Y-a-t-il vraiment un iceberg anjouanais? Il y a belle lurette que l'on nous fait le récit d'une expression supposée caractériser la ...
Il y a belle lurette que l'on nous fait le récit d'une expression supposée caractériser la duplicité mythique du personnage anjouanais. Selon cette fable, un Anjouanais ressemblerait en quelque sorte à "une purée de mais". Elle semble froide au premier abord, mais prenez garde : n'enfoncez pas votre main dans le plat, vous risquez de vous y brûler. Comprenne qui pourra.
À force d'accueillir en fanfare le dictateur Azali à l'aérodrome de Ouani et dans les rues de Mutsamudu ou de Domoni notamment, une question est sur toutes les lèvres: où est passée cette longue tradition de lutte qu'on connaissait aux Anjouanais et qu'incarna un moment le patriote Abdou Zakaria face au coup d'État soilihiste de 1975?
Ou faut-il voir dans cette foule en liesse accueillant le fascho la partie émergée de l'iceberg, en attendant le moment opportun pour asséner le coup fatal à ce pouvoir oppresseur ? Car comme le relève à juste titre notre ami Kais dans sa dernière chronique, cet accueil triomphal constamment réservé au dictateur ne peut qu'être désespérant pour tous ceux qui combattent la dictature et luttent pour le rétablissement de la démocratie et l'État de droit.
Ce phénomène est d'autant plus fâcheux et sidérant que le Manitou lui même ne se prive pas d'en faire un argument pour justifier son coup d'État constitutionnel. Le comble du malheur est que cette apparente docilité vaut à nos compatriotes anjouanais les moqueries du dictateur.
C'est ainsi qu'il ose leur dire sans détour ceci : " Je suis reconnaissant aux Anjouanais pour cette hospitalité; c'est ici que je trouve un moment de répit, face à l'acharnement dont je suis victime en Grande Comore." Et pourtant, pas plus tard qu'il y a quelques jours, il leur a fait le pied de nez de nommer un quarteron d'ambassadeurs sans un seul Anjouanais. Ni Mohelien d'ailleurs. Cette ignominie vient bien sûr s'ajouter aux crimes et peines corporelles infamantes infligées aux Anjouanais dans le but de les empêcher de réclamer leur présidence tournante.
Devant un tel mépris, force est de se demander si l'expression " wubu wamrama " aurait un sens ou ne serait, au bout du compte, qu'un vain mot. Ou s'il y aurait anguille sous roche.
Et que cette fable va finir par s'exprimer dans la réalité, en voyant cette purée chaude exploser à la figure du dictateur. Il est temps que les Comoriens de toutes les îles et de la diapora relèvent le défi de la dictature, en chassant du pouvoir ces espèces de vautours qui ont pris les Comores en otage.
Par Youssouf Boina, ancien SG du parti UPDC
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