Drôle de télescopage de l’actualité aujourd’hui : la « Françafrique » refait parler d’elle alors que le président Nicolas Sarkozy accueille ...
Drôle de télescopage de l’actualité aujourd’hui : la « Françafrique » refait parler d’elle alors que le président Nicolas Sarkozy accueille ce jour le président rwandais Paul Kagamé.
««Dictateur » est le terme le plus approprié ! » s’écrit Augustin président de l’association des Africains des Grands-Lacs (Burundi, République démocratique du Congo (RDC, ex-Zaïre), Ouganda et Rwanda) qui manifeste avec une vingtaine de demandeurs d’asile africains (ainsi que deux tibétains solidaires), à l’image de plusieurs autres défilés en métropole, « indignés que le président français puisse accueillir celui qui est accusé d’avoir massacré une partie de la population congolaise, dont des rwandais réfugiés en RDC entre 2003 et 2008 ».
Les pancartes brandies dans les rues de Mayotte font état du rapport dit « mapping » des Nations Unies sur les graves violations des droits de l'homme commises en RDC entre 1993 et 2003 dont le président Kagamé se serait rendu coupable, « 6 millions de personnes, congolais et rwandais réfugiés en RDC » souligne Augustin qui rappelle que « sur trois candidats qui se sont présentés aux présidentielles contre Kagame, 2 sont emprisonnés (Victoire et Ntaganda) alors qu’un troisième a été décapité ! »
Les conflits entre hutus et tutsis font et défont l’histoire du Rwanda depuis presque un siècle, arbitrés par la Belgique qui faisait le distinguo entre les deux ethnies dans une logique proche du « diviser pour mieux régner », et en s’appuyant sur les Tutsis considérés comme une élite. En 1958, alors que ces derniers demandent l’indépendance, la Belgique appuie la révolte des hutus. Ce sont les premiers massacres des tutsis, qui vont se répéter en 1963, 1966 et 1973, avant le gigantesque génocide de 1994 où pendant trois mois, 800.000 tutsis et hutus modérés, qui désapprouvent le régime, sont tués. Un million de hutus prennent la fuite vers le Zaïre, notamment par la «zone humanitaire sûre» installée par l’armée française dans le sud-est du Rwanda (opération «Turquoise»), mais où, selon des témoignages, les massacres de tutsis continuent.
Le mouvement tutsi Front Patriotique Rwandais (FPR) porte en 1994 son leader Paul Kagame au pouvoir où il sera « élu » par un Parlement à ses ordres. Le génocide de ses proches n’était alors pas reconnu par la communauté internationale : ce n’est que l’année dernière lors de sa visite à Kigali que le président Sarkozy avait admis « une forme d'aveuglement » de Paris pour n'avoir pas « vu la dimension génocidaire » du régime rwandais hutu qu'il soutenait à l'époque.« Les affaires ressortent à 7 mois de la présidentielle »
Mais en 1996, Kagame se livre alors à son tour à une persécution pour lesquelles le rapport de l’ONU signale que « les victimes du génocide de 1994 auraient appliqué des méthodes génocidaires semblables à celles dont ils furent les victimes ».
Justifiant la visite du président Kagame, Paris et Kigali ont affiché leur désir de rebâtir une relation abîmée, mettant en avant la relance de partenariats économiques. «Nous travaillons ensemble pour voir comment échapper à l'Histoire, pour avancer», a affirmé Paul Kagame…
Une absence est cependant remarquée, celle d’Alain Juppé, ministre des affaires étrangères, saluée par les manifestants africains qui lui adressent une lettre ouverte pour le féliciter de ne pas « se souiller en participant à des cérémonies honteuses ». Mais, outre sa visite dans le Pacifique, l’absence du ministre est surtout due à la circulation d’un rapport au Rwanda, accusant la France de complicité avec les génocidaire de 1994, que les militaires français jugent insultant. Selon le site du journal La Croix, 18 députés, tous UMP, ont interpellé par courrier Nicolas Sarkozy sur ses relations avec Paul Kagame, en dénonçant les « accusations » régulièrement portées « à tort » par le président du Rwanda « concernant la participation active de l’armée française au génocide ».
Une venue sous haute tension donc, alors que Robert Bourgi, avocat d’origine libanaise, proche de Nicolas Sarkozy, vient d’avouer au Journal du Dimanche (JDD) avoir transmis entre 1997 et 2005 des remises de fonds en provenance de chefs d’Etat africains (dont Congo, Gabon, Zaïre et Côte d’Ivoire), « d’un montant incalculable », au président et premier ministre de l’époque, soit Jacques Chirac et Dominique de Villepin… qui ont annoncé qu’ils allaient porter plainte. Alors que Michel de Bonnecorse, qui fut conseiller Afrique de Jacques Chirac, désigne Nicolas Sarkozy comme autre bénéficiaire de ces fonds.
La Côte-d’Ivoire confirme ces dires puisque selon l’AFP, Mamadou Koulibaly, ex-numéro 2 du régime du président déchu de Laurent Gbagbo en Côte d'Ivoire et actuel président de l'Assemblée nationale ivoirienne, a affirmé que « 3 millions d'euros avaient été transférés d'Abidjan à Paris pour financer la campagne électorale de l'ancien président français Jacques Chirac en 2002 ».
