Claude Guéant et le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, lundi 29 août.AFP/BORIS HORVAT Une petite phrase du ministre de l'intérieu...
Claude Guéant et le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, lundi 29 août.AFP/BORIS HORVAT
Une petite phrase du ministre de l'intérieur, Claude Guéant, lâchée, dimanche 11 septembre, lors du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI, émeut depuis 48 heures toute la diaspora comorienne de France et un certain nombre de responsables politiques marseillais. "Il y a une immigration comorienne qui est la cause de beaucoup de violences. Je ne peux pas la quantifier", a déclaré M. Guéant.
On est en plein milieu de l'émission animée par Jean-Michel Apathie ce dimanche, quand Etienne Mougeotte, directeur des rédactions du Figaro, coupe M. Guéant, qui dresse un tableau en demi-teinte de la sécurité à Marseille : "Mais il existe une coopération entre les communautés musulmane, juive et catholique assez poussée qui fonctionne ? Là, il n'y a pas de lien entre sécurité et immigration ?" l'interroge-t-il. C'est alors que le ministre lâche : "Il peut y avoir..."
Dans un premier temps, les propos de M. Guéant sont passés relativement inaperçus. Mais ils ont ensuite suscité l'émoi des 250 000 personnes – selon les estimations les plus courantes – que constitue la diaspora comorienne. Et ce d'autant plus que celle-ci considère souvent la cité phocéenne comme la deuxième capitale de l'Union des Comores après Moroni. Quelque 80 000 personnes d'origine comorienne y vivraient, selon la mairie de Marseille.
"IL A PERDU LA TÊTE"
Très organisée, la diaspora est constituée d'un vaste maillage d'associations. "M. Guéant a perdu la tête", s'indigne, parmi d'autres, Hachim Saïd Hassane, président de la Fondation des Comores, une organisation humanitaire qui précise que la communauté réfléchit à des appels à manifester.
La diaspora comorienne a pour particularité de compter un très grand nombre de naturalisés. L'Union des Comores est en effet une ancienne colonie française. Or, lors de son indépendance, en 1975, une loi, en vigueur jusqu'en 1978, a permis à nombre de ses ressortissants d'obtenir la nationalité française.
"La communauté comorienne est pacifique. S'il y a de la délinquance, c'est celle des jeunes. Mais eux sont français, nés en France, ils ne connaissent rien des Comores (...), s'insurge Said Mohamed, doctorant en droit et membre de Kartala, un réseau de professionnels qualifiés d'origine comorienne. Après les Roumains, les Comoriens, que restera-t-il du principe de l'égalité républicaine ?"
LES ORIGINES ETHNIQUES ET LA STATISTIQUE POLICIÈRE
Lundi, les Comoriens ont reçu le soutien de Patrick Mennucci, vice-président (PS) du conseil régional de PACA, et du maire (UMP) de Marseille, Jean-Claude Gaudin : "J'ai toujours œuvré pour faciliter la coexistence des nombreuses communautés immigrées (...). Cela engendre parfois des problèmes (...) Pour autant, on ne peut pas incriminer une communauté en particulier."
Du fait de l'interdiction des statistiques ethniques qui prévaut en France, du côté de la justice, à Marseille, on confirme ne pas avoir d'outils permettant de déterminer la nationalité ou l'origine des auteurs de faits de délinquance. Toutefois, selon une source policière, il est possible, à partir des renseignements fournis sur les fiches Système de traitement des infractions constatées (STIC), sur lesquelles figurent notamment les dates et lieux de naissance de l'individu signalé et de sa parentelle, d'établir ses origines ethniques.
Yves Bordenave, Laurent Borredon et Elise Vincent: le monde
Une petite phrase du ministre de l'intérieur, Claude Guéant, lâchée, dimanche 11 septembre, lors du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI, émeut depuis 48 heures toute la diaspora comorienne de France et un certain nombre de responsables politiques marseillais. "Il y a une immigration comorienne qui est la cause de beaucoup de violences. Je ne peux pas la quantifier", a déclaré M. Guéant.
On est en plein milieu de l'émission animée par Jean-Michel Apathie ce dimanche, quand Etienne Mougeotte, directeur des rédactions du Figaro, coupe M. Guéant, qui dresse un tableau en demi-teinte de la sécurité à Marseille : "Mais il existe une coopération entre les communautés musulmane, juive et catholique assez poussée qui fonctionne ? Là, il n'y a pas de lien entre sécurité et immigration ?" l'interroge-t-il. C'est alors que le ministre lâche : "Il peut y avoir..."
Dans un premier temps, les propos de M. Guéant sont passés relativement inaperçus. Mais ils ont ensuite suscité l'émoi des 250 000 personnes – selon les estimations les plus courantes – que constitue la diaspora comorienne. Et ce d'autant plus que celle-ci considère souvent la cité phocéenne comme la deuxième capitale de l'Union des Comores après Moroni. Quelque 80 000 personnes d'origine comorienne y vivraient, selon la mairie de Marseille.
"IL A PERDU LA TÊTE"
Très organisée, la diaspora est constituée d'un vaste maillage d'associations. "M. Guéant a perdu la tête", s'indigne, parmi d'autres, Hachim Saïd Hassane, président de la Fondation des Comores, une organisation humanitaire qui précise que la communauté réfléchit à des appels à manifester.
La diaspora comorienne a pour particularité de compter un très grand nombre de naturalisés. L'Union des Comores est en effet une ancienne colonie française. Or, lors de son indépendance, en 1975, une loi, en vigueur jusqu'en 1978, a permis à nombre de ses ressortissants d'obtenir la nationalité française.
"La communauté comorienne est pacifique. S'il y a de la délinquance, c'est celle des jeunes. Mais eux sont français, nés en France, ils ne connaissent rien des Comores (...), s'insurge Said Mohamed, doctorant en droit et membre de Kartala, un réseau de professionnels qualifiés d'origine comorienne. Après les Roumains, les Comoriens, que restera-t-il du principe de l'égalité républicaine ?"
LES ORIGINES ETHNIQUES ET LA STATISTIQUE POLICIÈRE
Lundi, les Comoriens ont reçu le soutien de Patrick Mennucci, vice-président (PS) du conseil régional de PACA, et du maire (UMP) de Marseille, Jean-Claude Gaudin : "J'ai toujours œuvré pour faciliter la coexistence des nombreuses communautés immigrées (...). Cela engendre parfois des problèmes (...) Pour autant, on ne peut pas incriminer une communauté en particulier."
Du fait de l'interdiction des statistiques ethniques qui prévaut en France, du côté de la justice, à Marseille, on confirme ne pas avoir d'outils permettant de déterminer la nationalité ou l'origine des auteurs de faits de délinquance. Toutefois, selon une source policière, il est possible, à partir des renseignements fournis sur les fiches Système de traitement des infractions constatées (STIC), sur lesquelles figurent notamment les dates et lieux de naissance de l'individu signalé et de sa parentelle, d'établir ses origines ethniques.
Yves Bordenave, Laurent Borredon et Elise Vincent: le monde
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