La France peut-elle s’améliorer au classement de Shanghaï ? A chaque publication du classement de Shanghaï, les critiques, notamment sur c...
La France peut-elle s’améliorer au classement de Shanghaï ?
A chaque publication du classement de Shanghaï, les critiques, notamment sur ce blog, pleuvent. Contre le classement d'une part (nous avons relayé en juin le rapport de l'association européenne des universités), contre la place de la France d'autre part. Sur ce dernier point, la France aime beaucoup s'auto-flageller... Classer 21 établissements dans le top 500 n'est pourtant pas si mal. Et sur le long terme, on remarque une amélioration du rang des universités françaises. Cependant, si l'on devait faire mieux, comment s'y prendre ?Il existe une première réponse évidente : il faut investir plus de moyens. Il en existe une complémentaire. Réformer le système pour créer de véritables universités de recherche, au sens de Shanghaï... Depuis 2003 et le lancement de ce type de classement, l'une des réponses de l'Etat a ainsi été d'encourager le développement de pôles de recherche et d'enseignement supérieur (PRES). Rapprocher les établissements en pôles, simplement pour bien figurer dans le classement de Shanghaï, n'a pas beaucoup de sens. Ce n'était d'ailleurs pas l'objectif principal au départ, mais un objectif annexe.
Coopérer ou fusionner ?
En 2005, l'idée était plutôt de faire coopérer, sur un site donné, différentes institutions, les scientifiques travaillant déjà généralement de concert. Le PRES ne devaient pas être une première étape vers la fusion. A l'époque, le ministère de l'enseignement supérieur comptait beaucoup de sceptiques quant au bon déroulement de la fusion des universités de Strasbourg, au 1er janvier 2009...
Après Strasbourg, d'autres ont cependant décidé de s'engager sur cette voie : les établissements lorrains, d'Aix-Marseille en 2012, et ceux de Bordeaux en 2014 pour ne citer que les sites les plus avancés. Si l'idée est de construire une marque unique et offrir une carte de formation et de recherche le plus cohérente possible, ces fusions annoncées ne sont pas pénalisées par le classement de Shanghaï. Pourquoi ? Parce qu'elles rassemblent des établissements qui disposent tous de bons laboratoires de sciences dures, ce qui compte pour le classement de Shanghaï. Par contraste, la fusion de Strasbourg n'a eu aucune incidence sur son classement. L'université unique remplaçant Strasbourg-I qui concentrait l'essentiel des sciences exactes.
La quasi-totalité des PRES rentrerait dans le classement de Shanghaï
Dans Les Echos, le 15 août, Laurent Wauquiez, le ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche estimait que l'on figurerait beaucoup mieux si le classement de Shanghaï prenait en compte les pôles de recherche et d'enseignement supérieur (PRES) : "Les auteurs du classement, à ma demande, ont réalisé une simulation et proposent de les prendre en compte à l'avenir s'ils poursuivent leur rapprochement. Les résultats sont extraordinaires. Quatre regroupements pourraient intégrer directement le top 50".
Selon cette simulation (approximative, car une donnée concernant les effectifs d'enseignants-chercheurs manquait, altérant l'un des critère du classement), que l'Observatoire des sciences et techniques a mise en forme, l'ensemble du campus de Saclay, qui réunit en particulier l'université Paris-XI (40e seule dans ce classement) mais aussi les établissements de ParisTech (X, Mines, HEC, etc.), rentrerait potentiellement dans le top 20 mondial. D'autres PRES, notamment celui du Centre Val de Loire, de Bourgogne-Franche-Comté ou de Paris-Est s'installeraient dans le top 500. Le PRES Hésam, centré quasi-exclusivement sur les sciences humaines et sociales, n'est pas classé, tout comme le PRES normand.
Top 100
19 Campus Plateau de Saclay
30 Paris Sciences-et-Lettres
33 Paris Sorbonne universités (Paris-II, -IV et -VI, etc.)
43 Paris Cité (Paris-III, -V, VII, XIII, etc.)
100-200
Grenoble universités
Université de Lyon
Université de Toulouse
Université de Strasbourg, qui n'est pas un PRES, est également dans cette catégorie
200-300
Universités du Languedoc-Roussillon
Université de Bordeaux
Université européenne de Bretagne
Université de Lille
300-400
Université de Nantes, Angers, Le Mans
400-500
Universités Limousin-Poitou-Charentes
Universités Centre Val-de-Loire
Université Paris-Est (Créteil, Marne-la-Vallée)
Université Bourgogne Franche-Comté
450-550
Clermont université
Si ce classement donne une image un peu meilleure de la qualité de la recherche française, elle ne se traduira pas pour autant nécessairement dans les faits. Lors de leur venue en France au début de l'été, les auteurs du classement de Shanghaï ont rappelé qu'ils ne souhaitaient pas classer les PRES, mais seulement les établissements uniques, c'est-à-dire les regroupements "fusionnés", à l'image d'Aix-Marseille ou de Lorraine. Voir Saclay classé au 19e rang mondial est pour ainsi dire encore un doux rêve pour beaucoup d'observateurs, tant les établissements du plateau ont du mal à s'entendre.
Pour rappel, voici le détail du classement de Shanghaï (recalculé et estimé par l'OST) des établissements français classés dans le top 500 cette année (entre parenthèse, le nombre de places gagnées ou perdues depuis l'an dernier). "Ces positions, recalculées, peuvent varier d'une ou deux places selon les décimales retenues, ce qui veut dire que la valeur des écarts est, elle aussi, approchée de quelques rangs", précise-t-on à l'OST.
40 (+5) Paris-XI
41 (-2) Paris-VI
69 (+2) Ecole Normale Super Paris
107 (-2) Strasbourg
114 (+4) Paris-VII
148/150 (+140/142, par rapport au rang d'Aix-Marseille-I) Aix-Marseille. La fusion des trois établissements expliquent ce saut.
154 (-1) Paris-5
163 (-1) Grenoble-I
224/225 (+53/54) Toulouse-III
230 (+124, par rapport au rang de Nancy-I) Lorraine. La fusion des quatre établissements lorrains expliquent ce saut
238 (-8) Montpellier-II
239 (+3) Lyon-I
293 (+73) Paris-Dauphine
307/308 (-13/14) Polytechnique
308 (-18) ESPCI
345/347 (-30/32) Bordeaux-I
398 (+4) Rennes-I
426 (-18) Mines-Paris
439 (-40) Nice
493/494 (-39/40) Normale Supérieure de Lyon
499/500 (-12/13) Versailles
Philippe Jacqué : le monde
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