Les citoyens de notre pays ont tout pour mener une vie de rêve qui pourrait faire des émules à travers le monde. Les valeurs de la religi...
Les citoyens de notre pays ont tout pour mener une vie de rêve qui pourrait faire des émules à travers le monde. Les valeurs de la religion de paix et de tolérance qu'est l'Islam nous aident à nous comporter en véritables humains et à nous aimer entre nous.
Les exemples sont légion mais je me limiterai ici aux nombreux mariages entre les enfants des différentes îles, à l'entraide quotidienne que nous connaissons et enfin à la mobilisation spontanée pour aider à changer le destin d'un village très actif mais sans ressources financières.
Le phénomène Ortega est la preuve la plus récente et la plus vivante de l'amour sincère et pur que les comoriens se témoignent. Ce journaliste basé en France a lancé un appel à l'aide pour appuyer un village d'Anjouan oublié par l'Etat dans sa lutte pour se doter d'une route plus que nécessaire.
Ce village n'a connu que malheur et souffrance depuis son existence, privé de tout en raison de l'indifférence de nos autorités. Il est allé jusqu'à rejeter l'un de ses droits garantis par la Constitution, le droit de vote, et ce pour exprimer son ras-le-bol devant la démission de l'Etat face à ses responsabilités.
Un jeune homme d'une île autre que celle où est situé ce village a constaté l'injustice ainsi que les petits efforts essentiellement physiques déployés par les habitants de cette localité pour sortir de l'ornière. A travers son outil de communication virtuel, il a su avec le talent que nous lui connaissons stimuler la générosité des comoriens.
Nous avons été et sommes toujours temoins des déplacements des comoriens notamment de la plus grande île qui parcourent des kilomètres et des kilomètres en France pour apporter leurs contributions considérables afin de faire avancer le projet du village de l'autre île de l'archipel.
L'Etat ne fait rien. Personne n'est étonné. C'est Ortega qui joue son rôle dans le village d'Ouzini sur l'île d'Anjouan. Mais nous savons que rien n'empêchera ses représentants comme à l'accoutumée de chercher à présider l'inauguration. Le plus important est que cette route porte le nom d'Ortega pour immortaliser ce geste humain sans précédent.
C'est pour dire que les comoriens sont foncièrement aimables, généreux et solidaires mais leurs dirigeants, qui devraient faire office de parents pour éduquer le peuple, donnent l'impression d'avoir besoin d'être éduqués eux-mêmes.
Nous le savons tous. C'est eux qui déchirent ce pays. C'est eux qui brisent notre unité par leur entêtement, leur cupidité et leur mépris du peuple qui pourtant les nourrit, les habille, les soigne et les fait voyager à travers le monde.
Les Comores sont un pays pauvre certes ou plutôt appauvri. Mais la gestion équitable du peu que nous avons au profit de la population tout entière répartie sur les différentes îles aurait pu satisfaire les uns et les autres. Mais le pire est que nous constatons que les gouvernements successifs ne pensent pas vraiment au peuple.
Ils se disent en effet que diriger n'est autre chose que mener une vie meilleure: se remplir les poches, voyager sans cesse, s'offrir les meilleures femmes pour ne citer que cela. Ils se foutent du peuple si bien que ça leur fait bizarre de devoir dépenser des sommes colossales pour rapatrier des citoyens bloqués à l'étranger. Pourtant, ils sont eux-mêmes les plus grands touristes du monde, rapatriés tout le temps avec l'argent du peuple.
Pour eux, diriger un pays équivaut à s'organiser en association pour se régaler pendant la durée du mandat. Si des routes sont construites par ci par là, c'est parce que le projet financé par des étrangers avait déjà été élaboré et n'attendait qu'à être exécuté. Très peu de ces projets sont mis en oeuvre dans le pays mais il y a une autre réalité qui favorise la mésentente.
En effet, tout est concentré et tout se décide dans une seule ville alors que nous sommes un pays insulaire. Pour pouvoir profiter des avantages de son Etat, il faut se déplacer pour s'installer dans cette ville presque parfaite dans l'imagination. Et le comble est que les habitants de la ville pensent que les autres viennent profiter, coupés de la réalité selon laquelle ils viennent chercher un droit qui leur est privé chez eux.
Il faut reconnaître que les Comores ne sont pas condamnées à rester dans la misère éternellement. Nous sommes potentiellement très riches. Ce sont nos politiques qui freinent notre développement. Il suffit d'un rien pour voir les îles nager dans la prospérité: une véritable volonté politique, une envie de mieux faire pour tous les citoyens.
Pour voir les Comores sortir de la pauvreté, il est nécessaire de regarder plus loin que Moroni en vue de favoriser également l'industrialisation de l'île d'Anjouan et le développement du tourisme à Mohéli. Ce sont deux îles de l'archipel. Elles doivent pouvoir jouer leurs rôles respectifs pour notre développement commun.
Les revenus considérables qui seront ainsi générés ne pourront qu'aider à améliorer la vie quotidienne de tous les comoriens et à faire changer l'image d'association d'amis collée à nos gouvernements. Ensemble, nous ferons des miracles sur ces îles magnifiques. Ne nous mettons pas les bâtons dans les roues. Déployons tout le potentiel de notre pays pour le bonheur de tout un chacun.
Babayou Houmadi
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