recherches, tout a été fait pour freiner la machine judiciaire » accuse Mansour Kamardine qui rajoute que l’on ne peut protéger certains citoyens, les gendarmes en l’occurrence, au détriment d’autres : « certains clients plongent pour plusieurs années pour trafic de stupéfiants ». Pour mémoire, les expertises médicales menées sur le corps de Roukia feraient état de présence d’héroïne et non de cocaïne, mais « personne n’a vu ces fameux rapports, et je ne veux pas trahir le secret de l’instruction, le parquet s’en est chargé ! » s’exclamait Me Kamardine.
« Karki va pouvoir continuer à travailler sans la pression de ses collègues du parquet » renchérissait Me Ahamada, ajoutant que sa cliente, gérante du salon de coiffure, veut être innocentée sur place à Mayotte et non pas à La Réunion.
Sur la question du côté passionnel du débat qui aurait pu nuire à la sérénité de l’instruction, « qui a rendu le débat passionnel ? C’est Me Ousseni et le parquet qui ont fait des conférences de presse ! » répondait Mansour Kamardine qui s’exprimait également sur les rumeur de suspicions d’absence d’indépendance du juge d’instruction : « il n’y a eu aucune requête en suspicion pourtant !».
D’autre part, Me Larifou signale que son client s’est vu retirer le titre de séjour qui lui avait pourtant été promis en tant qu’indic, « parce qu’il avait mis en cause les gendarmes… il est victime de chantage et il pourra porter plainte car beaucoup d’étrangers en situation irrégulière à Mayotte sont utilisés de la même manière ! ».
Au sujet d’une éventuelle nouvelle demande de dépaysement concernant le jugement, et non plus de l’instruction, maitre Kamardine le balaie d’un revers de manche : « je ne pense pas que le parquet reformule une délocalisation, mais s’il venait à décider que la justice mahoraise n’était pas indépendante, ce serait au procurer général de la Cour de Cassation d’en décider. Mais nous serions très amers… ».Malango
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