"Sous le signe de la tortue" propose un tour d'horizon des initiatives locales de protection des tortues marines. ...
"Sous le signe de la tortue" propose un tour d'horizon des initiatives locales de protection des tortues marines.
Ce documentaire en forme de carnet de voyage donne la parole aux défenseurs des tortues marines dans différents pays de l'océan Indien. Direction les rivages de l'île de le Réunion et d'Afrique du Sud, où le reptile le plus vieux du monde est pêché accidentellement par les chalutiers. Le réalisateur nous emmène aussi sur les plages de Madagascar et des Comores où l'animal mythique est chassé: vendre une tortue empaillée peut rapporter deux fois le smic à un Malgache.
Malgré l'interdiction de ce commerce par la convention de Washington de 1973, les tortues sont traquées. Il est quasiment impossible de chiffrer les massacres engendrés par ce commerce prohibé et donc dissimulé. Grâce à ce film, on peut néanmoins observer localement l'impact du braconnage. Sur certaines plages, plus aucune tortue ne vient nicher. Par exemple, à Madagascar, on se rend compte que les pêcheurs n'attrapent presque plus que des tortues juvéniles, signe d'une espèce en difficulté qui n'atteint pas l'âge adulte.
Ce voyage original dans les régions où les tortues sont en danger révèle l'inégalité des pays dans la protection de leur environnement. Comparées aux moyens techniques et scientifiques dont disposent l'Afrique du Sud et l'île de la Réunion, les ressources comoriennes et malgaches sont dérisoires.
Mais comment interdire la chasse à la tortue où l'animal rapporte 100 kg de viande à une famille? Comment sensibiliser les populations à la protection de la faune dans des régions où les Etats ne garantissent même pas la protection de sa population? Le réalisateur, Rémy Tezier, reproche aux pays riches d'imposer des politiques de protection qui ne sont pas adaptées aux pays pauvres.
L'écotourisme, une solution?
Rémy Tezier préconise des stratégies de développement comme l'écotourisme, "car il vaut mieux un animal dérangé qu'un animal tué". Dans le film, il fait escale à Bird Island, aux Seychelles. Ce lieu de ponte des tortues à écailles est protégé par Guy et Marie-France Savy, pionniers du tourisme vert depuis les années 70. Un bel exemple de cohabitation de l'homme et de la nature, mais difficile à imiter partout, selon le documentariste: "Aux Comores, par exemple, le billet d'avion est tellement cher (car l'archipel est mal desservi) que l'écotourisme a du mal à s'implanter".
En montrant la chasse aux braconniers par une petite association dans un village de l'île Moheli aux Comores ou encore le travail de sensibilisation d'un chercheur malgache, le film suggère que la solution est peut-être entre les mains de la société civile. L'implication individuelle peut combler l'incapacité de certains Etats trop instables ou corrompus à instaurer des solutions durables. Il en dépend de la survie des tortues, mais aussi de l'amélioration du niveau de vie des habitants.
> Le documentaire inédit "Sous le signe de la tortue", d'Isabelle Delannoy et Rémy Tezier sera diffusé sur France5 le samedi 11 juin à 17h.
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