Le résultat du vote a été accueilli avec des applaudissements. Des députés ont même crié haut et fort «on vous dit au revoir !» D’autres ont cependant dénoncé des fraudes. «Ce n’est pas normal, il y a eu de la triche, a accusé la députée Lydia Raharimalala, qui a refusé de prendre part au vote et estime qu’il n’y a pas eu plus de 70 votants. On va dénoncer tout ça, on va saisir la Haute Cour constitutionnelle.»

Le président malgache Hery Rajaonarimampianina lors de son investiture à Antananarivo, le 25 janvier 2014. (Photo Rijasolo. AFP)

L’élection démocratique - la première depuis 2006 - d’Hery Rajaonarimampianina en décembre 2013 avait laissé croire que Madagascar pourrait enfin sortir de la très grave crise politique et économique dans laquelle elle était plongée depuis le renversement du président Marc Ravalomanana par le maire d’Antanarivo Andry Rajoelina, en 2009. Expert-comptable de formation, Hery Rajaonarimampianina avait promis à la population une vie meilleure. Et il avait promis d’agir vite.

Elu avec le soutien d’Andry Rajoelina Le Président avait battu le candidat de Marc Ravalomanana, Robinson Jean-Louis. Mais il a rapidement pris ses distances avec son mentor, se retrouvant sans base politique. Et les camps Rajoelina et Ravalomanana ont uni leurs forces mardi pour l’abattre au Parlement. S’il a su renouer avec les bailleurs de fonds étrangers qui avaient tourné le dos au pays après le coup de force de 2009, ses détracteurs et la société civile lui reprochent son inertie, ses tâtonnements et son inefficacité. Il a mis deux mois et demi pour trouver un Premier ministre, limogé ensuite au bout de huit mois, et a dû louvoyer entre les uns et les autres, son propre parti étant resté un groupuscule ne disposant d’aucun député à l’Assemblée.

Amateurs


«Je suis désolé mais rien ne marche actuellement au pays. Il connaît peut être la comptabilité mais pas la gestion d’une nation. Il n’est entouré que par des amateurs. Et ces amateurs l’empêchent de se tourner vers sa famille politique, avait tonné le député Tinoka Roberto, avant le vote de l’Assemblée. Pour moi, s’il est incompétent, il vaut mieux qu’il quitte le pouvoir !»

Proche d’Andry Rajoelina, Christine Razanamahasoa a cité plusieurs cas de violation de la Constitution par le président, selon elle : non-respect de la séparation du pouvoir entre exécutif et législatif, non-respect du délai de promulgation des lois, retard dans l’installation de la Haute Cour de justice, ingérence dans les affaires de l’Assemblée nationale, menace de dissolution de l’Assemblée nationale, obstacle à l’instauration d’une commission électorale indépendante...

L’ambassade des Etats-Unis avait appelé, en vain les députés à la retenue, disant dans un communiqué soutenir «les efforts entrepris par le président Rajaonarimampianina et le gouvernement [malgache] afin d’émerger de la crise de 2009 et permettre à Madagascar d’atteindre tout son potentiel. Nous exhortons toutes les parties prenantes en position de leadership – dont les membres de l’Assemblée nationale (...) – à placer en tant que leur première priorité le bien-être du peuple, et à garantir la stabilité nécessaire à l’avenir du pays».

La très mouvementée histoire politique malgache a déjà connu un précédent : le président Albert Zafy a été victime d’un vote de censure au Parlement malgache en juillet 1996, une destitution confirmée par la Haute Cour constitutionnelle deux mois plus tard.

AFP