Dans la Corne d'Afrique, de l'Erythrée au Kenya, une sécheresse particulièrement sévère multiplie par quinze les taux de mor...
Dans la Corne d'Afrique, de l'Erythrée au Kenya, une sécheresse particulièrement sévère multiplie par quinze les taux de mortalité.
Le camp de réfugié de Dolo Abo à l'est de l'Ethiopie, près de la frontière somalienne, le 5 juillet 2011 (AFP / World Food Programme - Judith Schuler) |
Douze millions de personnes sont, selon la FAO, dans une "situation critique" dans la Corne d'Afrique. Cette région du continent africain aussi surnommée le "triangle de la mort" et qui couvre les Etats du Kenya, de l'Ethiopie, de Djibouti, de la Somalie et de l'Erythrée, subit actuellement une sécheresse exceptionnelle.
John Abgor, responsable santé coordonnant l'aide en Somalie pour l'Unicef explique que "nous sommes dans une zone à risque, cycliquement touchée par la sécheresse, mais ce qui choque ici, c'est la sévérité et l'ampleur du phénomène".
Des taux de mortalité de 15 fois supérieurs à la moyenne
"De nombreuses régions de Somalie, d’Éthiopie et du Kenya n'ont reçu aucune précipitation fin 2010, lors de la saison des pluies. Dans plusieurs zones du nord-est du Kenya, 10 % seulement des précipitations habituelles sont tombées", indique le site internet de l'Oxfam, une confédération internationale d'organisations humanitaires. Elise Ford, chargée de campagne à l'Oxfam, indique que pour que cette région de l'Afrique reçoive de nouvelles précipitations, il "faudra attendre les prochaines pluies, en octobre, dans le meilleur des cas".
Le Haut Commissariat aux Réfugiés de l'ONU (HCR) a avertit mardi 19 juillet que le taux de mortalité chez les réfugiés somaliens était très élevé, surtout chez les enfants, en raison de la malnutrition qui atteint 26,8 % de la population. Selon Paul Spiegel, responsable santé à HCR, la situation à Dolo Abo, un camp de réfugié éthiopien, est "terrible". La malnutrition fut de 37 % en juin 2011 dans l'Etat kenyan du Turkana, contre 15 % à la même période en 2010. Spiegel a précisé que le taux de mortalité a été en juin de "15 fois supérieur à la moyenne et a touché principalement les enfants âgés de moins de 5 ans".
L'ONU décrit une "situation d'urgence"
Des mesures pour pallier cette crise commencent enfin à se mettre en place. Lundi 18 juillet, une première aide alimentaire a été acheminée en Somalie, dans une région contrôlée par les islamistes Chebab, une branche d'al-Qaeda. Les rebelles ont respecté leur engagement de laisser les convois et les travailleurs humanitaires circuler librement. Un pont aérien permettant de faire transiter cinq tonnes de vivres et de médicaments a été mis en place au cours du weekend vers Baidoa, une ville du sud-ouest de la Somalie.
L'ONU a qualifié cette crise de "situation d'urgence", mais Cristina Amaral, chef des opérations d'urgence de la FAO en Afrique déplore : "nous lançons des avertissements depuis octobre dernier, mais la réponse n'est pas à la hauteur des besoins."
Jeffrey Sachs, un conseiller spécial du secrétaire général des Nations Unies Ban Ki Moon, a continué devant des journalistes à Nairobi : "Si nous continuons à répondre aux sécheresses et crises de cette façon, elles ne prendront jamais fin, il n'y aura pas de solution et l'aide sera toujours trop faible, arrivera toujours trop tard", affirme-t-il en en rajoutant : "nous ne pourrons jamais régler ces problèmes par une réponse d'urgence. Nous devons les régler à travers la prévention. Et prévention veut dire développement durable."
La commission de l'Union Européenne a déjà alloué le 6 juillet 5,7 millions d'euros pour le plus grand camp de réfugié du monde de Dabaad au Kenya. Cette nouvelle aide porte l'aide de l'Union européenne à 70 millions d'euros depuis le début de l'année.
Le réveil des gouvernants européens
Le Premier Ministre britannique David Cameron a déclaré durant son court voyage en Afrique qu'il s'agissait de "la plus catastrophique situation dans cette région depuis une génération", ajoutant que "des actions urgentes et décisives sont nécessaires". "J'exhorte ceux qui sont encore en train de réfléchir à leur contribution à agir sans délai" a-t-il conclu.
La présidence française du G20 a obtenu une réunion de l'ONU le 25 juillet à Rome "sous la présidence du directeur général de la FAO, Jacques Diouf, pour lancer un programme exceptionnel d'aide à la Somalie", a déclaré le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé. "Nous avons également demandé que l'Union européenne mobilise tous ses moyens pour faire face à cette situation", tandis que Paris débloque de son côté son "aide bilatérale" a-t-il aussi fait savoir. Bruno Le Maire, le ministre français de l'agriculture doit se rendre samedi et dimanche au Kenya pour "faire un point sur la crise alimentaire et nutritionnelle dans la corne de l'Afrique".
L'aide insuffisante des gouvernements
Londres a promis de développer 59 millions d'euros pour aider les populations, et l'Allemagne ajoutera 85 millions d'euros à son programme d'aide qui rassemble déjà 35 millions d'euros pour le Kenya et 20 millions pour l'Ethiopie. Ce sera loin d'être suffisant : la FAO estime les besoins de la Somalie à 70 millions d'euros et ceux du programme d'aide alimentaire internationale à 190 millions d'euros.
Le secours catholique - caritas a débloqué une première aide de 300.00 euros. Le Secours populaire français lui "appelle à la solidarité des dons financiers pour pouvoir faire parvenir une aide aux enfants et aux personnes touchées par la crise nutritionnelle dans cette région".
Le Nouvel Observateur - AFP
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