Trois gendarmes et un policier, tous membres du Groupe d'intervention régional (GIR) de Mayotte, ont été mis en examen et suspendus de ...
Trois gendarmes et un policier, tous membres du Groupe d'intervention régional (GIR) de Mayotte, ont été mis en examen et suspendus de leurs fonctions mercredi, soupçonnés d'avoir participé à un trafic de drogue, qui a fait au moins une victime par overdose, fait rarissime dans ce tout nouveau département français.
Ces trois gendarmes, dont le commandant du GIR, et le policier sont poursuivis pour "transport, cession, usage et détention de stupéfiants". Ils ont été placés sous contrôle judiciaire et interdits d'exercer leurs fonctions, a-t-on précisé de source judiciaire.
Tout est parti de la mort d'une lycéenne de 18 ans, Roukia, dont le corps avait été retrouvé le 15 janvier dernier à moitié enfoui à Trévani, au nord de Mamoudzou. Un meurtre avait été envisagé avant que l'autopsie ne révèle un décès par overdose d'héroïne, fait rarissime sur cette île de l'océan indien et 101e département français, où les drogues dures sont quasi-inexistantes.
La mort de cette jeune femme avait causé une vive émotion dans l'île, où avait eu lieu une marche début février pour demander "justice".
L'enquête diligentée, dotée de moyens humains importants, a permis de retrouver le petit ami de Roukia, un métropolitain consommateur régulier de drogue qui lui en aurait fourni, ainsi que les vendeurs de l'héroïne, qui se sont avérés être des Comoriens en situation irrégulière et des indicateurs du GIR.
Ces derniers ont assuré, lors de leur audition devant le juge Hakim Karki, que ce sont les gendarmes qui leur ont fourni la drogue --au moins une fois dans une enveloppe estampillée "gendarmerie nationale", selon une source proche de l'enquête.
Selon des éléments de l'enquête, les gendarmes auraient organisé l'importation de la drogue en provenance d'Anjouan, l'île des Comores la plus proche de Mayotte, afin de pouvoir l'intercepter au moment de son arrivée et améliorer ainsi leurs statistiques de saisie. De la drogue était ensuite remise sur le marché via ces mêmes indics. Selon la même source, ce trafic donnait lieu à un chantage au titre de séjour et devait aussi servir à les payer.
L'un de ces "indics", mis en examen, a déjà fait quatre mois de détention provisoire avant d'être relâché. Son avocat, Me Saïd Larifou, a dénoncé mercredi, lors d'une conférence de presse à Mamoudzou, "des faits d'une extrême gravité puisqu'on se sert de la misère humaine justement pour réaliser des chiffres" de saisies de drogue dans un territoire où est surtout consommé du "bangué", sorte de marijuana locale.
"Il est hors de question que ceux qui sont en situation irrégulière paient et que ceux qui les poussent au délit soient couverts. Tout le monde doit être logé à la même enseigne. Tout le monde doit payer", a insisté Me Larifou.
A la sortie des auditions, l'avocate des quatre mis en examen, Me Fatima Ousseni, a déploré que "la presse ait été instrumentalisée", déplorant "trop de fuites d'éléments du dossier".
"Ce n'est pas propice au respect des personnes", mes clients sont "des gens honnêtes, à respecter", a poursuivi Me Ousseni sans s'exprimer sur le fond du dossier.
"Des gens n'ont pas compris qu'on était en France et que les mêmes règles s'appliquent dans la Creuse ou à Mayotte", a déclaré à l'AFP une source proche du dossier, selon laquelle "la prime au mérite octroyée la semaine dernière" aux trois gendarmes mis en cause "a scandalisé leurs collègues".
Sollicitée par l'AFP, la Direction générale de la gendarmerie nationale (DGGN) n'avait pas réagi en début de soirée.20minutes
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