Quatre jeunes adolescents ont péri dimanche dernier à Kawéni, dans un incendie survenu avant le lever du jour. L'incendie met en avant ...
Quatre jeunes adolescents ont péri dimanche dernier à Kawéni, dans un incendie survenu avant le lever du jour. L'incendie met en avant un véritable phénomène de société : les squats des jeunes adolescents. Des cabanons construits avec des planches de bois ou en tôles, dans lesquels cohabitent des jeunes, souvent livrés à eux-mêmes.
Le drame a touché plusieurs familles ; en tout, ce sont quatre jeunes qui ont trouvé la mort. Deux enfants de 13 ans et deux autres de 12 et de 14 ans. C'est au petit matin, aux environs de six heures, que le feu s'est déclaré dans le petit cabanon situé au fond de la cour.
Plongés dans le sommeil, à quelques mètres de là, aucun adulte ne se doute de ce qui se passe. D'ailleurs, c'est un passant qui va alerter les secours. 24 heures après la catastrophe, les premiers éléments de l'enquête montrent que les enfants qui ont péri dans ce feu n'avaient pas de lien de parenté entre eux. Et pour cause : il arrive souvent que des compagnons de jeux partagent la même couche, à quelques mètres du foyer familial ou parfois très loin de celui-ci. Cette pratique, qui a tendance à se généraliser dans les quartiers populaires et dans de nombreux villages de Mayotte, ne peut cependant s'assimiler à la tradition locale « des bangas bangas », où le jeune adolescent, aux alentour de 16 ans, construit à l'aide de ses amis un abri qui devient son espace privé pour acquérir d'avantage de maturité. Ici, nous avons à faire à de très jeunes garçons livrés à eux-mêmes et pouvant aller et venir sans aucune surveillance.« LES CORPS SONT TROP ABÎMÉS, ILS NE PERMETTENT PAS UNE RECONNAISSANCE VISUELLE »
Parmi ces jeunes, on trouve de tout : Mahorais, fils d'étrangers en situation régulière, et dans le pire des cas, des jeunes orphelins. À peine sortis de l'enfance et déjà maîtres de leur emploi du temps, il leur arrive souvent de changer de refuge d'une nuit à l'autre. Ce qui signifie qu'ils n'ont pas de
lieu assigné. Le même abri peut ainsi accueillir différents locataires. Voilà pourquoi, hier encore, les enfants décédés dans ce tragique accident n'avaient toujours pas été identifiés. « Les corps sont trop abîmés, ils ne permettent pas une reconnaissance visuelle », affirme un responsable de la police. Par ailleurs, de nombreux parents se sont déjà manifestés au poste de police, craignant qu'il ne s'agisse des leurs. Cette situation est révélatrice de la vie que mènent ces enfants, dont les parents peuvent passer plusieurs jours sans avoir de nouvelles.
Pour les enquêteurs c'est un véritable casse tête, les potentielles victimes signalées par les parents qui se sont manifestés, sont, en effet, plus nombreuses que les victimes constatées.
Une nouvelle menace pour les mineurs isolés
Ce drame met en avant une nouvelle menace pour les mineurs livrés à eux-mêmes. Il s'agit d'un accident qui est amené à se répéter tant que ces refuges continueront d'exister. Des lieux où aucune règle de sécurité n'est respectée, où les adultes ne mettent pas les pieds et où de petits garçons inconscients risquent mille et un dangers. Des brimades plus ou moins violentes des camarades aux agressions sexuelles, en passant par l'influence que les plus âgés peuvent exercer sur les jeunes, la meilleure voie vers la délinquance. Un schéma emprunté par un nombre exponentiel d'adolescents que les adultes n'ont pas su protéger.source:albalad
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