Monsieur le ministre de la jeunesse et des sports, permettez-moi de vous dire ma grande déception suite à votre visite à l'Injs. En ef...
Monsieur le ministre de la jeunesse et des sports, permettez-moi de vous dire ma grande déception suite à votre visite à l'Injs. En effet, je m'attendais à ce que devant les jeunes, vous vous adressiez au pays pour lui dire votre opposition du fait accompli qui nous est imposé à l'occasion des prochains jeux des îles. Comment a-t-il pu vous échapper qu'après du 2 août prochain aux Seychelles, les "Comores" vont s'affronter aux "Comores", que des jeunes Comoriens vont s'affronter à d'autres jeunes Comoriens sous des emblèmes différents, avec des objectifs différents, avec des visions hostiles.
Comment a-t-il pu vous échapper que depuis cette date et, de part et d'autre d'une malheureuse ligne médiane, des jeunes Comoriens vont tout faire pour défaire d'autres jeunes Comoriens et, si possible, les humilier à la face du monde. Où, comment et quand avez-vous jamais vu un pays envoyer ses plus hauts représentants applaudir depuis la tribune d'honneur d'un terrain la confrontation fratricide entre des composants de son propre peuple. Je suis profondément affecté par votre silence parce que je suis persuadé que vous comprenez parfaitement que cette rencontre s'inscrit dans le droit file de la grave compromission tissée en 2003 entre le colonel Azali et la France, pour nous imposer par une série d'actes apparemment sans conséquence le fait accompli d'une île de "Mayotte française" évoluant tout à fait normalement dans la sous-région avec notre approbation claire et limpide.
En effet, il n'a échappé à personne que la nouvelle stratégie de la France, notre adversaire de toujours, confrontée à l'impossibilité de pouvoir imposer au monde en violation flagrante du droit, des règles, des usages et de la marche du monde, son annexion pure et simple d'un pays indépendant, cherche à contourner le droit en obtenant notre réédition par le fait accompli.
En permettant que ce match ait lieu, vous devenez, comme d'autres avant vous, un élément de cette stratégie. Vous allez asséner à notre coeur de Nation une flèche supplémentaire à la série de flèches que d'autres autorités comoriennes avant vous – et dont vous avez dénoncées, avec la plus grande fermeté – lui ont assénée. Cher Mohamed, il ne faut pas qu'après nos protestations de pure forme face à la "départementalisation" française de Mayotte l'année dernière, il s'y ajoute notre silence assourdissant sur le grave bradage de notre souveraineté que constituerait la tenue de cette rencontre.
Cela d'autant plus que, parallèlement, une opération sournoise est, selon toute vraisemblance, menée auprès des plus hautes autorités de l'Etat pour obtenir de nous le renoncement, adviternam aeternam, de la revendication publique de notre souveraineté sur une partie de notre territoire, Mayotte. Cher Mohamed, que restera-il, après ce silence, du discours patriotique que vous avez prononcé lors des "journées de solidarité" du 26 avril dernier? Que pouvez-vous dire aux Mauriciens, aux Seychellois, aux Malgaches, aux Maldives, à l'Afrique, à l'Europe, aux Amériques, et aux pays et aux peuples qui ont compris et soutiennent le combat mené, depuis trente cinq ans et – parfois au péril de leur vie – par les présidents Ali Swalihi Mtsashiwa, Ahmed Abdallah Abdérémane, Mohamed Djohar, Taki Abdoulkarim, Mohamed Sambi et notre peuple pour une Mayotte comorienne? Que direz-vous à Youssouf Moussa, à Idriss Mohamed et aux nombreux patriotes, martyres et compatriotes anonymes de toutes conditions qui, dans la rue, dans les médias, dans le bras de mer mortel entre Anjouan et Mayotte, se battent, souffrent, vivent et meurent pour affirmer l'intégrité de leur pays et l'appartenance sans condition de cette île à leur pays?
Après ce silence, que restera-t-il de l'Asec, du Demokrasi mpiya, de votre parti, le Front démocratique de Moustoifa Cheikh, de Zilé, de Abdou M'madi, d'Abdallah Halifa, de Mhadjou, de Maecha, etc., dont la seule raison d'être, de vivre et de mourrir a été, de tout temps, la lutte contre l'oppression, pour la justice, l'unité nationale et l'intégrité territoriale? En mémoire à ce combat, en mémoire à cette histoire, en souvenir à tous ces patriotes, à tous ces compatriotes, à tous ces martyres et à tout notre engagement patriotique, je vous supplie de refuser de cautionner ce rendez-vous de trahison nationale.
Madjuwani hasani
madjuwani@gmail.com (ou) madjuwanihasani@yahoo.fr
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