Une France qui essaie désormais de se frayer un chemin entre passif historique et enjeux économiques d’une Afrique dont certains pays sont en plein développement, puisque la croissance économique de la région devrait atteindre 5,5% en 2011 et alors que selon un bulletin du Fonds Monétaire International de janvier 2011, on s’attend à un accroissement des investissements directs étrangers dans les pays du groupe dénommés « Afrique émergente ». A noter, le français vient d’être adopté comme langue officielle de la Communauté d’Afrique de l’Est.malango
««Dictateur » est le terme le plus approprié ! » s’écrit Augustin président de l’association des Africains des Grands-Lacs (Burundi, République démocratique du Congo (RDC, ex-Zaïre), Ouganda et Rwanda) qui manifeste avec une vingtaine de demandeurs d’asile africains (ainsi que deux tibétains solidaires), à l’image de plusieurs autres défilés en métropole, « indignés que le président français puisse accueillir celui qui est accusé d’avoir massacré une partie de la population congolaise, dont des rwandais réfugiés en RDC entre 2003 et 2008 ».
Les pancartes brandies dans les rues de Mayotte font état du rapport dit « mapping » des Nations Unies sur les graves violations des droits de l'homme commises en RDC entre 1993 et 2003 dont le président Kagamé se serait rendu coupable, « 6 millions de personnes, congolais et rwandais réfugiés en RDC » souligne Augustin qui rappelle que « sur trois candidats qui se sont présentés aux présidentielles contre Kagame, 2 sont emprisonnés (Victoire et Ntaganda) alors qu’un troisième a été décapité ! »
Les conflits entre hutus et tutsis font et défont l’histoire du Rwanda depuis presque un siècle, arbitrés par la Belgique qui faisait le distinguo entre les deux ethnies dans une logique proche du « diviser pour mieux régner », et en s’appuyant sur les Tutsis considérés comme une élite. En 1958, alors que ces derniers demandent l’indépendance, la Belgique appuie la révolte des hutus. Ce sont les premiers massacres des tutsis, qui vont se répéter en 1963, 1966 et 1973, avant le gigantesque génocide de 1994 où pendant trois mois, 800.000 tutsis et hutus modérés, qui désapprouvent le régime, sont tués. Un million de hutus prennent la fuite vers le Zaïre, notamment par la «zone humanitaire sûre» installée par l’armée française dans le sud-est du Rwanda (opération «Turquoise»), mais où, selon des témoignages, les massacres de tutsis continuent.
Le mouvement tutsi Front Patriotique Rwandais (FPR) porte en 1994 son leader Paul Kagame au pouvoir où il sera « élu » par un Parlement à ses ordres. Le génocide de ses proches n’était alors pas reconnu par la communauté internationale : ce n’est que l’année dernière lors de sa visite à Kigali que le président Sarkozy avait admis « une forme d'aveuglement » de Paris pour n'avoir pas « vu la dimension génocidaire » du régime rwandais hutu qu'il soutenait à l'époque.« Les affaires ressortent à 7 mois de la présidentielle »
Mais en 1996, Kagame se livre alors à son tour à une persécution pour lesquelles le rapport de l’ONU signale que « les victimes du génocide de 1994 auraient appliqué des méthodes génocidaires semblables à celles dont ils furent les victimes ».
Justifiant la visite du président Kagame, Paris et Kigali ont affiché leur désir de rebâtir une relation abîmée, mettant en avant la relance de partenariats économiques. «Nous travaillons ensemble pour voir comment échapper à l'Histoire, pour avancer», a affirmé Paul Kagame…
Une absence est cependant remarquée, celle d’Alain Juppé, ministre des affaires étrangères, saluée par les manifestants africains qui lui adressent une lettre ouverte pour le féliciter de ne pas « se souiller en participant à des cérémonies honteuses ». Mais, outre sa visite dans le Pacifique, l’absence du ministre est surtout due à la circulation d’un rapport au Rwanda, accusant la France de complicité avec les génocidaire de 1994, que les militaires français jugent insultant. Selon le site du journal La Croix, 18 députés, tous UMP, ont interpellé par courrier Nicolas Sarkozy sur ses relations avec Paul Kagame, en dénonçant les « accusations » régulièrement portées « à tort » par le président du Rwanda « concernant la participation active de l’armée française au génocide ».
Une venue sous haute tension donc, alors que Robert Bourgi, avocat d’origine libanaise, proche de Nicolas Sarkozy, vient d’avouer au Journal du Dimanche (JDD) avoir transmis entre 1997 et 2005 des remises de fonds en provenance de chefs d’Etat africains (dont Congo, Gabon, Zaïre et Côte d’Ivoire), « d’un montant incalculable », au président et premier ministre de l’époque, soit Jacques Chirac et Dominique de Villepin… qui ont annoncé qu’ils allaient porter plainte. Alors que Michel de Bonnecorse, qui fut conseiller Afrique de Jacques Chirac, désigne Nicolas Sarkozy comme autre bénéficiaire de ces fonds.
La Côte-d’Ivoire confirme ces dires puisque selon l’AFP, Mamadou Koulibaly, ex-numéro 2 du régime du président déchu de Laurent Gbagbo en Côte d'Ivoire et actuel président de l'Assemblée nationale ivoirienne, a affirmé que « 3 millions d'euros avaient été transférés d'Abidjan à Paris pour financer la campagne électorale de l'ancien président français Jacques Chirac en 2002 ».
Une France qui essaie désormais de se frayer un chemin entre passif historique et enjeux économiques d’une Afrique dont certains pays sont en plein développement, puisque la croissance économique de la région devrait atteindre 5,5% en 2011 et alors que selon un bulletin du Fonds Monétaire International de janvier 2011, on s’attend à un accroissement des investissements directs étrangers dans les pays du groupe dénommés « Afrique émergente ». A noter, le français vient d’être adopté comme langue officielle de la Communauté d’Afrique de l’Est.malango
COMMENTAIRES