Mayotte, la Patrie et Nous… Pourquoi les Maorais ne défilent pas avec les autres athlètes comoriens?

Mayotte, la Patrie et Nous… Pourquoi les Maorais ne défilent pas avec les autres athlètes comoriens?

Tout a commencé en 2001 à Madagascar où les Maorais ont, pour la première fois, étaient invités et on rejoint les Réunionnais pour former ce qu’ils ont appelé France de l’Océan indien à l’occasion de la troisième édition des jeux de la Cjsoi. 

©Habarizacomores

Des vives tensions entre la délégation comorienne, conduit par l’ex-ministre, Madi Mari, et les Français (qui avaient été renforcés par des conseillers du premier ministre d’alors, Lionel Jospin), s’étaient alors déclenchées sur la grande île et la “solution” qui a consisté pour les Réunionnais à intégrer quelques maorais dans leur délégation, a permis de sauver les jeux.

Lors des sixième Jeux des îles, les autorités comoriennes cèdent et autorisent, encore une fois, ces Comoriens de la partie occupée de leur pays, à prendre part à une compétition régionale. C’était la première participation de Mayotte aux Jioi mais toujours sous le label “France océan indien”. 

Les athlètes originaires de Mayotte n’avaient seulement le droit de concourir que dans les sports individuels sous le même maillot que la Réunion puisque le mouvement sportif avait estimé que l’intégration de Mayotte ne devait pas se faire au détriment de l’île Bourbon. “Nous n’avons pas de positions. La position qui compte est celle de l’Etat. C’est les politiques qui nous dictent ce que nous devons faire”, raisonne le président du Comité olympique des sports des îles Comores (Cosic), par rapport à la participation maoraise. 

Mohamed Farahane précise : “Ils peuvent même nous interdire d’y participer”. “Nous étions étonnés de la décision du président Azali d’accepter l’intégration de Mayotte car jusque là, les autorités nous avez toujours demandé de dire Non”, se rappelle Hassane Mmadi Abdou, chargé de missions au Cosic, selon lequel il s’agit d’une affaire de “de pressions politiques”. A propos de “pressions politiques”, on parle de promesses faites en 2001 par le président Chirac alors en visite à Mayotte, dans le cadre de la campagne pour sa réélection en 2002, où il a affirmé soutenir la participation de Mayotte aux Jioi. 

Le président français avait même menacé de retirer la contribution de la France au financement des jeux au titre de la coopération, si les jeunes mahorais n’étaient pas autorisés à y participer. Les Maorais sont ensuite revenus aux cinquième et aux sixième éditions des jeux de la Cjsoi (2006 à Maurice et 2010 à la Réunion) et pour les Jeux des îles de 2007 qui se sont déroulés à Madagascar. Le président Azali avait alors cédé aux pressions françaises et accepté en janvier 2006 que Mayotte participe en tant qu’entité à part, aux septième jeux des îles de l’Océan Indien. 

C’est la première concession la plus compromettante de l’histoire que les Comores ont fait à leurs adversaires français dans leur combat pour défendre leur intégrité. 

Les autres pays de la région qui, pourtant, depuis toujours avaient soutenu, ou s’étaient alignés sur la position comorienne, ont du souscrire à la volonté des autorités comoriennes qui ont fixé les conditions de cette intégration. “C’est la jeunesse maoraise qui participe aux compétitions régionales. Nous n’accepterons pas que Mayotte représente un Etat”, soutient le chargé de missions du Cosic. C’est ainsi que les délégations venant de Mayotte n’ont pas le droit ni de porter un drapeau, ni d’exécuter une hymne quelconque. Ils se présentent sous les seuls couleurs des jeux et la délégation maoraise n’a pas, non plus, le droit de vote contrairement à toutes les autres entités (Madagascar, Maurice, Les Seychelles, Les Comores ou encore la Réunion). 

“Ils ont en quelque sorte un statut d’observateurs”, précise Hassane Mmadi Abdou. Les responsables du Cosic se désengagent quant à une demande de retrait de Mayotte des différentes compétitions régionales. “C’est l’Etat qui a ordonné l’intégration donc ce sont toujours les autorités qui décideront le retrait de Mayotte”, confie Mohamed Farahane, qui pense tout de même que “sur le plan sportif, il n’y a pas de soucis que les athlètes s’affrontent. Mais dès qu’intervient l’étiquette politique, nous ne pouvons pas prendre les devants”. 

Le président du Cosic regrette qu’Mayotte, “certaines personnes amies considèrent la question avec des dimensions politiques alors que l’amitié ne peut pas cacher la considération politique”. Hassane Mmadi Abdou estime, pour sa part, que c’est parce que “les jeunes nés après 1975 ignorent tout sur l’histoire de l’archipel même s’il y a désormais une prise de conscience qui se construit. Certains athlètes natifs de Mayotte ont déjà décidé de porter les couleurs comoriennes pour les jeux des îles de cet été aux Seychelles”. 

D’autres Maorais sont attendus à Moroni dans quelques temps mais pour les Jeux de jeunes de 2012 et une délégation de l’île Hippocampe avait même pris part à la réunion des experts qui a eu lieu à Moroni la semaine dernière avec l’étiquette “Mayotte”. Dans le cas où les autorités comoriennes ne demanderaient pas le retrait de Mayotte dans les compétitions régionales, ces jeunes Maorais ne porteront pas à Moroni et Mutsamudu en 2012 les mêmes couleurs que leurs compatriotes des autres îles. La balle est dans le cas des prochaines autorités nationales. 

Rahim: alwatwan